Signalisation de travaux routiers urbains : implantation d’une procédure

Vendredi 21 décembre 2012
Infrastructures de transport, Mobilité durable, Gestion de la circulation
Signalisation de travaux routiers urbains
Alexandre Beaupré
Chargé de projet
Stantec Experts-conseils ltée
Alexandre Turcotte
Ingénieur - Chef d'équipe, Surveillance
Stantec Experts-conseils ltée

On observe régulièrement des chantiers urbains où la signalisation ne respecte pas les normes du MTQ et est mal adaptée à l’environnement. Qui n’est jamais tombé sur une tranchée ouverte dans une rue urbaine avec comme seule signalisation quelques cônes et du ruban jaune « Danger »? Est-ce par négligence, par manque de formation ou d’information, par l’absence de mise en place d’une procédure de signalisation ou par manque de contrôle? Quoi qu’il en soit, il existe une différence marquée entre la signalisation observée en milieu urbain et sur les autoroutes. À juste raison, quand on considère les éléments environnants propres aux milieux municipaux : présence de piétons, de cyclistes, de feux de circulation, d’entrées charretières, d’aires de stationnement, d’arrêts d’autobus et de passages piétonniers pour écoliers. Les exigences des normes de signalisation du Tome V – Signalisation routière de la collection Normes – Ouvrages routiers du ministère des Transports – Tome V ci-après, sont différentes en milieu municipal et l’application de ces normes est obligatoire partout au Québec.

L’article suivant propose aux gestionnaires municipaux des villes et des arrondissements une démarche afin de développer, d’implanter, de contrôler et de bonifier une procédure de signalisation de travaux routiers urbains qui est en fonction du type de travaux à réaliser et du milieu environnant. Cette procédure doit être simple, efficace et inclure un logigramme décisionnel quant à la signalisation à utiliser.

Tout d’abord, il est important de choisir un gestionnaire qualifié qui sera responsable de veiller au projet durant tout le processus de développement de la procédure. Ce gestionnaire devra mettre sur pied un comité de travail qui inclura des représentants des travailleurs, des techniciens, des ingénieurs et des professionnels en signalisation (de l’externe si nécessaire) avec une connaissance du territoire desservi et des normes de signalisation en vigueur au Québec (Tome V).

Ensuite, il faut déterminer les intrants qui serviront à établir la procédure : les types de travaux effectués sur ou sous la chaussée ou en bordure de celle-ci, leur durée, les types de routes et de boulevards sur le territoire à couvrir ainsi que leurs caractéristiques : nombres de voies par direction, voies séparées ou contiguës, vitesse affichée, vitesse réelle, travaux à proximité ou dans une intersection, présence de trottoir, de piste cyclable, de stationnement, etc.

Par la suite, il faut préparer des plans de signalisation pour les situations fréquemment rencontrées. Ces dernières doivent respecter les exigences des normes et des dessins normalisés du Tome V. Spécifiquement pour les travaux en milieu urbain, il existe une soixantaine de dessins normalisés dans le Tome V à la section « Travaux de longue durée en milieu urbain sauf autoroute (TLDU) ». La procédure est un guide qui ne peut convenir à toutes les situations et il est nécessaire de se référer au Tome V pour toute situation particulière. Il faut rappeler que, selon l’article 4.42 « Dispositions particulières » du Tome V, « la signalisation prescrite dans le présent chapitre (chap. 4) est une signalisation minimale qui peut être complétée par toute signalisation supplémentaire destinée à assurer la sécurité des usagers de la route et des travailleurs, compte tenu des conditions de temps et de lieu. Lorsque les dessins normalisés ne peuvent être appliqués compte tenu des conditions de temps et de lieu, un plan doit être préalablement préparé par un ingénieur, sur lequel il appose sa signature et son sceau attestant que le plan a été conçu en respectant les énoncés du présent chapitre ». Il faut mentionner également que le Tome V prévoit certains cas où aucune signalisation n’est nécessaire. L’article 4.42.3 « Signalisation non nécessaire » du Tome V spécifie certains cas, entre autres aux endroits suivants : à l’extérieur des bordures surélevées d’une chaussée, sur le côté extérieur d’une chaussée à une distance de 3 m et plus des voies de circulation, dans les ruelles urbaines sans désignation, etc.

Enfin, il faut développer un logigramme décisionnel qui favorise le choix de la bonne signalisation à utiliser. La figure 1, présentée à la page suivante, est un exemple de logigramme où les planches de signalisation adaptées sont séparées selon quatre niveaux de fermeture.

La procédure doit ensuite être rédigée sous forme de plan d’action pour les travailleurs : déterminer la durée des travaux (moins de 15 minutes, entre 15 minutes et 24 heures, plus de 24 heures), localiser l’emplacement et l’espace requis afin de réaliser les travaux, caractériser le site (nombre de voies, vitesse affichée, intersection, vitesse réelle, pente, courbe, visibilité, trottoir, piste cyclable, zone scolaire, entrée privée ou commerciale, autres éléments), consulter le logigramme décisionnel quant à la signalisation à utiliser, procéder à l’approvisionnement du matériel de signalisation requis et finalement procéder à son installation.

Pendant les travaux, il faut s’assurer que la signalisation choisie est adéquate, voire conforme, visible et sécuritaire. Il faut souvent adapter une planche normalisée aux conditions terrains et même aux changements de nature des travaux. Il faut procéder à l’entretien du matériel de signalisation tant que la signalisation est requise. Lorsque les travaux sont terminés, il faut retirer le matériel de signalisation sans délai.

Le gestionnaire responsable de la procédure et le comité doivent s’assurer qu’ils ont en stock et en nombre suffisant l’ensemble des dispositifs de signalisation nécessaires pour réaliser les fermetures. La procédure doit inclure une liste de vérification du stock minimal à posséder : repères visuels, barrières, panneaux, flèches lumineuses, etc. Ces dispositifs doivent être conformes aux normes du Tome V.

Idéalement, la procédure doit inclure une section qui traite de la protection des ouvertures et des trous dans la chaussée ainsi que de la protection des objets fixes. Les normes de la CSST et le nouveau Tome VIII – Dispositifs de retenue – Ouvrages routiers du ministère des Transports traitent de ces éléments. On peut penser à l’utilisation de glissières en béton pour chantier, aux atténuateurs d’impact, aux plaques d’acier ancrées dans la chaussée, etc.

En dernier lieu, il est important de mentionner que la réussite de l’implantation d’une procédure est tributaire de l’implication des parties et de leur formation. Il est important de tenir des séances de formation afin d’assurer la bonne utilisation de la procédure et de conscientiser les utilisateurs sur l’importance de la sécurité sur les chantiers. La procédure doit être mise à jour en fonction des changements des besoins et des normes.

La mise en place d’une procédure de signalisation des travaux routiers urbains permet une meilleure planification des travaux, un meilleur contrôle opérationnel et une sécurité accrue pour les travailleurs et les usagers de la route. Une telle procédure permet d’améliorer particulièrement la vitesse décisionnelle quant à la meilleure signalisation à utiliser sur le terrain et tout le monde en sort gagnant.

Sur la toile

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