Le réaménagement de l’autoroute Bonaventure en artère urbaine : un projet sous le signe de la gestion partenariale

La pierre angulaire de la vision d’avenir du havre de Montréal est le réaménagement de l’autoroute Bonaventure. Dévoilé dans le cadre de la Vision 2025, ce projet ne consiste pas seulement à remplacer une autoroute par une nouvelle voie urbaine : il donnera naissance à un nouveau milieu de vie, le Quartier Bonaventure, devenant une porte d’entrée prestigieuse et distinctive de Montréal.

En septembre 2007, la Ville de Montréal a confié à la Société du Havre de Montréal le mandat de réaliser l’avant-projet détaillé de la première phase du réaménagement de l’autoroute Bonaventure, à l’entrée du centre-ville (tronçon entre les rues Brennan et Saint-Jacques) et d’y prévoir le développement des terrains rendus disponibles suite à la démolition de l’autoroute.

Cette étape cruciale a permis de définir le nouveau secteur d’intervention couvrant désormais 29 hectares. Le concept de mise en valeur s’articule maintenant autour des îlots centraux, du viaduc ferroviaire du CN, du front du faubourg des Récollets, de l’îlot de la Commune au sud, du corridor Dalhousie à l’ouest et de l’agrandissement du corridor Bonaventure, secteur où l’autoroute sera ramenée au sol et transformée en artère urbaine.

La Société du Havre de Montréal a complété en mars 2009 le rapport d’avant projet détaillé. Ce rapport résume l’ensemble des études réalisées dans l’ensemble des volets aménagement, circulation et transport, environnement, archéologie, infrastructures souterraines et avant-projet routier. Il est aussi le résultat des efforts de concertation et de consultation de la Société du Havre de Montréal.

Depuis 2003, la Société du Havre de Montréal a rencontré plus de 350 regroupements et a effectué plus de 500 présentations du projet à différents stades, ce qui lui a permis de rejoindre plusieurs milliers de citoyens et de partenaires intéressés au devenir du projet. Ce partenariat a permis de susciter l’un des plus importants consensus à Montréal autour d’un grand projet.

Ce partenariat s’est aussi concrétisé durant la réalisation des études. L’avant-projet détaillé réalisé au cours des 18 derniers mois a nécessité l’implication de plus de 300 personnes qu’ils soient consultants professionnels et intervenants pour un total de plus de 100 000 heures de travail allouées au projet.

Un grand projet de développement urbain durable

Tous les rapports d’étude déposés ont démontré qu’il serait beaucoup plus rentable, tant sur le plan économique, que sur les plans environnemental et urbain, de transformer l’autoroute Bonaventure en grande artère plutôt que de procéder à sa réfection.

Généralement, un projet de reconstruction d’une infrastructure de transport autoroutière désuète entraîne peu de retombées économiques. Le réaménagement de l’autoroute Bonaventure représente, quant à lui, plus que de simples travaux d’infrastructures. Il ouvre la voie à une vaste entreprise de requalification urbaine et à un formidable potentiel de développement immobilier.

Les retombées économiques s’ajoutent ainsi aux nombreux avantages du projet. On évalue les coûts de réalisation de la phase 1 du réaménagement de l’autoroute Bonaventure à 141,7 M $. Un montant très acceptable si on le compare avec le coût de l’option du statu quo.

En effet, le prolongement de la vie de l’autoroute Bonaventure nécessiterait des investissements de 45 M $ au cours des années 2014-2017 et une reconstruction complète (100 millions de dollars) serait à prévoir à la fin de sa vie utile qui est d’environ 20 ans. La démolition de l’autoroute permettra de libérer et mettre en valeur des terrains appartenant à la Ville. Au total, l’aménagement du Quartier Bonaventure devrait permettre de générer des investissements privés de l’ordre de 1,5 milliard de dollars, dans l’éventualité où tous les projets découlant du réaménagement de l’autoroute Bonaventure se concrétisent.

Les grands atouts du projet :

• la création du Quartier Bonaventure, un projet de développement urbain durable, convivial et sécuritaire caractérisé par le potentiel constructible des îlots centraux où pourront s’élever des logements, des bureaux et des commerces, en respectant des critères architecturaux de grande qualité;
• l’optimisation des transports collectifs et la promotion des transports actifs;
• une entrée de ville remarquable dont les espaces viseront un niveau de qualité LEED ND (Neighbourhood Development);
• l’intégration d’œuvres d’art public, d’espaces verts et d’un plan d’éclairage soulignant le caractère unique des lieux et symbolisant la transformation d’un « no man’s land » autoroutier en un environnement urbain au cœur de l’identité de la métropole;
• la réutilisation du viaduc ferroviaire du CN au nouveau quartier par des activités commerciales et publiques, favorisant une ouverture vers les quartiers Bonaventure et Griffintown, et contribuant à la création d’un milieu de vie;
• la minimisation de l’empreinte écologique lors de la construction des infrastructures;
• un effet de levier au développement des quartiers riverains par l’attraction d’investissements immobiliers dans ce nouveau lien entre le centre-ville et le bassin Peel;
• la mobilisation des acteurs riverains et métropolitains pour assurer la qualité du processus de développement du projet.

Privilégier les transports collectifs et actifs

Le réaménagement de l’autoroute Bonaventure privilégiera les transports collectifs et actifs comme moyens d’accès au secteur. La proximité et l’accès au métro, l’aménagement d’un réseau piétonnier de surface et souterrain, la proximité de la gare Centrale, le projet de tramway du havre et la présence du corridor métropolitain de transport collectif faciliteront l’atteinte de nombreux objectifs du Plan de transport de la Ville de Montréal, dont celui, primordial, de réduire la circulation automobile dans le centre-ville.

Le point saillant de cette priorité est sans contredit la conception d’une voie réservée exclusivement au transport collectif dans l’axe de la rue Dalhousie et d’une station d’autobus entre les rues William et Ottawa. Adjacente au viaduc ferroviaire du CN, son aménagement favorisera la création d’un lieu convivial pour l’attente et l’arrivée des passagers. Des activités commerciales ou publiques diverses pourront même être aménagées au rez-de-chaussée du viaduc où pourraient réapparaître les fenestrations magistrales d’origine.

Pour accéder à la rue Dalhousie, les autobus profiteront également d’une voie réservée sur l’autoroute Bonaventure, entre le pont Clément et la fin des voies rapides au nord du canal de Lachine. Cette voie réservée, dont on prévoit l’aménagement dès les premières phases de démolition, se veut également un message clair de la volonté de donner priorité au transport collectif pour accéder au centre-ville.

L’aménagement de la rue Dalhousie, qui sera mené par l’Agence métropolitaine de transport (AMT), constitue par conséquent un projet complémentaire au réaménagement de l’autoroute Bonaventure qui permettra d’améliorer, à brève échéance, la performance du corridor métropolitain, autant en termes de capacité que de qualité des aménagements, tout en préservant intégralement l’emprise prévue pour le SLR Rive-Sud.

Un projet qui marquera la prochaine décennie

Rares sont les projets de réaménagement d’un corridor autoroutier qui ont un impact aussi grand sur un territoire et sur une collectivité. L’autoroute Bonaventure traverse actuellement un quartier déstructuré où sa présence limite l’expansion du centre-ville vers le fleuve. Quatre décennies après sa construction, elle a radicalement transformé le paysage urbain le long du fleuve et à l’entrée du centre-ville.

La réalisation de la phase 1 du réaménagement de l’autoroute Bonaventure est unique : une voie autoroutière sera radicalement transformée en une artère urbaine à l’échelle humaine et transformée en un nouveau quartier habité. Ce fantastique projet structurant fera revivre un secteur historique de Montréal. Le projet de réaménagement de l’autoroute Bonaventure s’inscrit dans la lignée des réalisations qui ont contribué à transformer Montréal au cours des deux dernières décennies. Que l’on pense, par exemple, à la revitalisation du Vieux-Montréal et de ses faubourgs (Cité Multimédia) ou au Quartier International de Montréal (QIM) sont devenus des références en matière d’aménagement urbain.

Le Quartier Bonaventure aura le même impact.

La Société du Havre de Montréal : un modèle de gouvernance regroupant les forces vives au sein d’un terrain neutre

Créée sous l’impulsion du Sommet de Montréal tenu en 2002 avec l’appui financier des trois paliers de gouvernement, la Société du Havre de Montréal est un organisme à but non lucratif qui a pour mission de proposer pour le havre et les espaces urbains qui l’entourent, les grandes lignes d’un plan de développement et d’aménagement concerté, le tout assorti d’une structure de mise en œuvre et d’une stratégie de financement. Incorporée en 2002, la Société du Havre relève d’un Conseil d’administration représentatif des milieux concernés par le développement et l’aménagement du havre de Montréal.

Cette forme d’organisation a permis de créer à Montréal un modèle de gouvernance qui a fait ses preuves dans de nombreuses grandes villes qui ont voulu convertir des milieux généralement occupés par des infrastructures désuètes (autoroutes en structure, infrastructures portuaires ou ferroviaires) des friches urbaines industrielles pour créer de nouveaux milieux de vie. L’implication des principales organisations en transport, en développement économique ainsi qu’en développement urbain a permis de regrouper toutes ces forces vives au sein d’un terrain neutre et de créer un réel consensus vers une vision pour le havre.

Concrètement, dans le cadre du projet de réaménagement de l’autoroute Bonaventure, l’implication de leaders mobilisés pour la réalisation du projet telle que l’est Isabelle Hudon (actuelle présidente du Conseil d’administration) ou tels que l’ont été Lucien Bouchard et Francis Fox (co-présidents de 2002 à 2006) combinée à un appui politique incontestable ont certainement permis d’accélérer considérablement les différentes étapes d’approbation du projet.