Résumé

Colloque Le transport urbain du futur

Organisé en partenariat avec STI Canada, le colloque Le transport urbain du futur s’est tenu le 9 mars 2016, à Montréal.

Ce colloque avait pour objectif de présenter les dernières tendances en matière de mobilité (notamment la mobilité en tant que service, le plus grand changement de paradigme depuis la voiture individuelle) et de se questionner sur les moyens à mettre en œuvre pour réaliser ces nouveautés.

L’animateur du colloque, M. Michael De Santis, président du conseil d’administration de STI Canada et président d’Innovation MI-8, a donné le coup d’envoi de l’activité en présentant les deux premiers conférenciers de la journée, soit M. Sampo Hietanen, président-directeur général de MaaS Ltd. (Finlande) et M. Sami Sahala, chef de projet et conseiller principal STI à la Ville d’Helsinki (Finlande). L’objectif de leur conférence commune était de présenter une réflexion sur la mobilité en tant que service en partant de l’expérience de la ville d’Helsinki et des réflexions finlandaises dans ce domaine.

La mobilité en tant que service tente entre autres de répondre à la question suivante : « Est-on prêt à ne plus être propriétaire de sa voiture? ». Si la réponse à cette question est affirmative, il faut s’interroger sur ce qui peut remplacer les déplacements en véhicule individuel : c’est une question centrale qui touche particulièrement les nouvelles générations (celles qui incarnent un marché avec moins ou pas d’automobiles, et qui veulent disposer d’une manière différente de gérer leurs déplacements).

La mobilité en tant que service propose un système de forfaits à gérer par le biais d’un téléphone intelligent ou d’un ordinateur connecté : ce système doit être simple et unifié, il doit concerner tous les moyens de transport et proposer une gestion simple des différentes alternatives offertes. Le transport doit ainsi se transformer en un commerce proposé à des consommateurs. L’innovation technologique (véhicules autonomes, Internet puissant couplé au développement des téléphones intelligents, etc.) est le pivot qui soutient ce mouvement de réforme du transport. Mais il faut également qu’une institution politique de haut niveau (grande ville/capitale, ministère) soutienne ce type d’initiatives.

Les experts finlandais ont insisté pour souligner que la mobilité en tant que service dépasse le simple cadre du transport. En effet, l’usager s’y retrouve au cœur d’un système cohérent, où il pourra utiliser d’autres services que ceux liés au transport.

Mme Cindy Patton, gestionnaire stationnement et planification au Service des travaux publics et des transports de la Ville de Denver (Colorado, États-Unis) et M. Sean Mackin, gestionnaire des opérations de stationnement à la Ville de Denver (Colorado, États-Unis) ont présenté l’application pour téléphone intelligent Go Denver, mise en place par la Ville de Denver à la mi-février pour donner à ses habitants un moyen efficace de gérer leurs déplacements.

Le projet de la Ville de Denver avait pour objectifs de proposer plus de choix en matière de transport aux habitants de la ville, d’offrir des informations de manière pratique, en temps réel et concernant tous les moyens de transport, et enfin, de proposer un outil pouvant servir à mieux connaître les besoins des usagers et d’y réagir.

Les plus grands défis dans la mise en place et dans la gestion de l’application Go Denver ont été de rentabiliser la masse d’informations obtenue et de proposer à la clientèle une bonne offre marketing.

Les développements de Go Denver, qui sont prévus dans un avenir proche, concerneront l’ajout d’options touchant le stationnement, les congestions et voies alternatives, l’inclusion dans les médias sociaux ainsi que la possibilité de réserver et de payer d’autres services liés au transport par le biais de cette application.

Mme Carole Schweiger, présidente de Schweiger Consulting LLC et présidente du conseil d’administration de New England ITS (Massachusetts, États-Unis), a abordé les nouveaux défis que la mobilité en tant que service peut engendrer et ce que celle-ci implique pour la société nord-américaine. Et de fait, de nombreux défis attendent la mise en place d’une mobilité en tant que service efficace!

Aux États-Unis, on veut dans l’avenir connecter les moyens de transport entre eux (c’est le principal défi) et intégrer les modes de paiement sur une seule plateforme afin d’améliorer la mobilité. Pour Mme Schweiger, il va donc falloir passer par une véritable redéfinition du transport public : ces réflexions devront être plus axées sur les personnes que sur les véhicules et leurs technologies (on sait ainsi que des véhicules autonomes vont se déplacer, mais on ne sait pas encore où les gens vont vouloir aller)!

La difficulté du partage des données représente aussi un défi de taille, alors que c’est une merveilleuse opportunité!

Un autre des grands défis concernant cette question est de faire travailler ensemble les différentes institutions, ce qui donnera l’accès aux usagers à plus d’informations et leur ouvrira de nouvelles perspectives.

Il faudra aussi s’attaquer au défi du financement, ainsi qu’à des défis techniques et technologiques spécifiques : certaines zones ou certaines personnes n’ont pas accès aux techniques et aux machines les plus modernes. Il n’y a pas forcement partout d’« égalité face à l’information » et il faut en tenir compte dans la réforme du transport.

Le ministère américain en charge des transports, USDOT, fonde sa politique sur l’idée de « Mobility on Demand (MoD) », qui considère la mobilité comme une marchandise et comme un service.

Durant le déjeuner-causerie, M. Aref Salem, membre du comité exécutif responsable du transport à la Ville de Montréal a abordé les questions de la mobilité urbaine du futur dans le cas de Montréal.

Les problèmes de mobilité à Montréal sont dus à la présence de nombreux chantiers routiers, aux fréquentes congestions, au manque de stationnements, au partage délicat de la route entre véhicules individuels, transport en commun et transport de marchandises.

Les solutions proposées par la Ville reposent sur de nombreux outils : un ensemble de caméras d’observation routière ainsi que de feux de circulation coordonnés et connectés au CGMU, le système iBus, le stationnement intelligent, le transport de marchandises amélioré avec ePort de Montréal (projet d’application pour les trajets des camions), l’autopartage (avec CommuAuto) et le vélopartage (avec Bixi), le taxi intelligent (avec Téo Taxi), les corridors de mobilité intégrée et l’amélioration de l’information aux usagers et voyageurs (panneaux de signalisation, etc.).

La Ville a à sa disposition une grande masse d’informations et utilise ces dernières dans sa politique de mobilité. Elle veut ainsi assurer la connexion de tous les partenaires et la mise en place d’une base de données unique pour tous les usagers, entre autres en s’appuyant sur la politique des données ouvertes.

M. Aref Salem a terminé son allocation avec une ouverture vers un avenir un peu plus lointain, dans lequel la voiture connectée et autonome jouera un rôle important. En l’effet, les questions de sécurité et de fluidité deviendront centrales grâce à la communication entre véhicules (V2V) et à la communication avec les infrastructures (V2I). La généralisation de la conduite autonome permettrait une économie de 30 % de la dépense en carburant ainsi qu’une meilleure régulation du trafic. Enfin, dans l’avenir, l’actuelle génération Y, du fait de son implication dans les nouvelles techniques et les nouvelles habitudes de consommation et de mobilité, devrait être le facteur d’une nouvelle dynamique de mobilité qui s’implantera graduellement.