Conjuguer mitigation et environnement, est-ce possible?

Jeudi 21 mars 2013
Gestion de la circulation, Mobilité durable, Gouvernance, Mobilité durable, Mobilité durable, Mobilité durable, Mobilité durable
Route barrée et détour

Nul ne peut prétendre ignorer l’importance de la qualité de l’environnement dans les projets de transport collectif. Le ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEFP) se fait un devoir de protéger la qualité de l’environnement, et il le fait de façon exemplaire et fort efficace. En raison de sa nature, un projet de bonification des services de transports collectifs ou actifs vient améliorer la qualité de l’air et diminuer les émissions de GES. Mais là ne s’arrêtent pas les aspects à considérer dans la planification d’un projet. Parfois, les délais peuvent être importants compte tenu de l’ampleur de la tâche ou des évaluations à effectuer. Cette multitude d’étapes à franchir amène les gestionnaires de projets à se demander s’il est encore possible de concilier environnement et courts délais de réalisation. Rassurons-nous, la réponse est bien évidemment oui, à condition de rassembler et d’utiliser les outils appropriés tout en impliquant étroitement le MDDEFP dans tout le processus, ce dernier doit être considéré comme un partenaire privilégié.

Cette relation entre l’environnement et les courts délais de réalisation est de plus en plus fréquente et fait l’objet de grandes discussions depuis deux ans. En effet, depuis l’été 2011, les organisations régissant le transport collectif dans la grande région de Montréal ont accès à une nouvelle enveloppe budgétaire au ministère des Transports du Québec portant sur les mesures d’atténuation de la congestion dans les grands chantiers routiers.

Les autorités organisatrices de transport (AOT) sont appelées à soumettre des projets dont la réalisation est rapide, peu coûteuse, favorisant le transport collectif et dont la localisation géographique se trouve à proximité d’un chantier routier majeur. À titre d’exemple, l’AMT a réalisé, en collaboration avec ses partenaires, des projets de mitigation dans des axes majeurs comme ceux des ponts Champlain et Mercier de même que sur l’axe Pie-IX/route 125 ou encore dans le secteur des échangeurs Dorval et Turcot.

Ces projets de mitigation sont soumis au comité de mobilité des personnes et des biens mis sur pied par le ministère des Transports du Québec regroupant les principaux acteurs publics impliqués ou touchés par l’élaboration des grands travaux routiers. Un sous-comité a consacré ses travaux au transport collectif et c’est au sein de ce forum que les mesures de mitigation potentielles sont présentées et discutées. Ce sous-comité demeure l’endroit privilégié pour échanger avec tous les partenaires. La coordination et la collaboration entre tous les partenaires sont essentielles afin de bien connaître l’implication et les effets des mesures proposées. Réunis sous le vocable de Mobilité Montréal, ces organismes priorisent ainsi la réussite et l’aménagement d’un projet au détriment de projets isolés, traités en vase clos qui ne s’intègrent pas, ou peu, dans une vision d’ensemble du transport collectif.

En d’autres mots, un projet ferroviaire d’un partenaire pourrait avoir un impact sur un projet de voies réservées ou sur un projet d’autobus d’un autre partenaire ou vice-versa. En partageant les mêmes objectifs et en regroupant tous les projets de mitigation dans une seule et même planification, il est beaucoup plus facile de planifier, de prévoir et de faire les meilleurs choix en fonction des besoins et des intérêts des clients en transport collectif. Cette vision d’ensemble devient donc la priorité régionale en transport collectif assortie d’une obligation de livrer rapidement.

Considérant cette obligation de résultat qui régit les travaux de ce comité, il devient intéressant de soumettre des projets et de les travailler étroitement avec les partenaires en transports collectifs et actifs et le MTQ afin de desservir efficacement les clients en stationnements, en voies réservées, en ajouts de service ou encore en matière tarifaire.

Pour réaliser ces projets de stationnements incitatifs, d’ajout de service d’autobus ou de train, de voies réservées ou autres, une approche accélérée a dû être mise en place à l’interne pour regrouper tous les départements allant de la planification à l’exploitation en passant par les finances, l’approvisionnement, l’immobilier et la sûreté. Toutes les études, évaluations, analyses et tous les concepts, plans et devis doivent être terminés en trois mois, et ce, incluant l’aménagement du projet dans la majorité des cas. Un défi de taille s’il en est un!

En ayant l’objectif de réaliser ces mesures dans des délais très courts tout en respectant les différentes lois du Québec et les règlements municipaux, il va de soi que les échanges, la confiance et la collaboration entre les différents partenaires demeurent la clé du succès.

Uniquement pour les mesures de mitigation (ou d’atténuation) annoncées en 2012, ce sont 9 mesures sur 19, soit près de 50 %, qui comportaient un volet environnemental et devaient être résolues avant de lancer les travaux d’aménagement. Cela a nécessité une collaboration de tous les instants entre l’AMT, les municipalités, les MRC, le MTQ, le MDDEFP, des partenaires institutionnels et privés. Que ce soit pour une permission de voirie, une dérogation mineure, des mesures de compensation reliées à des milieux humides, des études de sols, une renaturalisation de site ou le drainage d’eaux pluviales, il aura fallu des interventions rapides afin de réaliser les projets dans les délais et ce, tout en respectant le processus réglementaire. Il est donc primordial de bénéficier d’une collaboration exemplaire avec les partenaires municipaux, régionaux et gouvernementaux.

Considérant que l’enveloppe de mesures de mitigation est un nouveau concept pour les AOT et le MTQ, nous avons la responsabilité d’agir dans l’intérêt des clients du transport collectif, mais nous avons aussi le devoir de développer une approche intégrée pour la réalisation de ces mesures. Depuis 2011, les relations entre les municipalités, les ministères et l’AMT sont très efficaces et harmonieuses. Par contre, trop souvent, nous agissons dans un paradigme de « cas par cas », il n’existe malheureusement pas de modèle unique. Pour l’instant, cela ne pose pas problème, car les acteurs demeurent les mêmes, mais s’ils venaient à changer (un départ, une réorientation de carrière ou une retraite), tout ce savoir et cette expérience seraient perdus et tout serait à recommencer.

À court terme, le défi des prochains mois résidera assurément dans la rapidité de prestation et dans l’élaboration de cette approche standardisée dite « de mitigation ». Cette approche devrait être appliquée par les organisations en transport collectif pour l’aménagement de toute mesure de mitigation approuvée par le MTQ. Cette nouvelle approche appliquée strictement aux mesures de mitigation prendrait en considération le caractère urgent de l’aménagement de même que le respect des normes environnementales, éthiques et administratives en cours dans les différentes organisations.

Ainsi, avec cette approche, que ce soit l’AMT, une municipalité ou un ministère, chaque partenaire aurait en mains la liste des mesures de mitigation approuvées par le MTQ et dont la réalisation devrait se faire dans les semaines ou les mois à venir. La planification de l’aménagement de ces projets en sera facilitée, car les objectifs seront connus et les exigences environnementales pourront être traitées en conséquence. Nous ne serions plus condamnés à gérer l’urgence et nous pourrions envisager un partenariat encore plus étroit avec le MDDEFP pour rendre permanentes les mesures de mitigation dans un avenir rapproché.

À cet égard, la nouvelle approche standardisée de mitigation devra par contre faire preuve de souplesse et s’adapter à la réalité court terme des mesures. Ainsi, les partenaires devront distinguer les exigences environnementales d’un projet temporaire par opposition à un projet permanent.

En d’autres mots, lorsqu’un partenaire propose d’aménager de nouveaux espaces temporaires de stationnement à proximité d’une gare de train ou d’un terminus d’autobus, les autorités pourraient prendre en considération que ce site sera éventuellement rendu permanent dans un projet plus complexe et plus complet. Par exemple, un projet temporaire pourrait exiger uniquement le respect de normes minimales dans un contexte de court terme de façon à ne pas ralentir l’aménagement du projet. Lors de la transformation du site en projet permanent, il va de soi que toutes les règles, tous les critères et toutes les analyses seraient bonifiés.

L’objectif n’est pas de se soustraire aux normes, aux règlements et aux lois, bien au contraire. Il faut seulement garder en tête que ces mesures sont temporaires et que, dans certains cas, les sites seront renaturalisés et remis dans leur état initial ou encore seront aménagés de façon à répondre aux normes en vigueur dans le domaine environnemental.

Grâce à l’initiative du ministère des Transports du Québec, il existe une autre opportunité que le programme de mesures de mitigation offre aux clients du transport collectif. Cette opportunité réside dans la mise sur pied de projets pilotes ou encore de projets innovateurs en développement durable. En effet, dans le cadre d’un aménagement de stationnement incitatif temporaire, il est possible d’utiliser de nouveaux types de pavés plus écologiques, un nouveau type de drainage utilisant les fosses d’arbres par exemple ou encore de faire appel à des technologies vertes visant l’atteinte d’un aménagement permanent qui rassemble tous les critères pour être considéré LEED. Il s’agit d’un pas dans la bonne direction, d’une prémisse à un projet durable et permanent. De plus, cette opportunité répond parfaitement au Plan d’action de développement durable de l’AMT qui vise à développer ses équipements de façon durable.

Sachant que le réseau de l’AMT s’est développé au fil des ans grâce à des projets temporaires qui ont été rendus permanents au cours des années, le nouveau programme de mesures de mitigation du MTQ contribuera assurément à la bonification et à la diversification des services de transports collectifs et actifs. En visant sans cesse le respect des règles environnementales, encadrées par un échéancier où le volet temporaire répond aux normes minimales et le volet permanent à la totalité des normes, ce sont les clients du transport collectif et la qualité de l’environnement qui en sortiront grands gagnants ! Tout réside dans l’élaboration d’une approche flexible qui respecte les grands principes environnementaux et les délais de livraison extrêmement serrés. Rassurons-nous, nous sommes sur la voie de concilier ces deux objectifs essentiels à la gestion des mesures de mitigation.

Sur la toile

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