La météo sur les plateformes mobiles

Vendredi 20 décembre 2013
Technologie, Viabilité hivernale
Plateformes mobiles cellulaires
Étienne Morin
Président
Vision Météo

Pendant que les ventes de téléphones intelligents et de tablettes continuent leur fulgurante progression, les applications mobiles et les sites Web mobiles se multiplient pour offrir aux utilisateurs une information toujours plus précise et plus adaptée. La météo n’échappe pas à cette tendance et de nombreuses applications permettent d’avoir dans sa poche, en tout temps, une source d’information sur l’évolution du temps grâce à des données mises à jour presque en temps réel. Autant de nouvelles possibilités qui s’offrent maintenant aux déneigeurs qui vivent au rythme des aléas de dame Nature d’octobre à avril et qui sont à l’affût du moindre flocon de neige annoncé.

Mais l’intérêt et le succès des plateformes mobiles (téléphones intelligents et tablettes) ne se limitent pas à une grande variété de sources d’information. Le bouleversement actuel des technologies de l’information, qui est en train de réinventer Internet, tient au fait que ces applications sont développées par des concepteurs très proches des utilisateurs. Tellement proches qu’ils sont pour la plupart eux-mêmes des utilisateurs qui ont décidé de concevoir et de partager l’application qui répond exactement à leurs besoins. Nous assistons alors à de nouvelles pratiques, telles que la gratuité ou des prix étonnamment réduits de toute une gamme de services pour lesquels des entreprises auraient tenté de tirer un plus large profit auparavant. La gratuité s’est d’abord manifestée dans le domaine des logiciels, commence à se développer dans la mise à disposition de données issues d’administration et s’est largement répandue pour les applications de plateformes mobiles.

Et justement, en parlant de données libres, Environnement Canada a pris l’initiative depuis plusieurs années de fournir gratuitement différents types de données brutes issues de ses modèles de prévision et de son vaste réseau d’observation. Tout individu ayant des connaissances en programmation et en météorologie peut donc se brancher sur un site de partage d’Environnement Canada, rassembler puis combiner lui-même les données météorologiques pour répondre à des besoins particuliers. De plus, Environnement Canada offre maintenant des images de ses prévisions ou de ses observations (comme les radars par exemple) pour que des développeurs puissent assembler eux-mêmes les cartes météorologiques qui leur paraissent les plus pertinentes.

Nous nous trouvons donc à la superposition de deux évolutions récentes extrêmement intéressantes pour la sphère de la viabilité hivernale : 1- l’arrivée prochaine de sites Web pour l’entretien hivernal spécialement conçus pour les écrans de téléphones intelligents et pour ceux des tablettes que nous retrouvons maintenant un peu partout dans nos organisations; 2- un ensemble de données météorologiques brutes qui ne demandent qu’à être combinées, ajustées et adaptées aux réalités des différentes organisations de déneigement, pour un coût très compétitif et dont une partie de l’information est gratuite.

Il est d’ailleurs déjà possible d’utiliser plusieurs types d’applications météorologiques téléchargées sur son téléphone. Pour certaines d’entre elles, il ne s’agit que d’une synthèse des données brutes d’Environnement Canada. Pour d’autres, ce sont des traitements particuliers qui permettent de valider des données de prévision sans l’intervention de météorologue. Les images radars qui ont localisé les précipitations des dernières heures peuvent en effet être analysées par un logiciel. Celui-ci étudie le mouvement des zones de précipitations, calcule leur trajectoire ainsi que leur déformation pour les deux prochaines heures et offre une prévision visuelle de la probabilité des précipitations à très court terme.

Chaque développeur d’application peut donc envisager les techniques ou les astuces qu’il juge les plus appropriées pour rendre une information suffisamment pertinente pour un domaine d’application. Jusqu’à présent, les prévisions météorologiques étaient conçues pour convenir au plus large public sans qu’il soit possible de tenir compte des besoins ou des critères particuliers de chacun dans son propre domaine d’application. Nous assistons ainsi à de profonds changements des technologies de l’information faisant suite à la multiplication des plateformes mobiles : un nombre important de développeurs, en lien étroit avec les utilisateurs, peuvent désormais imaginer et créer des solutions qui répondent à des besoins particuliers et à faible coût.

Nous connaissons tous les limites actuelles des prévisions météorologiques pour prendre des décisions en entretien hivernal. L’une des principales raisons de la fiabilité très variable des informations qui nous sont procurées est qu’il est encore difficile pour un météorologue de tenir compte de chacun des microclimats sur le territoire à entretenir. Dans certains cas, les prévisions sont proches de la réalité parce que la situation météorologique est généralisée. Dans d’autres cas, le personnel opérationnel relève d’importantes variations qui s’expliquent, par exemple, par la douceur des températures, qui fait varier le type de précipitations selon les différentes altitudes sur le réseau routier.

En ayant accès aux données brutes des prévisions, il est alors possible de les ajuster en fonction des critères les plus importants à prendre en compte pour la région et pour les opérations de déneigement. Les organisations routières ont des procédures et des ressources particulières avec des seuils de tolérance ou des niveaux de risques différents d’une organisation à une autre. L’intégration des données météorologiques brutes avec les traitements appropriés offre l’occasion de disposer d’une information personnalisée, calibrée selon les besoins d’une organisation routière dans une région donnée. De plus, cette information peut être acheminée à la fréquence voulue ou à partir du niveau d’alerte désiré pour que le décideur prenne une décision éclairée au bon moment.

Les données d’observations d’Environnement Canada ne suffisent pas à documenter les microclimats, ce qui explique également pourquoi les prévisions météorologiques actuelles sont limitées. Il existe cependant de nombreuses sources d’observation de la météo, qui ne sont pas toujours normalisées, mais dont la précision est suffisante avec un traitement approprié pour corriger les prévisions dans des secteurs particuliers. Plusieurs types de stations météorologiques sont également offertes sur le marché pour constituer un réseau d’information fiable et rapidement rentabilisé. En choisissant des emplacements stratégiques et la mesure des paramètres les plus significatifs pour l’endroit, les prévisions sont ajustées en fonction des observations historiques et en temps réel.

Les systèmes d’aide à la décision, que nous envisagions il y a déjà 10 ans et plus, pourraient très bien se transformer en applications mobiles fournissant une information à haute résolution, directement applicable aux interventions. Une information se distingue d’une donnée : la donnée est une valeur brute qu’il est nécessaire d’interpréter. Une information procure directement une indication selon des critères de décision. Les prochaines années nous confirmeront si les technologies de l’information amélioreront le contexte de la prise de décision en entretien hivernal.

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