La place de l’autopartage dans une mobilité comme service
La place de l’AUTOPARTAGE dans une mobilité comme service
Déployée en 1995 sur le territoire montréalais, l’entreprise Communauto demeure le service d’autopartage le plus répandu, avec plus de 1 800 véhicules, 400 stations et deux types de services. Elle est l’une des rares à combiner l’autopartage en boucle et en trace directe (free-floating). Québec et Montréal peuvent être fières d’être les toutes premières villes d’Amérique du Nord à avoir offert l’autopartage sur leur territoire. Depuis, sept autres villes canadiennes et une ville européenne (Paris) se sont ajoutées au réseau de l’entreprise québécoise.
Mue par sa vision singulière de la mobilité, Communauto a su établir des ententes avec les opérateurs de transport public de la région métropolitaine de Montréal et de Québec pour le développement de forfaits de mobilité intégrés et l’utilisation d’OPUS, la carte utilisée par les abonnés usagers du au transport en commun.
Pour encourager l’abonnement ou l’utilisation de ces différents services qu’elle juge complémentaires à l’autopartage, Communauto a conclu des ententes avec BIXI (vélopartage), les compagnies de taxi, les opérateurs métropolitains et nationaux de train, les opérateurs de transport public (autobus, métro, train) et aussi de covoiturage (Amigo Express). Sa coopération et son ouverture à une intégration des autres modes à son service d’autopartage passent, entre autres, par des rabais consentis chez certains opérateurs (taxi, train) et par des abonnements conçus pour faciliter la complémentarité des modes.
QUEL EST L’INTÉRÊT D’INTÉGRER L’AUTOPARTAGE DANS UN SERVICE DE MOBILITÉ?
Plusieurs études sur la mobilité démontrent que, pris isolément, un seul mode peut rarement desservir efficacement l’ensemble des besoins de mobilité des personnes. Seule une combinaison de différents modes de transport peut constituer une offre de transport satisfaisante pour suppléer à la possession d’une automobile. Et elle doit pouvoir se moduler en fonction de la flexibilité désirée et de la distance de déplacement.
Selon une étude réalisée par TECSULT (2006) et de laquelle Communauto s’est inspirée pour développer ses partenariats, les avantages découlant d’ententes entre des organismes d’autopartage et les opérateurs de transport public sont multiples :
Permet d’élargir leurs clientèles respectives (et le plus souvent commune);
L’utilisation de l’autopartage induit une augmentation de l’utilisation des différents modes de transport actifs et collectifs. Ainsi, on renforce l’intérêt pour l’autopartage, qui devient une alliée des transports publics, et sa position concurrentielle avec la voiture personnelle : 90 % des autopartageurs ne possèdent pas de voiture.
Consolide et fidélise les clientèles existantes;
Les études démontrent en effet qu’un autopartageur utilise deux fois plus le vélo et les transports collectifs qu’une personne utilisant une voiture personnelle.
Propose une solution alternative attrayante de transport susceptible de mieux concurrencer l’automobile privée, qui est simple et fonctionnelle et qui ne nécessite pas d’investissements importants;
Un abonné de l’autopartage économise sur ses dépenses en transport de manière considérable. Le Victoria Transport Institute (Litman, 2016) estime à 8 000 $ les dépenses annuelles en transport d’un propriétaire de voiture alors qu’elles sont de l’ordre de 2 000 $ pour une personne sans voiture qui combinera taxi, autopartage, vélo et transport collectif.
Budget transport selon le nombre de voitures possédées
Comme les usagers des services d’autopartage possèdent rarement une automobile et n’utilisent que ponctuellement les services d’autopartage, la majorité de leurs déplacements quotidiens, par exemple pour aller au travail ou à l’épicerie, est effectuée par d’autres modes, le plus souvent le transport en commun et les modes actifs (marche et vélo). Par ailleurs, comme l’utilisateur de l’autopartage paie ses déplacements au prorata de son utilisation, il opte généralement pour le mode de transport offrant le meilleur rapport qualité/prix. Or, il s’agit souvent du transport en commun, notamment en raison de l’existence des laissez-passer mensuels qui rabaissent à zéro le coût marginal d’utilisation associé à ce mode les mois où un tel laissez-passer est détenu par l’usager.
Offrir des avantages tarifaires à leurs clients communs tout en augmentant leurs revenus globaux
Les opérateurs de transport partenaires ont connu des retombées économiques positives d’une intégration avec l’autopartage, tout comme Communauto a pu bénéficier d’une visibilité accrue de son service grâce aux réseaux des opérateurs.
Quelques exemples des retombées économiques intéressantes pour un opérateur de transport ayant conclu une entente de partenariat avec Communauto :
- La combinaison autopartage et transport collectif a permis de générer 16 % de revenus supplémentaires de la vente de titres de transport collectif parmi les adhérents au programme DUO auto+autobus.
- Pour le service de train de passagers, des ventes annuelles de près de 200 000 $ ont été réalisées grâce à des rabais consentis aux autopartageurs qui combinent leur utilisation du train à celle de l’autopartage.
Pour les utilisateurs, les économies sont réelles : un abonné au DUO auto+autobus qui combinera autopartage et transport collectif économise entre 4 % et 10 % (selon les ententes) sur le prix régulier des titres de transport ou encore épargne un montant considérable en frais d’adhésion normalement requis pour accéder aux voitures de Communauto (économie de 500 $). Un abonnement au TRIO BIXI + auto + autobus engendre un crédit de 60 $ sur l’abonnement.
Outre le gain financier, le processus administratif pour l’abonné est simplifié : il n’a qu’un seul guichet pour s’abonner au transport en commun et à l’autopartage ainsi que pour payer sa facture d’abonnement. L’utilisateur perçoit ainsi moins de freins administratifs et opérationnels à l’utilisation de plusieurs modes combinés.
De l’intégration tarifaire à l’intégration billettique
Outre l’intégration tarifaire et les promotions croisées avec les opérateurs de transport, Communauto est passée à une autre étape, en 2012, avec l’intégration de la solution billettique carte OPUS à son mode opératoire. La carte a donné accès à une partie de son parc de véhicules en libre-service et, quelque temps après, à celle de ses véhicules Auto-mobile, le service en Free-Floating. L’intégration d’un simple outil aura permis de faire croître le nombre d’abonnés à l’autopartage qui déclarent détenir une carte OPUS et on espère de potentiels utilisateurs de transport collectif.
Le partage de l’information
Des solutions comme Transit App ont déjà adopté une vision de la mobilité et du transport où les modes et les offres se combinent. Ce type de solution permet déjà de localiser, de bloquer ou de réserver un véhicule d’autopartage de Communauto, d’obtenir l’information sur l’offre de transport en commun ou d’appeler un taxi. L’ouverture des données, totale ou partielle, grâce à des partenariats stratégiques, est une étape fondamentale vers des solutions pleinement intégrées.
De la coopération à l’intégration : phases nécessaires à la mise en place d’un système MaaS intégrant l’autopartage
La prochaine étape d’une coopération/intégration des modes ̶ peut-être la plus complexe ̶ consiste à créer un contexte dans lequel les différents opérateurs pourront combiner leurs offres dans des forfaits de mobilité, à la carte ou sur mesure et dont le paiement sera adapté au besoin des clients.
À cet effet, certaines conditions doivent être réunies :
- capacité et volonté des opérateurs d’offrir des tarifications souples et combinables ;
- volonté des opérateurs de « se partager » les usagers dans un esprit de coopération et avec l’objectif d’offrir la ou les options les plus attrayantes et concurrentielles à l’utilisation de la voiture privée;
- des solutions de paiement transparentes qui permettent aux opérateurs de maintenir la relation avec leurs clients et leur accès aux données nécessaires au développement de leurs services.
Le forfait Auto-mobile Illimité est d’ailleurs un premier pas de Communauto dans cette direction. Un forfait à prix fixe qui peut être facilement combiné à un abonnement au transport en commun.
Si les premiers pas vers l’intermodalité sont franchis, les suivants devraient permettre d’assembler les meilleurs modes en fonction d’une situation donnée. Et, comme le suggère l’étude réalisée en 2015 par MaaS-London, de passer aux étapes d’une intégration des communications permettant à l’utilisateur de se tailler un forfait mobilité sur mesure.
Le programme d’autopartage montréalais de Communauto mis en place grâce aux partenaires de la mobilité est sur le chemin qui lui permettra d’être au cœur d’une solution de mobilité parfaitement intégrée. Les trois dernières étapes sont délicates, car elles nécessitent un contexte dans lequel tous les opérateurs peuvent mettre en commun des technologies intermodales et traditionnelles, des technologies intelligentes de communication et, surtout, à réfléchir aisément à un portefeuille mobilité qui intègre tous les partenaires en place.