En route vers une collecte des matières résiduelles plus efficace… et moins polluante.
En à peine cinq ans, le gaz naturel s’est imposé comme carburant de choix pour les transporteurs québécois qui souhaitent réduire leurs coûts et leur empreinte environnementale. La tendance s’observe notamment dans le secteur de la collecte des matières résiduelles, où les charges sont lourdes et les arrêts fréquents.
« Un mouvement est en train de naître dans l’industrie », affirme Sylvain Gagné, copropriétaire de Sani-Estrie, qui vient d’acquérir neuf camions au gaz naturel comprimé (GNC) pour assurer, entre autres, le service de collecte de la Ville de Magog.
« Le passage au GNC représente un investissement, mais les avantages sont évidents à moyen et long termes », dit l’entrepreneur. « La technologie des moteurs est arrivée à maturité. Ceux qui l’adoptent dès maintenant prennent un avantage concurrentiel. »
Sani-Estrie est la dernière d’une série d’entreprises québécoises du secteur qui ont pris le virage du gaz naturel, dont EBI, Vision Enviro Progressive, TTI Environnement et Gaudreau Environnement. Toutes trouvent dans ce carburant une façon d’améliorer l’efficacité de leurs parcs de véhicules, tout en contribuant à un meilleur environnement pour la collectivité.
Le transport au gaz naturel ne date pas d’hier, mais il a récemment gagné en popularité grâce aux progrès technologiques réalisés par les constructeurs, qui lui permettent d’offrir les mêmes niveaux de performance que le diesel, à un coût inférieur. À partir de 2010, plusieurs entreprises québécoises de transport de marchandises et de matières résiduelles ont converti leurs parcs de véhicules, avec l’aide de Gaz Métro et sa filiale Gaz Métro Solutions Transport qui est entièrement consacrée au développement de ce marché, qu’il s’agisse de gaz naturel liquéfié (GNL) ou comprimé (GNC). D’ailleurs, on compte maintenant plus de 630 véhicules en tout genre alimentés au gaz naturel naturel sur nos routes.
Moins polluant, moins bruyant
Outre les économies d’argent, un moteur au gaz naturel émet moins de gaz à effet de serre (GES) et de polluants comme les oxydes de soufre (SOx), les oxydes d’azote (NOx) et autres particules fines. Dans le cas des camions de Sani-Estrie, on parle d’une réduction jusqu’à 18 % des GES comparativement au diesel. Les camions font aussi moins de bruit (jusqu’à 10 dB) et ne dégagent aucune fumée noire – des avantages immédiats appréciés dans les rues résidentielles.
« La collecte des matières résiduelles implique une succession constante d’arrêts et de démarrages (stop-start). Ajoutez à cela le poids élevé des chargements et vous obtenez une consommation élevée avec une efficacité énergétique plutôt faible. Les camions-bennes sont donc des candidats idéaux pour la conversion au gaz naturel », dit Sylvain Langis, directeur, développement des ventes, marché du carburant à Gaz Métro.
Pour ces véhicules, c’est le GNC qui s’impose le plus souvent, car les camions reviennent à leur point de départ de façon quotidienne et peuvent ainsi se ravitailler directement à partir du réseau gazier. Il en est de même des chariots élévateurs, des tracteurs de cour, des surfaceuses de patinoires, des services de transport régional, des autobus interurbains, des camions de livraison ou des véhicules municipaux en tout genre. Quant au GNL, qui nécessite des installations autonomes de stockage, il est plutôt indiqué pour les transports sur de longs itinéraires ou pour les localités non reliées au réseau gazier.
Des solutions souples pour le ravitaillement
Toute entreprise désireuse d’adopter le GNC peut bâtir sa propre station de ravitaillement en « mode minuté », directement dans son stationnement, avec l’aide de Gaz Métro. Cependant, l’investissement ne sera justifié que si un nombre important de véhicules l’utilisent. C’est là qu’interviennent les stations publiques en « mode rapide », idéales pour les clients aux besoins peu élevés.
« Une station privée en mode minuté peut ravitailler l’ensemble d’un parc de véhicules pendant les périodes d’inactivité, par exemple la nuit. C’est la solution recommandée aux entreprises qui opèrent une dizaine de véhicules ou plus. Par contre, celles qui n’ont qu’un ou deux camions ont intérêt à se rendre dans une station publique en mode rapide; elles y font le plein en une vingtaine de minutes, à l’image des carburants traditionnels », explique Sylvain Langis.
Ces stations publiques sont souvent mises en place par des entreprises qui utilisent déjà le ravitaillement en mode minuté pour leur propre parc de véhicules. C’est le cas de EBI, qui propose trois sites publics de ravitaillement rapide en plus d’alimenter sa centaine de camions. L’entreprise TTI Environnement, de Montréal, en profite pour son unique camion-benne acquis l’été dernier.
« La technologie du ravitaillement rapide est plus coûteuse, mais elle permet d’aider d’autres entreprises à adopter le gaz naturel. En partageant les stations, l’industrie se mobilise pour réduire les coûts, ce qui est dans l’intérêt de tous au bout du compte », indique Sylvain Langis.
Développer le réseau
En raison de son mandat d’encourager le transport au gaz naturel, Gaz Métro accompagne activement les entreprises dans leur transition, grâce à une équipe de représentants et d’ingénieurs qui traitent chaque cas selon ses besoins spécifiques.
« Il est important de permettre aux entreprises d’adopter le gaz naturel à leur rythme. Une entreprise qui possède 100 camions peut très bien commencer par un projet-pilote avec quelques véhicules et évoluer en conséquence », poursuit l’expert.
On l’aura compris, l’enjeu principal du transport au gaz naturel est le réseau de ravitaillement. En l’espace de cinq ans, le Québec est passé d’une à près de 25 stations. Plus il y en aura, plus l’adoption sera facilitée pour les entreprises qui veulent procéder progressivement.
C’est le but de la fameuse « Route bleue » de Gaz Métro, qui vise à multiplier les stations publiques de GNC et de GNL sur les principaux axes routiers de la province. Une carte détaillée devrait d’ailleurs être dévoilée plus tard cette année.
Vers une décarbonisation des transports ?
Le secteur de la collecte des matières résiduelles est non seulement bien placé pour profiter du gaz naturel, mais aussi pour le produire. En effet, les sites d’enfouissement sont une riche source de biogaz, qui s’échappe naturellement des résidus de table et autres déchets organiques. À la suite d’un procédé de purification, ce biogaz est transformé en gaz naturel renouvelable (GNR) dont les propriétés sont identiques au gaz naturel.
Plusieurs initiatives ont vu le jour au Québec, tant de la part du secteur privé que des municipalités. L’entreprise EBI alimente une partie de son parc de véhicules grâce à l’épuration et à l’injection du biogaz qui s’échappe de ses sites d’enfouissement. La Ville de Saint-Hyacinthe compte produire plus de 13 millions de mètres cubes de GNR dès 2017. Le tout sera injecté dans le réseau de Gaz Métro, pour alimenter notamment certains bâtiments municipaux, ainsi que les véhicules de la municipalité, incluant les camions-bennes.
« Saint-Hyacinthe est un exemple concret de revalorisation des matières résiduelles, qu’il est possible de reproduire partout au Québec », dit Geneviève Paquin, conseillère, développement et énergies renouvelables chez Gaz Métro, qui a accompagné la Ville dans son projet.
« Dans le cas du transport, le gaz naturel renouvelable est particulièrement intéressant, car le carburant ainsi obtenu est moins coûteux que le diesel et il est entièrement renouvelable », souligne Mme Paquin.
Le processus permet en outre de capturer des GES qui autrement s’échapperaient dans l’atmosphère. En effet, environ 6 % des GES au Québec proviennent des sites d’enfouissement.
« Tous les foyers québécois sont desservis par le service de collecte des matières résiduelles, alors le potentiel est énorme », insiste Sylvain Langis.
Contribuer à une industrie plus respectueuse de l’environnement
À mesure que le gaz naturel fait son chemin sur nos routes, les émissions de gaz à effet de serre de l’industrie des transports connaîtront une importante diminution. Pour Sylvain Gagné de Sani-Estrie, c’est là l’objectif ultime à atteindre.
« Au-delà des profits, notre souhait est de contribuer à un meilleur environnement pour les générations futures », dit-il. « Le gouvernement encourage les municipalités à réduire leurs émissions de GES et on ne va pas tarder à voir certaines d’entre elles mettre ce critère de l’avant dans leurs appels d’offres. À mesure que notre industrie prend part au mouvement, les choses vont changer. »