Résumé

Colloque Le rail dans nos villes

Organisé par la Table d’expertise Transport ferroviaire, le colloque Le rail dans nos villes s’est tenu le 22 novembre 2017 à Montréal.

Ce colloque avait pour objectif de comprendre la place du rail en milieu urbain à travers les questions d’aménagement du territoire et d’innovations technologiques. Plus précisément, il s’agissait d’identifier les enjeux et les défis autour de cette cohabitation ville/rail/route en termes de sécurité, de législation et de valorisation de projets novateurs.

L’animateur du colloque, M. Éric Vaillancourt, directeur Rail et transit chez Hatch et membre actif de la Table d’expertise Transport ferroviaire de l’AQTr, a ouvert l’activité en présentant le programme de la journée. Il a ensuite donné la parole au premier conférencier : M. Jay Rieger, ingénieur en chef de la Sécurité ferroviaire du ministère fédéral des Transports (Transport Canada). Celui-ci s’est penché sur le thème de la sécurité ferroviaire aux passages à niveau. Jay Rieger a d’abord mis en évidence le rôle de son ministère avec la présentation de la Loi sur la sécurité ferroviaire (LSF). Il a ensuite abordé la question du règlement sur les passages à niveau (RPN) en présentant les rôles et les responsabilités de chaque partie prenante (public et privé). Enfin, il a exposé les enjeux et le rôle du Programme d’amélioration de la sécurité ferroviaire (PASF).

M. Jean-Pierre Blondin, directeur Ferroviaire, portuaire et transport chez Norda Stelo, s’est intéressé aux différentes aux passages à niveau. Il a introduit son sujet avec la présentation du contexte historique des passages à niveau et a souligné l’importance de la sécurité concernant ces franchissements. En effet, il a exposé les différents facteurs de risque d’accident ainsi que les avantages et inconvénients des passages à niveau. Deux options ont été présentées pour remplacer le passage à niveau : la passerelle de type couvert ou ouvert, et le tunnel. M. Blondin a décrit les différentes méthodes de construction de ces ouvrages d’art et a mis l’accent sur les risques éventuels, les avantages et les inconvénients de chaque conception.

M. Daniel Lafrenière, directeur Spectre et Télécommunications à l’Association des chemins de fer du Canada (ACFC), est intervenu sur le thème des technologies sans-fil et les chemins de fer canadiens. Il a présenté le rôle de l’ACFC dans la gestion des fréquences radio du pays ainsi que la place des technologies sans-fil dans l’industrie des chemins de fer. Il a notamment décrit le rôle des différentes fréquences radio ferroviaires utilisées au Canada. Par ailleurs, Daniel Lafrenière a abordé la question du contrôle de train automatisé, la transmission des données haute vitesse ainsi que la place des objets connectés dans le secteur ferroviaire.

Mme Virginie Taillandier, chef de projet au programme Tech4rail chez SNCF Réseau, a effectué une présentation sur le programme de passage à niveau anticollision Tech4rail. Dans un premier temps, Virginie Taillandier a fait la description globale du programme (train autonome, solutions innovantes, développement de nouveaux partenariats) visant notamment à repenser le carrefour rail-route de demain. Elle a décrit le passage à niveau du futur comme un « carrefour connecté et intelligent » permettant d’améliorer la performance de l’exploitation, la sécurité, la maintenance et les coûts d’entretien. Enfin, la conférencière a présentél’état d’avancement du projet exposantune étude de faisabilité sur l’utilisation de capteurs d’aide à la conduite ou encore sur la simplification des règles de sécurité (exemple des feux tricolores).

Mme Geneviève Brin, directrice principale Innovation au CN, a présenté un exemple d’innovation dans le transport de matières dangereuses. Le concept Canapux, élaboré par le CN en collaboration avec Innotech Alberta, permettrait de transporter le bitume de manière sécuritaire et durable. L’idée est de transporter le bitume sous une forme solide pouvant flotter et qui est non-inflammable. Geneviève Brin a traité de l’aspect environnemental et de la question sécuritaire que pourrait générer l’utilisation de ce produit. Elle en a ainsi décrit les caractéristiques techniques et a mentionné le lancement d’une phase pilote du projet (construction d’un site).

Lors du déjeuner-causerie, Mme Pauline Quinlan, vice-présidente au Comité d’examen de la Loi sur la sécurité ferroviaire, a traité la question de l’examen 2017-2018 de cette Loi (LSF). Dans un premier temps, elle a posé le contexte de la sécurité ferroviaire en traitant la question de l’examen de la LSF de 2007, des recommandations du bureau de la sécurité et des différentes modifications apportées. Elle est notamment revenue sur l’accident de Lac-Mégantic de 2013. Par ailleurs, Pauline Quinlan a précisé qu’il s’agissait d’une décision du Ministre de devancer l’examen de la Loi sur la sécurité ferroviaire. Cette décision s’est accompagnée de la création d’un comité d’examen permettant d’examiner l’efficacité du cadre réglementaire et d’analyser si la Loi remplissait son objectif principal : la sécurité ferroviaire. Ces enjeux ont des impactssur les questions relatives au voisinage, à l’intrusion, aux passages à niveau, à la gestion de la fatigue (aptitude au travail), à la technologie, à l’innovation et à la culture de la sécurité. Enfin, selon la conférencière, le rapport final devrait être remis au ministre des Transports avant le 1er mai 2018.

En après-midi, la présentation de Mme Brigitte Diogo, directrice générale de la Sécurité ferroviaire chez Transport Canada, a traité la question des défis et opportunités de la cohabitation ville/rail/route. Elle a commencé sa présentationavec des constats globaux tels que l’intensification de l’urbanisation, l’augmentation du transport ferroviaire de marchandises ou encore, les pollutions sonores et visibles que peuvent susciter le transport sur rail. Brigitte Diogo s’est intéressée aux accidents ferroviaires (en diminution depuis 2015) et plus précisément aux accidents aux passages à niveau. Elle a énoncéles différents facteurs; facteur humain, technique et de conception qui contribuent le plus souvent aux collisions. Brigitte Diogo a terminé son discours sur les pistes de solution pour améliorer la sécurité ferroviaire.

Mme Cristina Aurora Oprea, responsable du volet ferroviaire pour le projet Turcot au ministère des Transports, de la Mobilité et de l’Électrification des transports (MTMDET), s’est intéressée à la question du déplacement des voies ferrées pour mieux aménager l’espace de l’échangeur Turcot. En d’autres termes, ce projet a généré une occasion de repenser et de renouveler la trame urbaine. Elle a d’abord présenté le contexte historique du projet pour ensuite faire la description des principales étapes de réalisation afin de procéder au déplacement des voies ferrées. Cristina Aurora Oprea a parlédes principaux défis (techniques, humains, logistiques) auxquels ils doivent faire face. Elle a mentionné notamment le maintien de la circulation ferroviaire lors de déplacement des infrastructures. Pour conclure, elle a fait le point sur l’innovation technologique utilisée (nouvelles normes du CN) et sur l’aménagement urbain autour du corridor ferroviaire.

M. Pierre Turcotte, chargé de projet principal chez Hatch, est intervenu sur les projets tram-train et rail léger avec l’exemple de Calgary. Il a présenté le système SLR actuel de Calgary ainsi que les projets à venir. Il a introduit sa conférence avec un historique de construction du tram-train à Calgary entre 1985 et 2014. Puis, après avoir traité de la question de l’achalandage des deux lignes de tram-train et de la composition du matériel roulant, Pierre Turcotte a présenté le système de tarification du SLR ainsi que les limites liées à l’infrastructure de ce système de tram-train. Sa présentation s’est ensuite focalisée sur le projet d’expansion du système SLR à Calgary (Green Line LRT). Il faut retenir que ce projet prend en considération les temps de trajet, l’achalandage et les TOD. D’ailleurs, l’idée principale est d’intégrer cette « Green Line » au paysage et de dynamiser l’espace traversé. Enfin, le conférencier a traité divers projets de transport permettant de mieux relier les centres dynamiques du territoire.

Mme Emma Frejinger, professeure agrégée et titulaire de la Chaire CN en optimisation des opérations ferroviaires, a clôturé ce colloque avec une présentation sur le transport intermodal ferroviaire comme partie intégrante du système logistique urbain du futur. Dans un premier temps, elle a fait un état de l’art sur la question de la logistique urbaine et de l’internet physique (internet appliqué au mouvement des objets) favorisant la transformation progressive du transport de marchandises. Elle a ensuite discuté des problèmes de planification et d’optimisation des terminaux intermodaux ferroviaires avec l’exemple des conteneurs intermodaux.