Quels sont les impacts des campagnes de sensibilisation sur la lutte contre les accidents de la circulation et sur l’utilisation abusive de la voiture en Algérie?

Dimanche 21 décembre 2014
Technologie, Sécurité et Aménagement, Gestion de la circulation, Infrastructures de transport, Logistique, Mobilité durable, Viabilité hivernale, Gouvernance, Sécurité et Aménagement
Algérie

Le développement des villes dans de nombreux pays du monde a fait apparaître un besoin important de moyens de transport assurant le déplacement des personnes et des marchandises. L’éloignement des nouvelles habitations et des ensembles urbains a obligé les populations à accorder plus d’importance aux véhicules individuels et aux autres moyens de transport s’ils s’avèrent capables de répondre à leur besoin en déplacement. Cette fréquence de déplacement a eu des effets sur plusieurs volets reliés à l’environnement, à la consommation abusive du carburant, à la perte de temps et aux coûts ainsi qu’aux accidents de la circulation, lesquels surviennent plus souvent en raison de l’augmentation du nombre de déplacements.

Ces dernières années, il est reconnu que la fréquence des déplacements quotidiens des populations et les moyens qu’elles utilisent constituent la principale cause des impacts dans les milieux urbain et rural.

Cette situation a poussé de nombreux pays à revoir leur politique de transport afin de réduire les différents types d’impact. Ainsi, à travers ces politiques, des méthodes et des moyens d’intervention sont apparus pour atteindre des objectifs précis. Parmi ces méthodes, relevons les campagnes de sensibilisation, lesquelles jouent un rôle primordial dans la lutte contre les accidents de la circulation et l’utilisation abusive de la voiture individuelle. Certes, de nombreux pays arrivent à obtenir des résultats encourageants, en revanche, d’autres éprouvent des difficultés à cause des moyens et des méthodes utilisés ainsi que de l’acceptabilité sociale reliée au comportement sur les routes.

L’Algérie est un pays nord-africain qui s’étend sur une superficie d’environ 2,4 millions de kilomètres carrés, soit près de cinq fois la France métropolitaine. Il dispose d’un réseau routier de plus de 112 039 km pour une population estimée à 38,7 millions d’habitants au 1er janvier 2014, ainsi qu’un parc automobile de plus de 4,8 millions de véhicules à la fin de l’année 2012. Ce pays essaye d’atténuer les conséquences des déplacements très fréquents en voiture et tente de modifier le comportement des usagers de la route qui ne respectent pas le Code de la route, un comportement provoquant des accidents de la circulation dans de nombreux cas.

Le développement des moyens reliés aux transports collectifs en milieux urbain et rural engagé depuis un certain temps vise à encourager la population à limiter l’utilisation du véhicule individuel et à réduire ses conséquences négatives, lesquelles se manifestent clairement dans le phénomène de la congestion dans les grandes villes, mais aussi dans les moyennes et petites villes.

Sa capitale, Alger, est à la recherche de solutions contre l’ampleur de la congestion et l’utilisation abusive de la voiture individuelle. La mise à la disposition du métro, de tramways et de trains rapides ainsi que, récemment, du téléphérique n’a pas pour autant modifié les habitudes quotidiennes de déplacement de la population.

Cette utilisation abusive du véhicule individuel est notamment reliée au faible prix du carburant, classé parmi les moins chers du monde en raison de subventions accordées par l’État. De ce fait, la qualité de l’air se dégrade non seulement dans les grandes villes, mais également dans les petites villes, ce qui nécessite la mise en place de mesures urgentes pour éviter les effets négatifs sur la santé de la population et sur l’environnement en général.

Selon des spécialistes, il est nécessaire de se pencher sur les moyens de sensibiliser la population. Des plans de communication bien établis informent les citoyens sur l’ampleur des impacts et les encouragent à adhérer aux démarches entreprises ou que peuvent prendre les services concernés dans les différents horizons.

Dans ce cadre, des campagnes de sensibilisation ont été lancées dernièrement pour lutter contre les accidents de la circulation, lesquels classent l’Algérie parmi les pays comptant le plus de morts sur les routes. Le tableau 1 montre qu’en 2012, on a dénombré 42 477 accidents, 4 447 décès et 69 141 blessés, soit 116 accidents par jour en moyenne.

De 2003 à 2011, le nombre de décès a augmenté, puisqu'il a varié entre 3 660 et 4 607 décès. Devant cette situation, les services concernés ont entrepris des démarches visant l’amendement du Code de la route pour assurer plus de sécurité sur le réseau routier. De plus, l’aspect communicationnel a pris différentes formes puisque l’objectif visait à réduire le nombre d’accidents de la circulation et à transmettre plus de consignes de sécurité aux usagers.

La campagne de sensibilisation la plus importante en ce domaine fut diffusée sur toutes les stations de radio algériennes, sur tout le territoire national, afin d’atteindre les différentes tranches de la population. Des émissions sur le sujet ont porté sur différents angles pour mieux informer les auditeurs. Des médecins et des psychologues ont ciblé la réaction en cas d’accident et les éléments de la protection civile. Le corps policier a insisté sur l’application du Code de la route. Les chercheurs universitaires ont éclairé les auditeurs, notamment sur les modes de déplacement alternatifs. Les artistes ont orienté leurs contributions artistiques sur les risques des accidents de la circulation. Les pouvoirs religieux ont été également appelés à orienter leurs discours pour mettre l’accent sur la sécurité sur les routes tant dans les villes qu’à l’extérieur des ensembles urbains. Les enseignants se sont adressés à leurs élèves dans les différents établissements scolaires pour leur expliquer les objectifs poursuivis.

En somme, cette campagne de sensibilisation qui a duré une année a fait intervenir de nombreux spécialistes dans différents secteurs pour que chacun contribue à informer la population. Cette diversité de points de vue a permis d’adresser à l’auditeur une quantité d’informations variées capables de faire changer son comportement sur les routes.

Sur le terrain, des associations devaient aussi communiquer directement avec les usagers et les sensibiliser aux mesures à prendre pour éviter les accidents de la circulation.

Par ailleurs, une campagne de sensibilisation sur la protection de l’environnement a également été diffusée à la radio algérienne pendant une année. Son objectif visait la sensibilisation du citoyen sur les mesures à prendre pour protéger son cadre de vie.

Il s’est avéré qu’une amélioration s’est produite uniquement durant ces campagnes. Cependant, la mise en place de mesures pour bien les orienter et le fait de les inscrire dans un cadre de complémentarité permettraient d’obtenir de meilleurs résultats, notamment de sensibiliser les automobilistes à la pollution atmosphérique dans le milieu urbain reliée à la fréquence de leurs déplacements. De plus, il est question de sensibiliser la population à l’effet négatif du prix du carburant vendu en moyenne à 0,26 $ le litre, soit dix fois moins que la moyenne des prix européens.

Il est également utile d’intégrer dans les campagnes de sensibilisation la lutte contre la sédentarité, source de différentes maladies, afin d’inciter la population à se déplacer moins souvent en voiture et à opter pour la marche ou d’autres moyens de déplacement moins polluants. Il faudrait, par exemple, mettre en évidence les avantages de la marche et son rôle sur la santé. Le fait d’orienter le contenu des messages sur des points positifs permettrait de donner par la suite des arguments très solides au public qui, une fois convaincu, suivrait davantage toute politique engagée.

Ainsi, l’implication des spécialistes de différentes disciplines, y compris ceux de la communication, lors de la préparation et la mise en oeuvre de telles campagnes est nécessaire. La question de la durée de ces campagnes de sensibilisation doit également être interrogée, car la population risque de ne pas supporter une forte et longue campagne de sensibilisation qui s’étend sur plusieurs mois. Ainsi, il est possible que cette surcharge de messages se répercute négativement sur le récepteur et le conduit à lui tourner le dos. Les statistiques du tableau 1 démontrent en effet que le nombre d’accidents a augmenté de 2010 à 2012.

Pour que les campagnes de sensibilisation soient efficaces, elles doivent exploiter différents canaux et faire parvenir au public un message bien argumenté pour le convaincre. Le plan de communication doit contenir des objectifs précis et tenir compte des divers publics cibles. Il n’est plus nécessaire de démontrer ici l’importance de la communication dans l’établissement des instruments de planification territoriale et des plans de transport puisque ces outils sont établis pour servir la population. Personne n’a le droit de penser à sa place lors d’une prise de décision se rapportant à son développement.

Consciente de l’importance de la communication, l’Algérie suit son chemin en ce sens et les assises nationales des transports organisées fin 2013 à Alger appuient cette nouvelle vision dans la voie de la communication.

Sur la toile

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