Des mesures de mitigation bien menées

Jeudi 21 mars 2013
Infrastructures de transport, Infrastructures de transport
Viaduc durant la reconstruction

Dès le printemps 2011, la Ville de Sainte-Julie était placée devant une situation difficile qui aurait une incidence préoccupante pour la qualité de vie des résidents. Le viaduc de la sortie 102 qui enjambe l’autoroute Jean-Lesage devait, pour des raisons de sécurité structurelle, être reconstruit à compter du printemps 2012. Une situation problématique qui a exigé des mesures de mitigation exceptionnelles.

Ces travaux allaient engendrer une coupure du lien fonctionnel entre les deux secteurs de notre territoire pendant plus de sept mois. Ce lien est emprunté par plus de 3 000 véhicules à l’heure aux seules heures de pointe. À notre connaissance, très peu de villes de l’ampleur de Sainte-Julie (population de 30 000 habitants) ont un lien de dépendance aussi élevé envers une structure d’accès au réseau autoroutier. Cette fermeture aurait des conséquences fâcheuses pour l’économie locale et occasionnerait des désagréments pour les automobilistes. Des congestions majeures sur les autoroutes 20, 30 et à la sortie 98 de l’autoroute 20 à Boucherville étaient malheureusement à envisager.

Nous avons immédiatement établi un plan de mesures de mitigation pour réduire le plus possible les inconvénients, mobilisant tous les services municipaux pour évaluer les impacts négatifs potentiels sur chaque prestation, pour évaluer les coûts supplémentaires à débourser afin de maintenir la qualité des services et surtout pour assurer la sécurité des résidents et des édifices dans le secteur sud du territoire.

Pour le seul objectif d’assurer une protection adéquate en matière de sécurité incendie, nous avions estimé une dépense supplémentaire de 800 000 $. Des sommes avaient été allouées pour des mesures de mitigation en matière de voirie et de circulation, en plus de dépenses supplémentaires à prévoir pour offrir une desserte supplémentaire de notre service de transport en commun, les usagers du sud ne pouvant plus rejoindre le terminus Sainte-Julie sans effectuer de détours majeurs. Nous ne voulions pas imposer de telles obligations à nos citoyens.

Originalité et innovation d’une gouvernance

Première étape: convaincre le ministère des Transports du Québec, maître d’oeuvre du chantier, de veiller à ce que les travaux puissent se réaliser dans le délai le plus court possible et lui faire prendre conscience de l’ampleur des tracas pour nos citoyens durant les travaux de reconstruction. Nous avons donc proposé au ministère des Transports de revoir ses méthodes de travail dans le cadre des travaux de remplacement du viaduc de la sortie 102.

À partir d’un dossier étoffé, nous avons exposé au Ministère une série de méthodes employées dans les provinces voisines et dans certains États américains qui ont permis de réaliser des remplacements de viaduc en un temps record. Nous lui avons aussi souligné la nécessité d’une révision entière de la conception et de la construction de ses nouvelles structures.

À titre d’exemple, nous avons mentionné le pont Clyde en Ontario, un échangeur surplombant la 417. Alors que les travaux devaient s’échelonner sur près de deux ans, le pont a finalement été reconstruit en 17 heures. Nous avons aussi parlé au Ministère de la construction d’un pont assemblé hors site à Brockville avec la participation de la firme Génivar en 2007; le retrait de l’ancien pont et la remise en état de la nouvelle structure ont été réalisés en une seule fin de semaine. À Aberdeen en 2010, c’est la même technique d’un pont préfabriqué qui a permis de substituer des travaux de 9 à 12 mois par un chantier de quatre jours seulement.

Ces techniques éprouvées étaient inspirées d’ingénieries françaises (Haute-Savoie), américaines (San White Bridge) et suisses (pont de Rütti). Nous avons même suggéré au Ministère la possibilité d’assembler le pont d’étagement dans une zone hors site causant beaucoup moins d’inconvénients à la population limitrophe privée de ses voies d’accès. Nous avons aussi proposé au MTQ, ce qu’il a finalement accepté, de démontrer son talent et ses capacités d’adapter ses méthodes de travail en fonction d’une situation particulière. La méthode que nous avons suggérée au MTQ est maintenant utilisée par les équipes pour planifier des chantiers similaires.

Pour couronner ses efforts en matière de bonne gestion des mesures de mitigation dans ce dossier, la Ville de Sainte-Julie recevait en novembre 2012 le Prix en infrastructures municipales du ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire (MAMROT) qui récompense une municipalité qui a mis en oeuvre des solutions propres à assurer la pérennité de ses infrastructures municipales et à optimiser ses services aux citoyens.

La stratégie adoptée fut de monter des équipes de travail sur six jours au lieu de cinq, répartis sur deux, parfois trois quarts de travail particulièrement au début du chantier, de manière à effectuer les travaux sans interruption ou presque. Que deux équipes puissent travailler en miroir de chaque côté du viaduc.

Nous avons applaudi la décision du Ministère d’accepter notre suggestion de réduire le temps de chantier. Les appels d’offres ont donc été lancés et la Ville a accepté de modifier son règlement de nuisances pour permettre des travaux de soir et de nuit à certaines périodes du chantier.

Le ministre des Transports de l’époque lui-même est venu sur place annoncer que les travaux s’effectueraient selon une nouvelle méthode qui réduirait la période des travaux de sept à trois mois (14 semaines en fait). Les travaux ont commencé le 25 mars et se sont terminés, comme prévu, le 4 juillet. Les délais ont été respectés, démontrant ainsi qu’un tel chantier est réalisable dans des délais plus courts.

Un plan de communication efficace

Pour sa part, la Ville a mis de l’avant un plan de communication permettant aux citoyens, aux commerçants et aux industriels julievillois de suivre au quotidien l’évolution du chantier par des moyens transparents et évolutifs. De plus, un effort soutenu de collaboration entre tous les intervenants a été maintenu tout au long des travaux. Pour joindre nos citoyens inquiets de la situation et les rassurer, nous avons utilisé tous les outils de communication possibles.

Outre les relations de presse habituelles, les médias sociaux et l’achat d’espaces publicitaires dans les journaux locaux, nous avons créé une page web spéciale « infotravaux » mise à jour quotidiennement. Nous avons également organisé une soirée d’information pour les commerçants et les industriels locaux et procédé à l’envoi postal d’un feuillet explicatif détaillé comprenant le plan des voies alternatives et la liste des mesures de mitigation à tous les citoyens et à tous les commerçants. Nous avons écrit divers articles dans le bulletin municipal (avant, pendant et après). Sur le terrain, tous pouvaient suivre les nombreux panneaux de déviation et ceux qui incitaient les gens à encourager le commerce local.

Aussi, la Régie de police Richelieu-Saint-Laurent, la Sûreté du Québec, Urgence Santé, l’Agence des services sociaux de la Montérégie, notre gestionnaire du transport collectif, les entrepreneurs chargés du projet de reconstruction et les représentants du ministère des Transports se sont réunis périodiquement pour évaluer la situation et effectuer les ajustements nécessaires, particulièrement en matière de fluidité de la circulation (signalisation routière et commerciale, circulation, horaires d’autobus, etc.).

Diverses mesures mises en place

Les services municipaux ont procédé à l’application de plusieurs mesures de mitigation.

Transport collectif

  • Ajout d’un stationnement temporaire et isolement des opérations côté sud;
  • Ajout de circuits d’autobus express, vers et en provenance de Montréal et de Longueuil, et fréquence accrue du circuit 100 ainsi qu’ajout d’une navette en taxibus entre les deux stationnements nord et sud.

Sécurité incendie

  • Véhicule d’intervention et équipe postés à l’intersection stratégique des rues Principale et Armand-Frappier en cas d’appel d’urgence;
  • Entente avec le Service de sécurité incendie de l’agglomération de Longueuil/Saint-Bruno-de-Montarville;
  • Maintien d’une équipe à la caserne, 24 h/jour, 7jours/7.

Réaménagement d’intersections

  • Installation de feux temporaires à l’intersection Nobel/Principale et modifications à la programmation des feux de circulation;
  • Élargissement des voies à différentes intersections.

Événements spéciaux

  • Lors de la Fête du Vieux-Village et de la Fête nationale, une navette pour des déplacements collectifs vers les sites d’animation était prévue.

Ces mesures nous ont permis de réduire d’environ 300 000 $ les coûts estimés des mesures de mitigation envisagées au départ. Cette réduction s’explique par le fait que nous avons convenu d’une entente avec un centre commercial au sud pour y aménager un terminus d’autobus temporaire de 125 places, une économie de temps pour les usagers de ce secteur. Nous avons aussi signé une entente d’entraide avec la Ville de Longueuil pour assurer une rapidité d’intervention en matière de sécurité incendie vers le Domaine des Hauts-Bois, le temps que nos équipes se rendent de la caserne côté sud vers cette section de la ville. Enfin, nous avons évité de dédoubler le camp de jour d’été des enfants du secteur des Hauts-Bois puisque le viaduc fut reconstruit selon l’échéancier prévu.

Il est à noter que nos mesures s’inscrivaient dans un contexte de développement durable. En plus de proposer le covoiturage à nos citoyens, nous avons économisé sur les frais d’essence de nos véhicules municipaux qui n’ont subi les déviations que sur une période de trois mois et non de sept. Le délai écourté du chantier et l’ajustement approprié des temps d’attente aux feux de circulation auront favorisé la réduction des gaz à effet de serre.

En fin de compte, une gouvernance efficiente des mesures de mitigation mises en place a été appréciée des commerçants qui se sont sentis soutenus par la Ville durant cette période difficile pour plusieurs. Les citoyens ont témoigné favorablement en faveur des méthodes utilisées par la Ville pour minimiser les impacts tout au long du processus, subissant les inconvénients avec philosophie compte tenu du plus court délai des travaux.

Lors de la réouverture du viaduc, la mairesse Suzanne Roy a reçu de nombreuses marques d’appréciation et des messages de félicitations pour les délais respectés.

L’ex-ministre des Transports, M. Pierre Moreau, a par la suite cité en exemple le chantier de Sainte-Julie dans des reportages télévisés, précisant les avantages de procéder dans un court délai (Réf.: points de presse au sujet du viaduc de Saint-Philippe-de-La Prairie, août 2012).

La reconstruction d’un viaduc tel que celui qui a été réalisé à Sainte-Julie constituait une première. Cet exploit fut accompli grâce à la volonté de tous les partenaires de respecter les échéanciers et les coûts prévus. La concertation fut une fois de plus un gage de succès.

Sur la toile

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AQTr

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