Pleins feux sur l’expertise de classe internationale d’Aéroports de Montréal en matière de déneigement
Grâce à ses opérations hivernales, l’Aéroport international Pierre-Elliott- Trudeau de Montréal ne ferme jamais, peu importe les conditions météorologiques, une situation qui fait l’envie des aéroports touchés par la neige partout dans le monde.
L’hiver 2010-2011 passera dans les annales comme l’un des plus rigoureux pour les aéroports européens et nord-américains. Fortes chutes de neige, tempêtes de verglas et températures sous le point de congélation ont durement bouleversé les vols des deux côtés de l’Atlantique. Dans certains cas, elles ont forcé la fermeture complète de grandes plaques tournantes du transport aérien.
L’interruption des projets de déplacement de milliers de passagers a suscité de nombreuses critiques selon lesquelles les aéroports n’étaient pas adéquatement préparés aux dures conditions de température. Celles-ci ont exercé une pression renouvelée sur les autorités aéroportuaires afin qu’elles repensent leurs procédures de déneigement et leurs plans de mesures d’urgence.
Pour plusieurs aéroports, ces efforts ont notamment consisté à entrer en contact avec Aéroports de Montréal (ADM), l’organisme gestionnaire des aéroports internationaux Montréal-Trudeau et Montréal-Mirabel, leader mondial reconnu en matière de déneigement.
L’expertise d’ADM en déneigement est largement sollicitée en raison de son dossier remarquable d’opérations hivernales ininterrompues. « En 70 ans d’histoire, Montréal-Trudeau n’a jamais eu à fermer ses portes en raison de la neige », affirme Robert Landry, vice-président, Ingénierie et Construction, d’ADM. « Et rappelez-vous que nous recevons en moyenne 220 centimètres de flocons blancs chaque année, soit plus que n’importe quel autre aéroport en Amérique du Nord. Au cours de l’hiver 2007-2008, presque 370 centimètres de neige sont tombés sur notre ville, mais nos pistes sont toujours demeurées ouvertes ! »
Au fil des ans, ADM a remporté de nombreuses marques de reconnaissance pour son expertise en déneigement, y compris deux prix Balchen/Post pour l’excellence de la performance de déneigement dans un aéroport et un autre pour le dégivrage de la part de l’Association américaine des dirigeants d’aéroports. Le secret d’un tel succès, précise Donald Desrosiers, Directeur Entretien des installations, réside dans une formule d’opérations hivernales combinant les meilleures pratiques, des outils évolués et de l’expérience. « On peut compter sur le meilleur équipement au monde, mais il faut savoir comment s’en servir », rappelle-t-il. « Nous avons besoin des outils de prévision, des procédures et des instincts adéquats. Nous sommes nés dans un pays de neige. Nous avons donc en ce domaine une expérience que peu de gens peuvent prétendre posséder. »
Près de 60 événements chaque année
L’équipe de déneigement de Montréal-Trudeau, composée d’environ 40 employés permanents et 70 travailleurs saisonniers, est chargée de nettoyer plus de 1,1 million de mètres carrés d’aires de trafic, de pistes et de voies de circulation, l’équivalent d’un trajet de 300 kilomètres. On compte 57 événements en moyenne chaque hiver. En tout, ces précipitations produisent quelque 600 000 tonnes de neige qui, chaque année, doit être chargée à partir de l’aire de trafic dans d’immenses camions qui sont cinq fois plus gros que les camions à benne basculante de taille normale.
L’équipe s’acquitte de cette tâche avec une précision toute militaire, utilisant des outils technologiques évolués, un parc moderne d’équipement de déneigement et des procédures hautement spécifiques pour réaliser son travail. « Il n’y a pas deux tempêtes identiques, de sorte qu’il faut vraiment pouvoir compter sur des systèmes qui sont à la fois efficaces et souples », explique M. Desrosiers.
Le processus débute par les prévisions météorologiques. « Nous commençons à nous préparer aussi tôt que 24 heures avant l’événement prévu, mais nous vérifions à nouveau 12 heures auparavant, car les conditions météorologiques peuvent changer rapidement », souligne M. Desrosiers. « Et comme il arrive que les prévisions soient erronées et que l’ampleur des précipitations soit sous-estimée ou surestimée, l’expérience et l’instinct ont souvent un rôle important à jouer. »
Les équipes de déneigement sont appelées selon la gravité anticipée de l’événement météorologique. C’est alors que les opérations hivernales de haute précision d’ADM entrent en scène. Celles-ci sont contrôlées à partir d’un « poste-neige » de haute technologie qui profite d’un point de vue avantageux sur les opérations aéroportuaires et est équipé d’un logiciel « Opérations hivernales » qui assure la gestion des appels et la manipulation des données.
« Aussitôt que la neige apparaît sur les pistes, nous déployons l’équipement », explique M. Desrosiers. « Et nous effectuons les tests de freinage dès qu’une piste est nettoyée parce que nous voulons qu’aucune surface ne soit contaminée et que l’adhérence soit à son maximum. » ADM utilise les plus récents systèmes de GPS et SIG afin de recueillir en temps réel des données sur la friction, la température et la condition de la piste. Les données sont alors transmises à tous les intervenants, y compris le fournisseur de services de navigation aérienne NAV CANADA qui les fournit aux pilotes de ligne pour les décollages et les atterrissages.
Un parc renouvelé
Il y a deux ans, ADM a renouvelé le gros du parc d’équipement lourd qu’elle utilise pour l’entretien hivernal des pistes et les zones de manoeuvre des appareils à Montréal-Trudeau. Grâce à une capacité de déneigement deux fois supérieure à celle de l’ancien parc, les équipes sont maintenant en mesure de dégager une piste de 3 413 mètres en 12 minutes. De plus, le temps nécessaire pour une opération complète de déneigement a été réduit à 25 minutes, soit 20 minutes de moins qu’avec l’ancien parc. « Combiné à nos nouvelles techniques de déneigement, cet équipement donne à NAV CANADA plus de temps pour l’atterrissage d’un appareil, réduit la fréquence des arrêts au sol et permet aux compagnies aériennes d’économiser du carburant. C’est dire que tout le monde en profite : l’aéroport, les transporteurs aériens, les passagers et l’environnement », souligne M. Landry.
Parmi les équipements récemment acquis figurent notamment huit chasse-neige Oshkosh dotés d’une lame large de 7,32 mètres à l’avant et d’un balai large de 6,71 mètres à l’arrière. En comparaison, les balais arrière des anciens tracteurs n’étaient larges que de 4,27 mètres. On a également ajouté cinq nouvelles souffleuses capables de souffler 5 000 tonnes de neige à l’heure, soit presque 50 % plus que les anciennes machines.
En outre, Montréal-Trudeau a aussi fait l’acquisition d’un nouvel épandeur de dégivrant Tyler Ice capable de couvrir une largeur d’application de 30,48 mètres. Cette machine Tyler Ice utilise de l’acétate de potassium liquide plutôt que des dégivrants solide à base d’urée, dont il est démontré qu’ils réduisent le volume d’oxygène dans les eaux de surface, et son réservoir a une capacité de 12 000 litres. Elle joue un rôle particulièrement important dans la préparation des surfaces de l’aéroport avant et pendant que prévalent des conditions de gel ou de verglas.
Ce parc de déneigement est déployé selon un ensemble clair de priorités fondées sur les exigences opérationnelles des trois principaux secteurs d’activité de Montréal-Trudeau, soit les vols domestiques, transfrontaliers (Canada/États-Unis) et internationaux. « Les deux pistes principales de l’aéroport sont nettoyées selon un principe d’alternance afin d’assurer une fluidité optimale », signale M. Desrosiers. « Et si la chute de neige est très forte, le nettoyage se déroule de façon continue. » Le type de neige (granuleuse, humide, collante, etc.) ou les conditions de pluie verglaçante font l’objet d’une surveillance constante, puisqu’ils peuvent affecter les manoeuvres requises et le type de dégivreur utilisé, comme l’acétate de potassium liquide (pluie verglaçante) ou le formiate de sodium (neige).
Technologie à la fine pointe
ADM a également investi massivement dans la technologie GPS/SIG afin de garantir des opérations aéroportuaires plus sécuritaires et plus efficaces. Par exemple, dans des conditions de visibilité faible ou inexistante, les véhicules de sauvetage et de lutte contre les incendies d’aéronefs (SLIA) et le parc de chasse-neige Oshkosh utilisent un affichage de carte mobile GPS en temps réel. Cela permet aux opérateurs de véhicules de voir leurs localisations respectives sur le terrain de l’aéroport et de se diriger vers un point donné (par exemple, un aéronef) grâce à des indications auditives et visuelles.
« La technologie GPS améliore la capacité des opérateurs de véhicule de demeurer au fait de leur localisation et de naviguer en toute sécurité dans des situations critiques, comme la récupération d’un appareil », explique M. Landry.
Le « poste-neige » d’ADM peut également localiser l’ensemble du parc de déneigement à la fois en temps réel et à des fins d’historique à partir d’ordinateurs spécifiques en utilisant la technologie Asset Tracking and Incursion Management (ATIM). Cette plateforme permet également la création et l’établissement de zones géographiques du terrain de l’aéroport, par exemple un secteur situé derrière une ligne d’attente. Cela peut déclencher l’envoi d’un message au conducteur d’un véhicule qu’il ou elle approche d’une zone critique, ce qui peut ainsi l’aider à éviter une intrusion.
L’un des plus grands défis de Montréal-Trudeau pendant une tempête de neige consiste à maintenir libres les zones entourant les appareils pendant qu’ils sont ravitaillés avant le départ ou approchent d’une porte d’embarquement. « Nous avons adapté notre équipement et nous utilisons de petits balayeurs et d’autres appareils afin de travailler en toute sécurité autour des avions », dit M. Desrosiers.
ADM a aussi fait récemment l’acquisition d’un système d’identification par radiofréquence (IRF) pour compter le nombre de chargements de camions à benne basculante et le volume de neige transporté à la décharge. « Traditionnellement, nous postions un employé à la décharge de neige pour compter manuellement les camions qui y entraient et évaluer le volume de neige livrée », explique M. Landry. « Mais cela exigeait une importante main-d’oeuvre et menait dans certains cas à une surévaluation par les propriétaires de décharge du nombre de livraisons. » Aujourd’hui, le système IRF permet à ADM de déterminer avec exactitude le volume de neige (environ 4 000 mètres cubes à l’heure) tout en réduisant le volume de main-d’oeuvre nécessaire, ce qui permet des économies.
Contrairement à beaucoup d’aéroports en Europe et aux États-Unis, Montréal-Trudeau a connu en 2010-2011 un hiver relativement normal en ce qui concerne les chutes de neige, avec 221 centimètres de neige, mais par contre plus de 103 événements météorologiques enregistrés, ce qui est très élevé. « Nous avons eu beaucoup de petites chutes de neige, ce qui exige quand même une intervention complète », fait valoir M. Desrosiers. « Mais dans l’ensemble, les opérations se sont très bien passées. Et grâce à notre nouveau parc, à notre personnel dévoué et à nos 70 ans d’expérience, nous sommes avons bon espoir de pouvoir répondre à presque n’importe quel événement qui pourrait se produire au cours des prochaines années. »
Les opérations hivernales à Montréal-Trudeau en un coup d’oeil
- Aire de manoeuvre : 1,1 million de mètres carrés
- Précipitations moyennes annuelles de neige : 220 cm
- Nombre moyen d’événements météorologiques : 57
- Volume de neige chargée : 600 000 mètres cubes (10 000 camions)
- Personnel : 40 employés permanents et 70 travailleurs saisonniers
- Opérations : 24 heures par jour, 7 jours par semaine