Résumé
9e congrès sur la viabilité hivernale - Les défis de la mobilité en hiver
Initié par la Table d’expertise sur la Viabilité hivernale, le Congrès portant sur Les défis de la mobilité en hiver s’est tenu le 2 octobre 2015, à Lévis.
Ce 9e Congrès sur la viabilité hivernale avait pour objectif de proposer des pistes de réflexion, par le biais d’exemples concrets, sur les moyens technologiques et pratiques à mettre en œuvre afin d’assurer la mobilité en hiver. Outre ces aspects techniques, la place du citoyen en tant qu’usager de la route en hiver ainsi que les impacts du changement climatique sur la viabilité hivernale ont également été abordés lors de cet événement.
L’animatrice du Congrès, Mme Anne Baril, chef du Service de l’exploitation au ministère des Transports du Québec, a ouvert l’activité en présentant le programme de la journée, puis en donnant la parole au premier conférencier : M. Michel Faucher, coordonnateur du Service des travaux publics à la Ville de Lévis. Le but de la présentation de M. Faucher était de proposer des outils aux municipalités afin qu’elles comprennent mieux les demandes et réactions des citoyens en hiver. La question étant de savoir comment gérer au mieux toutes les attentes. Les critères à prendre en compte sont nombreux : les ressources, les coûts, la sécurité des usagers et le respect des bonnes pratiques. La solution est de plus travailler ensemble (municipalités, usagers, ministères, entrepreneurs privées, etc.), mieux sensibiliser les intervenants et la population et mettre l’accent sur la diffusion de l’information.
M. Sylvain Noël et Mme Émilie Godbout, ingénieurs au ministère des Transports du Québec, se sont exprimés sur l’utilisation de téléphones intelligents pour la transmission des conditions routières hivernales. Le Ministère va implanter, lors de la saison hivernale 2015-2016, un nouveau système de traitement et de diffusion de l’information. Celui-ci repose sur la transmission des conditions routières par application Web-mobile. Ce système permettra d’augmenter la rapidité de la transmission des données à diffuser aux usagers de la route et ainsi d’améliorer la sécurité et la mobilité en hiver (en permettant d’adapter son parcours dans l’espace et le temps).
M. Martin Trépanier, professeur titulaire à Polytechnique Montréal, a présenté les défis de l’utilisation de la télémétrie pour la planification des opérations de déneigement. Les technologies de télémétrie permettent de mieux gérer les flottes de véhicules de déneigement et leur travail. De très grandes quantités de données peuvent être collectées en temps réel : il faut les exploiter de la manière la plus efficace possible afin d’avoir une utilisation optimale des ressources (carburant, maintenance, etc.). L’exemple des travaux effectués en collaboration avec la Ville de Granby a permis de démontrer la nécessité de bien choisir les indicateurs à utiliser, mais aussi l’efficacité des indicateurs de performance et la richesse des informations recueillies.
Mme Naomie Gagnon, ingénieure junior au ministère des Transports du Québec, a exposé les nouveaux outils développés par le Ministère pour la vérification de la calibration des régulateurs d’épandage électroniques. La gestion d’un système de régulateurs d’épandage électroniques doit permettre d’assurer l’atteinte du taux d’épandage visé, une application constante des matériaux sur tout le parcours, la modulation des quantités épandues par rapport à la vitesse réelle des véhicules et une connaissance précise des quantités de matériaux utilisés. Un mauvais calibrage entraînant des pertes financières, ce système permettra d’assurer un suivi rigoureux de la précision des régulateurs, afin de les faire calibrer, à nouveau, au besoin.
M. François Landriau, conseiller en contrôle et analyse de gestion, et Mme Annie Chicoine, chef de projet au Service des technologies de l’information, tous deux de la Ville de Montréal, ont présenté le Système Intelligent de Transport de la neige (SIT-Neige) de Montréal. Chaque arrondissement de Montréal est autonome quant à la gestion des opérations liées au déneigement, d’où la nécessité d’avoir un système unique, SIT-Neige, lancé en 2013. Ce système permet d'enregistrer efficacement les mesures télémétriques du chargement/déchargement de la neige, tout en offrant la possibilité de compiler toutes les données relatives au transport de la neige en suivant l’ensemble de la chaîne des opérations de déneigement.
M. Frédéric Champagne, ingénieur, et M. Richard Giguère, chef des opérations au Centre de services de Beauceville, du ministère des Transports du Québec, ont décrit le système de signalisation dynamique d’avertissement de chaussée glissante du pont de la rivière Famine. Ce pont, situé sur l’autoroute 73 à Saint-Georges, présente un risque accru au niveau de la sécurité routière, car il comporte une section en courbe, en pente et est proche d’une chute d’eau, qui favorise l’humidité, et donc, un risque de gel sur le pont. La solution a été de mettre en place une signalisation dynamique avec des capteurs optiques (laser, infrarouge) pour détecter les conditions de chaussée glissante et des panneaux de signalisation de danger afin d’avertir les usagers des conditions d’adhérence réduites sur la chaussée du pont.
Lors du déjeuner-causerie, Mme Isabelle Gaudreau, contrôleur routier et agente aux relations publiques à la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ), a abordé le sujet de la sensibilisation aux angles morts des véhicules lourds. La SAAQ et Contrôle routier Québec ont lancé une campagne en ce sens en mai 2015 afin d’informer et de sensibiliser la population quant aux particularités des véhicules lourds, à la nature et à l’emplacement de leurs angles morts. Les risques spécifiques liés aux véhicules de déneigement ont également été abordés. Cette présentation a été suivie par une démonstration interactive sur l’aire de stationnement du Centre de congrès et d’expositions par Mme Gaudreau et deux autres contrôleurs de la SAAQ.
En après-midi, M. Guy Doré, professeur de l’Université Laval et membre du Groupe Ouranos, s’est penché sur les impacts du changement climatique sur le comportement hivernal des chaussées. Le changement climatique devrait amener au Québec un plus grand nombre de cycles gel/dégel et une augmentation des températures et des précipitations. Ces nouveaux facteurs climatiques vont avoir un effet sur le niveau de saturation dans les sols et les matériaux de chaussées, une augmentation de la sensibilité à la déformation permanente et une réduction de la vie utile des chaussées. Les solutions à envisager comportent une révision de la formulation granulométrique des chaussées, un épaississement de la couche de revêtement ou encore la mise en place d’un revêtement à albédo plus élevé.
Mme Katie Tremblay, chef d’équipe aux transports à la Ville de Montréal, a présenté l’état et les perspectives du vélo en hiver à Montréal. On a assisté à une augmentation de la part des adultes qui font du vélo à Montréal (de 25 % en 2000, à 53 % en 2010). Initialement un loisir, puis un sport, le vélo est désormais devenu un mode de transport à part entière. Le Montréalais cycliste utilise son vélo en moyenne 5,8 mois par an et on a observé une augmentation de 225 % de l’usage hivernal du vélo au cours des deux dernières années. La Ville prévoit donc, avec son Plan Vélo présenté en janvier 2015, une adaptabilité des aménagements pour les conditions hivernales afin d’encourager une pratique du vélo qui soit véritablement « 4 saisons ».
Mme Christina Bouchard, planificatrice Infrastructures et programmes cyclistes à la Ville de Toronto, a, pour sa part, présenté l’état et les perspectives du vélo en hiver propres à la ville de Toronto. Les initiatives de la Ville, destinées à soutenir le développement de la sécurité des cyclistes en hiver, ont porté sur des campagnes d’éducation, sur l’extension du réseau cycliste de la ville, sur un système de vélos en libre-service fonctionnant en toute saison et sur la mise en place de services et de budgets spécifiques à l’entretien hivernal des installations cyclistes.
La présentation de Mme Lise Fournier, ingénieure au ministère des Transports du Québec, a clos la série d’interventions de la journée. Elle a porté sur les principaux constats relatifs à l’obligation d’utiliser des pneus d’hiver au Québec. Cette mesure, introduite en 2008 (le Québec a d’ailleurs été la première administration routière en Amérique du Nord à rendre obligatoire l’utilisation des pneus d’hiver) a permis de réduire l’importance des accidents de la route en hiver : même s’il y a globalement plus d’accidents en hiver que dans le reste de l’année, ceux-ci sont généralement moins graves. De plus, on a observé une baisse du nombre général des accidents en hiver depuis l’introduction de l’obligation.