Météo routière : pour mieux connaître la satisfaction des décideurs opérationnels!

Vendredi 21 décembre 2012
Viabilité hivernale
Météo routière
Yves Desrosiers
Ingénieur
Ministère des Transports et de la Mobilité Durable (MTMD)

Depuis l’an 2000, à la suite d’un exercice sur l’élaboration des besoins opérationnels, le ministère des Transports a déployé une infrastructure météoroutière lui permettant de recueillir et d’enregistrer des données de conditions météorologiques ainsi que des données routières. Cette infrastructure est composée d’un parc de 49 stations météoroutières fixes, de plus de 170 stations météoroutières mobiles, en plus de compter sur des services spécialisés de prévisions météorologiques.

Le ministère a souhaité consulter l’information recueillie de l’infrastructure météoroutière mise en place afin d’appuyer les stratégies des décideurs opérationnels lors du déclenchement et du dimensionnement des opérations d’entretien hivernal. Le système météoroutier (SMR) est l’outil qui a été développé pour permettre, notamment, d’observer l’évolution en temps réel des données des conditions météorologiques et routières. Le SMR permet également de consulter les images radars d’Environnement Canada, les images des caméras à certaines stations météoroutières ainsi que de consulter les bulletins de prévisions météorologiques.

Mise en oeuvre de l’enquête

À l’automne 2010, le ministère des Transports souhaitait mesurer les attentes des décideurs opérationnels en regard de l’infrastructure météoroutière déployée pour soutenir le processus d’entretien hivernal des routes. Le ministère désirait ainsi évaluer si l’infrastructure météoroutière établie permettait :

  • de répondre aux besoins des décideurs opérationnels;
  • d’apporter une plus-value aux décideurs opérationnels dans le déclenchement et le dimensionnement des opérations de déneigement et de déglaçage;
  • de dresser un profil des bénéfices associés à l’exploitation de l’infrastructure;
  • de se repositionner en regard de l’évolution des besoins exprimés en 2000.

À cet effet, le ministère des Transports a mené une enquête. Cette enquête s’adressait particulièrement aux décideurs opérationnels du ministère ainsi qu’à ceux des entrepreneurs et des municipalités travaillant pour le ministère.

Approche méthodologique et outil utilisé

Le ministère a entrepris une démarche sérieuse considérant les enjeux et les objectifs établis. Beaucoup d’efforts ont été investis dans la préparation de cette enquête. En effet, la définition des objectifs et des questions a nécessité de nombreux échanges et révisions. Un test a même été réalisé, ce qui a mené à des modifications, notamment la bonne compréhension des termes ainsi que la formulation des questions.

L’enquête se composait principalement de 38 questions à choix multiples. Quatre blocs ont été définis pour caractériser les attentes des décideurs opérationnels selon les aspects suivants :

  • le profil du répondant;
  • les bulletins de prévisions météorologiques;
  • les stations météoroutières mobiles;
  • les stations météoroutières fixes.

Collecte des données

Le ministère a adopté une approche simplifiée en ce qui concerne la collecte de données. En effet, toutes les communications ont été réalisées par courriel, ce qui a permis de joindre chaque répondant individuellement. Aucune obligation n’a été imposée quant à la participation des répondants, chacun étant libre de prendre part à l’enquête. Enfin, l’enquête a été mise en ligne durant un mois sur un site Web spécialisé pour faciliter la compilation des résultats et éviter la manipulation de papier par les répondants.

Résultats de l’enquête

La population cible de cette enquête, estimée à 764 personnes, est composée d’utilisateurs assidus du système météoroutier qui l’ont consulté à au moins 10 reprises durant la saison hivernale 2010-2011 ou qui étaient abonnés à l’envoi des bulletins de prévisions météorologiques par courriel ou par télécopieur. Ainsi, 518 personnes parmi la population cible ont répondu à cette enquête (voir tableau 1). Le taux de réponse obtenu a été de 67,8 %, ce qui est excellent puisque la participation s’est faite sur une base volontaire. Ce résultat traduit donc la volonté et l’intérêt des participants à s’exprimer à l’égard de l’infrastructure météoroutière mise en place.

Profil des répondants : qui sont-ils ?

Le ministère des Transports désirait dresser le profil des répondants. De cette façon, il espérait que les résultats obtenus seraient suffisamment représentatifs pour cerner les attentes des décideurs opérationnels tout en répondant aux objectifs établis.

Le profil des répondants est diversifié (voir la figure 1). Les décideurs opérationnels représentaient 67,2 % des répondants (voir le tableau 2). Ces décideurs opérationnels sont formés des chefs des opérations, des chefs d’équipes, des surveillants d’entretien d’hiver du réseau routier, des personnes travaillant au Centre intégré du monitoring et des entrepreneurs. Pour les besoins d’analyse de cet article, seuls les résultats de ce groupe ont été considérés. En procédant ainsi, le ministère portait particulièrement son attention sur les attentes du personnel directement lié aux opérations d’entretien hivernal.

Parmi les décideurs opérationnels (voir figure 2), la répartition de l’expérience des répondants est bien distribuée, à près de 30 % pour chacune des classes (voir tableau 3). Ce résultat indique que les attentes des décideurs opérationnels, quelle que soit leur expérience, seront bien représentées.

Le bulletin de prévisions météorologiques : son utilisation !

Le ministère des Transports avait signé, en 1999, une entente avec Environnement Canada pour obtenir les services spécialisés de prévisions météorologiques pour l’aider dans la planification et la réalisation de ses opérations de déneigement et de déglaçage du réseau. Malheureusement, en 2006, Environnement Canada se retirait de la fourniture de ce genre de services.

Depuis 2006-2007, le ministère fait appel au secteur privé pour obtenir les services spécialisés de prévisions météorologiques, puisqu’il ne possède pas l’expertise en interne. Ces bulletins météorologiques diffusés quotidiennement desservent tout le réseau stratégique du ministère.

Selon les résultats obtenus, l’enquête démontre que les décideurs opérationnels consultent à 93,7 % les bulletins spécialisés dans le cadre de leurs opérations de déneigement et de déglaçage.

De plus, les décideurs opérationnels ont jugé utile la consultation des bulletins météorologiques pour les actions suivantes (voir figure 4) :

  • observer les différents paramètres météorologiques tels que les températures de l’air et du point de rosée, l’humidité, le type et le taux de précipitations, la vitesse et la direction des vents, etc., à 94,7 %;
  • reconnaître et surveiller un phénomène météorologique comme la neige, la pluie verglaçante, etc., à 93,5 %;
  • planifier les opérations de déneigement et de déglaçage à 90,6 %.

Les stations météoroutières mobiles : des stations portatives !

Depuis 2000-2001, le ministère a installé plus de 170 stations météoroutières mobiles dans les camionnettes de ses décideurs opérationnels, principalement des chefs d’équipe et des surveillants du réseau.

Ainsi, 86,2 % des décideurs opérationnels du ministère consultent les données météoroutières disponibles, soit les températures de l’air, de la chaussée et du point de rosée ainsi que l’humidité relative d’une station météoroutière mobile pendant les opérations de déneigement et de déglaçage.

Ces données météoroutières permettent notamment aux décideurs opérationnels (voir figure 4) :

  • d’adapter les opérations de déneigement et de déglaçage, à 91,9 %;
  • de suivre l’évolution d’un phénomène météoroutier comme la formation de glace sur la chaussée, à 86,9 %.

Enfin, le ministère s’est interrogé sur les retombées des stations météoroutières mobiles sur les stratégies d’intervention. Les décideurs opérationnels ont indiqué à 82,8 % que leur stratégie de déneigement et de déglaçage a beaucoup ou grandement été facilitée grâce à l’avènement des stations météoroutières mobiles (voir figure 5).

Les stations météoroutières fixes : un outil de surveillance !

Depuis l’an 2000, le déploiement et l’intégration de 49 stations météoroutières fixes sur le réseau routier stratégique se sont inscrits dans le Plan d’intégration de la météo routière en viabilité hivernale du ministère. Ces stations météoroutières fixes permettent d’observer en temps réel les données météorologiques et routières à des endroits névralgiques du réseau routier. De plus, le partage des données des stations météoroutières avec Environnement Canada vise l’amélioration de la qualité des prévisions météorologiques dans le cadre de l’instauration d’un réseau pancanadien de systèmes météorologiques routiers.

De plus, l’ajout des dernières stations météoroutières fixes en 2010- 2011 permet principalement d’automatiser les lectures des tubes de gel qui servent à établir les périodes de dégel au printemps.

L’accès aux données d’une station météoroutière fixe s’effectue essentiellement par ordinateur. Ces données ne sont donc pas accessibles lors des déplacements des décideurs opérationnels. Néanmoins, près de 50 % des décideurs opérationnels consultent les données de stations météoroutières fixes lors des opérations de déneigement et de déglaçage.

Les décideurs opérationnels ont jugé utile la consultation des données de stations météoroutières fixes pour les actions suivantes (voir figure 6) :

  • suivre l’évolution d’un phénomène météoroutier comme la neige, la pluie verglaçante, etc., à 89,9 %;
  • adapter les opérations de déneigement et de déglaçage, à 84 %.

Le ministère a également cherché à connaître les retombées des stations météoroutières fixes sur les stratégies d’intervention. Les décideurs opérationnels ont indiqué à 72,7 % que leur stratégie de déneigement et de déglaçage a beaucoup ou grandement été facilitée grâce à l’avènement des stations météoroutières fixes (voir figure 7).

Formation en appui à la viabilité hivernale : nécessaire ?

En plus de caractériser les attentes des quatre aspects précédents, le ministère a sondé l’opinion des décideurs opérationnels sur la formation en météo routière. La formation peut notamment permettre d’interpréter et d’analyser judicieusement les données des conditions météorologiques et routières recueillies aux stations météoroutières fixes et mobiles ainsi que dans les bulletins de prévisions météorologiques.

Parmi les décideurs opérationnels, 58,4 % ont déjà reçu une formation en météo routière. La plupart des décideurs sont formés. Toutefois, la proportion de décideurs formés doit être accrue, considérant l’importance de la compréhension des phénomènes météoroutiers lors des opérations de déneigement et de déglaçage.

Près de 60 % des décideurs opérationnels jugent nécessaire une mise à niveau de la formation en météo routière. Ce résultat indique que les décideurs désirent s’approprier les connaissances essentielles qui leur permettront de prendre les décisions judicieuses au moment opportun.

Conclusion

Les résultats de cette enquête ont démontré les bénéfices de l’infrastructure météoroutière mise en place ces 12 dernières années pour les décideurs opérationnels. Ainsi, le service spécialisé de bulletins de prévisions météorologiques demeure un incontournable lors de la planification et de la réalisation des opérations d’entretien hivernal pour l’ensemble des décideurs opérationnels. Les stations météoroutières mobiles installées dans les camionnettes permettent également d’améliorer la perception des décideurs opérationnels du ministère et de quantifier certains paramètres météorologiques et routiers. Enfin, les stations météoroutières fixes permettent de suivre l’évolution des phénomènes météoroutiers et d’adapter au besoin les opérations de déneigement et de déglaçage.

Pour conclure, l’enquête a révélé des améliorations possibles pour parfaire le développement des services offerts et poursuivre l’innovation de l’infrastructure météoroutière. La formation en météo routière est l’un des moyens qui ont été mis en place dès l’automne 2012. Cette formation vise à soutenir les connaissances des décideurs opérationnels afin de renforcer leur stratégie lors des opérations de déneigement et de déglaçage.

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