Le Port de Montréal se réinvente. Des projets innovateurs qui accroissent la capacité, améliorent la fluidité et réduisent l’empreinte environnementale

Vendredi 9 juin 2017
Mobilité durable, Logistique, Logistique
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Daniel Dagenais
Vice-président, Opérations
Administration portuaire de Montréal

Le Port de Montréal a conclu deux projets innovateurs visant à améliorer l’infrastructure, à optimiser et à augmenter la capacité de manutention des cargaisons, ainsi qu’à maintenir et à améliorer la fluidité du transport de marchandises, et ce, tout en réduisant son empreinte environnementale. Le tout nouveau terminal Viau permettra au Port de s’adapter à une croissance attendue dans le secteur des marchandises conteneurisées, alors qu’une nouvelle initiative technologique améliorera la fluidité de la circulation des camions et permettra de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le port.

Terminal Viau : accroître la capacité

Le Port de Montréal est le deuxième en importance au Canada, et le cinquième sur la côte Est de l’Amérique du Nord. Il manutentionne quelque 1,4 million de conteneurs EVP (équivalents vingt pieds) annuellement. Il s’agit du seul port de manutention de conteneurs au Québec et en Ontario réunis. Un conteneur maritime sur quatre manutentionné au Canada passe par cette plaque tournante commerciale, qui représente la liaison intermodale la plus directe entre le cœur industriel de l’Amérique du Nord et les marchés de l’Europe du Nord et de la Méditerranée.

Afin d’appuyer la croissance prévue du marché des marchandises conteneurisées, le Port de Montréal a construit le terminal Viau, sa quatrième installation internationale à conteneurs. C’est en juin 2015 que les travaux de construction du terminal pour le transbordement, la manutention ainsi que le stockage de conteneurs se sont amorcés. La première phase du terminal fut inaugurée en novembre 2016. Une seconde phase, qui dépendra de la conjoncture du marché et de la croissance du secteur des marchandises conteneurisées, sera réalisée dans les années à venir. Ce nouveau terminal, ajoutera, à terme, une capacité additionnelle de 600 000 conteneurs EVP au Port de Montréal. 

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« Les retombées du nouveau terminal Viau sont considérables », se réjouit Sylvie Vachon, présidente-directrice générale de l’Administration portuaire de Montréal (APM). « À terme, ce dernier portera la capacité de manutention du Port de Montréal à 2,1 millions d’EVP au total. Il générera d’importants bénéfices additionnels pour la région, la province et le pays avec des retombées annuelles de 340 millions de dollars et la création de 2 500 emplois directs et indirects ».

La valeur totale de l’ensemble des phases du projet s’élève à 197 millions de dollars, ce qui comprend des contributions financières du gouvernement du Canada en vertu de son volet Infrastructures nationales du Nouveau Fonds Chantiers Canada, de l’opérateur du terminal, Termont Montréal inc., ainsi que de l’APM. Chef de file mondial en transport de conteneurs, la ligne maritime Mediterranean Shipping Company fait escale au terminal.

Le terminal Viau peut accueillir des post-Panamax, qui constituent les plus gros navires de conteneurs à naviguer jusqu’au port et dont le chargement peut atteindre 6 000 EVP. La superficie actuelle de la zone de service du terminal atteint 200 000 m2, ce qui représente plus de 33 terrains de football canadiens. Le projet comptait l’aménagement d’un poste à quai de 330 m (un second sera aménagé dans le cadre de la phase 2), une zone intermodale et des voies d’accès aux camions, le réaménagement de la desserte ferroviaire, la construction d’un bâtiment multiservice incluant un espace de garage, des bureaux administratifs ainsi qu’une salle des débardeurs. Termont Montréal inc. a mis en place deux nouvelles grues-portiques permettant le chargement et le déchargement des conteneurs des navires. Ces grues de 95,5 m chacune, les plus grandes du Port de Montréal, correspondent à la moitié de la hauteur de la Place Ville-Marie. 

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Le projet du terminal Viau a intégré des principes du développement durable bien avant le début des travaux, notamment par le déploiement d’un plan de communication et de consultation ainsi qu’un projet innovateur de valorisation des sols.

L’APM a réalisé une série de rencontres avec différentes parties prenantes concernées, soit des partenaires d’affaires, des instances municipales, des communautés locales ainsi que des groupes d’intérêts, et a tenu des rencontres portes ouvertes à l’intention des citoyens riverains afin de présenter le projet, de connaître leurs préoccupations et de répondre à leurs questions. Ces échanges ont permis de mettre en œuvre, lorsque cela était possible et nécessaire, des mesures d’atténuation non seulement pendant les travaux, mais aussi pour l’exploitation subséquente du terminal. Par exemple, pendant le processus de consultation publique, des citoyens ont demandé à Termont Montréal inc. de changer la couleur de ses grues pour un gris plus neutre au lieu de rouge, de sorte qu’elles se fondent mieux dans le paysage, une demande que l’opérateur du terminal a acceptée.

L’APM et Termont Montréal inc. ont également mené des études visant à évaluer les répercussions environnementales du projet. De plus, dans le cadre de son réaménagement, le Port a entrepris un projet extrêmement innovateur de restauration et de réutilisation des sols. Une grande usine mobile d’encapsulation broyait les terres pauvres extraites du sol pour les mélanger à du béton. Ces terres solidifiées ont ensuite été déposées au fond des zones déblayées, afin de créer une base assez stable pour supporter les conteneurs.

Ce processus a permis de réutiliser quelque 44 000 tonnes de terres à faible capacité portante, qui, autrement, auraient été redirigées dans des sites d’enfouissement. La technique d’encapsulation a également permis d’éliminer le besoin d’acheter et de faire livrer des matériaux de remblai de qualité supérieure pour réaliser une base solide. Cette approche novatrice a aussi contribué à réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 170 tonnes, puisque les sols pauvres et les matériaux de remblai n’ont pas nécessité de transport en camion jusqu’aux sites d’enfouissement ou vers le secteur Viau.

Ce projet de restauration et de réutilisation des sols réalisé au Port a remporté trois prix. D’abord, l’Association québécoise des transports (AQTr) a remis le grand prix d’Excellence en transport, dans la catégorie Environnement, à la firme d’ingénierie SNC-Lavallin, qui a collaboré avec l’APM dans cette initiative de restauration des sols. Puis l’American Concrete Institute a octroyé son prix du mérite au projet du port, qui a aussi reçu le prix d’excellence environnementale pour la région de l’Est de l’Association des transitaires internationaux canadiens.

La construction du terminal Viau s’inscrit dans un projet plus vaste d’optimisation de la capacité portuaire, qui comprend la capacité de manutention des conteneurs et l’amélioration des accès maritimes et routiers. « Le Port de Montréal doit être proactif sur ces trois fronts si nous voulons trouver l’équilibre entre une circulation efficace des biens et une bonne fluidité des activités portuaires », explique Mme Vachon.

Le nouveau PORTail du camionnage

L’APM a déployé en 2016 un projet qui aura pour effet de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) par l’optimisation de l’itinéraire des camions qui fréquentent les terminaux situés sur le territoire du Port de Montréal. Dans ce contexte, la toute nouvelle application Web PORTail du camionnage sera un outil clé pour l’atteinte de l’objectif de réduction des temps d’attente aux terminaux portuaires de conteneurs. 

Le développement durable constitue une valeur fondamentale de la mission de l’APM et reflète son engagement à intégrer des politiques économiques, environnementales et sociales dans ses activités portuaires. Sa politique de développement durable s’articule autour de neuf principes directeurs, dont l’un vise à réduire son empreinte environnementale.

En raison du nombre croissant de camions transportant des conteneurs vers et depuis le Port de Montréal ainsi que de la croissance prévue en ce sens, l’APM a bien compris qu’elle devait prendre les mesures nécessaires pour réduire les émissions de GES liées au camionnage sur le territoire du Port et a conclu que la meilleure façon d’y parvenir était d’améliorer la fluidité du processus entier du transport par camion. Comment y arriver ? Grâce à un outil qui mesurera le temps total de déplacement des camions et indiquera les points de congestion. 

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Cette nouvelle application de l’APM nommée PORTail du camionnage permet d’optimiser les itinéraires des camions vers les terminaux situés sur la propriété du port. Créé pour les camionneurs qui fréquentent le Port de Montréal ainsi que leurs répartiteurs et les clients du Port, le système affiche en temps réel les temps d’attente liés à la circulation dans le port de sorte qu’ils puissent mieux planifier leurs déplacements vers les terminaux du port, éviter la congestion et ainsi gagner du temps. À terme, cette amélioration de la fluidité réduira les émissions de GES dans le port.

L’application Web capitalise sur l’utilisation d’une combinaison des technologies RFID (identification par radio fréquence) et de lecteurs de plaques, qui recueillent des données sur tous les déplacements des camions sur le territoire du port. Elle capte l’information relative à l’emplacement des camions sur le territoire du port, ce qui fournit une image instantanée de tous les véhicules traversant le portail commun d’entrée des camions, de leur déplacement sur les voies, de leurs allées et venues dans les terminaux, de leur sortie du port, de la fluidité de la circulation et des points de congestion. Ce système de captation de données permet de mesurer les GES émis en fonction des temps de déplacement des camions de l’entrée à la sortie du port, et de relayer cette information en temps réel aux camionneurs et aux répartiteurs.

PORTail du camionnage  

Un projet en trois phases.

La phase 1 du projet comportait des mises à jour des systèmes de contrôle d’accès ainsi que l’installation des lecteurs de plaques à un certain nombre d’endroits stratégiques sur le territoire du port, permettant d’enregistrer les camions qui se déplacent. Le port était déjà pourvu d’une technologie RFID depuis l’inauguration de son nouveau portail commun d’entrée des camions en 2011.

La phase 2 visait à fournir une base de données des points de croisement et d’indicateurs de rendement clés, à centraliser l’information du contrôle de l’accès de l’APM et de ses nombreux terminaux en une seule base de données pour l’administration portuaire, à compiler les temps de déplacement des camions et les indicateurs de rendement clés en matière de GES, ainsi qu’à établir les cibles de réduction des GES.Lancée en octobre 2016, la phase 3 quant à elle visait à créer le tableau de bord servant à la transmission électronique des temps de déplacement aux camionneurs et aux répartiteurs par messages d’alertes SMS, par courriel, par l’application mobile et sur le Web.

Concrètement, les passages des camions sont captés en plusieurs endroits sur le territoire du port, ce qui permet de suivre leurs déplacements. Il en résulte un portrait global de la circulation, des points de congestion et des temps d’attente aux différents terminaux. Cette information est envoyée en temps réel aux camionneurs, au moyen d’une application qu’ils téléchargent sur leur appareil mobile (dans Apple App Store et Google Play Store), ou directement sur leur ordinateur (à l’adresse www.portmtlcamions.com).Ces derniers utilisent cette information pour planifier leur itinéraire à l’approche du port et sur son territoire, afin d’optimiser leur temps de livraison ou de réception de conteneurs. Ils sont ainsi en mesure de choisir l’itinéraire le plus simple et le plus rapide pour éviter les embouteillages.

 

Faciliter les décisions des camionneurs au moyen de données analytiques afin d’optimiser les itinéraires, de réduire les temps de marche au ralenti et de diminuer la pression en période de pointe aidera le Port à atteindre ses objectifs de diminution des GES liés au camionnage. Cela permettra en outre au Port d’évaluer les améliorations de la qualité de l’air pour les collectivités environnantes, d’établir une base commune de discussion concernant le rendement des terminaux et de centraliser le contrôle de l’accès. Qui plus est, améliorer la fluidité du camionnage signifie augmenter d’autant la compétitivité de la chaîne d’approvisionnement de Montréal.

Dans le cadre de ce projet, le Port a travaillé de concert avec la Ville de Montréal et le ministère des Transports du Québec. Transports Canada a quant à lui contribué à raison de 1,375 million de dollars dans ce projet, en vertu du programme du gouvernement du Canada visant à réduire les émissions de GES et de polluants de l’air.

« Le Port de Montréal est parmi les premiers au monde à offrir à ses partenaires du transport routier un système avancé d’information en temps réel du trafic de camions sur son territoire, et nous travaillons constamment à améliorer la mobilité des marchandises, qui fait notre marque de commerce, et à réduire notre empreinte environnementale », indique Mme Sylvie Vachon.

Ce projet répond à un véritable besoin. Environ 2 500 camions franchissent l’entrée du port chaque jour pour livrer ou recueillir des marchandises. Ces 10 dernières années, une augmentation régulière a été observée quant à la répartition modale des conteneurs transportés par des camions : 55 % des conteneurs du port sont maintenant transportés par camion, comparativement à 45 % par transport ferroviaire. Ces chiffres étaient inversés il y a une dizaine d’années, mais la tendance vers le transport par camion devrait se maintenir.

Les cibles de réduction des GES seront établies lorsqu’une année complète de référence sera disponible. De plus, dans le même esprit de développement d’initiatives de système de transport intelligent (STI), l’APM prévoit, en 2017, déployer un modèle prédictif qui permettra aux utilisateurs d’anticiper et d’exploiter les plages horaires moins achalandées, en plus de bâtir un pont entre sa base de données et le Centre de gestion de la mobilité urbaine (CGMU) de la Ville de Montréal.

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