Pour améliorer la visibilité des opérations de déneigement et de déglaçage du réseau

Vendredi 21 décembre 2012
Viabilité hivernale
Niveleuse
Michel Brown
Michel Masse

Le ministère des Transports du Québec entretient quelque 30 500 kilomètres de route. En période hivernale, cet entretien est confié majoritairement à contrat au secteur privé et aux municipalités (81 % du réseau) alors que le Ministère prend en charge la portion restante (19 %). Ainsi, lors d’un évènement météorologique important, ce sont plus de 1 500 camions de déneigement qui sillonnent les routes sous la responsabilité du Ministère afin d’offrir aux usagers un réseau sécuritaire.

Considérant le gabarit de ces engins et leur vitesse d’opération souvent réduite comparativement à d’autres véhicules (véhicules de promenade, véhicules lourds, etc.) circulant sur le réseau, il importe que l’équipement d’entretien, qui opère souvent dans des situations météorologiques difficiles, puisse être bien visible de tous les usagers du réseau pour éviter, comme c’est souvent le cas, d’être heurté par l’arrière. Aussi, l’amélioration de la visibilité de ce type d’équipement devenait, pour le Ministère, un enjeu majeur en matière de sécurité tant pour l’usager du réseau que pour le personnel affecté aux travaux d’entretien.

Exigences juridiques prescrites en matière de signalisation de travaux d’entretien d’hiver

Rappelons que, en matière de signalisation de travaux, les exigences prescrites au Tome V – Signalisation routière pour un camion de déneigement, une niveleuse ou tout véhicule effectuant des travaux de déneigement et de déglaçage du réseau se résument à l’utilisation du gyrophare (article 4.37.6 « Travaux mobiles » du Tome V). Celui-ci doit être fixé sur le véhicule et posséder certaines caractéristiques physiques (couleur, intensité lumineuse, clignotements, etc.) et être utilisé dans des conditions précises, surtout en présence d’une flèche de signalisation posée sur le véhicule.

D’ailleurs, dans un souci de renforcer un partage sécuritaire de la route entre les usagers du réseau et les équipements de déneigement, le ministère des Transports du Québec entreprenait en 2009 une réflexion visant à améliorer la visibilité des opérations de déneigement de son réseau.

Automne 2009 — Renforcement des exigences du Ministère en matière de signalisation de travaux de déneigement et de déglaçage de son réseau

À la suite des travaux menés par le Ministère visant à améliorer la sécurité lors des opérations de déneigement, plusieurs recommandations ont été formulées et mises en oeuvre, dès la saison hivernale 2009-2010, tant pour les travaux réalisés en régie que pour ceux réalisés à contrat par ses mandataires (entrepreneurs et municipalités). Élément important à noter : ces recommandations ont fait l’objet d’évaluations sur le terrain. Parmi celles-ci figurent, pour le camion de déneigement, les éléments suivants :

  • remplacement du gyrophare par deux barres d’éclairage de type halogène situées à l’avant et à l’arrière du camion épandeur;
  • ajout de quatre feux stroboscopiques de type DEL (diode électroluminescente de couleur jaune) sur la partie arrière de l’épandeur. À ces dispositifs s’ajoute un cinquième feu stroboscopique placé à la pointe de l’aile chasse-neige. Pour ces feux, certaines fonctionnalités ont été établies pour faciliter l’interprétation du message transmis à l’usager du réseau (séquences de clignotement des feux stroboscopiques, ordonnancement d’éclairage et synchronisme avec les feux indiquant les changements de direction ou de voie);
  • utilisation généralisée d’une flèche de signalisation uniquement sur les autoroutes et les routes du Ministère majoritairement à deux voies dans un même sens et où la vitesse affichée est supérieure à 70 km/h. Pour en réduire l’enneigement, cette flèche est munie de lampes halogènes et placée idéalement au centre de l’épandeur de manière surélevée, profitant ainsi de l’effet positif du flux d’air, flux associé non seulement au déplacement du véhicule, mais également aux conditions météorologiques (vent). Point à surveiller; le dégagement vertical de l’ensemble (flèche et camion) doit être suffisant pour permettre un accès facile et sécuritaire aux installations d’entretien du camion;
  • installation d’un réflecteur à l’extrémité gauche du chasse-neige avant de façon à en faciliter le repérage de la part d’un usager circulant dans le sens inverse à la progression des opérations.

La mise en place de ces différents éléments de signalisation et la manière d’articuler cet ensemble (séquence, ordonnancement d’éclairage et positionnement des feux) offrent non seulement une valeur ajoutée quant à la visibilité des camions de déneigement dans des conditions atmosphériques difficiles, mais permettent dorénavant à l’usager du réseau d’associer aux opérations de déneigement et de déglaçage menées par ou pour le compte du Ministère une signature visuelle propre à ce type d’intervention.

Automne 2011 – Intégration du concept élaboré aux véhicules-outils

Bien que le camion constitue l’outil privilégié lorsque vient le temps d’intervenir en matière de déneigement et de déglaçage du réseau, d’autres types d’équipement dont l’usage répond souvent à des besoins opérationnels spécifiques présentent, par leurs configurations, leurs caractéristiques physiques (gabarit, vitesse d’opération) et le type d’intervention auquel ils sont associés, des enjeux importants de visibilité pour les usagers du réseau routier.

Aussi, dans la foulée de ses réflexions sur la visibilité des opérations de déneigement, le Ministère a poursuivi ses efforts d’amélioration en considérant cette fois les véhiculesoutils (niveleuse et souffleuse) susceptibles d’être utilisés et rencontrés sur le réseau du Ministère.

Niveleuse

Sur de nombreux points, les exigences dorénavant prescrites par le Ministère pour l’utilisation d’une niveleuse sur son réseau s’inspirent fortement de celles établies pour le camion de déneigement. Aussi, depuis l’automne 2011, lorsque le Ministère ou l’un de ses mandataires juge nécessaire d’effectuer des opérations de déneigement ou de déglaçage mécanique avec une niveleuse, cette dernière doit posséder, pour son utilisation, les attributs de signalisation suivants :

  • ajout d’une flèche de signalisation dans la portion supérieure de la cabine de la niveleuse;
  • ajout de quatre feux stroboscopiques de type DEL possédant les mêmes caractéristiques que celles exigées pour le camion de déneigement à l’arrière de la niveleuse de manière à bien délimiter le gabarit du véhicule et avertir l’usager circulant derrière la niveleuse du déroulement d’opérations susceptibles de nuire à sa sécurité. À ces feux s’ajoute un cinquième feu stroboscopique à l’extrémité droite de l’aile de côté afin de bien la positionner dans l’espace et empêcher les dépassements par la droite;
  • doublage des feux de freinage de manière à rendre toute manoeuvre de ralentissement plus visible pour l’usager;
  • ajout de plusieurs feux de position de couleur jaune de chaque côté de la niveleuse, permettant ainsi de mieux délimiter la forme et le gabarit du véhicule, et de signaler à l’usager les manoeuvres (virage, changement de voie) susceptibles d’être effectuées lors de travaux sur le réseau;
  • ajout d’une visière sur les feux blancs installés sur la cabine de l’opérateur, lorsque ceux-ci sont présents, pour limiter l’illumination à l’arrière de la niveleuse et, ce faisant, faciliter la lecture du message transmis par la flèche de signalisation;
  • ajout de phares blancs surélevés à l’avant de la niveleuse.

Les photos 3 et 4 illustrent le concept retenu par le Ministère sur les niveleuses utilisées dans le cadre d’opérations de déneigement sur son réseau.

Ces mesures, tant celles touchant le camion de déneigement que celles concernant la niveleuse, ont été intégrées de façon progressive aux façons de faire du Ministère, notamment pour la portion de travaux réalisés à contrat. Ainsi, dans le cas des camions de déneigement, tous les contrats conclus par le Ministère en 2009 intégraient déjà ces nouvelles exigences de visibilité. Pour les niveleuses, ce virage s’est amorcé en 2011 et devrait, à quelques exceptions près, être achevé à l’automne 2014.

Souffleuse

En raison des nombreuses configurations et des agencements d’équipement offerts aujourd’hui dans l’industrie et chez les fabricants (souffleuse amovible, automotrice, etc.) et des impératifs de sécurité liés à la cohabitation nécessaire entre l’usager du réseau et ceux réalisant des travaux de soufflage de la neige aux abords de la route, le Ministère a revu certaines règles touchant la signalisation de travaux mobiles lents.

Ainsi, la section 4.37.6 et le tableau 4.37-3 du Tome V – Signalisation routière ont été modifiés afin de préciser les véhicules touchés par les travaux de soufflage et les dispositifs de signalisation qui doivent être dorénavant utilisés. Ainsi, depuis décembre 2011, la section 4.37.6 précise que, dorénavant, tous les véhicules affectés au soufflage de la neige (souffleuse, souffleuse sur chargeur, etc.) doivent se conformer aux données du tableau 4.37 3. Ce tableau indique notamment qu’une flèche de signalisation doit maintenant être utilisée pour les travaux mobiles lents effectués sur les routes où la vitesse affichée est comprise entre 70 km/h et 90 km/h. C’est donc dire que les véhicules effectuant des travaux de soufflage sur des routes où la vitesse est de 70 km/h ou de 80 km/h doivent être munis d’une flèche de signalisation.

Considérant le caractère réglementaire du Tome V sur de nombreux aspects de la signalisation de travaux et contrairement aux mesures mises en place par le Ministère pour le camion de déneigement et la niveleuse, ces nouvelles mesures applicables aux travaux de soufflage de la neige touchent l’ensemble des gestionnaires du réseau routier québécois. Un échéancier fixé au 31 décembre 2014 a toutefois été introduit de façon à permettre à ceux-ci d’ajuster leur pratique et de se conformer à ces nouvelles règles.

En terminant, la préoccupation première du Ministère en tant que responsable des infrastructures et des systèmes de transport demeure la sécurité routière. Aussi, l’amélioration de la sécurité constitue l’objectif ultime tant sur le plan de l’élaboration des normes et des règles que de la gestion, de la conception et de l’exploitation des infrastructures. Elle sous-tend des actions dans différents domaines, particulièrement en matière d’entretien hivernal du réseau routier. C’est dans cet esprit que s’inscrivent toutes les actions entreprises ces dernières années par le Ministère pour améliorer la visibilité des opérations de déneigement effectuées sur le réseau, soit par ses équipes en régie, soit à contrat par ses nombreux mandataires.

Sur la toile

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