Résumé

Colloque Des innovations pour améliorer la viabilité hivernale

Organisé par la Table d’expertise sur la Viabilité hivernale, le colloque « Des innovations pour améliorer la viabilité hivernale » s’est tenu le 4 octobre 2017, à Trois-Rivières.

Ce colloque sur la viabilité hivernale avait pour objectif de présenter des expériences concrètes et novatrices portant sur la gestion des fondants et des déglaçants, sur les instruments et équipements de l’entretien hivernal des routes, des rues et des trottoirs, et sur les changements de gouvernance en matière de viabilité hivernale.

L’animateur du colloque, M. Marco Dubé, chargé de projet à Form-Éval et membre de la Table d’expertise Viabilité hivernale de l’AQTr, a ouvert l’activité en présentant le programme de la journée, puis en donnant la parole au premier conférencier : M. Claude Blais, président de Talon Sebeq. Ce dernier a présenté le projet en PPP de l’autoroute 25 et son approche adaptée de la viabilité hivernale. Dans le cadre de ce PPP, des exigences spécifiques de déneigement (dont une optimisation de l’usage des déglaçants) et de dépannage ont été établies. Pour les produits utilisés lors des opérations de déneigement, le choix s’est porté sur un anti-glaçant : de la saumure et des produits à base de saumure (donc des liquides moins agressifs) sont appliqués directement sur la chaussée avant le début des précipitations, ce qui empêche la glace de coller à la chaussée.

M. Geoff Leach, vice-président Développement de chantier à Miller Group, a fait une présentation sur les autoroutes de l’Ontario et leur gestion des activités d’entretien hivernal. Au cours des dernières années, le choix du ministère des Transports de l’Ontario (MTO) s’est orienté vers un déneigement réalisé en majorité par le domaine privé : aujourd’hui, seuls 20 % du déneigement restent fait par la province. Les entreprises contractées choisissent le matériel qu’elles utilisent pour répondre aux critères du MTO. La qualité du travail accompli est contrôlée grâce à de nombreux outils (thermomètres de surface, instruments de contrôle de l’épandage, contrôle GPS des parcours, caméras, stations météorologiques, senseurs spéciaux pour les ponts, etc.) et grâce à des données recueillies sur plusieurs années.

Mme Stéphanie Gaudé, spécialiste Viabilité hivernale au CEREMA (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement), a présenté les spécificités françaises dans le domaine de la viabilité hivernale. Elle a fait un point sur les dernières avancées techniques ou organisationnelles destinées à réduire l’impact environnemental et à maîtriser les coûts en France : un guide de gestion des sites de stockage, des aides à la prise de décision (véhicules et installations avec des capteurs), des outils pour de meilleures prévisions météorologiques et une meilleure gestion des épandages (par exemple, avec l’innovation qu’est la lame d’aspersion intégrée dans le couteau), un usage plus fréquent de la bouillie de sel voire de la saumure, etc.

Émilie Godbout, ingénieure au ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports (MTMDET), est intervenue au sujet des expérimentations menées au MTMDET sur l’humidification des fondants. Le principe de la pré-humidification consiste à mélanger une saumure (c’est-à-dire, un liquide concentré en sels) à un autre matériau afin d’activer plus rapidement le sel et de limiter les pertes de matériaux (la pré-humidification peut se faire lors de la mise en pile ou à bord des camions). Les conditions de pré-humidification ont été établies pour des températures de surfaces situées entre -5o C et -15o C et en dehors des périodes de précipitations : en respectant ces conditions, on a constaté une baisse de la consommation des sels de voirie, une baisse de la consommation des abrasifs et une baisse du nombre de sorties. Cette démarche de pré-humidification va être mise en fonction dès l’année prochaine (cycle 2018-2019) dans certaines régions ciblées, mais pas encore dans tout le Québec.

M. Michel Lachapelle, directeur des travaux publics de la Ville de Victoriaville, a présenté l’utilisation d’un nouveau rouleau de déglaçage. Cet instrument de déglaçage des voies de circulation a été proposé par GRYB et a été testé à Victoriaville au cours des trois dernières années (c’est une technique très peu utilisée en Amérique du Nord). Le rouleau de déglaçage s’installe rapidement et facilement sur différents types de véhicules et sa conception spéciale (avec ses rangées de dents en spirale et en angle) évite d’abîmer le sol. Les avantages observés ont été nombreux : diminution des bris (sur les trottoirs et les routes), entretien facile (instrument solide, avec remplacement des dents estimé aux 5 ans), rapidité du travail (deux fois plus rapide qu’une niveleuse), diminution de l’usage des abrasifs, etc.

Une nouveauté a été proposée cette année dans le cadre du colloque : en avant-midi, des innovations en viabilité hivernale ont été présentées par des entreprises privées ou des organismes publics et les participants inscrits au colloque ont été appelés à voter, par le biais de leur téléphone intelligent, pour choisir l’innovation qui leur semblait la plus efficace ou la plus prometteuse. Parmi les quatre projets en compétition, c’est Brun-Way (Division de SNC Lavalin) qui a été désigné lauréat de ce prix « Innovation VH » pour son bras amovible sur chasse-neige destiné à éviter les collisions avec les autres véhicules.

Au moment du déjeuner-causerie, M. Guy de Montigny, gestionnaire principal à la Société de transport de Trois-Rivières (STTR), a présenté les opportunités de développement de la mobilité et du transport collectif intelligent en condition hivernale. Dans sa pratique actuelle en contexte hivernale, la STTR s’appuie sur des autobus et des abribus intelligents et une gestion active de mégadonnées. Elle répond aux retards dus aux intempéries hivernales sur son réseau avec des déviations, l’envoi de véhicules supplémentaires, mais elle voudrait être encore plus dynamique et plus proactive en lançant une collaboration plus ciblée avec la Ville de Trois-Rivières (par exemple, pour préciser les arrêts où l’on devra mettre plus d’efforts dans le déneigement).

L’après-midi a commencé avec un atelier de discussion sur le thème « Comment faire mieux en situation de tempête hivernale ou d’événement extraordinaire pour optimiser les interventions et l’information aux usagers? ». Avant de lancer les réflexions, M. Claude Pigeon, conseiller en sécurité civile à la Ville de Québec, a parlé du lien entre structures municipales et viabilité hivernale, notamment du point de vue de la sécurité civile et des conditions météorologiques hivernales exceptionnelles (gestion des communications, des déplacements et du déneigement, des plans d’intervention, etc.). Les discussions de l’atelier, réunissant les participants au colloque, ont concerné les moyens à mettre en œuvre pour bien informer les usagers ainsi que les plans de mesures d’urgence destinés à maintenir la mobilité de la population lors de conditions extrêmes.

M. Simon April, chef d’équipe Entretien des voies de circulation à la Ville de Québec, a abordé la question de l’amélioration de la surveillance et de la planification des travaux de déneigement à la Ville de Québec. À Québec, 46% des voies de circulation sont gérés à contrat en exploitation privée, contre 54% des voies de circulation gérés en régie. Avec le secteur privé, la Ville de Québec propose des contrats clé en main où la compagnie privée embauchée fait le travail à 100% sous sa seule responsabilité : ce sont des contrats de performance (basés sur les résultats et le respect des délais). Il existe depuis deux ans un « Processus d’assurance qualité (AQ) » pour les travaux de déneigement. Il s’appuie sur un « Guide de surveillance » détaillé, visant à uniformiser la surveillance des prestataires de services travaillant pour la Ville.

Mme Nancy Jolin, directrice opérations et RH à Excavations Tourigny inc., a clôturé la journée de colloque avec une intervention montrant le point de vue d’un entrepreneur sur une gouvernance efficiente et innovante de la viabilité hivernale. La société a mis en place un système de tournées des circuits de déneigement, avant et après saison, avec des vidéos et des photos ainsi que des points de repérage GPS pour s’assurer de la bonne exécution des travaux et du bon état des routes et infrastructures après le passage des équipes de la société. Les employés sont également suivis sur leurs performances et éventuels bris. Le comportement des chauffeurs de véhicules de déneigement est également évalué (nombre d’accélérations, de virages brusques, etc.).