Quelques questions à M. Georges Gratton, récipiendaire du Prix W.G. Ross pour l’œuvre de toute une vie

Jeudi 21 mars 2013
Mobilité durable, Technologie
Georges Gratton

S.T.L. & G.St-L. : Merci d’avoir accepté de partager avec nous vos idées et votre « bagage » professionnel en Systèmes de transport intelligents (STI).

Le 14 novembre dernier, l’Association canadienne du transport urbain (ACTU) vous a décerné le Prix W.G. Ross pour l’oeuvre de toute une vie. Ce prix est un honneur prestigieux remis à une personne qui s’est impliquée de façon exceptionnelle dans la promotion et la pratique du transport collectif au Canada. De plus, vous avez ainsi été nommé au temple de la renommée de l’ACTU. Ce prix s’inscrit dans la lignée de plusieurs autres, dont le prix Joseph-Hode-Keiser de l’AQTr et celui d’Excellence de l’Association des Transports du Canada (ATC) que vous avez remportés au fil des années passées auprès de vos employeurs, de la communauté, du milieu du transport et ce, tant au Québec qu’ailleurs. Vous avez aussi été très engagé au sein de l’AQTr. Pouvez-vous nous en parler?

G.G. : J’ai débuté mon implication à l’AQTr en 1977 en tant que membre de l’exécutif où j’ai contribué à l’introduction d’une direction Transport de personnes et de marchandises. Devenu président en 1983-84 lors du premier congrès international de l’AQTr à Montréal, j’ai présidé par la suite (avec Guy Paré et Gérard Laganière) à la mise en place du Centre de transport international de marchandises (CTIM) entre 1984 et 1988. Nous avons en particulier organisé des programmes de formation et des colloques périodiques à Montréal et à Québec (avec un groupe d’experts logisticiens) pour la formation et le perfectionnement des expéditeurs au Canada, aux États-Unis ainsi qu’au Mexique. C’était bien avant l’arrivée du libre-échange! Par la suite, j’ai suivi les activités à titre de gouverneur de l’AQTr.

S.T.L. & G.St-L. : Vous avez occupé différents postes en transport collectif, dont la fonction de directeur général de la Société de transport de l’Outaouais (STO) de 1995 à 2006. Pouvez-vous nous résumer votre parcours professionnel et comment chacune des étapes vous a permis de construire un tremplin vers l’étape suivante?

G.G. : De 1968 à 1972, j‘ai exercé dans le génie industriel traditionnel au sein d’entreprises et en consultation pour finalement trouver ma voie en transport en commun en génie industriel pour l’exploitation à la Société de transport de Montréal (STM) en 1972. Pendant cette même période, j’ai œuvré à l’expansion de l’American Institute of Industrial Engineers, au sein de l’exécutif et à la présidence, ainsi qu’à l‘organisation du premier congrès nord-américain par le chapitre de Montréal. Cela m’a permis de m’impliquer au CNRC et auprès des universités canadiennes où s’implantait la gestion de l’information. Cela m’a également permis de m’impliquer pour le développement du premier programme de maîtrise en génie des transports à la Polytechnique de Montréal en 1974.

S’est ensuite enchaînée la direction Planification et développement à la Société de transports de Laval (STL) et ce, à une époque où se développait une vision d’évolution du transport en commun dans la région de Montréal avec le Conseil des transports de la région de Montréal (COTREM). Ce fut la période des premières implantations de mesures prioritaires et l’implantation de la recherche opérationnelle en transport en commun dans la région et particulièrement à la STL.

J’ai par la suite pris la direction de la gestion de l’information et de la logistique à la brasserie Molson du Québec, suivi de la vice-présidence de la firme SÉCUR (après l’achat de Brink’s par Desjardins). Cette période m’a apporté une vision du secteur privé et compétitif où les innovations technologiques et opérationnelles proposées avaient un impact direct et important sur les performances de l’entreprise.

Fort de cette vision du secteur privé, j’ai accepté le défi de la direction générale de la STO en 1995 avec l’opportunité d‘y implanter le premier plan de transport intégré. Celui-ci a permis l’application d’approches novatrices de techniques, d’opérations, de vision communautaire et de marketing et, par ricochet, a permis l’évolution significative du transport en commun en Outaouais.

S.T.L. & G.St-L. : Quand avez-vous entendu l’expression Systèmes de transport intelligents (STI) la première fois? Pouvez-vous nous parler du contexte?

G.G. : Dans le cadre de l’application du Plan intégré à la STO, il y avait les éléments de développement de nouvelles techniques propres pour améliorer le rendement, la productivité et les services à la clientèle. L’arrivée d’un programme de financement fédéral pour les STI nous a permis de nous questionner sur ses effets sur la STO. Un programme de recherche axé sur l’information aux voyageurs a été proposé et accepté. Cela nous a permis de développer un plan STI pour la STO et une application sur le développement et l’installation des premiers afficheurs en temps réel pour les usagers.

S.T.L. & G.St-L. : Quel projet de STI vous a marqué le plus?

G.G. : L’arrivée des STI nous a amenés à l’application de la R&D dans le domaine des systèmes de paiement en mesurant la valeur des données de la carte à puce dans la planification des réseaux de transport. Ceci fut particulièrement possible grâce à la collaboration du groupe de recherche de Polytechnique en Génie industriel, qui aura aussi permis à plusieurs diplômés en génie de se familiariser avec cette problématique pratique en transport en commun et d‘en témoigner à travers le monde.

S.T.L. & G.St-L. : Avez-vous votre propre définition des STI?

G.G. : Oui, c’est d’apporter la contribution de la R&D en technologies de l’information (TI) pour la solution de problématiques de transport en commun par des approches novatrices et modernes.

S.T.L. & G.St-L. : Selon vous, dans le monde, quel projet de STI a été le meilleur « jalon » en transport collectif au cours des années?

GGO : Le nouveau poste de commande et de contrôle centralisé de la STM est probablement le fruit le plus novateur et pratique de l’application moderne des TI. Le lien avec le plan STI de Montréal et des acteurs de la mobilité montréalaise présente un potentiel majeur de développement intégré des TI dans une grande région urbaine.

S.T.L. & G.St-L. : Selon vous, quels sont les projets prometteurs en STI, d’abord ici au Québec, puis en Amérique du Nord? Ou ailleurs?

G.G. : J’aborde déjà le sujet dans ma réponse précédente. Néanmoins, je crois que la vigie sur l’évolution des grands centres urbains en Amérique et en Europe est un guide important et essentiel pour les choix futurs. Cela permettra de doser notre évolution en prenant en compte des expertises pertinentes.

S.T.L. & G.St-L. : Quelle est votre réflexion sur l’évolution des STI, d’hier à aujourd'hui? Quels défis attendent les décideurs de demain, quel que soit l’axe de transport?

G.G. : De faire les bons choix d’évolution en ne perdant pas de vue l’adéquation des TI par rapport à nos propres besoins en regard de notre mission, de nos clientèles et de notre capacité de payer, et ce, en considérant des retombées qui ne sont pas toujours tangibles pour tous. Ainsi, on ne réinvente pas le bouton à 4 trous!

Sur la toile

https://aqtr.com/association/actualites/revue-routes-transports-edition-printemps-2024-est-disponible
17 juin 2024

AQTr

https://www.quebec.ca/nouvelles/actualites/details/plan-daction-2023-2026-en-matiere-de-securite-sur-les-sites-de-travaux-routiers-des-milieux-plus-securitaires-pour-les-travailleurs-en-chantier-routier-49256
4 juillet 2023

MTMD

https://aqtr.com/association/actualites/revue-routes-transport-edition-printemps-2023-est-disponible
4 juillet 2023

AQTr