Technologies émergentes en transport : le leadership québécois

Sommaire :

Le Québec est à l’avant-garde dans le déploiement des technologies émergentes en transport et des énergies propres en Amérique du Nord.

Le développement et la mise en marché croissante des véhicules électriques (VE) ainsi que l’utilisation accrue du gaz naturel pour les véhicules lourds comptent parmi les innovations les plus prometteuses à l’heure actuelle dans le secteur des transports. Des défis d’importance concernant l’autonomie des véhicules, les coûts d’acquisition plus élevés, l’approvisionnement en énergie alternative et le déploiement des infrastructures de ravitaillement devront toutefois être surmontés.

Plusieurs éléments militent en faveur d’une diversification des sources d’énergie dans le secteur des transports. Ainsi, le pétrole est le premier produit importé au Québec avec 11 G$ en 2010 et il constitue la principale source de déficit de notre balance commerciale. Les ventes nettes de carburant au Québec pour l’année 2011 se chiffraient à 8,4 milliards de litres pour l’essence et à 3,1 milliards de litres pour le diésel. De plus, 98,9 % de l’énergie consommée dans le secteur des transports provient de produits pétroliers.

Le gouvernement du Québec s’est fixé une cible de réduction de ses émissions de GES de 25 % sous le niveau de 1990 en 2020 alors que le secteur des transports était responsable en 2010 de 42,5 % des émissions de GES.

Dans ce contexte, la mise en oeuvre des technologies émergentes contribue à l’atteinte des objectifs gouvernementaux de réduction des émissions de GES dans le secteur des transports tout en constituant une occasion d’améliorer la compétitivité de l’économie et le bilan environnemental du Québec.

Ce texte se veut la synthèse des constats de la Conférence sur les technologies émergentes en transport du 27 septembre 2012 qui a été organisée par le Québec avec ses partenaires de la Nouvelle-Angleterre et des provinces de l’Est du Canada. Il présente aussi les faits saillants des réalisations, des initiatives et des programmes incitatifs du ministère des Transports du Québec (MTQ) ainsi que de ceux de ses partenaires québécois.

1- Véhicules électriques

Le gouvernement du Québec a rendu public son Plan d’action 2011-2020 sur les véhicules électriques (PAVE), le 7 avril 2011. Ce plan vise à changer les habitudes en matière de transport et de faire du Québec une société à l’avant-garde de la mobilité durable en Amérique du Nord grâce à l’utilisation de l’hydroélectricité. Il est doté d’un budget de 250 millions de dollars consacré à des programmes incitatifs favorisant le déploiement et l’utilisation des VE ainsi qu’au développement d’une filière industrielle. Le Plan d’action doit permettre :

Ce plan vise à changer les habitudes en matière de transport et de faire du Québec une société à l’avant-garde de la mobilité durable en Amérique du Nord grâce à l’utilisation de l’hydroélectricité. Il est doté d’un budget de 250 millions de dollars consacré à des programmes incitatifs favorisant le déploiement et l’utilisation des VE ainsi qu’au développement d’une filière industrielle. Le Plan d’action doit permettre :

• d’accélérer l’arrivée de ces véhicules, notamment par un rabais à l’achat et par le déploiement d’infrastructures de recharge;
• d’appuyer les sociétés de transport pour qu’elles optent pour l’électricité comme source d’énergie;
• d’appuyer la fabrication de produits et de composantes des VE afin que le Québec devienne un acteur de classe mondiale de cette nouvelle industrie.
  

  L’hydroélectricité : le principal atout du Québec

  En tant que quatrième producteur mondial d’hydroélectricité, le Québec bénéficie d’une position avantageuse pour se tourner vers l’électrification des transports. En 2011, 97 % de l’électricité produite provenait de sources renouvelables. Le prix de l’électricité au Québec est très concurrentiel comparativement à celui du pétrole : on estime qu’il en coûte sept à dix fois moins cher pour rouler à l’électricité. Enfin, le Québec dispose d’un réseau électrique fiable, avec une capacité suffisante pour assurer le développement étendu de l’électrification sur le territoire.

  Une cible ambitieuse

  Le PAVE vise un objectif ambitieux :

• en 2020, 25 % des ventes de nouveaux véhicules légers seront des hybrides rechargeables ou entièrement électriques, correspondant à 5 % du parc de véhicules légers immatriculés au Québec pour une économie d’essence cumulative de 384 millions de litres ainsi qu’une réduction des émissions de GES de 900 000 tonnes.

De plus, d’ici 2030, le gouvernement du Québec prévoit :

• que 1,2 million de VE rouleront sur les routes au Québec, soit 18 % des véhicules légers présents sur les routes correspondant à une réduction de 3,5 millions de tonnes des émissions de GES et une économie de 1,5 milliard de litres d’essence, soit 17 % de notre consommation actuelle;
• que 95 % de tous les déplacements sur le réseau de transport collectif recourront à l’électricité. Aujourd’hui, 50 % des déplacements sur ce réseau recourent déjà à l’électricité (métro de Montréal et train de banlieue Montréal-Deux-Montagnes);
• de générer des investissements privés de 500 millions de dollars dans les prochaines années et de faire passer de 1 500 à 5 000 le nombre d’emplois directs et indirects dans la filière manufacturière.

Les programmes incitatifs

• Un rabais à l’achat pouvant aller jusqu’à 8 000 $ est offert pour l’achat ou la location d’un VE ou d’un hybride rechargeable ainsi que 1 000 $ pour l’achat ou l’installation de bornes de recharge à domicile de 240 volts.

Bilan des réalisations

• Le Québec comptait environ 1 200 VE immatriculés au 31 décembre 2012.
• Plusieurs réseaux de bornes de recharge publique ont vu le jour depuis la mise en oeuvre du PAVE. Le plus connu est Le Circuit électrique qui comprend près de 150 bornes de recharge de 240 volts en service, notamment dans les stationnements de l’Agence métropolitaine de transport (AMT), de plusieurs quincailleries RONA, d’épiceries METRO, de rôtisseries St-Hubert et de 25 autres partenaires privés et institutionnels sur le territoire québécois depuis son inauguration le 30 mars 2012.
• Les utilisateurs du Circuit électrique bénéficient d’un service d’assistance téléphonique de 24 heures sur 24 exploité et géré par CAA-Québec ainsi que d’un service de repérage de bornes qui est mis à jour régulièrement.
• Un appel d’offres regroupé pour l’acquisition de 509 autobus à plancher surbaissé réguliers à propulsion hybride diésel-électrique, pour une valeur totale de 471,3 M$ par la Société de transport de Montréal (STM), pour les sociétés de transport du Québec2, qui remplaceront graduellement les autobus traditionnels à moteur diésel à compter de l’été 2014. Cette technologie permet des économies de carburant et des réductions d’émissions de GES de 30 %.
• Une contribution financière de 16 M$ a été accordée à l’entreprise Bathium Canada inc. pour intensifier la production de batteries au lithium métal polymère, un projet totalisant 176 M$. L’objectif est d’augmenter la production de batteries de 120 à 15 000 batteries par année entre 2010 et 2014.
• De plus, le gouvernement du Québec, les municipalités et le secteur privé ont convenu d’acquérir d’ici 2015 au moins 400 VE afin de permettre de se familiariser avec leur utilisation et la recharge. Ce projet est coordonné par le ministère des Ressources naturelles du Québec (MRN), en collaboration avec le Centre de gestion des équipements roulants et Hydro-Québec3.
• Le gouvernement du Québec et Hydro- Québec participe à des comités de travail intergouvernementaux visant à mettre en oeuvre l’électrification de corridors routiers avec le Vermont et l’Ontario.

2- Véhicules lourds au gaz naturel

Plus économique et émettant environ 25 % moins de gaz à effet de serre que le diésel, l’utilisation du gaz naturel dans le secteur du transport a un vaste potentiel commercial, économique et environnemental. Il connaît d’ailleurs un essor important en Amérique du Nord.

• Transport Robert, de Boucherville, a fait l’acquisition de 180 camions Peterbilt alimentés au gaz naturel liquéfié (GNL), dont plus d’une centaine sont déjà en service. Les nouveaux camions seront utilisés dans le corridor Québec-Montréal- Toronto et le nord-est des États-Unis. Ce projet a été rendu possible grâce à un amortissement fiscal supplémentaire du gouvernement du Québec de 85 % pour les camions au gaz naturel, ainsi qu’une aide financière du MTQ. Le ravitaillement du parc de véhicules au GNL est assuré par Gaz Métro Solutions Transport (GMST)4 avec l’appui financier du MRN et de Technologies du développement durable Canada (TDDC).
• La Société des traversiers du Québec a commandé deux nouveaux navires pour la traversée du fleuve à partir de Tadoussac qui seront propulsés au GNL, plutôt qu’au diésel. Ils seront construits au Québec et la livraison d’un premier navire est prévue d’ici la fin de 2014.
• GMST a participé avec Westport Innovations et le Canadien National (CN) au projet de développement d’une nouvelle technologie de moteur à gaz naturel liquéfié pour les locomotives, une première au Canada. Ce projet a reçu l’appui de TDDC.

3- Efficacité énergétique dans le transport des personnes et des marchandises

Le gouvernement du Québec soutient l’amélioration de l’efficacité énergétique dans le transport des marchandises et des personnes par l’entremise du PAVE et de différents programmes.

• Le programme d’aide gouvernementale à l’amélioration de l’efficacité énergétique dans le transport routier des personnes et le Programme d’aide gouvernementale transitoire en matière de transport routier des personnes, du MTQ, ont consacré plus de 44 M$ à l’amélioration de l’efficacité énergétique dans le transport routier des personnes entre 2007 et 2013.
• Ces programmes ont permis notamment l’acquisition de 358 véhicules de taxis hybrides, de 8 minibus électriques, et l’installation de plus de 887 équipements améliorant l’efficacité énergétique des véhicules de transport collectif, tels que des chauffe-habitacles et des ordinateurs de bord.
• Ils ont également donné lieu à un projet d’amélioration de l’efficacité énergétique touchant 749 autobus urbains, permettant de réduire ainsi leur consommation de carburant de 31 %, soit de 65 à 45 litres par 100 km, correspondant à une réduction des émissions de GES de 27 tonnes de CO2 équivalent par autobus.
• En outre, ces programmes ont permis de contribuer également à la réalisation d’une étude sur l’implantation d’un réseau de trolleybus à Montréal et d’une étude de faisabilité d’un projet de démonstration d’utilisation de taxis électriques au Québec.
• Le ministère des Transports a attribué une aide financière de 5 M$ à la Société de gestion et d’acquisition des véhicules de transport (AVT), afin de permettre aux sociétés de transport de valider les choix technologiques disponibles et de planifier l’arrivée des véhicules électriques dans les opérations courantes des sociétés de transport avec le soutien d’Hydro-Québec.
• Le gouvernement du Québec a attribué 30 M$ au Consortium Bus Électrique pour le développement d’autobus québécois entièrement électriques, dont 27 M$ serviront à la réalisation d’un autobus électrique et 3 M$ à la réalisation d’un microbus électrique, tous les deux en aluminium, soit deux projets d’une valeur totale de 73 M$.
• Le Programme d’aide gouvernementale à l’amélioration de l’efficacité énergétique dans le transport routier maritime et ferroviaire (PEET) du MTQ a permis de soutenir l’acquisition d’équipements innovateurs par les entreprises de transport des marchandises.
• Le volet camionnage du PEET a permis l’acquisition, l’installation ou la modification de plus de 12 000 équipements tels que des systèmes d’alimentation électrique d’appoint, des systèmes de chauffage ou de climatisation d’appoint, des ordinateurs de bord ainsi que des équipements améliorant l’aérodynamisme des véhicules auprès de 1 300 entreprises.
• Dans le cas du volet maritime et ferroviaire du PEET, 23 projets ont été acceptés à ce jour, dont 7 au cours de la dernière année, incluant une étude de faisabilité pour l’électrification du traversier Oka-Hudson, l’installation de moteurs électriques sur le nouveau traversier Quyon-Morh-Landing, l’installation de système de récupération de chaleur sur des navires, l’acquisition de nouvelles locomotives économes en carburant et de différents types d’équipement améliorant l’efficacité des locomotives.

Conclusion

Le Québec est un chef de file nord-américain en matière de développement et de mise en oeuvre de technologies émergentes en transport. Il compte à son actif plusieurs innovations dans ce domaine.

Considérant les défis énergétiques, environnementaux et économiques à l’horizon 2020-2050, le secteur des transports sera au coeur d’une importante mutation technologique en Amérique du Nord et ailleurs dans le monde. Le développement et la mise en marché croissante des VE, l’amélioration de l’efficacité énergétique ainsi que l’utilisation accrue du gaz naturel pour les véhicules lourds comptent parmi les technologies émergentes les plus prometteuses dans ce domaine.

Le MTQ entend soutenir les initiatives gouvernementales et celle de ses partenaires dans cette voie au cours des années futures.

1- La rédaction de cet article a été rendue possible avec la collaboration du ministère des Ressources naturelles et de celui des Finances et de l’Économie du Québec, de Gaz Métropolitain, de Transport Robert ainsi que des différentes directions concernées du ministère des Transports du Québec.

2- http://www.stm.info/info/comm-12/co120704A.htm

3- http://vehiculeselectriques.gouv.qc.ca/entreprises/entreprises.asp