À pied, à vélo, ville active : Place au transport actif chez les jeunes

Vendredi 21 mars 2014
Mobilité durable
Zones identifiables sur la chaussée
Françoix Marcil
Responsable des relations gouvernementales
Vélo Québec Association

Le transport actif suscite de plus en plus d’intérêt. Déjà, en 2004, un sondage national révélait que 64 % des gens souhaitaient marcher plus souvent et que 84 % souhaitaient faire du vélo plus souvent. En fait, les 10 dernières années ont vu une expansion croissante de la popularité du vélo, ce qui a incité les municipalités à se doter de programmes et d’aménagements visant les cyclistes et à s’intéresser à la notion de transport actif. Le sujet a d’ailleurs fait l’objet d’un colloque pancanadien organisé par Vélo Québec et regroupant 250 participants en 2010. Au cours de cette période, la préoccupation de la population pour un mode de vie sain et pour la réduction des gaz à effet de serre causés par le transport a progressivement amené les municipalités à s’intéresser plus « activement » au transport actif sur leur territoire.

La plupart des grandes villes au pays se sont dotées progressivement de plans de mobilité active. En Nouvelle-Écosse, l’Union des municipalités a adopté une résolution faisant de la promotion du transport actif une priorité pour ses membres. Au Québec, les Villes de Montréal, Québec, Rimouski, Gatineau, Laval, Longueuil, Beloeil, Rouyn-Noranda et plusieurs autres ont compris qu’elles pouvaient agir pour faire augmenter la part modale du vélo sur leur territoire et ont pris des engagements publics dans des plans de développement ou de déplacement durable.

« Les familles avec jeunes enfants et une bonne proportion de la clientèle adulte et aînée se déplacent à vélo principalement sur les pistes et les bandes cyclables. En ce sens, le prolongement du réseau cyclable entraîne une double conséquence : l’amélioration de l’attrait du vélo comme mode de déplacement sécuritaire et l’encouragement à la mobilité active. » (Rimouski ville active 2011)

Le transport actif vers l’école

Si la pratique du vélo est en croissance constante au Québec depuis le tournant du siècle (voir encadré La popularité du vélo en hausse), la pratique chez les jeunes enfants est en diminution. Un sondage réalisé en 2003 pour Vélo Québec par Écho sondage confirme que si la marche demeure le premier mode de déplacement des enfants vers l’école avec 39 %, la part du vélo est limitée à 4 %. Au total, c’est plus de la moitié des enfants qui utilise un mode motorisé pour aller à l’école.

« Dès le début des années 2000, explique Suzanne Lareau, présidente-directrice générale de Vélo Québec, la baisse de la pratique du vélo chez les plus jeunes nous inquiétait. Les médias rapportaient même que certaines écoles interdisaient aux enfants de s’y rendre à vélo »! Voulant renverser cette tendance, Vélo Québec a conçu un projet visant à inciter les enfants à se rendre à l’école de façon active. C’est ainsi que le programme Mon école à pied à vélo (devenu depuis À pied, à vélo ville active ou APAVVA) a vu le jour en 2005.

« Devant l’ampleur de la tâche, nous avons fait le choix de le faire financer par des fonds publics afin de le déployer simultanément partout au Québec avec des mandataires régionaux », poursuit Suzanne Lareau.

En 2005, le moment était propice à un projet de ce type, car les gouvernements commençaient à se préoccuper sérieusement de la sédentarisation et de l’obésité des jeunes. La Fondation Chagnon, la Direction de la santé publique et Québec en Forme ont accepté de financer le programme à long terme. L’une des premières tâches réalisées a été d’intéresser des organismes dans les diverses régions du Québec à devenir mandataires du programme. Leur tâche consistait à approcher les administrations municipales et scolaires de leur territoire pour leur proposer de créer des environnements favorables à la marche et au vélo autour des écoles. Le programme s’est avéré un grand succès. Depuis 2005, À pied, à vélo, ville active a touché 450 écoles primaires et secondaires et plus de 300 000 parents et enfants dans toutes les régions du Québec.

Le fonctionnement du programme

Le cœur d’À pied, à vélo, ville active gravite autour de l’école primaire. La première tâche du mandataire régional consiste à produire un plan de déplacement scolaire en collaboration avec la municipalité, l’école et des parents. Réalisé à la suite d’une démarche de repérage ou d’un sondage mené auprès des parents, ce plan dresse un portrait détaillé des habitudes de déplacement des élèves et de leurs parents, relève les obstacles au transport actif et formule des recommandations concrètes pour améliorer les conditions de déplacement vers l’école. Dans la très grande majorité des cas, ces recommandations visent la sécurité et s’adressent à la municipalité : ajout de feux de circulation, renforcement des limites de vitesse, mesures d’apaisement de la circulation, sensibilisation des automobilistes, intervention policière préventive, etc. Certaines suggestions concernent aussi les écoles : zone d’arrêt des autobus, de circulation piétonne, accès des automobiles autour de l’école, stationnements pour vélo placés dans un lieu sécuritaire, participation des parents pour accompagner un groupe d’enfants vers l’école, etc.

Parallèlement, le mandataire régional réalise des actions visant à faire accepter le transport actif dans la communauté. Il informe et sensibilise les parents, le personnel enseignant et les enfants sur les avantages du transport actif. Ainsi, il organise et anime des rencontres, des activités ludiques ou des formations sur la sécurité à vélo offertes de concert avec les policiers, ainsi que des campagnes en faveur de rues plus sécuritaires (La rue pour tous) qui se déclinent par toutes sortes d’activités telles des grandes marches, etc. La démarche commence habituellement à la rentrée scolaire et se conclut au printemps suivant.

Au cours du processus, il est souvent arrivé que les municipalités se sentent mal outillées pour réaliser les aménagements en faveur des cyclistes et des piétons. Pour répondre à ce besoin et créer des liens plus étroits avec les administrations municipales, Vélo Québec a rédigé un guide technique disponible sur commande

1 et mis en place un programme de formation technique s’adressant aux professionnels des municipalités et des municipalités régionales de comté. Depuis 2005, plus de 70 municipalités du Québec ont offert cette formation à leurs employés.

Dorénavant, une approche municipale

En 2013-2014, 225 nouvelles écoles seront concernées, l’objectif étant d’avoir couvert l’ensemble des écoles du Québec d’ici la fin du programme. Dans la mesure où la majorité des améliorations proposées dans les plans de déplacement sont sous responsabilité municipale, À pied, à vélo, ville active approche maintenant la municipalité en premier lieu pour solliciter son appui au transport actif.

Dans les arrondissements montréalais, par exemple, une brève présentation est faite au conseil municipal ou à la direction. L’accueil enthousiaste des élus est une porte d’entrée stratégique pour la mise en place du programme dans les écoles et avec les parents. La rencontre permet aussi de déterminer le type d’améliorations qui sera proposé (comme la construction de trottoirs en saillie), ce qui donne à la municipalité la possibilité d’en prévoir le financement.

Un peu partout au Québec, des engagements significatifs envers le transport actif sont constatés. Victoriaville, par exemple, a pris le virage de la mobilité durable et développé un partenariat avec la Commission scolaire des Bois-Francs pour sécuriser les zones scolaires et les arrêts près des écoles. Elle a aussi amélioré ses réseaux cyclables et piétonniers. Bientôt, toutes les écoles primaires du territoire auront leur plan de déplacement et toutes les écoles primaires et secondaires auront un plan pour le déploiement de stationnements pour les vélos. À Saint-Damase, la municipalité a impliqué le CSSS Richelieu-Yamaska dans la promotion du transport actif et sécurisé l’intersection sur la route provinciale avec des avancées de trottoir réduisant la largeur des voies. Même type d’implication à Saint-Bruno-de-Montarville qui a doté l’école d’un nouvel arrêt pour le transport adapté et installé un panneau d’indicateur de vitesse près de l’école.

À Donnacona, la population et l’école de la Saumonnière se sont mobilisées dès 2011. Rapidement, la municipalité a travaillé à la mise en oeuvre du plan de déplacement et est demeurée très active depuis. Elle a reconfiguré une rue voisine de l’école pour y ajouter une piste cyclable, réalisé des avancées de trottoir et un arrêt pour les autobus en plus d’instaurer un sens unique qui a permis de mieux contrôler la circulation.

La Ville de Blainville a elle aussi pris le programme très au sérieux : dès l’arrivée d’À pied, à vélo, ville active, elle a créé un comité. Elle a pris part aux démarches de repérage et impliqué le mandataire régional dans l’implantation des corridors scolaires prévus pour toutes les écoles. Des corridors scolaires seront implantés dans les 10 écoles du territoire d’ici deux ans.

À Shawinigan, la municipalité a compris l’importance de rendre l’environnement des écoles plus sécuritaire. Des panneaux de signalisation, des délinéateurs et d’autres mesures ont été mis en place non seulement aux abords des écoles qui participent à À pied, à vélo, ville active, mais également près des écoles qui n’ont pas encore été approchées pour le programme.

Un bel avenir pour le vélo chez les jeunes

L’objectif de Vélo Québec avec APAVVA est de développer chez les jeunes l’intérêt pour la marche et le vélo comme moyen de transport et d’amener l’école et la municipalité à intégrer le transport actif dans leur façon d’intervenir. On souhaite également qu’elles pérennisent leurs réalisations, idéalement dans un plan directeur vélo ou un plan de mobilité active. Plusieurs municipalités ont investi en ce sens (certaines en sollicitant l’expertise de Vélo Québec) avec des résultats probants notamment à Trois-Rivières, Sorel-Tracy, Sainte-Agathe-des-Monts, Chambly et Terrebonne et dans les arrondissements montréalais de Saint-Laurent et de Rosemont–La Petite-Patrie.

Après s’être impliqué dans la promotion du transport actif chez les jeunes, Vélo Québec se penche maintenant sur la formation des jeunes cyclistes et sur l’enseignement des règles de conduite. Son projet : mettre en place un brevet cycliste à l’école primaire qui permettra de développer une génération de cyclistes en pleine possession de leurs moyens qui circulent sur la chaussée de façon responsable et sécuritaire. Le projet, qui fera l’objet d’une expérience pilote dans deux écoles en 2014, sera ensuite présenté au ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport du Québec afin d’intégrer le brevet cycliste au programme scolaire du primaire.

À pied, à vélo, ville active
 

Qu’est-ce que le transport actif?

Le transport actif est composé de toute forme de transport reposant sur l’utilisation de l’énergie humaine. La marche et le vélo en sont les principaux exemples. Dans certains cas, le transport collectif est aussi considéré comme du transport actif dans la mesure où une portion des déplacements entre le point de départ et le point d’arrivée se fait à pied. Les modes de transport actif sont sains, silencieux et non polluants.

La popularité du vélo en hausse au Québec

Au Canada, c’est au Québec que le vélo est le plus populaire. Depuis 2010, le Québec compte 4 millions de cyclistes, parmi lesquels se trouvent 2 millions d’adultes qui font du vélo au moins une fois par semaine et dont une part croissante fait du cyclisme utilitaire. Ainsi, entre 2000 et 2010, la proportion des cyclistes qui utilisent le vélo à des fins de transport est passée de 18 à 37 % au Québec et de 25 à 53 % à Montréal. Les 9 250 kilomètres du réseau cyclable municipal et provincial (La Route verte vient de célébrer son 5 000e kilomètre) sont sûrement pour beaucoup dans l’éclosion de la pratique cycliste chez les adultes. En fait, le développement du réseau cyclable a multiplié les possibilités de déplacement, ce qui peut expliquer en partie pourquoi le nombre de cyclistes a augmenté de 19 % depuis 2005. (L’État du vélo au Québec 2010, Vélo Québec)

Sur la toile

https://aqtr.com/association/actualites/revue-routes-transports-edition-printemps-2024-est-disponible
17 juin 2024

AQTr

https://www.quebec.ca/nouvelles/actualites/details/plan-daction-2023-2026-en-matiere-de-securite-sur-les-sites-de-travaux-routiers-des-milieux-plus-securitaires-pour-les-travailleurs-en-chantier-routier-49256
4 juillet 2023

MTMD

https://aqtr.com/association/actualites/revue-routes-transport-edition-printemps-2023-est-disponible
4 juillet 2023

AQTr