Résumé

Colloque Pour une fluidité plus intelligente

Initié par la Table d’expertise sur les Systèmes de transport intelligents (STI), le colloque Pour une fluidité plus intelligente s’est tenu le 12 novembre 2015 à Montréal.

Ce colloque avait pour objectif de montrer que les systèmes de transport intelligents (STI) proposent des solutions alternatives et innovantes aux problèmes de fluidité et de mobilité dans les transports.

L’animateur du colloque, M. Pierre Ducharme, président de MARCON, a donné le coup d’envoi de l’activité en présentant le premier conférencier de la journée, M. Pierre Lavigueur, directeur principal, Développement, commercialisation et innovation à la Société de transport de Laval. L’objectif de sa présentation était de réfléchir au concept de fluidité : ce terme est en effet très souvent accolé au concept de problème. La fluidité est ainsi presque vue comme un idéal, quelque chose d‘inaccessible, de quasi utopique. Face à ce problème récurrent, il est néanmoins clair que l’augmentation des capacités des infrastructures ne peut pas faire baisser la congestion : ce qu’il faut, c’est aider à mieux répartir la circulation et donc les congestions. À cette fin, il faut parvenir à accorder les perspectives de l’usager et celles du gestionnaire : la collaboration et les échanges sont en effet essentiels dans la gestion de la fluidité.

M. Pierre Tremblay, chef du service de la modélisation des systèmes de transport au ministère des Transports du Québec, a abordé les enjeux de l’évaluation de la congestion dans la région de Montréal. Le Ministère utilise des modèles de simulation des réseaux de transport qui permettent d’évaluer les flux et la performance du système routier. Sur la base de ces modèles, le Ministère a mis en place une méthode pour mesurer les coûts de la congestion. En effet, ces derniers sont en constante augmentation et sont associés aux retards subis par tous les usagers de la route. Pour permettre à ces modèles de bien mesurer la congestion sur le terrain et s’assurer que les efforts fournis vont dans le bon sens, les technologies employées reposent sur différents outils : Bluetooth et un programme de Polytechnique Montréal, Google-Trafic (en expérimentation) ou encore un projet de recherche spécifique de l'Association des transports du Canada (ATC).

M. Fabrice Reclus, ingénieur d’études Régulation dynamique du trafic au Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) de Lyon, en France, a présenté les méthodes françaises utilisées pour gérer la fluidité. Celles-ci sont axées sur une optimisation des voies de transport, et non plus sur un développement ou une extension des réseaux. Des outils de connaissance du trafic assistent le travail des experts : le système SIRIUS (utilisé pour le recueil et le traitement des données de trafic) et l’outil SYTADIN (indicateur d’analyse des congestions en temps réel qui montre les congestions et les temps de parcours anticipés). La mise en œuvre des mesures de gestion du trafic en France repose sur une régulation dynamique des vitesses, une régulation des accès, la création d’une voie auxiliaire sur les axes surchargés et une gestion multimodale des voies (qui favorise certaines catégories d'usage – comme le transport collectif – avec des voies dédiées).

M. Philippe Bellon, gestionnaire planification GO Transit chez Metrolinx, à Toronto en Ontario, a présenté l’approche torontoise de la résolution des problèmes de fluidité entre banlieue et centre-ville. Le point de vue étudié ici est celui du transport collectif et de l’intégration des services (entre le niveau régional et les réseaux locaux). Le défi a été de parvenir à améliorer la convivialité et les déplacements entre les modes, les juridictions et les réseaux, et à rendre les transports plus fluides. Les mesures pour améliorer la fluidité ont été les suivantes : la coordination des différents services et réseaux, la création d’un plan de communication des changements de services et d’horaires, le recours à de nouveaux outils technologiques (Triplix : une ressource unique pour la planification d'itinéraires, d’horaires, de tarifs, de services, ainsi que PRESTO : une plateforme de paiement, d’achats groupés et d’informations en temps réel). Au vu de l’expérience torontoise, la technologie est certes importante, mais la communication entre les intervenants l’est encore plus (il faut tisser des liens entre professionnels et avec les usagers).

Une table ronde sur les projets et solutions d’ici a réuni M. Olivier Audet, ingénieur au Service des infrastructures, de la voirie et des transports de la Ville de Montréal, M. Youssef Dehbi, conseiller en planification du transport à la Ville de Québec, M. François Thibodeau, ingénieur système au Service des infrastructures, de la voirie et des transports de la Ville de Montréal, ainsi que M. Sylvain Boudreau, chef du développement du réseau à la Société de transport de Laval.

M. Audet a présenté Géo-Trafic, le système d’information dynamique en temps réel de la Ville de Montréal, qui montre les entraves, les travaux, les accidents, les congestions et les temps de parcours attendus sur les routes de la métropole. Ce système repose sur un ensemble de données collectées par de multiples partenaires et c’est leur analyse et leur valorisation qui doivent améliorer la fluidité.

M. Dehbi a présenté l’usage des STI par la Ville de Québec en tant qu’outils de planification, de diagnostic et de résolution des problématiques de fluidité. Les STI jouent un rôle essentiel dans les réflexions sur la lutte contre les congestions et ce sont des outils qu’il faut « vendre » aux municipalités : ils vont en effet amener des données, et donc des informations, qui seront autant de moyens de justifier de futurs développements infrastructurels et urbains.

M. Thibodeau est intervenu sur les outils devant permettre l’évaluation et la gestion des perturbations à l’entrée du Port de Montréal. Ici, un travail collaboratif sur les systèmes de feux de circulation doit permettre de mieux gérer les demandes (trafic de camions) et de développer l’idée du corridor intégré sur la rue Notre-Dame. Une meilleure accessibilité au Port apportera de l’aide aux camionneurs et permettra une meilleure gestion de la congestion.

M. Boudreau a quant à lui présenté les feux de circulation intelligents à Laval et leurs impacts sur la circulation locale des autobus. L’optimisation des feux de circulation, par le biais des équipements de détection OPTICOM, doit mener à une amélioration de la circulation sur les axes clés.

Le mot de clôture de la séance a été prononcé par M. Pierre Ducharme, l’animateur du colloque. Il s’est concentré sur les perspectives d’avenir dans le domaine de la congestion et de la fluidité (sous le titre « La mobilité de demain : une mobilité plus fluide »). Notre société fait actuellement face à une augmentation de la population, du nombre de véhicules et, par le fait même, du nombre de déplacements, à une évolution technologique rapide, à une augmentation de la pollution et, en parallèle, à des limites budgétaires de plus en plus strictes. Notre société va donc devoir passer par des changements nécessaires. De nouveaux modèles de déplacements sont à créer et à développer : le partage (et le concept de « mobilité en tant que service ») à la place de la possession des moyens de transport, l’électrification nécessaire des moyens de transport, la réduction du nombre d’infrastructures et une meilleure utilisation de celles déjà existantes, ainsi que l’intermodalité basée sur les nouvelles technologies (par exemple, les applications pour téléphones intelligents ou l’automatisation des véhicules pour le transport des passagers mais aussi des marchandises). Ces nouvelles approches devraient améliorer la fluidité, diminuer les dépenses et réduire le nombre de blessés et de morts sur les routes.