Le courant passe : les clients de la STM vivent l’expérience électrique

Mercredi 17 janvier 2018
Technologie, Mobilité durable
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Alexandra Ouimet
Conseillère Affaires publiques
Société de transport de Montréal (STM)
Pascal Renaud
Directeur d'études Projets spéciaux
Société de transport de Montréal (STM)

Montréal est la première ville en Amérique du Nord à participer au projet Cité Mobilité, un programme à l’essai qui regroupe l’expertise d’acteurs publics et privés autour d’un projet d’électrification des transports. La Société de transport de Montréal (STM) se positionne donc comme pionnière en électrification des transports collectifs, alors qu’en mai dernier elle mettait en service clientèle les premiers autobus québécois 100 % électriques, trois Nova Bus LFSe.

En 2010, la STM lançait un défi à l’industrie en se fixant l’objectif d’acquérir exclusivement des autobus à zéro émission à l’horizon 2025, et ce, en faisant appel aux technologies les plus performantes offertes en regard de son mode opératoire et de ses réalités d’exploitation. Plusieurs technologies de propulsion et de recharge sont actuellement sur le marché ou en cours de développement. L’expérimentation de ces technologies, conjointement avec l’industrie, représente une opportunité pour la STM d’influencer l’évolution et l’optimisation de l’offre de véhicules électriques. C’est dans cet esprit qu’elle a signé une entente de partenariat avec Nova Bus, membre du Groupe Volvo, en novembre 2013, dans le cadre du projet Cité Mobilité pour l’essai en service clientèle de trois autobus électriques à recharge rapide par conduction, c’est-à-dire à recharge par contact sur le toit de l’autobus. Ce projet de démonstration, avec quelques distinctions relatives au projet montréalais, est également déployé dans d’autres villes à l’international, dont Stockholm, Hambourg et Göteborg.

La STM s’est lancée dans ce projet avec l’objectif d’évaluer, dans des conditions réelles d’exploitation, les impacts de l’utilisation de ces autobus électriques à recharge rapide par conduction sur la planification et la livraison du service, l’entretien des autobus, l’exploitation des infrastructures et l’expérience client. De plus, cette démarche permet à la STM de faire l’acquisition de connaissances afin de développer et d’exploiter un éventuel réseau de surface tout électrique. Pour ce faire, Nova Bus a conçu au Québec ce nouvel autobus, en conservant un habitacle apprécié de la clientèle et éprouvé au fil des années, mais en électrifiant la propulsion, les composantes auxiliaires et l’alimentation. Sur les 10 000 pièces que compte le nouvel autobus électrique, près du tiers ont dû être adaptées ou développées spécialement pour celui-ci, comparativement à un autobus au diesel.

La STM a choisi de déployer cette mise en service sur la ligne 36-Monk où, en période hors pointe, elle fait circuler trois autobus électriques. Cette ligne a été retenue pour le projet de démonstration, car elle est à l’image d’une ligne moyenne du réseau de la STM, notamment parce qu’une portion de ce circuit traverse le centre-ville, que la distance entre les deux extrémités de la ligne respecte l’autonomie du véhicule et que l’une de ces deux extrémités est située dans un terminus de la STM, au parc Angrignon. Une seconde borne de recharge rapide a été installée au square Victoria, alors que quatre bornes de recharge lente ont été mises en place au Centre de transport LaSalle afin de recharger et d’équilibrer les batteries durant la nuit.

Les premiers jalons de l’électrification  

Le mode de recharge rapide par conduction avec un pantographe a été retenu parce qu’il s’agit une technologie connue, fiable et sécuritaire. Cette technologie existe déjà dans le domaine ferroviaire et consiste à faire passer le courant électrique depuis une ligne aérienne de contact vers un véhicule grâce à un pantographe. De plus, il s’agit d’une opération simple pour le chauffeur qui doit simplement positionner son autobus sous le pantographe et activer son frein de stationnement. À ce moment-là, le système détecte automatiquement la présence de l’autobus et active la descente du pantographe pour atteindre les barres de contact situées sur le toit. La recharge par conduction est effectuée en moins de cinq minutes. Une fois celle-ci terminée, le pantographe se rétracte et se trouve prêt à être utilisé par le prochain véhicule, alors que l’autobus qui vient d’être rechargé peut reprendre sa route, sa prochaine recharge étant prévue seulement à l’autre bout de la ligne. Si jamais l’une des deux stations de recharge rapide ne fonctionnait pas, l’autobus aurait malgré tout suffisamment d’autonomie pour rester en service et retourner à l’autre borne ou au centre de transport.

Les nouveaux autobus électriques de Nova Bus sont silencieux, climatisés et écologiques. Ils ont aussi fait l’objet d’un habillage distinctif, permettant à la clientèle de les reconnaître rapidement, en plus d’être physiquement similaires aux nouveaux autobus hybrides 12 m de la STM. Il est bon de noter que les véhicules électriques et hybrides ont des indices sonores trop faibles pour être entendus à temps par les piétons, les cyclistes et les personnes ayant des limitations visuelles qui ont besoin du bruit, entre autres, pour identifier le véhicule qui approche et pour traverser une intersection. Pour signifier la présence de ses autobus électriques et minimiser l’impact de leur introduction sur les activités des personnes vivant avec des limitations fonctionnelles, la STM a choisi d’utiliser le système sonore de la Nissan Leaf qu’elle a adapté aux trois autobus électriques.

Les avantages de l’autobus électrique de Cité Mobilité sont nombreux. À lui seul, le projet de la STM, prévoyant l’utilisation de trois autobus électriques sur la ligne 36-Monk au cours des trois prochaines années, permettra une réduction de 856 tonnes de GES. Il permettra aussi une diminution importante du niveau sonore ambiant, des vibrations à la structure, de l’usure des freins (grâce au freinage régénératif) et des inspections au moteur; réduisant par la même occasion les coûts d’entretien. Il ne nécessite aucun système de dépoussiérage diesel ni de changement de filtre, limitant ainsi les déchets engendrés par son utilisation. De plus, il n’a besoin d’aucune transmission mécanique, pour une économie substantielle des coûts d’entretien. À priori, la STM estime que les autobus électriques nécessiteront moins d’entretien que les autobus réguliers, à moyen et long terme, notamment en raison de la diminution du nombre de composantes mécaniques (moteur, transmission, etc.). L’un des objectifs du projet Cité Mobilité est justement de constater les impacts de l’utilisation des autobus électriques sur les opérations d’entretien.

Le budget global du projet est de 16,7 M$, dont 11,9 M$ proviennent du ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports.

La marche à blanc

Les premiers autobus ont été livrés au Centre de transport LaSalle, au début du mois de décembre 2016, après que l’équipe d’ingénierie STM ait effectué quelques jours de tests fonctionnels chez Nova Bus, à Saint-Eustache. Cette livraison a coïncidé avec la mise en service de la station de recharge rapide du square Victoria, permettant ainsi une première recharge le 20 décembre 2016. Cette date est importante puisqu’elle marquait le début de la période d’essai hors service qui a permis la réalisation d’une série de tests effectués tant sur les véhicules que sur les stations de recharge, afin de valider la fonctionnalité des systèmes à bord.

Ces essais visaient, entre autres, à positionner le pantographe afin d’optimiser le contact avec l’autobus, à valider la communication entre le véhicule et la station de recharge, à procéder à des essais de recharge avec différentes valeurs de courant, à implanter un système de gestion des alarmes et à documenter le tout dans un rapport de mise en service. Ces essais ont été menés par Nova Bus et Siemens, en collaboration avec la STM.

Au cours de la même période, l’équipe d’ingénierie autobus de la STM a réalisé des essais avec les autobus électriques en les soumettant à différentes conditions, comme un essai routier de 19 heures à très basse température ou un essai de dérapage et de freinage sur la neige et la glace. Elle a aussi procédé à la caractérisation de la consommation des trois autobus sur le parcours de la ligne 36, à la mesure des courbes d’accélération, à des essais de chauffage, de climatisation et de recharge rapide en position décalée. Bref, une série exhaustive de tests permettant à la STM d’en apprendre davantage sur les possibilités de ses nouveaux autobus.

Afin d’assurer leur intégration au Centre de transport LaSalle et de préparer la mise en service clientèle au mois de mai, l’équipe d’ingénierie d’exploitation a révisé l’ensemble des consignes et des procédures, afin de les adapter au fonctionnement des autobus électriques. Les chauffeurs, les mécaniciens et le personnel de soutien ont reçu une formation afin de maîtriser les particularités de ces véhicules, tant en matière de conduite et d’entretien que de sécurité.

Une mise en service clientèle réussie

Les premiers passagers ont pu monter à bord d’un autobus Cité Mobilité le 24 mai dernier. Depuis ses débuts en service clientèle, le nouveau véhicule suscite l’engouement, tant des usagers que des chauffeurs. Selon les premiers commentaires reçus, la clientèle apprécie particulièrement le confort, l’air conditionné et le fait que l’autobus soit moins bruyant. De plus, les usagers sont enthousiasmés par ce premier pas vers l’électrification du parc d’autobus. Ils sont d’ailleurs invités à donner leurs commentaires ou leurs suggestions, à la suite de leur expérience à bord des autobus électriques sur stm.info/36.

Il s’agit, toutefois, d’un projet à l’essai. La STM connaît déjà les enjeux liés au fait de posséder un parc exclusivement composé d’autobus de ce type, compte tenu des temps de recharge actuels qui l’obligeraient à se doter d’autobus supplémentaires pour pallier les temps de recharge au cours desquels les véhicules ne sont pas sur la route. Le nombre de bornes de recharge nécessaires représenterait aussi un grand défi, particulièrement au centre-ville, car l’espace occupé par chaque pantographe représente environ deux espaces de stationnement. L’installation des deux bornes actuelles démontre toutefois qu’il est possible de bien intégrer ces équipements à la trame urbaine.

Les trois prochaines années permettront à la STM de poser les premiers jalons de l’électrification de son parc d’autobus et aux usagers de constater les bénéfices des déplacements propulsés par l’électricité. Le projet Cité Mobilité est à suivre, même s’il fait déjà de Montréal une vitrine de démonstration pour les technologies associées à l’électromobilité en réunissant les acteurs clés du secteur de la mobilité durable, et en mettant en valeur la créativité, l’ingéniosité et la culture d’innovation des entreprises québécoises.

Sur la toile

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