Résumé

Colloque Des stratégies gagnantes pour mieux gérer la vitesse

Initié par la Table d’expertise sur la Sécurité dans les transports, le colloque Des stratégies gagnantes pour mieux gérer la vitesse s’est tenu le 25 mai 2016 à Montréal.

Ce colloque avait pour objectif de permettre aux professionnels de faire le point sur les plus récentes tendances en matière de gestion de la vitesse, de s’interroger sur la façon dont la vitesse est perçue, et de promouvoir les moyens disponibles pour mesurer et gérer la vitesse, que ce soit sur le plan réglementaire, technologique ou physique.

L’animatrice du colloque, Mme Louise Bonneau, consultante en sécurité en transport, a commencé l’activité en présentant le programme de la journée et en donnant la parole au premier conférencier : M. Pierre Olivier Sénéchal, conseiller en sécurité routière à la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ). Il a tracé un portrait de la problématique de la vitesse au volant et de son évolution au cours des dernières années. Il a aussi défini et répondu au problème de la vitesse en citant quelques données disponibles du bilan routier. Il a poursuivi sa conférence en parlant des sondages réalisés, à la suite des campagnes de sensibilisation, ainsi que des faits et des statistiques touchant à la vitesse.

Ensuite, M. Blair Turner — National Technical Leader, Safe Road Infrastructure de l’Australian Road Reseach Board—, a abordé l’approche du Système sûr (Vision Zero). Il s’agit d’un concept qui vise à concevoir un système routier sans décès ou blessure grave, en cas d’accidents causés majoritairement par la vitesse. Pour prévenir les collisions, la solution proposée consiste à contraindre les conducteurs par des mesures particulières qui touchent aux aménagements, en les incitant à diminuer leur vitesse pour l’adapter à leur environnement. Afin d’étayer son argumentation et de prouver que les mesures implantées pouvaient aussi être utilisées au Québec, il a cité des exemples tirés de l’expérience australienne. Pour M. Turner, le Canada et l’Australie partagent de nombreux points communs.

La troisième conférencière, Mme Catherine Berthod, ingénieure et urbaniste au ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports, a quant à elle présenté le cadre légal et réglementaire s’appliquant à la modification d’une limite de vitesse sur le réseau routier municipal. Elle a également mis de l’avant quelques éléments du document publié par le Ministère, dans son Guide à l’intention des municipalités – Gestion de la vitesse sur le réseau routier municipal en milieu urbain, et, notamment, les limites de vitesse fixées selon le type de rue et leurs conditions d’application. Enfin, elle a soulevé quelques problématiques liées à la vitesse.

Par la suite, M. Luis Miranda-Moreno, professeur agrégé à l’Université McGill, a abordé les outils de cueillette, de diagnostic, d’exploitation et d’analyse des données de vitesse. Ces derniers sont essentiels à l’évaluation des interventions routières. De plus, il a expliqué la pertinence de faire de telles études, tout en mettant l’accent sur les avantages et les inconvénients des différents outils de mesure.

La dernière conférencière de la matinée, la sergente spécialiste en sécurité routière à la Sûreté du Québec, Lyne Lapierre, a présenté, dans un premier temps, un bref bilan de la situation routière au Québec. Par la suite, elle a décrit la perception des citoyens vis-à-vis de la vitesse et leurs réactions quant au risque d’être interceptés en cas d’infraction. Enfin, elle a terminé sa présentation par l’approche préconisée par la Sûreté du Québec pour contrôler la vitesse sur les routes.

M. Robert Miller, maire de la municipalité des cantons unis de Stoneham et Tewkesbury a été notre conférencier d’honneur pour le Déjeuner-causerie. Lors de son mandat, il a instauré une nouvelle politique sur la sécurité routière dans les quartiers résidentiels limitant la vitesse à 40 km/h. Plusieurs actions ont été entreprises, afin de faire connaitre et respecter cette nouvelle réglementation : l’installation de matériel atténuateur de vitesse, la création d’un service de cueillette de plaintes sur la vitesse excessive, et la mise en place d’une campagne de communication et de sensibilisation citoyenne. Le but de ces mesures était d’associer les citoyens à ces démarches et de rendre les quartiers résidentiels plus sûrs pour les habitants et leurs enfants.

L’après-midi a commencé par la présentation de M. Francois de la Chevrotière, ingénieur à la ville de Montréal. Après un aperçu de la politique d’aménagement de l’arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, il a présenté l’implantation progressive d’aménagements modérateurs de la vitesse employés depuis plusieurs années, et ce, en considérant les besoins globaux de l’arrondissement. En plus de déployer des mesures conventionnelles d’apaisement de la circulation, l’arrondissement cherche à innover en mettant en place des projets structurants, qui visent la réduction de la place de l’automobile en ville, afin d’améliorer la qualité de vie des résidents du quartier.

Par la suite, Mme Shewkar Ibrahim, ingénieure en sécurité routière à la ville d’Edmonton, a démontré comment les statistiques de collisions de la ville avaient baissé de 2006 à 2012. Ce résultat positif a pu être atteint grâce aux mesures développées qui ont permis de réduire le nombre d’accidents avec blessures graves. Effectivement, la Ville a élaboré un plan stratégique de sécurité routière pour corriger la situation qui s’appuie sur le concept du système sûr (Vision Zero) et met l’accent sur la gestion de la vitesse.

Quant à Mme Andrée Plante, première technicienne à la circulation et au transport du Bureau du transport à la Ville de Québec, et M. Claude Lefebvre, capitaine au service de police de la Ville de Québec, ils ont abordé le déploiement de radars photo en zone résidentielle à Québec. L’objectif de ce projet était de contraindre les conducteurs à réduire leur vitesse dans les quartiers résidentiels. Ils ont commencé par décrire les différentes étapes du projet : de sa création en 2010 à son déploiement en 2015 et ont terminé par un premier bilan, après l’implantation des radars photo. Ils ont aussi donné les raisons qui ont guidé leur choix d’équipement et le choix des sites surveillés.

Le dernier conférencier de la journée, M. Nicolas Saunier, professeur agrégé à Polytechnique Montréal, a présenté les différentes technologies utilisées, dans la mesure et le contrôle de la vitesse, qu’il a recensées dans le cadre d’un projet pour le ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports. Il a également énuméré les caractéristiques des technologies les plus prometteuses pour le contrôle de la vitesse, selon leur performance, leur acceptabilité par les usagers et les enjeux légaux et éthiques de leur utilisation. Le but de ses recherches était d’évaluer la faisabilité de leur déploiement au Québec.

Mme Louise Bonneau a conclu le colloque par un mot sur les différentes conférences auxquelles les participants avaient pu assister toute la journée. Elle a repris les trois « E » (Education, Engineering, Enforcement), puis a mis l’accent sur le fait que les citoyens ne respectaient les limites de vitesse que lorsqu’ils étaient confrontés à des mesures contraignantes touchant les aménagements ou quand ils risquaient d’avoir une amende. Elle a soulevé le volet éducation, souvent négligé, et le fait qu’il n’existait aucun programme de primaire enseignant aux enfants les dangers de la vitesse. Elle a ensuite clôturé le colloque par une question : « À quand les cours de sécurité routière à l’école? »