Impacts sociaux du transport en commun

La mobilité du XXIe siècle doit être adaptée rapidement à la réalité que nous connaissons actuellement. Plusieurs facteurs nous rappellent tous les jours qu’il est de plus en plus urgent de revoir complètement les modes de déplacement. L’augmentation marquée de la congestion routière, la difficulté à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et les problèmes liés aux changements climatiques ne sont que quelques-uns des principaux éléments qui indiquent que les façons de faire doivent être modifiées. Le transport en commun (TEC) constitue un mode de déplacement permettant d’assurer un développement durable et la mobilité du XXIe siècle doit nécessairement tenir compte de cette réalité. Le manque de décision permettant de relever ces nouveaux défis ne fera que reporter le problème et aggraver la situation. Les moyens de transport qui améliorent la qualité de vie de toute la population, à plusieurs niveaux, sont les transports actifs et alternatifs. Le TEC constitue un moyen incontournable pour atténuer les problèmes de plus en plus importants causés par l’usage de l’auto-solo. Plusieurs éléments positifs liés au TEC, mais trop souvent ignorés, sont donc présentés ici afin de mettre en évidence ses nombreux avantages et dans le but que les planificateurs de la mobilité du XXIe siècle (élus, gestionnaires, urbanistes et autres) décident enfin de lui redonner la place qu’il mérite.

Cette étude sur les impacts sociaux du TEC est basée sur une recension littéraire nationale et internationale. La recension distingue plusieurs types d’impacts selon que les auteurs traitent des dimensions suivantes : santé, sécurité, accès, équité, autonomie, cohésion sociale, participation, économie. L’étude, basée sur 54 articles, rapports de recherche et autres, met en évidence non seulement les nombreux impacts sociaux positifs du TEC auprès des usagers, mais aussi auprès de l’ensemble de la population qui bénéficie elle aussi, de l’amélioration de la qualité de l’air, d’une plus grande sécurité ou d’aménagements urbains plus conviviaux. Investir dans le TEC, c’est garantir à la population une société plus inclusive et en meilleure santé, plus équitable et plus sécuritaire. C’est aussi une stratégie qui peut permettre, en plus de tous les impacts sociaux positifs, d’atteindre des objectifs économiques et environnementaux. En effet, des économies substantielles découlant d’un service de TEC et imputables aux impacts sociaux sont aussi mentionnées dans cette étude.

Cette recension souligne que le TEC améliore le bien-être et la qualité de vie directement et indirectement, individuellement et collectivement. Elle met en évidence que ces impacts positifs touchent différemment les gens selon qu’on traite des usagers, des non-usagers ou de la population en général. En effet, la question des impacts sociaux ne peut être considérée comme un tout homogène. Il faut donc étudier les dimensions des impacts sociaux selon les différentes populations identifiées. Ainsi, le TEC participe à rendre la vie quotidienne plus agréable. En ce sens, il constitue un véritable levier, car il est un acteur notamment des politiques publiques de santé et de sécurité tout en étant garant de l’accès et de l’équité.

Les résultats-clés

Une meilleure santé

Les trajets à pied ou en vélo qui sont induits par le TEC contribuent, pour une grande part, aux 22 minutes d’activité physique recommandées quotidiennement. Par ailleurs, les usagers du TEC profitent d’un transport qui réduit les nuisances sonores et abaisse les niveaux de stress, ce qui favorise la satisfaction au travail, la productivité et les relations sociales. Il est intéressant de souligner que l’usager du TEC, comme le non-usager (automobiliste, camionneur, etc.), vit une expérience de transport moins stressante : le premier par l’utilisation même du TEC, le second par le profit relatif qu’il retire de l’action du premier. Le TEC contribue également à la réduction des émissions de GES et améliore ainsi la qualité de l’air puisqu'il émet 65 % moins de GES que l’automobile. Tous ces bienfaits contribuent également à la réduction des coûts de santé.

Plus sécuritaire

Le TEC est de 10 à 20 fois plus sécuritaire que l’automobile et participe donc à la réduction du nombre d’accidents et de victimes de la route. Au Canada, les accidents impliquant des véhicules motorisés tuent 3 000 individus chaque année et sont la principale cause de décès des moins de 35 ans. Les aménagements et les équipements urbains qui accompagnent l’implantation et la circulation du TEC tendent à sécuriser les quartiers par la réduction de la vitesse et de la circulation routière. Par ailleurs, l’achalandage à proximité des arrêts rend les espaces urbains plus sécuritaires et contribue à la réduction des actes délictueux.

Accessible, équitable et abordable

Le TEC répond à un besoin fondamental de mobilité parce qu’il est accessible, disponible et abordable. À l’échelle des grandes villes du Québec, un usager du TEC est susceptible d’économiser près de 17 à 20 $ par jour comparativement à un automobiliste. Le TEC favorise l’accès aux multiples lieux de vie comme le travail, l’école et l’hôpital, en toute équité. Plus encore, le TEC garantit surtout cette mobilité aux populations les plus défavorisées socialement ou matériellement ainsi qu’à une clientèle qui ne conduit pas, peu importe la raison, par exemple les étudiants, les personnes âgées ou les nouveaux arrivants.

Plus d’autonomie

Si l’accessibilité relève de la possibilité d’avoir accès à un bien ou à un service, l’autonomie correspond à la possibilité d’y parvenir seul. Ce faisant, les usagers développent des compétences kinesthésiques et sociales, mais aussi leur confiance en eux. À ce titre, les enfants qui utilisent seuls le TEC développent davantage d’aptitudes, de réflexes et de compétences que, par exemple, les enfants qui circulent dans la voiture familiale. En ce sens, le TEC garantit au plus grand nombre la possibilité de se déplacer sans nécessairement requérir un soutien extérieur. Les usagers vivent ainsi une expérience qu’ils contrôlent et qui ne relève pas de rapports de dépendance.

Une meilleure cohésion sociale

Le TEC ainsi que les aménagements et les infrastructures urbains associés influencent grandement les relations sociales. En participant à la refonte des quartiers, à la réduction du trafic et à la sécurisation des rues et des quartiers, le TEC a des impacts positifs sur les réseaux sociaux et donc sur la cohésion des communautés. Il permet aux habitants d’un même quartier d’interagir. Une conversation, une salutation encouragent ainsi un sentiment de familiarité et de prévisibilité qui sécurisent, d’une part, et resserrent ou maintiennent les liens sociaux d’autre part. En effet, le TEC constitue, pour certaines personnes isolées et marginalisées, l’unique moyen de vivre une expérience inclusive grâce au TEC lui-même, mais aussi et surtout par l’accès à des activités ou à des services. Les usagers du TEC, quant à eux, vivent des interactions sociales formelles ou informelles qui sont constitutives d’un savoir-être et même d’un sentiment d’appartenance.

Engagement social et participation citoyenne

Le TEC favorise l’engagement et la participation. L’usage du TEC invite à une expérience qui favorise une prise de conscience des multiples formes de relations sociales, de distributions spatiales, d’informations ainsi que le développement de compétences pour naviguer et s’orienter socialement et spatialement. Par ailleurs, il rend possible l’accès à différentes structures ou organisations sociales, communautaires ou politiques et facilite les formes d’engagement. Plus largement, le TEC participe à la refonte des quartiers et à la réduction du trafic. Des niveaux de trafic élevés peuvent avoir un impact négatif sur les réseaux sociaux et donc sur la cohésion des communautés. Avec le TEC, les enfants peuvent, par exemple, jouer aux abords de la maison et éviter un confinement dû aux appréhensions des parents.

Conclusion

Le TEC retrouve de plus en plus sa légitimité du début du XXe siècle et se pose aujourd’hui comme le moteur des nouveaux aménagements urbains et plus largement de la vision urbaine du XXIe siècle.

La réduction des émissions de polluants et des accidents routiers, l’amélioration de la forme physique et de la santé mentale, le meilleur accès aux services et aux activités selon le principe d’équité, le soutien à l’autonomie et le développement des mécanismes de cohésion sociale et de participation sont autant d’impacts sociaux positifs qui représentent tout à la fois des avantages sociaux, environnementaux et même économiques.

L’étude a permis de montrer que ce constat est d’autant plus probant lorsqu'il s’agit de groupes défavorisés. Les acteurs du TEC doivent impérativement tenir compte des besoins spécifiques de ces groupes pour garantir la pérennisation et l’optimisation de l’accès, en toute équité. Les écarts entre les classes sociales sont atténués par l’accès aux possibilités sociales et économiques. L’étude démontre aussi que les non-usagers bénéficient eux aussi de la présence du TEC.

Si le TEC répond avant tout à un impératif de mobilité et d’accessibilité, il s’inscrit également dans une vision sociétale dont le développement durable et l’amélioration de la qualité de vie sont des éléments clés. Avec tous les bénéfices qu’il apporte à la société, il doit être considéré comme le moyen de transport à privilégier pour le développement de la mobilité du XXIe siècle.

Il est possible de consulter l’étude complète et le sommaire sur le site Web de l’Association du transport urbain du Québec (ATUQ), à l’adresse suivante : http://www.atuq.com/atuq/etudes.asp