Casablanca, un territoire de mobilité hors échelle classique

Jeudi 31 octobre 2019
Gouvernance, Sécurité et Aménagement, Technologie, Gestion de la circulation, Infrastructures de transport, Logistique, Mobilité durable, Viabilité hivernale
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Shada Taib
Chargée de communication
Casablanca Transports

Casablanca, un territoire vaste s’étendant sur 55 km d’est en ouest et sur 35 km du nord au sud, connaît des déplacements internes s’effectuant sur des distances situées en dehors de l’échelle du transport urbain collectif classique.

Quelque 7,8 millions de déplacements sont enregistrés chaque jour dont 80 % sont liés au cœur de la métropole, dans un contexte où le poids de la population devient de plus en plus important en périphérie.

L’étalement urbain couplé à l’absence ou au manque d’attractivité des transports en commun provoque une course à l’équipement en périphérie et l’on constate un taux de motorisation croissant (113 voitures/1000 habitants en 2018 contre 90 voitures/1000 habitants en 2004 – Source : Enquête ménages – déplacements PDU 2018).

Dans ce contexte, comment définir, construire et exploiter un système de transport multimodal et multiservice tout en garantissant une métropole plus durable, plus sociale, plus sûre et plus accessible?

 

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Figure 2 : Croisement lignes tramway T1 et T2 du tramway de Casablanca.

 

2007 : INITIATION D’UNE NOUVELLE APPROCHE DE POLITIQUE DE MOBILITÉ À CASABLANCA.

À Casablanca, la prise en compte de la dimension urbaine de la mobilité a permis, dès le Plan des Déplacements Urbains (PDU) adopté en 2007, de réunir les problématiques de déplacements et les problématiques urbaines par un effort de transversalité.

En effet, les études du PDU 2007 avaient souligné la montée des problèmes de congestion routière, la croissance continue des émissions de carbone et les questions d’accessibilité, d’exclusion et d’inclusion dues à la dimension spatiale des inégalités sociales.

Ces études avaient également révélé des performances du secteur des déplacements urbains très en deçà de ce qu’elles auraient dû être pour que le secteur puisse contribuer pleinement à l’essor de la ville et à son développement social.

C’est là que se situe la genèse de la nouvelle approche de la politique de mobilité à Casablanca; celle-ci ne repose pas uniquement sur l’automobile, mais elle prend également en compte la pluralité des demandes des Casablancais afin de mettre en place une stratégie intégrée de mobilité.

Trois facteurs principaux sont pris en compte dans cette nouvelle approche volontariste :

  • la mobilité pour tous;
  • la qualification des espaces urbains de mobilité;
  • le développement favorisé de la multimodalité et de l’intermodalité.

L’objectif principal est simplement de permettre à l’ensemble des Casablancais de transiter facilement d’une partie à l’autre de la ville, sans égard pour leur origine sociale ou leur niveau de motricité, à des coûts abordables et en toute sécurité.

 

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Figure 3 : Ligne tramway T2.

 

ACCESSIBILITÉ AUX DIFFÉRENTS LIEUX DE VIE POUR UNE MOBILITÉ POUR TOUS.

Cette nouvelle approche a nécessité que les pouvoirs publics, au fil de l’évolution de la réflexion, développent des solutions de mobilité intégrées, durables et inclusives et les transports en commun sont devenus une véritable colonne vertébrale des solutions de déplacement qui ont été proposées.

Le Plan de développement stratégique de Casablanca 2015 – 2020 a accéléré la cadence de mise en œuvre de la politique de mobilité. Lancé avec la mise en service, le 12 décembre 2012, de la première ligne de tramway de Casablanca - qui a connu une forte adhésion de la part des Casablancais avec en moyenne 130 000 voyageurs/jour -, le Plan a été à l’origine de changements de dynamique sociale et économique, notamment dans les quartiers périphériques que la ligne dessert.

C’est ainsi que 18 milliards de dirhams, soit plus de la moitié de l’enveloppe d’investissement arrêtée pour le Plan de développement de la ville, sont consacrés à la concrétisation d’une offre de transport en site propre selon une approche d’échiquier métropolitain permettant de couvrir l’ensemble de la ville, y compris les périphéries.

Cette vision intégrée concerne la mise en œuvre d’un bouquet d’offres de solutions de mobilité touchant l’ensemble des fonctionnalités de déplacement en ville.

 

UN PROGRAMME RICHE DE SOLUTIONS DE MOBILITÉ pour 2015 – 2022

À l’horizon 2022, ce sont donc 4 lignes de tramway totalisant 73 km de desserte et 2 lignes de bus à haut niveau de service (BHNS) totalisant 22 km qui constitueront – avec le réseau de bus en cours de restructuration et de modernisation – le fer-de-lance de l’offre de déplacement.

Avec une première ligne de tramway opérationnelle puis une deuxième mise en service en janvier 2019, le réseau de transport en commun sera doté à terme d’une flotte de 120 tramways, de 800 nouveaux autobus et de 50 bus à haut niveau de service (BHNS). Étant donné que l’accessibilité demeure l’élément clef conditionnant l’équilibre entre les territoires de la ville, le réseau de transport en commun en site propre à Casablanca sera étoffé de 147 stations voyageurs, de 23 points de correspondance, de 15 pôles d’échange multimodaux et de 15 parcs de stationnement-relais du tramway.

Le système de billettique adopté pour le réseau est à la pointe de la technologie, ce qui permet l’intégration tarifaire entre les différents modes de transport et les services de paiement; il est également performant puisque, à travers des systèmes de gestion de mégadonnées, il permet d’adapter l’offre de service en fonction des tendances de déplacement des voyageurs.

Il est primordial de souligner que, conformément aux objectifs de mobilité durable fixés par les pouvoirs publics à Casablanca, tous les projets de transport sont accompagnés d’aménagements urbains de bout en bout pour faire des axes de mobilités une partie intégrante des espaces urbains.

Parallèlement au développement du réseau de transport en commun, une réflexion profonde a été faite sur la régulation de la circulation en vue d’atteindre un triple objectif : améliorer la gestion de la circulation, fluidifier le trafic, notamment au centre-ville, et faciliter les transits entrant et sortant de la ville.

C’est dans ce cadre qu’est en cours la construction du Poste central de Régulation de la Circulation de Casablanca (PCC) dont la vocation sera de doter la ville d’une plateforme sophistiquée, à la pointe de la technologie et au service de la sécurité et de la mobilité des citoyens. La première phase de ce projet d’envergure est aujourd’hui livrée et la deuxième sera terminée en 2019.

La construction du PCC a été accompagnée, dès 2017, par l’implémentation, des premières mesures issues du Plan de Circulation de Casablanca visant la fluidification de la circulation au centre-ville : une première boucle de circulation à sens unique est aujourd’hui opérationnelle et d’autres suivront au fur et à mesure de la réalisation du réseau de transport en commun. De plus, afin de permettre le transit rapide des urgences, un itinéraire pour les ambulances est aujourd’hui utilisé dans le quartier des hôpitaux.

 

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Figure 4 : Photo noeud routier Sud Casablanca.

 

Les accès de la ville ne sont pas en reste. En 2017-2018, ils ont tous fait l’objet de projets d’ouvrages visant à simplifier l’accès à Casablanca depuis Rabat, Marrakech, El Jadida et Azzemour.

L’accès sud de Casablanca revêt une importance particulière dans la perspective de la desserte de l’aéroport et de Casablanca Finance City. Deux projets importants lui ont d’ailleurs été consacrés, un pont à Haubans d’une hauteur de 73 mètres et le réaménagement complexe du nœud routier desservant cet accès.

La desserte nord de Casablanca a vu la construction de deux trémies. La première dessert la mosquée Hassan II et la gare ferroviaire Casa Port et sera opérationnelle en 2019. Elle compte un linéaire de 2270 mètres, dont 1890 mètres souterrains. La deuxième est située au croisement de la deuxième ligne de tramway et a été mise en service en mai 2018.

L’accès ouest a également fait l’objet de travaux de réalisation d’une trémie opérationnelle dès le mois de mai 2018.

En même temps, un programme de mise à niveau des voiries de la ville a été lancé dès 2015 et concerne le réaménagement des chaussées, trottoirs et squares. Les travaux de la première tranche ont permis le réaménagement de plus de 85 hectares de la ville à ce jour.

 

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Figure 6 : Photo trémie Sud Casablanca.

 

L’ensemble des solutions de mobilité développées pour Casablanca dans le cadre du Plan de Développement 2015-2020 est couronné par une composante essentielle : le Schéma directeur de stationnement ratifié par le conseil de la ville de Casablanca en 2017. Il vient compléter les programmes de transport en commun et de régulation de la circulation en proposant aux Casablancais une offre de stationnement réglementée, capacitaire et adaptée aux flux de circulation et au réseau de transport en commun.

Quelque 15 000 places de stationnement sont aujourd’hui régies par les services de la ville de Casablanca et 30 000 autres sont en cours d’organisation. Des projets de construction de 5 000 places de stationnement situées à des points stratégiques du réseau de transport en commun sont également en cours de financement dans le cadre de partenariats publics privés.

L’ensemble de ce programme démontre la politique volontariste des pouvoirs publics de rendre les déplacements urbains plus « intelligents », soit une composante naturelle de la vie en ville et un vrai contributeur au développement durable.

 

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Figure 7 : Place Bouchentouf aménagée dans le cadre du projet T2.

 

VERS UNE MOBILITÉ QUI RÉINVENTE LA VILLE

Casablanca est véritablement dans une phase de métamorphose de son système de mobilité. D’autant plus que les projets à venir seront centrés sur la réglementation en matière de logistiques urbaines, notamment sur la circulation des poids lourds, la livraison des marchandises, la modernisation des fourrières et le développement des services de la gare routière.

S’insérant dans la politique énergétique du Royaume visant à maîtriser les émissions de gaz à effet de serre, dont les transports sont les principaux émetteurs, cette nouvelle approche encourage les Casablancais à un usage raisonné de la voiture pour des déplacements plus propres et « éthiques » sur le plan écologique.

D’ailleurs, les lourds investissements dans ces systèmes de mobilité sont principalement portés par les pouvoirs publics. Ces derniers s’attellent d’ores et déjà à planifier les services de mobilité à horizon 2030, d’autant plus que les enquêtes portant sur les déplacements des ménages menés en 2018 projettent 2,5 millions de déplacements quotidiens supplémentaires dans un contexte de périurbanisation croissante et d’augmentation de la motorisation des ménages.

C’est dans cette optique que sont en cours d’élaboration le nouveau Plan de Déplacements Urbains 2030 et l’Observatoire de la mobilité de Casablanca.

Sur la toile

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