Le transport intermodal : conjuguer mobilité et développement durable

Jeudi 21 juin 2012
Infrastructures de transport, Mobilité durable, Logistique, Logistique
Les Grains Lac Supérieur
Pierre Brochu
Chargé de programme
Ministère des Transports et de la Mobilité Durable (MTMD)

Contexte

Dans le contexte de la mise en œuvre du Plan d’action 2006-2012 sur les changements climatiques (PACC), intitulé Le Québec et les changements climatiques – Un défi pour l’avenir, le gouvernement du Québec s’est engagé à ramener les émissions de gaz à effet de serre (GES) à 6 % sous le niveau de 1990. Le gouvernement a aussi annoncé en 2011 que, dans le cadre de son prochain plan d’action sur les changements climatiques, qui couvrira la période 2013-2020, son objectif sera de réduire les émissions de GES au Québec de 20 % en deçà du niveau de 1990.

Plus de 43 % des émissions de GES au Québec proviennent du secteur des transports. À lui seul, le transport routier représente 78 % des émissions du secteur des transports, dont 24 % provenant des véhicules lourds.

Les émissions de GES par tonne-km sont de 10-15 grammes pour le secteur maritime, de 20-25 grammes pour le secteur ferroviaire et de 50-60 grammes pour le camionnage. C’est pourquoi des mesures sont prévues dans le PACC 2006-2012 pour recourir davantage au transport intermodal incluant le transport maritime ou ferroviaire.

Dans ce contexte, le ministère des Transports du Québec a élaboré un programme visant la réduction ou l’évitement des émissions de gaz à effet de serre par l’implantation de projets intermodaux dans le transport maritime et ferroviaire, mieux connu sous l’acronyme PAREGES.

Le programme

Le Programme d’aide visant la réduction ou l’évitement des émissions de gaz à effet de serre par l’implantation de projets intermodaux dans le transport maritime ou ferroviaire vise à réduire les émissions de GES de 80 000 tonnes éq. CO2 par année. Il bénéficie d’une enveloppe de 60 millions de dollars pour la période 2006-2012 et comprend cinq volets :

Volet 1 : Projets avec dépenses d’infrastructures;

Volet 2 : Projets sans dépenses d’infrastructures (vise les expéditeurs);

Volet 3 : Projets pilotes;

Volet 4 : Études;

Volet 5 : Promotion des modes de transport maritime ou ferroviaire.

L’aide financière peut atteindre un maximum de 50 % des dépenses admissibles selon la réduction des émissions de GES. Les dépenses admissibles à une aide financière visent la construction ou l’amélioration d’embranchements ferroviaires ou de quais, de bâtiments, d’aires ou de réservoirs destinés au transbordement ou à l’entreposage des marchandises, l’acquisition et l’installation d’équipements de transbordement ainsi que la location, l’achat ou l’amélioration de matériel ou d’équipement de transport ferroviaire, maritime ou intermodal.

Dans le cadre de projets sans dépenses d’infrastructures, l’aide permet de rembourser une partie des frais de transport si un expéditeur recourt au transport maritime ou ferroviaire pour une partie du trajet.

Outre la réduction des émissions de GES, le programme est intéressant pour les entreprises exportatrices parce qu’il peut permettre de réduire leurs dépenses en transport en utilisant des modes de transport compétitifs et une logistique plus efficace. Les entreprises peuvent également développer des marchés plus éloignés. En effet, le transport ferroviaire et maritime offre des avantages sur des distances supérieures à 500 km, ce qui permet souvent aux entreprises de concurrencer les entreprises locales. Enfin, le recours au transport intermodal représente une option pour les entreprises d’exportation dans un contexte de hausse des coûts de carburant, d’une pénurie de chauffeurs pour le transport international et de surcoûts liés à la congestion routière.

Un bilan provisoire encourageant

Plus de 70 projets ont été déposés depuis le début du programme en 2008. De ce nombre, 23 ont fait l’objet d’un engagement du ministre pour une aide financière totalisant 22,9 millions de dollars, tant dans le secteur maritime que ferroviaire. Le potentiel de réduction des émissions des GES des projets acceptés s’élève à 118 426 tonnes éq. CO2 par année, ce qui dépasse largement l’objectif du PACC 2006-2012 fixé à 80 000 tonnes éq. CO2 par année pour cette mesure.

En engageant 38 % du budget disponible, 148 % de la cible a été atteinte. Et ce n’est pas terminé : une vingtaine de projets sont toujours à l’étude et pourraient faire l’objet d’un engagement d’ici la fin du programme le 31 mars 2013.

Quelques projets réalisés

Le projet Arbec à Port-Cartier

L’un des projets soutenus dans le secteur ferroviaire est celui de la compagnie Arbec au nord de Port-Cartier. Le projet consistait à construire un centre de transbordement ferroviaire, incluant des embranchements ferroviaires et des équipements de manutention au point milliaire 75 de la ligne d’Arcelor Mittal (soit à environ 120 km de la scierie d’Arbec à Port-Cartier) pour le transport de 700 000 m3 de bois par année.

Dans le cadre du PAREGES, Arbec a reçu une aide financière de 3 millions pour réaliser le projet au coût total de 6,1 millions de dollars. Sans la réalisation de ce projet, la compagnie aurait dû utiliser les chemins forestiers et les routes pour acheminer par camion le bois à sa scierie de Port-Cartier. Le projet permettait à la compagnie d’utiliser le camionnage entre les lieux de coupe et le nouveau centre de transbordement ferroviaire et, de là, le transport ferroviaire jusqu’à sa scierie à Port-Cartier.

Cet investissement permet ainsi de réduire les émissions de GES de 9 944 tonnes éq. CO2 par année et l’évitement de plus de 1,7 million de kilomètres par année sur les routes. Cela représente une économie annuelle de carburant de 3,1 millions de litres.

Le projet de la compagnie Les Grains Lac Supérieur Ltée

Les Grains Lac Supérieur Ltée, dont le siège social se situe à Trois-Rivières, est une importante entreprise de manutention et de distribution de grain et de sous-produits du grain. En 2010, cette compagnie a fait une demande au Ministère en vue de la construction d’un centre de transbordement multimodal au port de Valleyfield destiné à la réception, à l’entreposage et à l’expédition de grain par barge vers les ports de Trois-Rivières et de Québec. Les Grains Lac Supérieur Ltée prévoit manutentionner et transporter par voie maritime environ 100 000 tonnes de grain par année à la suite de l’aménagement de ces installations.

Avant la réalisation de ce projet, le grain était transporté par camion entre les fermes de la région de Valleyfield et les transformateurs des régions de Québec et de Trois-Rivières (coopératives agricoles, parcs d’engraissement d’animaux, etc.). À la suite de cet investissement, le grain est expédié par camion de la ferme au port de Valleyfield, d’où il est transbordé sur des barges et transporté aux ports de Québec et de Trois-Rivières. Il est enfin acheminé par camion aux utilisateurs de ces régions.

Les Grains Lac Supérieur a reçu une aide de 770 000 $ pour réaliser ce projet dont le coût s’est élevé à 2,3 millions de dollars. L’investissement permet de réduire les émissions de GES de 1 541 tonnes éq. CO2 par année. Cela représente un évitement de 2,1 millions de kilomètres par année sur les routes du Québec et permet une économie annuelle de carburant d’environ 600 000 litres.

Vers 2020

Le Québec s’est doté d’une cible ambitieuse de réduction des émissions de GES pour 2020, soit à un niveau de 20 % inférieur à celui de 1990. L’atteinte de cette cible va nécessiter des efforts importants, notamment en matière de transport. Ce secteur, avec 43 % des émissions totales au Québec, devrait bénéficier d’une large part des ressources du prochain plan d’action sur les changements climatiques.

Le dernier budget déposé par le ministre des Finances du Québec le 20 mars 2012 prévoit des investissements de près de 2,7 milliards de dollars sur huit ans afin de financer le nouveau Plan d’action 2013-2020 sur les changements climatiques. Les détails de ce plan seront dévoilés prochainement par le ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs.

Sur la toile

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AQTr

https://www.quebec.ca/nouvelles/actualites/details/plan-daction-2023-2026-en-matiere-de-securite-sur-les-sites-de-travaux-routiers-des-milieux-plus-securitaires-pour-les-travailleurs-en-chantier-routier-49256
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