Résumé

Colloque Les défis du transport et des infrastructures ferroviaires

Organisé par la Table d’expertise Transport ferroviaire, le colloque Les défis du transport et des infrastructures ferroviaires s’est tenu le 17 novembre 2016 à Montréal.

Ce colloque avait pour objectif de démystifier les enjeux et les défis concernant les infrastructures ferroviaires, éléments incontournables et primordiaux dans le développement économique et structurel du pays. Il est à noter que ce colloque est le tout premier organisé par la Table d’expertise Transport ferroviaire de l’AQTr.

L’animateur du Congrès, M. Dany Cattiaux, chef de projet Jetée Alexandra à l’Administration portuaire de Montréal et directeur de la Table d’expertise Transport ferroviaire de l’AQTr, a ouvert l’activité en présentant le programme de la journée, puis en donnant la parole aux premiers conférenciers : M. Jean-Marc Bissonnette, chef du Service du transport ferroviaire au ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports (MTMDET); Mme Brigitte Diogo, directrice générale Sécurité ferroviaire à Transports Canada, et Mme Chantal Jacob, coordonnatrice ministérielle de la sécurité ferroviaire au MTMDET. Ils ont abordé la question du partage des responsabilités dans le domaine ferroviaire, entre les niveaux fédéral et provincial. Le cadre législatif (québécois et fédéral) et ses obligations (sécurité, surveillance des activités ferroviaires, gestion de la vitesse, sites industriels, etc.) ont été présentés, ainsi que les indispensables activités d’inspection et de surveillance.

M. Alexandre Nolet, chargé de projet Groupe de sécurité routière à -30- Forensic Engineering, s’est penché sur le thème de la sécurité des passages à niveau. Pour accroître la sécurité autour de ces zones de danger potentiel, une nouvelle réglementation est nécessaire : le Règlement sur les passages à niveau de novembre 2014 doit faire en sorte que les normes ne représentent plus uniquement des pratiques recommandées, mais bien des exigences à respecter (jusqu’à présent, le taux de conformité des passages à niveau public était de 30 % à 50 %). Le Règlement doit ainsi imposer des normes de conception et d’exploitation plus strictes et obligatoires, définir les rôles et les responsabilités des autorités routières et des compagnies de chemin de fer, inciter les différents intervenants à partager davantage de données, et promouvoir une collaboration continue entre les autorités routières et les compagnies de chemin de fer.

M. Martin Gagnon, coordonnateur du volet administratif des programmes d’aide au ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports, a parlé des mesures de financement du gouvernement du Québec concernant les passages à niveau et leur aménagement. Ce programme d’aide financière du MTMDET pour les administrations routières vise un double objectif : l’entretien de la signalisation ferroviaire et l’amélioration de la sécurité aux passages à niveau. La détermination des coûts et du montant de l’aide financière ainsi que leur gestion pour ces deux aspects ont également fait l’objet d’une présentation.

Mme Cynthia Lulham, directrice de projet à l’Initiative FCM-ACFC sur les questions de voisinage, a présenté les lignes directrices applicables aux nouveaux aménagements à proximité des activités ferroviaires. Ces lignes directrices sont des recommandations ayant pour objectif de mettre en place un système de planification et de gestion des questions de voisinage qui doit faciliter la croissance des municipalités et des chemins de fer. Elles veulent également être un cadre pour les litiges entre chemins de fer et municipalités. Les lignes directrices proposent ainsi des mesures d’atténuation et d’aménagement, comme des marges de recul de 30 mètres entre voies ferrées et logements, des murs de protection adaptés, des d’étude d’impact sonore, etc.

Lors du déjeuner-causerie, M. Béland Audet, président, et Mme Annie Gagnon, vice-présidente de l’Institut en culture de sécurité industrielle Mégantic (ICSIM), ont présenté les conditions de création de l’ICSIM et ses projets de formation dans le domaine de la sécurité industrielle et ferroviaire. La tragédie de Lac-Mégantic, en 2013, a mis en évidence l’importance du besoin d’éducation et de sensibilisation aux notions de sécurité. L’ICSIM a alors été créé pour occuper un créneau vacant, afin de devenir la référence dans l’est de l’Amérique du Nord en matière de sécurité industrielle et de formation dans ce domaine. Ses actions vont porter sur trois volets : le ferroviaire (notamment, la prévention des risques et les interventions en cas d’incidents); la formation des premiers répondants; et un volet éducation et sensibilisation du grand public. L’étude de faisabilité est en cours.

En après-midi, la présentation de M. Ezra Braznell, chef de projet, et M. Claude Perras, chef Solutions affaires à VIA Rail Canada, a porté sur le projet « GPSTrain » de VIA Rail Canada. Celui-ci repose sur l’idée d’intégration de la technologie GPS à l’exploitation des trains pour éviter que des erreurs humaines ne causent des accidents. Ce système veut adapter le traditionnel système GPS aux trains pour détecter à l’avance des travaux ou des signaux de vitesses, afin d’avertir les conducteurs de trains et également de voir s’ils répondent de manière efficace. Ce système permet ainsi d’intégrer et de prendre en compte des éléments comme la position du train en temps réel ou les restrictions qui affectent la marche des trains (signaux, travaux en voie, etc.). Il permet également d’alerter les mécaniciens de locomotive, à l’approche des restrictions, ou d’arrêter le train en cas de problèmes.

M. Denis Hoziel, directeur senior Formation en transport, et Mme Kim Valcourt, directrice Engagement des Affaires, Technologie de l’information au CN, ont présenté différentes technologies en matière de sécurité ferroviaire utilisées par le CN, afin de maintenir des activités ferroviaires sécuritaires, durables et efficaces. Ont ainsi été présentés des exemples concrets de technologies d’inspection des wagons (détecteur d’impact au niveau des roues, détecteur de chaleur au niveau des roues, etc.), de technologies d’inspection des voies ferrées (dormants et joints entre rail, utilisation de drones comme outil de contrôle, etc.), de technologies de contrôle de parcours des trains (suivi en temps réel, conduite assistée avec optimiseur de parcours, etc.).

M. Guillaume Foeillet, chargé d’affaires à l’international pour Ingénierie et Projets (I&P) à la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) a dressé un tableau de l’évolution des dispositifs ATP (Automatic Train Protection) mis en œuvre sur le réseau ferré national (RFN) de la France. Ce système touche un ensemble d’équipements de signalisation spécifiques et de protection automatique des trains que l’on retrouve sur le territoire français à ce jour. La présentation a abordé les divers risques rencontrés et les différents types de signalisation utilisés dans le système ferroviaire français (système de détection, de protection, etc.). Le cas spécifique des lignes à grandes vitesses (LGV) a également été abordé (signalisation, système de conduite, etc.). Enfin, le système européen ERTMS (système de signalisation permettant d’atteindre l’interopérabilité des systèmes ferroviaires des différents pays de l’Union européenne) a également fait l’objet de discussions.

M. Christophe Bonnal, directeur de la formation continue, des services aux entreprises et des partenariats d’affaires au CÉGEP de Sept-Îles, a abordé la question du traitement automatique des données des consignateurs de locomotive, dans le but d’étudier et d’améliorer la conduite, l’exploitation et la maintenance ferroviaire. Une plateforme d’analyse a été mise en place par l’équipe du CÉGEP de Sept-Îles pour traiter et analyser automatiquement les données des consignateurs d’événements des locomotives : elle doit permettre de détecter les lacunes dans la formation du personnel, d’émettre des rapports quotidiens sur le maniement des trains, de tirer des indicateurs de performance à partir de chaque parcours effectué, etc.

Mme Catherine Cloutier, professionnelle de recherche à l’Université Laval, a présenté une nouvelle technologie utile en milieu ferroviaire : l’utilisation des drones pour la création de modèles 3D dans des zones difficiles d’accès et proches de voies ferrées. Un des gros avantages des drones est de pouvoir récupérer des images de zones peu ou pas visibles du sol; ils peuvent prendre des photographies perpendiculaires pour avoir plus de prises de vue et donc d’informations. Concrètement, le recours à cette technique permet : d’obtenir des géométries de fossés de voies de chemin de fer (et donc de déterminer l’efficacité du matériel de captage de chutes de pierres); de simuler des trajectoires de chutes de pierre (de manière à pouvoir bien positionner les barrières de captage); de prendre des vues à différentes dates pour voir l’évolution des parois et leur écaillement.