L'amélioration de la fourniture de services : Présentation du thème stratégique B de l'AIPCR
Dans le cadre du Plan stratégique 2008-2011 de l’Association mondiale de la Route (AIPCR), les comités du thème stratégique B abordent les services de transport et la gouvernance. Leurs travaux ont pour objectif d’encourager l’amélioration des services offerts à la collectivité grâce à une meilleure exploitation du réseau de transport routier, à une bonne gouvernance et à une approche centrée sur le client. Le système de transport y est traité dans sa globalité, non seulement à cause de l’intérêt porté à la gouvernance, mais également en raison de la préoccupation grandissante pour l’intégration du transport routier avec les autres modes de transport.
S’appuyant sur la coopération internationale, les échanges des connaissances et le transfert de technologie, l’AIPCR poursuit, à travers ce thème, le désir d’échanger sur les bonnes pratiques des différents pays membres pour améliorer leurs services auprès de la collectivité ainsi que leur performance organisationnelle. L’évolution du rôle des administrations routières vers un rôle de fournisseur de services et celui de la collectivité en tant que cliente du réseau de transport routier dessine la toile de fond des travaux des divers comités.
Par ailleurs, le Plan stratégique de l’AIPCR répond à plusieurs orientations du Plan stratégique 2008-2012 du ministère des Transports du Québec (MTQ) en s’appuyant sur le transport durable. Dans les deux cas, on vise la pérennité des infrastructures routières, l’amélioration de la sécurité routière, l’intégration des différents modes de transport et de meilleurs services aux citoyens. Certes, le MTQ, à titre de gestionnaire d’un réseau routier, doit utiliser de façon optimale les ressources financières et humaines dont il dispose. Mais il doit également, par son rôle de gouvernance, viser une certaine cohésion des actions des différents acteurs dans le domaine des transports et soutenir un réseau d’échange des connaissances et des expertises.
Le présent article décrit les comités techniques du TS B et dresse, en parallèle, un portrait des orientations et des activités au MTQ reliées à celles des différents comités techniques.
Le thème stratégique B – Amélioration de la fourniture de services regroupe cinq comités techniques. Pour la période 2008-2011, on compte des membres québécois au sein de chaque comité du TS B. Le tableau suivant présente les membres représentant le Québec.
Comités techniques du thème B et membres du Québec
B.1 Bonne gouvernance des administrations routières – Chantal Girouard, ministère des Transports du Québec (membre correspondant)
B.2 Exploitation des réseaux routiers – Lise Filion, ministère des Transports du Québec (membre actif); Anne Baril, ministère des Transports du Québec (membre correspondant)
B.3 Améliorer la mobilité en milieu urbain – Claude Carette, Ville de Montréal
B.4 Transport de marchandises et intermodalité – Benoit Cayouette, ministère des Transports du Québec (membre actif et secrétaire francophone)
B.5 Viabilité hivernale – Richard Charpentier, ministère des Transports du Québec (membre actif)
Comité technique B.1 – Bonne gouvernance des administrations routières
L’intégrité institutionnelle se trouve au cœur de la performance organisationnelle et des services rendus aux citoyens; c’est une valeur fondamentale que soutient l’AIPCR par la poursuite des activités dans ce domaine. on retrouve donc parmi les travaux de ce comité la recherche d’une meilleure connaissance des outils existants visant à limiter, voire à éliminer, le phénomène de la corruption. À cet égard, un questionnaire aux différents pays membres permettra de faire connaître les façons de faire de plusieurs répondants et de prendre exemple sur les meilleures pratiques. Étant donné la diversité des pays membres et du contexte fort différent d’un pays à l’autre, les résultats de cette recherche seront sûrement très intéressants.
Un autre aspect de la gouvernance touche l’utilisation optimale des ressources disponibles de l’administration routière. Ainsi, le comité aborde les pratiques liées à la mesure de la performance des organisations, aux stratégies permettant de pérenniser les compétences et les qualifications des ressources humaines, garantes de la performance organisationnelle.
La préoccupation des pays membres pour la pénurie de compétences et les difficultés de recrutement est présente également au Québec. En effet, le ministère des transports et ses partenaires conviennent que la main-d’œuvre constitue une priorité dont il faut s’occuper en raison de la pénurie anticipée dans un avenir rapproché. Elle s’inscrit au cœur des préoccupations gouvernementales visant l’éducation, la formation, le maintien en emploi ainsi qu’une plus grande mobilité de la main-d’œuvre. Le Ministère entend assurer un leadership dans la relève de la main-d’œuvre en transport par une approche concertée avec les autres ministères concernés et ses partenaires. De concert avec l’AQTR, un forum réunissant ces intervenants aura lieu à Montréal en décembre 2009 et visera à déterminer une stratégie commune pour favoriser la relève de la main-d’œuvre en transport au Québec.
Un autre volet étudié par le comité concerne les services à la population. On fait l’hypothèse qu’une approche orientée vers les clients peut améliorer les services offerts par l’administration routière et la performance de celle-ci. La loi de l’administration publique du Québec repose sur une approche relativement semblable avec l’entrée en vigueur, notamment, du Plan stratégique et de la Déclaration de services aux citoyens (DSC) pour tous les ministères. Une évaluation comparative reposant sur des études de cas que réalisera le comité vise à définir les facteurs communs de succès.
Comité technique B.2 – Exploitation des réseaux routiers
Les services aux usagers concernés par les travaux de ce comité touchent les systèmes de transport intelligents (STI). En effet, le recours à la technologie se développe de plus en plus pour fournir aux usagers des services efficaces et ciblés en matière de diffusion d’information et d’exploitation des réseaux. Elle devient un outil précieux, en matière de gestion de trafic, pour mieux orienter les usagers dans un environnement congestionné, en milieu urbain ou interurbain.
Pour plus d’information sur ce comité, le lecteur est invité à consulter l’article portant sur les travaux du Comité B.2 – Exploitation des réseaux routiers publié dans le présent bulletin.
Des liens étroits unissent le comité technique B.2 et la direction technique des STI de l’AQTR, puisque cette dernière joue un rôle de « comité miroir » en contribuant à faire circuler l’information d’une organisation à l’autre. Ainsi, un colloque de l’AQTR sur les « STI au service des voyageurs » aura lieu le 5 novembre et visera à illustrer comment les nouveaux outils technologiques que sont les STI peuvent aider les divers exploitants de réseau de transport à en améliorer la gestion et l’exploitation en plus d’offrir de meilleurs services aux citoyens. Des conférenciers d’ici et d’ailleurs partageront leurs expériences.
Comité technique B.3 – Améliorer la mobilité en milieu urbain
Ce comité aborde la question de la congestion et de l’aménagement du territoire. L’étalement et la densité accrue des zones urbaines impliquent la nécessité, pour les planificateurs de transport, d’avoir une meilleure compréhension des choix de mobilité. À cet égard, des études de cas visant à équilibrer la part des différents modes de transport seront développées afin de réduire la congestion et d’améliorer la mobilité. On s’intéressera donc à d’autres modes de transport, dont les circulations douces (non motorisées) de même qu’aux études de planification des grands projets.
À l’instar des orientations du gouvernement du Québec, ces orientations répondent à celles adoptées par plusieurs municipalités du Québec, dont Montréal à travers son Plan de transport (2008). Ce plan a justement pour objectif d’assurer les besoins de mobilité sur l’île de Montréal en réduisant la dépendance à l’automobile et en faisant du transport collectif et du transport actif les vecteurs de développement privilégiés pour le déplacement des personnes. Parmi les initiatives proposées dans ce Plan, mentionnons le tout premier projet de vélo en libre-service BIXI (BIcyclette taXI) en Amérique du Nord qui permet aux citoyens d’utiliser un vélo pendant une courte période de temps, en complément d’autres modes de transport. Des expériences de nouvelles mobilités influençant l’aménagement du territoire : à suivre, à partager et à comparer avec celles colligées par les collègues du comité B3.
Comité technique B.4 – Transport de marchandises et intermodalité
Ce comité étudie les enjeux liés aux corridors de transport de marchandises et aux interfaces du transport de marchandises avec d’autres modes. Ainsi, des études de cas présenteront des recommandations visant à améliorer la gestion et l’exploitation des corridors de fret, notamment aux passages frontaliers, de même que la gestion du transport des marchandises en milieu urbain. L’exploitation des plateformes logistiques sera également analysée afin d’en améliorer l’efficacité.
L’intérêt porté aux corridors de commerce se retrouve également dans la récente Politique sur le transport routier des marchandises 2009-2014 du MTQ, laquelle a bénéficié des échanges entre le comité B.4 et le MTQ depuis plusieurs années.
En témoignent des préoccupations similaires comme la recherche d’une meilleure efficacité des systèmes de transport dans une perspective de développement durable, la sécurité routière, de même que le maintien en bon état d’infrastructures de transport routier.
Comité technique B.5 – Viabilité hivernale
Dans le cadre des services offerts à la population, celui d’un réseau routier accessible et sécuritaire tout au long de l’année représente l’un des défis soulevés par l’entretien hivernal. Par ses travaux, le comité vise à améliorer ce service de même que la communication avec les usagers afin d’assurer la circulation sur les réseaux lors de conditions météorologiques difficiles.
L’une des responsabilités de ce comité est de préparer les séances techniques du prochain congrès international de la viabilité hivernale qui aura lieu à Québec en février 2010. sous le thème « la viabilité hivernale durable au service des usagers », la XIIIe édition du congrès réunira des experts et des intervenants de plusieurs pays et permettra d’expliciter l’expertise du Québec dans ce domaine. Il y sera question des besoins et des exigences des usagers de la route en matière de service et de l’efficience des opérations dans un contexte de développement durable où l’impact environnemental, social et économique des diverses opérations nécessaires au maintien de ces services doit être considéré. Des représentants du Québec (du ministère des Transports mais aussi de municipalités ou d’autres organismes) ont proposé plus d’une vingtaine de résumés faisant état des façons de faire québécoises dans ce domaine que nous connaissons trop bien!
De plus, divers groupes de travail du comité B.5 ont la responsabilité d’étudier les meilleures pratiques dont, entre autres, les systèmes d’information, l’entretien hivernal durable et la communication avec les usagers. Des sujets dans lesquels le ministère des Transports du Québec possède une bonne expertise.
Enfin, soulignons que la direction technique Viabilité hivernale de l’AQTR fait office de comité « miroir » au comité technique B.5 depuis déjà plusieurs années.
Conclusion
Dans le but de contribuer à l’avancement des connaissances et à de meilleures pratiques concernant la gestion des routes et le transport routier, les travaux des comités se basent sur les connaissances des pays membres, de leurs expériences et d’études de cas. Sont ainsi élaborés des guides qui présentent les meilleures pratiques et qui font la promotion d’outils efficaces d’aide à la décision en matière de routes et de transport routier. la diffusion de ces études et de ces rapports est facilitée par l’utilisation du site internet de l’AIPCR où les comités techniques sont invités à déposer l’ensemble de leurs travaux. Des séminaires et des activités comme le congrès international de la viabilité hivernale tiennent lieu de plateforme afin de contribuer à la diffusion des connaissances. L’ensemble de ces moyens donne un meilleur accès aux informations qui peuvent profiter à tous les pays. Il permet notamment aux pays en transition d’accéder à ces connaissances et à des pratiques éprouvées, ce qui s’inscrit dans la mission de l’AIPCR.