Fournisseurs et municipalité, des alliés essentiels
Les services de travaux publics diffèrent d’une ville à l’autre. Le personnel en place possède différentes formations de base, suit des formations continues diverses et, surtout, dispose d’expériences multiples. Il n’existe pas d’enseignement général pour les cols bleus des travaux publics dans les municipalités et les contremaitres commencent à peine à sortir des bancs d’école. À Bromont, les travaux publics veulent être organisés, efficaces et reconnus pour une saine gestion des actifs. Les interventions sur les réseaux, associées à la recherche et au développement, nous permettent de mieux connaitre nos infrastructures et de faire ainsi un meilleur usage des deniers publics. Comme les villes ont peu de moyens pour la recherche et le développement, elles s’associent aux fournisseurs qui peuvent les aider dans leurs interventions tout en développant leurs produits.
Cette année, au service des travaux publics de la ville de Bromont, nous avons travaillé à diminuer les problèmes récurrents causés par les précipitations. Lorsqu’on fait face à des problématiques récurrentes, la recherche de solutions efficaces et rentables devient la priorité du gestionnaire. De plus, de nos jours, nous nous efforçons à appliquer des solutions basées sur le développement durable.
Dans un premier temps, nous avons comparé différents tronçons de route situés en milieu rural sur lesquels on retrouve un fort débit de circulation. Nous avions beaucoup de problèmes de nids-de-poule, de ventres de boeuf et de poussière en saison sèche qui faisaient l’objet de plaintes de la part des citoyens. Le premier segment analysé est situé en milieu agricole et utilisé aussi comme voie de contournement du secteur industriel. Il est constitué de pierre concassée de qualité moyenne déposée sur une fondation non conforme aux règles de l’art. La seconde route étudiée fut séparée en deux sections qui ont été reconstruites et ensuite stabilisées. La première section est réalisée : on y retrouve beaucoup de circulation résidentielle et elle établit un lien avec la seconde zone, qui est en développement. Le tout sera comparé avec une portion de route refaite en asphalte.
L’étude de cette année porte sur l’aspect économique et social de la réhabilitation de route. Nous comparerons les coûts des travaux, d’entretien et de réparation en fonction de la durée de vie utile de chacune des sections. Lorsque l’on projette de refaire une route, nous ré-excavons les fossés, changeons les ponceaux, corrigeons le profil et comblons avec de nouveaux matériaux. La stabilisation a pour but de compacter une route en gravier lors du rechargement afin de rendre la surface plus durable et plus sécuritaire, tout en essayant de diminuer les coûts reliés à l’entretien. La stabilisation fut effectuée sur un tronçon de 2,5 km. Nous avons divisé le projet en deux sections pour l’application de différents types de stabilisants.
La première section avait un taux d’application de 2 litres au mètre carré et la deuxième section avait un taux de 1,5 litre au mètre carré. Dans chaque section, trois produits différents d’abat-poussières ont été testés soit le chlorure de calcium liquide 35 %, le Calclo-Mag (magnésium 30 %) ainsi que le Calclo-20 (saumure naturelle).
Les étapes
Préparation de la surface (correction du profil) et drainage
Comme la durabilité des routes de gravier est directement liée au drainage, il a fallu excaver tous les fossés. Les ponceaux ont aussi été remplacés pour assurer l’évacuation rapide de l’eau. Après avoir enlevé l’ancien matériau, une membrane géotextile a été ajoutée et recouverte avec du nouveau gravier. Nous avons effectué ces travaux en régie avec l’aide d’entreprises externes. Nous avons également été suivis par une firme d’ingénierie pour la conception et par un laboratoire pour les analyses de compaction.
Ajout de la couche finale de gravier
Une fois la fondation bien compactée, l’étape suivante a consisté à rajouter une couche de gravier pour la surface de roulement. En deux jours, non moins de 5 000 tonnes de gravier ont été épandues sur la section de 2,5 km.
Une fois la fondation de surface en place, une niveleuse a formé la couronne du chemin avec une pente d’environ 2 à 3 %.
Stabilisation
La prochaine étape consiste à incorporer les différents produits stabilisateurs à la nouvelle couche de gravier. Pour effectuer cette étape, il est crucial que le gravier soit encore meuble pour favoriser la bonne pénétration du liquide dans le sol. L’application est alors faite en deux applications sur toute la largeur de la route. Il est important d’incorporer du liquide même dans les accotements pour bien stabiliser toute la nouvelle surface.
Le choix des produits de stabilisation et les concentrations ont été sélectionnés et établis en collaboration avec notre fournisseur d’abat-poussières.
Compaction
L’étape finale est la compaction. C’est le meilleur moyen d’assurer et de faciliter l’incorporation du liquide à cette nouvelle surface de roulement. Après seulement quelques passages de rouleau compacteur, le résultat prend déjà forme. Nous avons eu la chance d’être accompagnés d’un étudiant au doctorat en ingénierie des infrastructures routières de l’Université Laval pour quantifier nos observations. Un suivi des sections sera effectué à l’aide d’un déflectomètre à masse tombante portatif (LWD). Le LWD permet de reproduire les sollicitations mécaniques imposées à la route par les véhicules et de noter le comportement de la route en matière de déflexions. Cet appareil mesure un bassin de déflexion provoqué par une masse tombante qui impose une onde de choc à la route. Il sera alors possible de vérifier la rigidité de la route à plusieurs endroits et de comparer les performances des différentes sections.
Les résultats nous permettront d’effectuer de meilleurs choix dans le futur. Nous tenterons prochainement de stabiliser une autre route de pierre, mais celle-ci, en forte pente. Ce projet est à suivre.
En terminant, les autorités des villes doivent se donner les moyens de leurs ambitions. Le Québec est grand, mais on le traverse en moins d’une journée. Nos voisins ne sont donc pas si loin. Partageons nos connaissances pour améliorer la sécurité car, à bien y penser, les infrastructures routières représentent la très grande majorité des plaintes que toutes les municipalités doivent gérer.