Développement intégré d’un réseau de transport durable
Société de transport de Laval
Le nerf de la guerre : améliorer la fluidité des déplacements dans un contexte de travaux routiers, de congestion, d’étalement urbain, de développement industriel et de croissance démographique exponentielle. En parallèle, améliorer le service au client de façon intégrée, responsable et durable, avec un bénéfice réel, tangible et mesurable. Un défi de tous les instants que toutes les sociétés de transport s’affairent à relever. L’objectif ultime : maintenir ou augmenter la satisfaction de la clientèle, accroître la part modale du transport collectif, offrir d’autres options attrayantes à l’auto solo, améliorer la desserte du territoire, et réduire l’empreinte carbone globale liée au transport.
Les solutions peuvent prendre plusieurs formes et, à Laval, c’est un éventail de mesures qui a été déployé pour produire des résultats concrets autant pour le client que pour l’opérateur : outils en temps réel, mesures préférentielles pour bus, transition vers la propulsion électrique, etc.
Temps réel
Depuis 2009, la gestion du réseau de la STL s’effectue en temps réel. Tous les véhicules de la STL sont munis d’un GPS et d’un ordinateur de bord, qui génèrent des données précises toutes les deux secondes (!). Ces données sont téléversées automatiquement et en simultané dans tous les outils de la STL : écrans du centre de contrôle, entrepôt de données et applications en temps réel pour les clients (web, applications, SMS et horaires par téléphone). Ainsi, depuis 2010, les clients peuvent suivre sur une carte les déplacements en temps réel de leur autobus. Ce système permet également de prédire l’heure réelle du prochain passage d’un autobus à un arrêt donné. La mise à jour des données dans les différents outils s’effectue en continu.
Mesures préférentielles pour bus (MPB)
Basée sur des études réalisées dès 2009, la STL a réalisé, à partir de 2016, la mise en place d’un portefeuille de mesures préférentielles pour autobus sur son territoire. S’appuyant sur une cartographie des artères névralgiques et goulots d’étranglement sur son territoire, la STL a développé un ensemble de mesures préférentielles pour bus (MPB) pour résoudre des enjeux de congestion et ainsi réduire les temps de parcours sur certains trajets.
Parmi les éléments implantés, on retrouve des mesures classiques comme des voies réservées, des voies d’évitement, des feux prioritaires de type « chandelle » et des déplacements d’arrêts de l’amont à l’aval des intersections. Par ailleurs, certains éléments distinctifs ont permis à la STL de se démarquer, entre autres des voies réservées centrales et un système intelligent de priorité aux feux de circulation pour permettre aux autobus de gagner de précieuses minutes.
Priorité intelligente pour autobus
Pas moins de 232 feux de circulation à Laval sont équipés d’un système automatisé pour accorder ou non la priorité de passage aux intersections, en fonction de l’importance du retard du véhicule et du nombre de passagers qu’il transporte. Plus de 90 % des feux de circulation où circulent les autobus de la STL possèdent cette technologie.
En plus du système de temps réel déjà en place, tous les véhicules de la STL ont été munis de compteurs de passagers, d’un système de demande automatique de priorité aux intersections (mieux connu sous l’acronyme TSP pour Transit Signal Priority), et d’une interface qui relie ce système à l’ordinateur de bord de l’autobus. La demande de priorité est émise automatiquement, sans qu’aucune intervention du chauffeur soit nécessaire. A priori, le principe est simple : à l’approche d’un feu de circulation, un autobus qui affiche un retard dans le système envoie automatiquement un signal radio au contrôleur du feu pour lui demander une priorité de passage. Évidemment, le système considère qu’un autobus ne doit jamais être en avance sur son horaire; s’il est à l’heure ou en avance, le cycle du feu demeurera inchangé. Mais dans l’éventualité où plus d’un autobus demanderait la priorité en même temps, le système fera des prouesses! Selon un algorithme complexe, le feu accordera la priorité de passage au bus comptant le plus grand retard ET le plus grand nombre de passagers à bord. Un degré de sophistication rarissime, voire unique au monde.
Afin de calculer le bon moment pour prolonger la phase du feu vert ou pour écourter la phase rouge, le contrôleur de feu calcule la vitesse d’approche de l’autobus et la distance à parcourir. Jumelé au déplacement d’arrêts d’autobus en aval des intersections, cet avantage de quelques secondes permet à l’autobus de desservir plus rapidement le prochain arrêt. Les secondes gagnées deviendront des minutes et permettront ultimement à l’autobus de rattraper son retard. De plus, en évitant un ralentissement ou un arrêt au feu rouge, l’autobus réalise du même coup une économie d’essence, réduit l’usure de ses freins et, ultimement, diminue ses émissions de GES.
Voies réservées centrales
Parmi les secteurs névralgiques de Laval, le boulevard Le Corbusier a rapidement été identifié comme une priorité. Chaque semaine, plus de 54 000 clients transitent par cette importante artère commerciale, desservie par 11 lignes d’autobus. C’est sur ce boulevard, entre la rue Albert-Duquesne et le boulevard du Souvenir, qu’a été mis en place un des rares aménagements de voies réservées centrales au Québec. Pour cette première phase, le corridor couvre une distance de près d’un kilomètre et comprend six stations. Des projets sont en cours pour compléter le corridor afin de parcourir la distance à partir de l’A-440 jusqu’au boulevard de la Concorde par voies réservées centrales.
Cette configuration permet les plus grands gains de temps et la meilleure efficacité opérationnelle. En opérant en site propre, les voies réservées centrales permettent aux autobus de circuler de façon plus fluide en évitant, par exemple, la congestion routière et les ralentissements causés par les virages à droite des automobilistes.
Résultats escomptés
De façon générale, des gains de temps sont anticipés pour plus de la moitié des déplacements de la STL. On prévoit ainsi gagner jusqu’à 5 minutes sur certaines lignes, ce qui représente une économie annuelle de 100 000 heures de déplacement et une réduction globale de 3 000 tonnes de GES par année.
Coordination des travaux
Parmi les facteurs de succès de l’expérience à Laval, la STL a pu compter sur une collaboration exceptionnelle avec l’administration municipale, qui a profité de l’occasion pour améliorer ses aménagements urbains. Les travaux coordonnés avec la Ville ont mené, entre autres, à l’aménagement de nouveaux tronçons de pistes cyclables et de trottoirs, au rajeunissement d‘éclairages de rue et d’équipements de mobilier urbain et au remplacement de 75 % des contrôleurs de feux de circulation, en plus d’incorporer toutes les interventions requises pour l’entretien et la mise à niveau des infrastructures municipales (conduites, réfection de chaussées, etc.).
Des millions de données pour mesurer les résultats
À eux seuls, les systèmes intelligents de temps réel et de priorité aux feux génèrent des millions de précieuses données, permettant de préciser à la seconde près : quel bus, à quelle heure, à quelle position (GPS), transportant combien de passagers, a demandé (et obtenu ou non) une priorité de passage. Grâce à son entrepôt de données (Big Data) alimenté en continu, la STL analyse et croise les données emmagasinées et peut ainsi moduler ses opérations en temps réel et faire des prévisions extrêmement précises d’horaires, d’achalandage et de trajets. À long terme, ces outils de mesure sophistiqués donnent à l’équipe de la planification de la STL un portrait global et ultra précis de la performance de son réseau et permettent, par exemple, d’ajuster des trajets ou de modifier la fréquence du service sur certaines lignes, à certaines heures, etc.
La cueillette des données et, surtout, leur analyse sont un pilier fondamental de l’optimisation d’un réseau de transport et de son maintien; elles fournissent des bases solides pour la prise de décision et l’évolution d’un réseau.
Épilogue pour du transport collectif plus vert
Résolument orientée vers l’amélioration de son service, la STL s’est également engagée à en réduire les émissions de GES. Depuis 2014, nous n’achetons que des autobus hybrides, en plus d’avoir été la première société de transport au Canada à acheter un autobus entièrement électrique de pleine grandeur (12 m). En 2019, c’est un projet pilote d’autobus hybride rechargeable qui nous anime. L’électrification graduelle du parc d’autobus de la STL est commencée, et dès 2020, une première ligne complète sera totalement opérée avec des véhicules électriques à recharge lente (encore une première!) dans l’objectif d’électrifier l’ensemble de notre réseau d’ici 2040. Ce n’est plus un secret, l’avenir du transport passe par les mesures d’amélioration de service et par son électrification.