Retour sur le XIVe congrès international sur la viabilité hivernale de l’AIPCR – Volet technique
L’Association mondiale de la route (AIPCR) tient tous les quatre ans son Congrès international de la viabilité hivernale. La 14e édition de cet événement a eu lieu du 4 au 7 février 2014 dans la principauté d’Andorre (capitale : Andorre-la-Vieille), pays situé au coeur des Pyrénées, entre la France et l’Espagne, ses voisins. Pour les administrateurs et les professionnels du domaine routier des nombreux gouvernements membres de l’AIPCR, cet important événement a été l’occasion de présenter leurs travaux et d’échanger afin d’établir, de développer et de diffuser des solutions aux problèmes actuels.
Une programmation technique riche et diversifiée
Pour la toute première fois, trois comités techniques de l’AIPCR ont travaillé à l’élaboration du programme technique du congrès. D’abord, le Comité technique « Viabilité hivernale » (CT 2.4) a pris en charge six des huit thèmes proposés, mais également les comités techniques « Exploitation des tunnels routiers » (CT 3.3) et des « Ponts routiers » (CT 4.3), couvrant des thèmes propres à leur champ d’expertise respectif. Cette approche offrait aux participants un éventail de sujets reliés à la viabilité hivernale plus vaste encore que lors des congrès précédents.
Pour le thème « Concilier sécurité routière et développement durable avec changement climatique et crise économique », la programmation développée par ces trois comités techniques a donné lieu à 177 communications techniques et séances d’affiches issues de 33 pays. Elle a également offert aux participants la possibilité de prendre part à six visites techniques sur le territoire andorran. Les communications étaient regroupées selon les huit thèmes suivants :
Thème 1 :Services hivernaux et changement climatique – CT 2.4
Ce thème constituait une première dans le cadre d’un congrès international de la viabilité hivernale. Les communications présentées relataient principalement les efforts déployés par certains pays dans le développement de modèles de prévision (p. ex. : accidentologie) basés sur l’évolution du climat constatée ces dernières années. Nul doute qu’à l’avenir, ce thème sera appelé à prendre de l’importance.
Thème 2 : Services hivernaux dans un contexte de contention budgétaire – CT 2.4
Dans un contexte où les ressources budgétaires ne sont pas toujours suffisantes pour répondre aux défis croissants que pose la gestion d’un réseau routier, les communications sur ce thème rapportaient les différents moyens mis en oeuvre par les administrations routières pour conjuguer rigueur hivernale et service aux usagers dans un contexte de situation économique difficile. Analyse économique, révision des modes d’intervention et optimisation des ressources et des moyens utilisés sont au nombre des sujets traités dans les diverses communications.
Thème 3 : Événements extrêmes – CT 2.4
Les efforts investis dans certains pays pour répondre à des événements météorologiques hors du commun, provoquant d’importantes congestions ou paralysant des réseaux routiers, voire des systèmes de transport en général, ont été abordés dans ce thème. Les ruptures de stock dans la chaîne d’approvisionnement des fondants, le manque (ou la réaffectation) de ressources et la préparation parfois insuffisante des organisations pour faire face à des phénomènes climatiques inhabituels ont amené certains pays à revoir leurs stratégies d’intervention lors d’événements climatiques sévères. Les membres du Comité technique 2.4 mènent d’ailleurs des travaux sur ce thème spécifique des événements extrêmes. Les résultats seront rendus publics à la toute fin de 2015, fin du présent cycle de travaux du comité.
Thème 4 : Gestion de la viabilité hivernale – CT 2.4
Thème classique et récurrent, la question de la gestion de la viabilité hivernale a fait l’objet d’une importante couverture (51 communications au total). À travers 11 sous thèmes distincts, de très nombreux sujets ont été abordés : la gestion déléguée de l’entretien des réseaux, l’utilisation ou le développement des technologies embarquées, l’appropriation ou le développement d’un système d’aide à la décision (MDSS) intégrant à l’occasion des modèles prédictifs, eux-mêmes basés sur des paramètres météorologiques et routiers variés (conditions météorologiques, adhérence, conditions de chaussée ou autres), la communication avec les usagers, la priorisation dans le déploiement des ressources et la mise en place d’un nouveau partenariat avec les communautés locales ne sont que quelques exemples de sujets traités au cours des différentes séances offertes aux participants.
À noter que trois communications du Québec ont été présentées sur le thème de la gestion de la viabilité hivernale (tableau 1). Elles sont le reflet de besoins et de solutions propres aux organisations participantes.
Thème 5 : Approches opérationnelles, équipements et produits – CT 2.4
Tout comme la gestion de la viabilité hivernale (thème 4), ce thème est incontournable lors de chaque congrès international. Les sujets abordés y sont variés : la normalisation en matière de matériaux, la performance et les stratégies d’épandage des matériaux traditionnels ou de substitution dans une optique de réduction des quantités à épandre et des impacts sur le milieu (p. ex. : modèle prédictif de taux d’épandage basé sur des paramètres météorologiques ou routiers et certaines technologies embarquées, mesure du sel résiduel sur la chaussée). De même, la mesure de l’adhérence de la chaussée, les dispositifs pour sécuriser la viabilité du réseau en zone montagneuse (système paravalanche), l’intermodalité des équipements de déneigement, la communication avec l’usager sont également autant de sujets couverts dans ce vaste thème.
Thème 6 : L’usager de la voie en conditions hivernales – CT 2.4
L’usager de la route est un partenaire important de la viabilité hivernale. Pour cette raison, les besoins de communication et d’information à son endroit deviennent primordiaux nécessitant souvent, de la part des gestionnaires de réseaux, des outils et des modes de communication appropriés. De la même manière, les responsables de réseaux doivent de plus en plus assurer le maintien d’une certaine mobilité à une gamme plus large d’usagers (automobilistes, conducteurs de poids lourds, piétons, cyclistes), et ce, malgré les aléas de la saison hivernale. Pour ce thème, diverses communications ont notamment porté sur :
- le développement d’outils ou de systèmes Web permettant l’alimentation et la diffusion la plus large possible d’une information susceptible d’aider l’usager dans sa décision de se déplacer;
- l’importance d’assurer à l’usager un service le plus uniforme et transparent possible;
- les facteurs d’influence permettant d’assurer à certaines configurations de poids lourds une mobilité au passage de certains cols de montagne;
- des études de cas de natures diverses (p. ex. : campagnes de communication).
Pour sa part, le Québec présentait deux communications prenant en compte le thème de la mobilité en conditions hivernales de même que celui des relations avec les usagers de la route (tableau 1).
Thème 7 : Tunnels routiers en conditions hivernales – CT 3.3
Les tunnels routiers ne représentent souvent qu’une faible partie de l’ensemble d’un réseau routier. Dans ce genre d’ouvrage, les voies de circulation sont recouvertes, ce qui donne l’impression qu’elles sont à l’abri des problèmes de viabilité hivernale rencontrés sur le reste du réseau. Les communications présentées sur ce thème montrent qu’il n’en est rien.
En effet, certains problèmes sont plutôt similaires à ceux rencontrés sur le réseau routier non recouvert et avec des conséquences amplifiées causées par l’environnement confiné d’un tunnel routier. Plusieurs communications ont été partagées sur ce thème, dont une du Québec, plus précisément du ministère des Transports du Québec. Les cas du pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, et des tunnels Ville-Marie et Viger ont été utilisés pour décrire les enjeux reliés à la gestion hivernale d’un tunnel et de ses diverses composantes, de même que les solutions mises en oeuvre pour répondre aux besoins de mobilité d’une région métropolitaine, par opposition aux enjeux soulevés et aux solutions mises en place pour des installations situées en montagne.
Thème 8 : Ponts routiers en conditions hivernales – CT 4.3
Huit communications ont été présentées sur ce thème, principalement par des pays européens, mais aussi par des pays asiatiques. Les sujets développés gravitaient évidemment autour de l’utilisation des sels de déglaçage en exposant différentes perspectives de causalité entre la présence d’ions chlorures et la dégradation du béton armé. Des suggestions relatives à une gestion optimisée de l’entretien hivernal ainsi que des pistes d’intervention pour réduire et même contrer la dynamique de la corrosion des armatures ont été avancées.
Au total, le XIVe Congrès international sur la viabilité hivernale a attiré plus de 1 500 participants (ministres, experts, gestionnaires, décideurs et intervenants du domaine des transports) et quelque 3 000 visiteurs à l’exposition venus de 48 pays. Pour l’occasion, le Québec s’est également vu confier la présidence ou la coprésidence de deux séances techniques touchant le thème 1, Services hivernaux et changement climatique, et le thème 5, Approches opérationnelles, équipements et produits.
Participation active du Québec aux activités techniques en marge du XIVe Congrès international de la viabilité hivernale
À titre de membre permanent, le Québec a assuré une présence active lors de diverses rencontres relatives aux activités de l’Association mondiale de la route (Commission du plan stratégique, Comité exécutif et comités techniques de l’AIPCR). En ouverture du congrès, il a également participé activement à une séance plénière orientée vers la recherche de solutions pour faire face aux effets notables des changements climatiques sur les infrastructures et qui font l’objet de nombreux travaux de recherche à travers le monde.
À cette occasion, le Québec a fait valoir les efforts déployés depuis de nombreuses années dans le domaine de l’adaptation des infrastructures de transport aux impacts des changements climatiques.
En raison de la rigueur et de la longueur des hivers québécois, la viabilité hivernale est un domaine stratégique où l’innovation et le maintien de l’expertise sont des éléments importants pour assurer la mobilité et la sécurité des usagers et de la population en général. Les spécialistes du domaine ont donc avantage à s’intéresser aux travaux qui se réalisent au sein de l’AIPCR ainsi qu’aux résultats qui en découlent. C’est également une chance unique de faire connaître le savoirfaire québécois.
En effet, le XIVe congrès aura été l’occasion pour plusieurs membres de la communauté routière québécoise de présenter leurs travaux. Les défis reliés à l’exploitation hivernale des tunnels au Québec, la pratique du vélo en hiver, la sécurité routière et les normes en conditions hivernales de même que la gestion du service hivernal sont au nombre des sujets qui ont été abordés par les membres de la délégation québécoise.
Pour en savoir davantage sur la participation québécoise et étrangère à cet événement de calibre international, le lecteur intéressé pourra consulter les actes du congrès qui seront disponibles prochainement sur le site de l’AIPCR (http://www.piarc.org/fr/). Ce document dresse un portrait exhaustif des contenus présentés. Le XVe Congrès international de la viabilité hivernale de l’AIPCR est attendu dans quatre ans, soit en 2018, dans la ville de Gdansk, en Pologne.