Le nouveau réseau des haltes routières du ministère des Transports : un refuge pour l’usager de la route

Mercredi 21 mars 2012
Infrastructures de transport, Sécurité et Aménagement
Vue générale de la nouvelle aire de service de Rivière-Beaudette, située sur l'autoroute 20 Est
Claude Marquis
Directeur - Direction des parcs routiers
Ministère des Transports et de la Mobilité Durable (MTMD)

Assurer la sécurité et le confort des usagers de la route est au coeur des préoccupations du ministère des Transports du Québec (MTQ). Depuis nombre d’années, le MTQ multiplie les initiatives et les investissements visant l’amélioration du bilan routier. Saluant ces efforts, le président de la Table québécoise de la sécurité routière, M. Jean-Marie De Koninck, a tenu à souligner, dans son rapport de novembre 2009, l’importance « […] de poursuivre les investissements importants consentis à l’amélioration de la conception des routes et de leurs abords, notamment par l’installation de bandes rugueuses, l’asphaltage des accotements, la correction des objets fixes et le développement d’un réseau d’aires de repos sécuritaires1 ».

Le présent article porte sur le dernier élément. Après avoir exposé la problématique à l’origine du besoin, il fait état des orientations poursuivies par le Ministère. Il présente par la suite la solution retenue, soit le nouveau réseau de haltes routières2 et la stratégie de mise en œuvre adoptée. Il fait finalement le point sur son niveau d’implantation.

Problématique

Depuis plusieurs années, le réseau des parcs routiers, mis en place dans les années 60 et 70 par le MTQ, fait malheureusement l’objet de diverses plaintes de la part des usagers de la route et de divers organismes voués au développement touristique et économique local et régional. Les plaintes visent essentiellement les haltes routières. Les principales constatations qui s’en dégagent se présentent sous l’un ou l’autre des volets suivants.

  • Des infrastructures vétustes et désuètes : pour la plupart construites dans les années 60 et 70, les haltes routières sont devenues depuis longtemps désuètes et leur état s’est détérioré. Les installations sont déficientes à plusieurs égards et des investissements majeurs sont devenus nécessaires. Les bâtiments ne conviennent plus aux besoins des usagers et leur configuration rend impossible la mise en place de nouveaux services. L’aménagement physique des lieux est également inadéquat. Plusieurs haltes routières situées sur les routes nationales ne peuvent accueillir les véhicules lourds et les autocars.
  • Une clientèle insatisfaite des services offerts et inquiète de l’insécurité des lieux : la clientèle qui fréquente les haltes routières juge l’offre de services nettement insuffisante, tant sur le plan de la variété des services offerts que sur celui des heures d’ouverture. L’absence de surveillance continue inquiète la clientèle qui craint d’être victime d’actes criminels, surtout le soir et la nuit. Les usagers se plaignent que certaines haltes situées le long des routes nationales ne sont accessibles que pendant quelques mois et que quelques-unes ne sont même pas approvisionnées en eau courante.
  • Un réseau mal distribué : le réseau des haltes routières n’a pas été conçu suivant une logique d’offre de services ni adapté aux besoins des différentes routes et des différents milieux. Il a plutôt été mis en place en fonction de la disponibilité des espaces, des différentes phases de construction et des approches d’aménagement propres au développement des axes routiers.

Il en résulte que, dans certains secteurs, les haltes routières sont trop nombreuses, tandis que d’autres secteurs n’en possèdent pas assez, voire aucune. Sur diverses routes nationales, les haltes saisonnières sont situées à proximité de sites municipaux, alors qu’ailleurs, des secteurs ne sont pas desservis sur de très grandes distances.

  • Un appui déficient en regard des enjeux de la sécurité routière : la conduite d’un véhicule avec les facultés affaiblies par la fatigue constitue, avec l’alcool et la vitesse, l’un des trois principaux facteurs contributifs aux accidents. Les plus récentes statistiques québécoises indiquent que la fatigue au volant serait un facteur déterminant dans 22 % des accidents mortels et dans 20 % de l’ensemble des accidents avec blessures corporelles3. Il est aujourd’hui reconnu que des aires de repos sécuritaires aménagées le long des grandes voies de circulation contribuent à lutter contre la somnolence et la fatigue au volant.

Étant peu attrayantes et mal réparties le long du réseau routier, les haltes routières actuelles n’incitent pas les usagers de la route à s’arrêter pour se reposer et contribuent bien peu à l’ensemble des efforts gouvernementaux visant la réduction des accidents graves ou mortels.

Orientations poursuivies

Diverses études économiques et techniques (sondages et consultations auprès des usagers de la route et des milieux municipaux, touristiques et d’affaires, de même qu’auprès d’organismes voués à la sécurité routière) ont été réalisées par le MTQ afin de bien cerner les besoins en regard de la problématique établie. Plusieurs options ont été soigneusement analysées, dont la simple remise à niveau du réseau actuel, sa privatisation, sa fermeture et la mise en place d’une offre de services publics entièrement renouvelée.

Cette démarche a mené à la conclusion que non seulement il fallait maintenir un réseau public de parcs routiers, complémentaire des infrastructures du secteur privé, mais qu’il fallait, en plus, le reconnaître comme une composante majeure de la sécurité routière et un pivot du service aux usagers de la route.

Cette reconnaissance a été assortie des cinq orientations suivantes :

1) Améliorer la sécurité routière en assurant aux usagers de la route la possibilité d’effectuer des arrêts sécuritaires, sur le réseau routier stratégique du MTQ, à des intervalles moyens de 60 minutes (80 à 100 km);

2) Offrir, 24 heures par jour, 7 jours par semaine, et 365 jours par année, des services adaptés aux besoins des usagers de la route;

3) Offrir une image positive et attrayante du Québec en dotant le réseau routier stratégique québécois de sites agréables munis de nouveaux bâtiments modernes et accueillants;

4) Miser sur le partenariat avec les municipalités et le secteur privé;

5) Viser l’autofinancement.

Ces orientations traduisent la volonté du Ministère de placer l’usager de la route au centre de ses préoccupations en lui offrant, sur une base permanente, des services conformes à ses besoins, dans des sites rapidement accessibles, sécuritaires et attrayants afin de l’inciter à s’arrêter à intervalles réguliers pour se reposer et, notamment, contrer la fatigue et la somnolence au volant. Elles traduisent également la volonté de faire du nouveau réseau de haltes routières un outil de développement économique régional et local, sans que cela représente un fardeau financier pour les contribuables.

Le nouveau réseau de haltes routières : un refuge au cœur du voyage

Le tableau suivant présente les constituants du nouveau réseau de haltes routières et les compare au réseau en place en 2002.

Ce tableau montre que :

  • les haltes routières seront remplacées par des aires de service et des villages-relais;
  • le nombre de belvédères demeurera inchangé. Les études démontrent qu’ils sont en nombre suffisant et qu’ils sont stratégiquement situés aux endroits où l’usager de la route a tendance à s’arrêter pour observer les points de vue particuliers, le long des routes du Québec, et que les aménagements des lieux sont sécuritaires;
  • le nombre d’aires de stationnement pour véhicules lourds passe de deux à six. Cette décision est le résultat de consultations menées auprès de l’Association du camionnage du Québec.

Il faut souligner que le nouveau réseau de haltes routières pourra augmenter au fil du temps, notamment pour tenir compte du développement futur du réseau routier.

Les aires de service

Au nombre de 33, elles seront principalement situées sur les autoroutes 10, 15, 20, 30, 40 et 50. Espacés de 100 km en moyenne (une heure de route), ces sites seront dotés d’infrastructures modernes et accueillantes.

Ouvertes 24 heures par jour, 7 jours par semaine, et 365 jours par année, on y trouvera des services de base tels que de la restauration, un dépanneur, des services sanitaires, des téléphones publics, une aire de repos, une aire de pique-nique, des aires de stationnement séparées pour véhicules légers et véhicules lourds, de l’information touristique et d’intérêt public (p. ex., état des routes), et une aire de jeux pour enfants. Dans la grande majorité des cas, on y trouvera également une station-service.

Un meilleur éclairage, des systèmes de caméras et une présence humaine 24 heures par jour, 7 jours par semaine, et 365 jours par année, contribueront à maintenir un haut niveau de sécurité.

Les villages-relais

Les 45 villages-relais seront situés le long des routes nationales et des circuits touristiques reconnus. Les villages-relais sont distancés les uns des autres de 80 km en moyenne, ce qui correspond à une heure de route.

Un village-relais est une municipalité reconnue à ce titre par le ministre des Transports du Québec, qui offre, avec l’aide de ses commerçants, une diversité de services et une aire de repos agréable et sécuritaire. Pour être admissible au Programme de reconnaissance des villages-relais, la municipalité candidate doit respecter les critères prévus dans le Programme, dont celui d’avoir une population de moins de 10 000 habitants et de s’engager à respecter le contenu d’une « charte de qualité ».

Cette charte, élaborée en concertation avec divers acteurs socioéconomiques nationaux et régionaux, prévoit une gamme de produits et de services adressés aux usagers de la route, dont l’essentiel correspond à ce qu’on pourra trouver dans les aires de service situées sur les autoroutes du Québec.

En plus des services, les villages-relais offrent aux usagers de la route des attraits touristiques, culturels et naturels, des aménagements de qualité et un environnement à leur image, donnant ainsi le goût aux visiteurs de prolonger leur séjour.

Stratégie de mise en œuvre

En application de la quatrième orientation du concept de haltes routières, l’ensemble de la démarche est mis en œuvre en concertation et en partenariat avec les divers milieux municipaux, touristiques et d’affaires.

C’est ainsi que chaque projet, qu’il s’agisse d’une aire de service ou d’un village-relais, donne lieu à la création d’un « comité de projet local » composé minimalement d’un représentant de la municipalité (généralement le maire), de l’organisme touristique régional ou local et de la chambre de commerce concernés par le projet. Au besoin, d’autres organismes voués au développement économique régional ou local y sont représentés (p. ex., municipalité régionale de comté et centre local de développement).

Cette stratégie comporte divers avantages, dont celui de tenir compte des besoins régionaux et locaux dans chaque projet en vue d’optimiser le développement régional et local et les retombées économiques de chacun des projets pour la communauté.

Par ailleurs, dans la perspective de minimiser le fardeau financier assumé par les contribuables, le Ministère entend saisir les occasions de faire en sorte que chaque projet d’aire de service requiert le minimum de fonds publics pour sa réalisation. Dans cette perspective, ces projets ne seront mis en œuvre qu’à la suite d’une analyse approfondie du meilleur mode de réalisation dont les principaux modes : le mode traditionnel, le mode clés en main et le partenariat public-privé (PPP).

Où en sommes-nous quant à la mise en œuvre?

Les villages-relais

La mise en œuvre de ce programme est pratiquement complétée. En date du 1er janvier 2012, 39 villages-relais, sur une possibilité de 45, avaient été reconnus. Le Ministère estime que le programme sera entièrement implanté à la fin de l’année 2012.

Les aires de service

Un premier contrat de partenariat public-privé a été signé le 30 septembre 2008, ce contrat constituant la phase 1 de la mise en œuvre des aires de service. Il prévoit la conception, la construction, le financement, l’exploitation et l’entretien des sept premières aires de service le long de diverses autoroutes du Québec. Ces sept aires seront en service à compter de l’été 2012.

Déjà, les retombées positives de cette première initiative se font sentir. À la suite d’un récent sondage auprès des usagers de la route, plus de 97 % se sont dits entièrement satisfaits de la qualité de la nouvelle offre de services et de l’état des installations.

Le Ministère prépare actuellement la phase 2 de la mise en œuvre des aires de service.

1- Table québécoise sur la sécurité routière (2009), Deuxième rapport de recommandations : pour poursuivre l’amélioration du bilan routier, p. 20.

2- « Haltes routières » est, aux fins de cet article, un nom générique servant à désigner l’ensemble des types d’aires de repos que sont les aires de service,

les villages-relais, les haltes routières, les belvédères et les aires de stationnement pour véhicules lourds.

3- Idem note 1, p. 18.

Sur la toile

https://aqtr.com/association/actualites/revue-routes-transports-edition-printemps-2024-est-disponible
17 juin 2024

AQTr

https://www.quebec.ca/nouvelles/actualites/details/plan-daction-2023-2026-en-matiere-de-securite-sur-les-sites-de-travaux-routiers-des-milieux-plus-securitaires-pour-les-travailleurs-en-chantier-routier-49256
4 juillet 2023

MTMD

https://aqtr.com/association/actualites/revue-routes-transport-edition-printemps-2023-est-disponible
4 juillet 2023

AQTr