Entretien avec Liguori Hinse, ing. M.Sc.A, Directeur, plan de mobilité durable, Ville de Québec et président du 49e Congrès annuel de l’AQTr

Vendredi 21 mars 2014
Mobilité durable, Mobilité durable, Technologie
Passants devant un autobus

Vous serez président du 49e Congrès annuel de l’AQTr du 31 mars au 2 avril prochains. Nous sommes très fiers d’avoir l’occasion d’échanger avec vous et de partager vos points de vue avec les lecteurs.

L’organisation du 49e Congrès est assurée par une équipe de personnes dynamiques, aux expériences diversifiées et par la permanence de l’AQTr qui s’assure de présenter des conférenciers de qualité et un Salon des exposants des plus innovants.

Sous le thème « Les infrastructures de transport, un moteur de développement », le Congrès 2014 est un événement incontournable.

Monsieur Hinse, au fil des années, vous avez eu l’occasion d’occuper quelques postes riches en défis rattachés au transport. Pouvez-vous nous parler de certains de ces défis, comment ils vous ont marqué et pourquoi?

J’ai été amené, à travers les diverses fonctions que j’ai occupées, à travailler davantage sur les infrastructures et les systèmes de transport urbain que j’ai vu évoluer au cours des années. Tant à Montréal qu’à Québec, le développement des outils d’enquêtes Origine-Destination a été à la base de la planification du transport en commun. S’en sont suivi les logiciels de planification et d’exploitation, tel HASTUS, qui ont permis de structurer des réseaux qui répondaient mieux aux besoins des citoyens.

Puis le développement de nombreux réseaux indépendants de transport en commun de la région de Montréal (Société, CIT) a conduit à créer une organisation (AMT) à qui on a confié la responsabilité de la planification régionale, du développement d’un réseau de train de banlieue et du financement des déplacements à caractère métropolitain.

De même, avec sa première génération de plans de transport, le ministère des Transports a innové en intégrant les préoccupations liées à la fois au transport routier et au transport collectif. L’objectif était alors de tirer parti des avantages de chaque mode dans une approche d’intermodalité des transports.

Malgré cela, depuis trop longtemps (avec l’augmentation du parc automobile), l’organisation spatiale des villes s’est faite en fonction de l’utilisation de l’automobile. L’expansion vers les banlieues et la séparation des fonctions urbaines ont entraîné une explosion des déplacements axés sur ce moyen de transport. Le souci a donc été de s’assurer de la bonne circulation des automobiles.

Par ailleurs, depuis une dizaine d’années maintenant, nous avons développé une approche de planification urbaine qui intègre à la fois l’urbanisation et les transports, ce qui donne lieu à des réflexions sur la mobilité durable et plus largement sur le développement durable.

Pourquoi cette passion pour le transport? Comment cela vous est-il venu?

Ma formation en génie civil et ma maîtrise en planification des transports urbains m’ont amené à travailler dès le début de ma carrière dans le secteur des services de transports collectifs tant à Montréal qu’à Québec. Je me suis rendu compte rapidement que les outils de planification étaient alors presque inexistants. Avec les années, nous avons développé et maîtrisé les diverses facettes de la planification et de l’exploitation des modes de transport urbain. Dans tout ce travail, c’est le volet humain qui m’a principalement préoccupé. L’amélioration des conditions de transport touche en effet directement le quotidien des gens. Des services plus rapides, plus conviviaux et économiques sont des facteurs importants d’amélioration de la qualité de vie. C’est d’ailleurs pourquoi l’automobile est si populaire compte tenu de la flexibilité et du confort qu’elle offre. Mais cette popularité a ses revers en ce sens qu’elle crée en milieu urbain des situations de congestion et des temps de déplacement jugés inacceptables particulièrement aux périodes de pointe. Le défi est donc de trouver une utilisation plus équilibrée de tous les modes de transport pour que chaque citoyen ait le sentiment de vivre dans une ville agréable où il peut se déplacer facilement.

La Table d’expertise Systèmes de transport intelligents (STI) de l’AQTr s’est dotée d’un thème pour 2014 : les STI, des outils pour des communautés intelligentes. Avez-vous une définition personnelle des STI et des communautés intelligentes?

Le domaine des transports, à l’instar d’autres secteurs d’activité, est appelé à connaître une transformation profonde avec la venue des systèmes de transport intelligents (STI). C’est d’ailleurs commencé depuis plusieurs années chez les transporteurs routiers qui sont capables de suivre en temps réel la position et les modes opérationnels de leur parc de camions. L’application d’éléments de sécurité dans les automobiles qui font ralentir votre vitesse lorsque votre véhicule est trop près du précédent en est un autre exemple. Nous pourrions ainsi établir une longue liste d’applications des STI au niveau des entreprises. Mais la plus grande révolution des STI c’est qu’elle est maintenant à la portée de l’individu. L’arrivée des téléphones portables intelligents et autres appareils de même nature permet d’être en lien, par les STI, avec toute une gamme de renseignements qui changent radicalement le comportement des gens.

À titre d’exemple dans le transport collectif, il est maintenant possible pour un usager de connaître exactement à quelle heure son autobus passera à tel arrêt. Fini l’incertitude, fini les attentes inutiles. Dans l’autobus, grâce au réseau Wi-Fi, il est en contact direct avec son bureau, ses amis, ses émissions préférées et les divers médias.

La notion du temps de déplacement est ainsi passée de « temps perdu entre un point A et B à un temps utile entre ces deux mêmes points ».

Le temps minimum de déplacement n’est donc plus le critère premier dans le choix d’un mode, c’est plutôt la notion de temps utile qui prime. C’est pourquoi plusieurs personnes (les jeunes en particulier) vont opter de plus en plus pour un mode de déplacement qui leur permet de rester en contact par l’intermédiaire des diverses applications des systèmes intelligents.

Selon vous, qu’est-ce que les STI peuvent apporter au transport au Québec, d’une part, et plus spécifiquement aux clients du transport en commun, d’autre part?

Comment voyez-vous l’état de l’art des STI, disons en 2017?

Pour les jeunes générations qui ont le goût de faire carrière en transport, avez-vous des conseils, comme si vous étiez leur mentor, en quelque sorte?

Les villes du futur seront de plus en plus intelligentes. C’est-à-dire qu’elles intégreront les systèmes intelligents dans toutes les sphères de l’activité urbaine.

Dans le domaine des infrastructures et des systèmes de transport, nos villes connaîtront des développements spectaculaires. Nous ne sommes pas très loin du moment où nous verrons circuler les automobiles avec un minimum d’interventions du conducteur. Les recherches relatives au véhicule et aux infrastructures routières sont très avancées. La vitesse et la sécurité des automobilistes en seront ainsi augmentées. Le transport collectif est déjà supporté par des systèmes d’aide à l’exploitation et à l’information des voyageurs (SAEIV). Les applications sont en cours et des opérations plus fiables et plus conviviales pour l’usager en découleront.

C’est donc dire que la structure urbaine du futur introduira une dimension de systèmes d’information de plus en plus importante qui sera en synergie avec les composantes humaines (éducation, santé, loisirs) et les infrastructures (habitations, édifices, autoroutes, routes, transport collectif ).

Les professionnels qui bâtiront les villes du futur (ingénieurs, urbanistes, économistes, géographes, etc.) devront inévitablement travailler en concertation et s’adjoindre des spécialistes des systèmes d’information si l’on veut créer un milieu de vie à la hauteur des attentes des citoyens de demain.

Sur la toile

https://aqtr.com/association/actualites/revue-routes-transports-edition-printemps-2024-est-disponible
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AQTr

https://www.quebec.ca/nouvelles/actualites/details/plan-daction-2023-2026-en-matiere-de-securite-sur-les-sites-de-travaux-routiers-des-milieux-plus-securitaires-pour-les-travailleurs-en-chantier-routier-49256
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MTMD

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AQTr