Le secteur des transports routiers en Afrique entre transformation numérique et nouveaux défis reliés à la mobilité
Le secteur des transports routiers en Afrique entre transformation numérique et nouveaux défis reliés à la mobilité
À l’horizon 2050, plus de 70 % de la population mondiale sera urbaine. Ce taux est beaucoup plus important pour nos villes africaines marquées par un exode rural et surtout relativement plus jeunes en matière d’infrastructures comparativement aux villes des pays dits développés. Cette situation implique des changements majeurs pour l’ensemble des acteurs intervenant dans la gestion de nos villes, mais surtout dans la conception des politiques et la gestion de la mobilité.
Sur un continent africain où tout ou presque reste à penser et à réaliser en ce qui concerne le système de gestion de la mobilité et des transports routiers, la mise en place de solutions technologiques appliquées au système de transports routiers se présente dès lors comme une solution alternative incontournable. Nous avons aujourd’hui en Afrique, comme partout ailleurs, un nouveau type de citoyens, plus « Smart », plus connectés, mieux informés et surtout plus exigeants…
Les systèmes de transport intelligents (STI) s’imposent parce que la nécessité d’innover, de transformer par la mise en place de plateformes technologiques aboutissant à des services à valeur ajoutée permet aux citoyens de mieux percevoir les effets des politiques publiques en matière de transports routiers et d’améliorer leur quotidien.
Le droit du citoyen à la mobilité doit demeurer au cœur des préoccupations de toutes les politiques publiques en matière de transport.
Depuis bientôt trois ans, le Ministère ivoirien des Transports a entrepris un vaste programme de réformes pour moderniser ce levier central de son économie. L’objectif affiché est clairement de restructurer cette administration en vue d’accroitre sa part dans le PIB, mais surtout de doter le secteur des transports routiers de solutions durables et concrètes.
Pour ce faire, la volonté politique très forte d’axer la modernisation sur l’utilisation des nouvelles technologies est une réalité en Côte d’Ivoire avec le gouvernement de son Excellence Alassane Ouattara.
Bien évidemment, tous les champs d’activités couverts par les systèmes de transport intelligents (STI) ont bénéficié d’investissements directs ou de la mise en place de programmes ou de projets pour assurer leur financement. Ce sont, entre autres, l’extension, la modernisation et l’optimisation de l’utilisation des infrastructures routières (plus de 3 milliards d’euros investis), l’amélioration de la sécurité et de la sûreté routières (Plan national d’actions de la sécurité routière 2016-2020) et le développement des services de transport comprenant la mise en place d’un système de gestion intégrée de l’ensemble des activités des transports routiers. Cette liste n’est, bien entendu, pas exhaustive.
Dans cette optique, l’État de Côte d’Ivoire a signé une convention de concession portant sur la conception, l’ingénierie, le financement, la mise en place et l’exploitation d’un système de gestion intégrée de l’ensemble des activités du secteur des transports. Ce système vise, entre autres, à l’implémentation de solutions technologiques innovantes permettant la réalisation, dans des conditions fiables, sûres, optimales et modernes, de toutes les démarches administratives reliées au secteur. Il comprend la mise en place d’une plateforme technologique robuste, de différents logiciels et applications, y compris des applications mobiles permettant le contrôle en ligne par la base de données de l’authenticité des titres de transport par l’intermédiaire d’un simple téléphone intelligent.
Cette plateforme technologique et de services sera gérée par un réseau de 31 agences modernes alliant le confort et l’optimisation des processus administratifs sous forme de guichet unique. L’ensemble des acteurs seront réunis dans un même espace géographique, sur une même plateforme. Cet ensemble a bénéficié d’un investissement direct du groupe QUIPUX à hauteur de 26 millions d’euros.
La « digitalisation » et la dématérialisation des processus relatifs à l’ensemble des titres de transport sont d’ores et déjà des réalités après à peu près deux exercices.
Une innovation pour être efficiente doit être utile à ses usagers. Parce que les services se modernisent, leur qualité s’améliore. La modernisation est donc gage de célérité, d’efficacité des services, mais aussi de fiabilité des données recueillies. In fine, l’accès en temps réel à l’information malgré la diversité des sources répond à l’exigence d’un service de qualité que doivent fournir nos administrations.
Toute cette dynamique est animée par un modèle économique et financier innovant intégré avec le système bancaire et la technologie Mobile money, mais permettant surtout de sécuriser et de générer des ressources supplémentaires pour l’État.
Les composantes nécessaires à la mise en place d’un système intelligent de la mobilité sont donc en cours de mise en œuvre. À n’en point douter, l’exemple de la Côte d’Ivoire permet d’affirmer que ce type de dispositif permettra, notamment, de renforcer l’autorité de nos États, de mettre en place une véritable politique de régulation du secteur des transports routiers et, in fine, de favoriser un écosystème propice au foisonnement de jeunes entreprises spécialisées dans le développement de solutions basées sur les STI. Tout cela pour le bonheur de nos populations africaines.
La transformation numérique de nos économies, le renforcement du secteur des transports, de celui des TIC, la réduction des trajets, des routes plus sûres et surtout la possibilité pour les citoyens de se déplacer grâce à la mise à leur disposition par les pouvoirs publics de solutions intelligentes innovantes sont parmi les clefs de la compétitivité de nos économies africaines.
Ibrahima KONE
Directeur général Quipux Afrique Président de l’Association ivoirienne pour le développement des systèmes de transport intelligents en Côte d’Ivoire AITI-ITS Côte d’Ivoire