La légèreté de l’aluminium : un poids lourd dans la lutte à la réduction des GES des transports en commun
Le Québec a adopté une cible ambitieuse de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre de 20 % sous le niveau de 1990 d’ici 2020. Le secteur des transports, qui compte pour plus du quart des émissions mondiales de CO2, est particulièrement visé. Le gouvernement du Québec met de l’avant les capacités du Québec à fabriquer et à implanter des véhicules électriques au Québec, mais qu’en est-il de l’allègement de ces mêmes véhicules, un allègement qui contribue également et de façon majeure à la réduction des émissions de CO2 ?
La plupart des experts le confirmeront sans hésiter : l’utilisation accrue de l’aluminium québécois dans la fabrication de matériel de transport contribuerait grandement à l’atteinte des objectifs annoncés à Copenhague en plus de créer et de maintenir des emplois de qualité au Québec. Rappelons aussi qu’une fois produit, l’aluminium devient recyclable à 100 %… et à perpétuité, et ce, pour une minime fraction du coût énergétique d’origine.
L’aluminium produit au Québec avec notre hydroélectricité est le plus « vert » au monde. Il en coûte trois tonnes de CO2 pour produire une tonne d’aluminium ici contre onze tonnes aux États-Unis et quinze tonnes en Chine.
Or, l’aluminium s’avère être l’un des matériaux idéals dans la conception et la composition de matériel roulant. L’abondance de cette ressource au Québec, notre pratique éprouvée dans la fabrication de produits d’aluminium et notre grande capacité d’adapter ce matériau à l’innovation sont des faits qui apporteront une valeur ajoutée à l’expertise requise pour que ces projets génèrent un maximum de retombées économiques chez nous.
Dans une perspective de développement durable, le Québec doit transformer sa relation avec l’aluminium d’ici et en maximiser l’utilisation sur son propre territoire afin que ce matériau noble, fabriqué à partir de notre plus belle ressource verte, l’hydroélectricité, fasse désormais partie intégrante de notre environnement.
Présentement, la majorité de l’aluminium fabriqué ici est exporté. Le temps est venu de l’utiliser dans nos projets majeurs comme : le renouvellement des voitures du métro de Montréal; l’achat regroupé d’autobus urbains par les sociétés de transport en commun du Québec; et, à plus long terme, dans les projets de trains à grande vitesse. Ailleurs dans le monde et même aux États-Unis, on constate une forte croissance de l’utilisation de l’aluminium dans la fabrication d’autobus, de tramways (trains légers) et de trains. Il en résulte des véhicules tout aussi solides, plus légers, qui consomment moins d’énergie et qui, conséquemment, génèrent beaucoup moins de GES. On estime que cette réduction se situe sur une échelle de 2 000 kg à 8 000 kg de CO2 par 100 kg de réduction de poids pour la durée de vie moyenne d’un autobus urbain. Du même coup, l’économie de carburant oscillerait de 600 000 à 1 500 000 litres.
Nous pouvons ainsi avancer, à titre d’exemple que, pour chaque tranche de mille autobus traditionnels remplacés par des autobus à carrosserie d’aluminium, le Québec économiserait 50 000 tonnes de CO2 et 25 millions de dollars de carburant par an.
Imaginons maintenant, un seul instant, ce que sera cette économie si ces mêmes autobus d’aluminium consommaient de l’électricité plutôt qu’un carburant traditionnel.
Les changements climatiques, la nécessité de réduire les gaz à effet de serre et les engagements à cet égard des pays signataires du Protocole de Kyoto à Copenhague, en décembre 2009, incitent déjà les gouvernements à agir. L’augmentation constante de la densité de population des centres urbains, la volonté des gouvernements d’investir dans des infrastructures plus modernes et mieux adaptées aux exigences de protection de l’environnement et, enfin, les coûts élevés de l’énergie sont autant de facteurs qui militent en faveur de véhicules de transport en commun plus légers et plus performants en matière de consommation énergétique.
Une expertise à redéployer vers des marchés d’avenir
La conception et la fabrication d’autobus, de trains et de wagons de métro en aluminium sont pratique courante ailleurs dans le monde. Nous avons ici au Québec des équipementiers de renom qui ont certainement la capacité d’innover et d’effectuer un virage stratégique vers l’avenir, en valorisant un matériau bien d’ici et vert comme nulle part ailleurs : l’aluminium. Le marché s’ouvre au fur et à mesure que nous entrons dans un monde restreint en carbone. Le Québec pour sa part entre dans une importante phase d’appels d’offres destinés à remplacer et à moderniser ses parcs de véhicules de transport en commun. C’est l’occasion rêvée pour lui de positionner avantageusement ses entreprises, son expertise et sa maind’oeuvre sur les marchés internationaux.
Qu’il s’agisse d’automobiles, d’autobus, de bateaux, de trains de marchandises ou de trains à grande vitesse, l’aluminium s’est imposé depuis fort longtemps partout dans le monde, tant dans les pièces pour moteur que dans les équipements intérieurs, tant comme éléments de structures que de carrosserie. L’aluminium est un matériau léger, résistant au choc et à la corrosion. Il est malléable et entièrement recyclable.
Sa légèreté permet en effet des économies d’énergie significatives liées à la propulsion et contribue à réduire conséquemment les émissions de CO2, à diminuer les coûts d’exploitation et à améliorer les capacités de transport tout en permettant une charge utile accrue.
Au Canada et aux États-Unis, il semble que les prochaines années sont promises à la résurrection du transport ferroviaire des passagers avec l’arrivée de la grande vitesse sur rail. La conjoncture n’a jamais été aussi bonne. Les gouvernements fédéral et provinciaux feront sous peu état des conclusions des études récemment commandées qui devraient nous rapprocher de la réalisation d’un premier train à grande vitesse dans le corridor Québec-Windsor. L’intention et les moyens annoncés dans le plan de relance des infrastructures de l’administration Obama de développer, au sud de la frontière, des couloirs de trains à grande vitesse, devraient également encourager les autorités canadiennes à aller de l’avant. Le président Obama a souligné que son plan allait permettre de créer des emplois, de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d’aider les États- Unis à atteindre l’indépendance énergétique.
Si l’on peut facilement prévoir que l’électricité sera la source d’énergie motrice retenue pour les trains urbains légers comme pour ces futurs trains à grande vitesse et que le savoir-faire de nos grands équipementiers, de leurs sous-traitants basés au Québec et de nos firmes de génie-conseil sera mis à contribution, on peut également affirmer que l’aluminium devrait occuper une place prépondérante dans la réalisation de ces grands projets de transport des personnes tant en milieux urbains qu’interurbains.
Les nombreux avantages concrets de l’aluminium, particulièrement en matière d’environnement, plaident en sa faveur non seulement pour les trains à grande vitesse, mais également pour le renouvellement des parcs de véhicules de transport public comme les autobus, les rames de métro ou les tramways. Il serait donc plus que souhaitable que le Québec profite pleinement de la force et du leadership de son industrie de l’aluminium pour en favoriser et en maximiser l’utilisation dans le domaine du transport en commun et dans sa stratégie de réduction des gaz à effet de serre.