La persévérance dans l’innovation, l’unique chemin du succès

Vendredi 21 décembre 2012
Viabilité hivernale
Épandage
Serge Hamel
Expert en transport terrestre
Vision Météo

Penser différemment, persévérance dans l’innovation sont les conditions gagnantes pour relever les nouveaux défis de la gestion environnementale des sels de voirie et atteindre des résultats tangibles.

Contexte de la viabilité hivernale en 2012

Augmentation des coûts de la machinerie, augmentation des exigences contractuelles du ministère des Transports et des organisations municipales, augmentation du coût des carburants, rareté de la main-d’oeuvre, nouvelles générations d’entrepreneur, augmentation des attentes signifiées par les usagers de la route, stratégie environnementale, changements climatiques, tous ces facteurs remettent en cause les paradigmes d’affaires et la gestion du risque. Le statu quo n’est plus viable. Pour assurer la pérennité du marché de la viabilité hivernale et la rentabilité des entreprises qui oeuvrent dans ce marché, il est nécessaire et même capital de revoir l’ensemble des processus de gestion.

Gagnant 2012 du concours des Grands prix d’excellence en transport de l’AQTr, M. René Paré, entrepreneur en viabilité hivernale, a été honoré pour son projet d’amélioration des techniques d’entretien hivernal.

Le rapport de candidature démontre l’amélioration et l’atteinte de quatre grands objectifs :

  • L’épandage des matériaux;
  • La composante des matériaux;
  • L’entreposage des matériaux;
  • Les méthodes de travail.

Le défi était de concilier le respect des exigences contractuelles, la protection de l’environnement et la sécurité des usagers de la route tout en augmentant la profitabilité de l’entreprise.

Épandage

L’objectif de la stratégie québécoise vise à « réduire les effets négatifs en épandant les bonnes quantités de sels aux bons endroits et au bon moment » et les exemples de pratiques de gestion sont, entre autres, « l’utilisation des plus récentes techniques concernant l’application des produits de déglaçage ». Pour atteindre cet objectif, des améliorations d’équipement sont nécessaires.

Après plusieurs analyses, un système d’injection de liquide déglaçant est revu pour améliorer l’humidification des matériaux solides. Ces réservoirs sont conçus afin de permettre une marge de manoeuvre décisionnelle pour l’élaboration des stratégies d’aspersion des matériaux solides (sels et abrasifs) et une autonomie suffisante de liquide pour toujours couvrir l’ensemble des besoins du circuit en une seule sortie.

Cette nouvelle approche d’humidification augmente de façon significative le taux d’humidification des matériaux comparativement à l’approche d’humidification par gravité. Le bénéfice tangible étant de réduire considérablement la perte des matériaux lors de l’épandage tout en augmentant la performance de ces matériaux.

Prospection sur les matériaux

Le fameux mélange 50 % d’abrasif et 50 % de sel est une stratégie d’intervention non rentable et qui augmente les délais pour atteindre les niveaux de services. Pire encore, cette recette n’est pas rentable, car elle favorise « le croutage » et génère une saumure sel-abrasif épaisse qui devient difficile à évacuer et, de ce fait, cette recette devient un facteur d’improductivité par la nécessité de sortir répétitivement les camions-opérateurs pour atteindre le niveau de service contractuel, et ce, sans considérer les quantités de matériaux épandus sur la route.

Après de nombreux bancs d’essai pour déterminer la recette gagnante pour mettre à profit la performance du liquide (chlorure de magnésium), un nouveau mélange est inventé. Ce mélange est composé de :

  • 25 % d’abrasif
  • 75 % de sel;
  • 25 ou 50 litres de chlorure de magnésium par tonne de sel (au besoin).

Le chlorure de magnésium est incorporé lors du mixage des abrasifs et du sel de voirie pour ainsi constituer un mélange homogène, applicable à la majorité des interventions de déglaçage réalisées durant tout l’hiver. La seule variante est pour les températures plus basses (de - 10 à - 25 degrés Celsius). En effet, pour ces plages de température, une intervention de déglaçage est maintenant possible. Il suffit d’augmenter l’apport du chlorure de magnésium au mélange abrasif/sel/liquide lors de l’épandage des matériaux. À raison de cinquante litres de chlorure de magnésium par tonne de mélange, le niveau de service est atteint au profit de la sécurité des usagers de la route.

Entreposage

Avec le nouveau mélange abrasif/sel/liquide, l’entrepreneur capitalise des gains opérationnels significatifs. Les désagréments tels que la pile d’abrasifs à l’extérieur remplie de mottes gelées, la perte de temps à se questionner sur le dosage qui est le plus approprié au contexte en cours, le temps à constituer à chaque fois l’opération de mixage des matériaux (retardant le début des opérations) sont maintenant choses du passé. Les impacts sur l’environnement sont aussi diminués, car l’ensemble de matériaux est entreposé à l’intérieur de l’abri sur une surface asphaltée.

Les méthodes

Stratégie d’épandage

Considérant que l’application de déglaçant lors du grattage de la première voie entraine une certaine perte de saumure lors du grattage de la deuxième voie, il y a place à l’amélioration pour résoudre cette problématique.

La conception d’une nouvelle chute bidirectionnelle passe de la table à dessin à la réalité. Cette nouvelle chute permet d’appliquer les matériaux fondants de façon décalée par rapport au centre de la chaussée, et ce, dans l’axe des roues arrière du camion. Il devient alors possible que l’épandage de fondants se réalise au moment du grattage de la première voie.

Ce nouvel équipement et cette nouvelle méthode d’épandage permettent donc d’optimiser le temps de déglaçage de la première voie, créant ainsi une première trace sur le pavage. En plus de gagner du temps pour l’atteinte du niveau de service, la méthode mise de l’avant améliore grandement la sécurité des usagers de la route qui peuvent ainsi profiter plus rapidement d’une trace sur le pavage.

Mixage

Lors de sa veille pour déterminer les équipements les plus performants pour produire le mélange abrasif/sel/liquide, M. Paré constate qu’il existe des unités mobiles consacrées à ce type d’opération. Par contre, ces unités, en raison de leur taille, font partie de la catégorie du transport hors norme. Pire encore, elles nécessitent un temps important de mobilisation avant d’être en mesure de produire le mélange.

Il se met donc en mode résolution de problème et il élabore des croquis. Sa réflexion aboutit à un modèle repliable de mélangeur mobile. Ses principales caractéristiques sont de ne pas nécessiter de permis de transport hors norme (réduction du coût d’exploitation) et de se déployer rapidement sur le terrain (optimisation du temps).

Des résultats probants

Des résultats significatifs sont observés et mesurés :

Protection de l’environnement

  • Réduction considérable de l’utilisation des abrasifs (moins de sédimentation dans les cours d’eau);
  • Réduction de 20 % à 30 % de sels de voirie;
  • Entreposage de l’ensemble des matériaux sous le même abri;
  • Réduction des gaz à effet de serre (réduction significative des sorties du camion soit environ cent heures d’opération).

Augmentation de la sécurité

  • Atteinte du niveau de service à des températures jusqu’à - 25 degrés Celsius;
  • Circulation plus rapide sur une trace de pavage;
  • Augmentation significative des heures dégagées pour les conditions routières;
  • Réduction du temps de présence du camion sur la route donc augmentation de la fluidité.

Augmentation de la marge de profit de l’entrepreneur

  • Élimination de la perte de temps alloué au mixage quotidien des matériaux (les fameux mélanges 50-50);
  • Gestion plus efficiente de l’entreposage des matériaux;
  • Diminution significative du nombre d’heures opérationnelles camion-opérateur de l’ordre de 20 %;
  • Réduction de la consommation de carburant.

Conclusion

À l’heure où les défis environnementaux doivent être au coeur des décisions des citoyens, des entreprises et des gouvernements, il est primordial et crucial de s’interroger sur les comportements et les interventions, de repenser les modes opératoires, de faire des choix intelligents comme le préconise la Stratégie québécoise pour une gestion environnementale des sels de voirie.

Les réalisations de M. Paré atteignent vraiment les objectifs fondamentaux de la stratégie québécoise en diminuant les impacts sur l’environnement (moins de matériaux laissés dans l’environnement et moins de gaz à effet de serre) et en favorisant une amélioration de la sécurité des transports et des biens. Elles démontrent aussi que le développement durable n’est pas nécessairement une dépense. Au contraire, la préoccupation environnementale peut devenir une source d’inspiration et une courroie d’amélioration continue permettant de générer des économies et des profits, et engendrer « un développement qui répond aux impératifs du présent sans compromettre la capacité des générations futures ».

Sur la toile

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