Renforcer les capacités en matière de sécurité routière
Le comité technique 3.2 Conception et exploitation d’infrastructures routières plus sûres de l’AIPCR a tenu sa quatrième réunion du cycle les 30 septembre et 1er octobre 2013 à Varsovie en Pologne. Déjà à mi-cycle, force est de constater que les travaux des groupes de travail avancent bien.
Ces travaux sont orientés autour de trois principaux enjeux, soit la sécurité des usagers vulnérables, la révision du guide sur les enquêtes d’accidents, et l’inattention et la fatigue des conducteurs. Ces enjeux, traités respectivement par trois groupes de travail, revêtent un grand intérêt pour le Québec.
L’atteinte des objectifs permettra au groupe travaillant sur les enquêtes d’accident de rendre disponible aux ingénieurs et aux experts concernés un guide actualisé concernant les enquêtes sur les accidents qui inclura les dernières connaissances sur les facteurs humains. De plus, contrairement à la version initiale du guide qui n’avait été édité qu’en anglais, une version française sera aussi disponible. Elle permettra aussi d’enrichir les connaissances à l’égard des aménagements pouvant améliorer la sécurité des usagers vulnérables et à l’égard des solutions techniques pour réduire la fatigue au volant, 3e cause de décès après l’alcool et la vitesse, au Québec.
La collaboration entre groupes de travail a donné lieu à des échanges très animés sur l’interaction entre les facteurs humains dans la conception routière et les concepts émergents concernant les moyens à mettre en place afin d’éviter les erreurs associées à la fatigue ou à la distraction, et cela, dans un contexte de système sûr.
En marge de cette réunion s’est tenu le séminaire Renforcer les capacités en matière de sécurité routière, où des experts internationaux dans le domaine de la sécurité routière ont offert différents exposés concernant, notamment, les politiques nationales en matière de sécurité routière, les audits et les inspections de sécurité routière ainsi que les systèmes de transport intelligents considérés comme un outil efficace pour améliorer la sécurité.
Lise Fournier et Daniel Aubin, représentant le Québec, ont agi à titre de conférenciers, devant un auditoire manifestement intéressé par les différents volets touchant la sécurité routière, en présentant respectivement le guide sur les audits de sécurité routière de l’AIPCR et les facteurs humains dans la perception spatiale de l’environnement. De plus, la présentation sur les facteurs humains s’intégrait bien au contexte puisque notre compatriote de l’AIPCR du Zimbabwe, lors de sa conférence sur « La route nous parle », utilisait nombre d’exemples reliés aux facteurs humains.
Le programme du séminaire prévoyait également deux séances de travail. La première portait sur l’inattention et la fatigue des conducteurs en considérant les solutions d’ingénierie routière pouvant contribuer à réduire ces phénomènes. La seconde traitait des enquêtes sur les accidents. Au cours de ces séances, les membres des groupes concernés, dont Lise Fournier et Daniel Aubin, ont eu l’occasion de présenter leurs travaux pour ensuite être à l’écoute des rétroactions venant des participants.
La séance de travail du groupe 3, chargé d’étudier la distraction au volant et la somnolence, portait sur les mesures d’ingénierie permettant de prévenir ces phénomènes, avec la présentation de nouvelles évolutions prometteuses. Les participants ont partagé l’hypothèse selon laquelle l’activité de conduite automobile est bien souvent effectuée de manière inconsciente et, par conséquent, la route doit pouvoir envoyer des signaux pour stimuler le subconscient. À l’inverse, il faut aussi considérer qu’une surcharge d’information pourrait nuire aux performances du conducteur. L’ingénierie routière pourrait mieux appréhender les fonctionnements du cerveau et adapter la conception de l’environnement de la route de manière à la rendre explicite aux conducteurs, et à les inciter à adopter un comportement sûr, prévenant ainsi des accidents graves dus à la distraction ou à la somnolence.
Pour sa part, la séance de travail du groupe 2, qui a pour mission la mise à jour du guide d’enquêtes sur les accidents, était axée sur les besoins de données fiables pour être en mesure de qualifier correctement les sites d’accident. Deux constats ont été discutés : les données minimales de base requises pour l’analyse de l’accident afin de trouver la problématique et d’entamer une recherche de la solution; les données servant plutôt à des considérations statistiques permettant de qualifier, de quantifier et de classer les problématiques d’accident. D'un autre point de vue, il s’est avéré que, pour plusieurs pays, les données des accidents ne sont pas centralisées et sont partagées entre les différents services policiers, les hôpitaux et les services ambulanciers ainsi que les compagnies d’assurance. Dans l’ensemble, ils sont unanimes pour que les facteurs humains fassent partie intégrante du processus dans la détermination des causes d’un accident.
Sans conteste, ces échanges ont permis aux groupes de travail de progresser dans leurs réflexions et contribueront à l’avancement des travaux. Et, encore une fois, malgré la barrière des langues, les idées et les visions présentées par des participants étrangers ont été accueillies avec une attention particulière et seront mises en valeur dans la production des documents prévus par nos groupes de travail respectifs. D'autant plus que ces échanges nous apportent des expériences de pays qui n’ont pas de membres les représentant au sein d’un groupe de travail.
