Les plans d’action mis de l’avant depuis 2008 pour améliorer la gestion des sels de voirie
Près de 800 000 tonnes de sels de voirie sont utilisées chaque année en période hivernale pour entretenir le réseau routier du ministère des Transports du Québec (MTQ). Ces fondants routiers sont essentiels au maintien de la sécurité des usagers de la route, mais peuvent avoir des effets négatifs, voire néfastes, sur l’environnement. Conscient de ces effets, le ministère des Transports du Québec, dans le cadre de sa Stratégie de développement durable 2009-2013, s’est engagé à coordonner l’élaboration de la Stratégie québécoise pour une gestion environnementale des sels de voirie et à la mettre en oeuvre au Ministère.
Stratégie québécoise
La Stratégie québécoise pour une gestion environnementale des sels de voirie a été lancée en 2010 à l’occasion du Congrès sur la viabilité hivernale de l’Association québécoise du transport et des routes. Elle est le résultat d’une approche concertée entre le ministère des Transports du Québec, le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, le ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire, l’Union des municipalités du Québec et la Fédération Québécoise des Municipalités. La Stratégie québécoise invite les administrations publiques et privées à gérer de façon plus efficiente leurs sels de voirie, et ce, en élaborant et en mettant en oeuvre leur propre plan de gestion environnementale des sels de voirie. Les actions ciblées dans ces plans de gestion doivent prendre en compte les impacts environnementaux des activités liées aux sels de voirie tout en assurant la sécurité des usagers de la route. Elles doivent également respecter le rythme et la capacité de chaque organisation.
Plans ministériels de gestion environnementale des sels de voirie
La Stratégie québécoise a été mise en oeuvre au Ministère avant même son lancement avec le premier Plan ministériel de gestion environnementale des sels de voirie 2008-2011. Le MTQ s’est alors engagé dans un processus d’amélioration continue dans le but de favoriser une gestion plus responsable des sels de voirie, et cette démarche se poursuit avec le deuxième Plan ministériel 2011-2014 mis en oeuvre cette année. Ces plans triennaux comprennent un plan d’action par année — trois plans d’action par plan ministériel — regroupant les actions retenues pour la période visée.
Les actions ciblées dans les différents plans d’action tiennent compte des deux objectifs principaux qui sont d’intégrer les meilleures pratiques à la gestion des sels de voirie et de trouver des approches alternatives aux méthodes traditionnelles de déglaçage.
Les actions réalisées dans le cadre du premier plan ministériel 2008-2011 relevaient principalement des unités centrales. Elles visaient, notamment, à mettre en place des mesures propres à faciliter, à alimenter ou à orienter des actions à être posées par les unités administratives à caractère opérationnel.
À titre d’exemple, des guides ont été publiés, des outils technologiques ont été mis en place, des systèmes de gestion ont été adaptés et des veilles technologiques ont été réalisées. Même si les actions ciblées ne touchaient pas directement les unités opérationnelles, les plans d’action et les bilans des plans d’action leur étaient partagés de manière à intégrer tous les intervenants à la démarche. Quant au Plan ministériel 2011-2014, les actions inscrites dans le plan d’action 2011-2012 et mises en oeuvre cette année impliquent davantage les unités opérationnelles; il en sera de même pour les plans d’action subséquents.
Ainsi, depuis 2008, le Ministère pose des actions chaque année pour améliorer de façon continue la gestion des sels de voirie. Les actions réalisées dans le cadre des plans d’action antérieurs et celles ciblées dans le présent plan ministériel couvrent principalement trois thématiques précises, soit l’approvisionnement, l’entreposage et l’épandage des sels de voirie. Certaines de ces actions sont décrites ci-dessous.
Approvisionnement
Sur le plan de l’approvisionnement, la qualité des sels joue un rôle important dans le cadre d’une saine gestion : un sel de qualité agira plus efficacement sur la route et sera plus facile à manipuler, ce qui minimisera les pertes dans l’environnement. Le Guide de contrôle et d’assurance qualité du chlorure de sodium, publié en 2008, décrit les activités de contrôle aux dépôts du fournisseur et aux points de livraison, puisqu’une meilleure connaissance de la chaîne d’approvisionnement et de contrôle facilite l’identification des problématiques et des solutions à mettre en place. Des formations sur les procédures de contrôle ont également été offertes au personnel visé du Ministère.
Entreposage
Les sels de voirie utilisés pour entretenir le réseau routier du Ministère sont stockés dans près de 600 centres d’entreposage dont la gestion relève soit du Ministère, des municipalités ou des entrepreneurs, ce qui pose un défi important.
Afin de gérer plus efficacement les processus d’approvisionnement et de consommation des matériaux en régie et à contrat, un système informatique de gestion des sels de voirie a été adapté puis implanté en 2010 dans le cadre du premier plan ministériel. Une connaissance précise des inventaires ainsi que de la consommation des matériaux chaque année peut permettre de constater, en outre, l’impact des actions posées dans le cadre des plans ministériels de gestion des sels de voirie.
Dans ces 600 centres d’entreposage, la prévention et le contrôle des pertes de sels permettent de minimiser les effets négatifs sur l’environnement, et ce, particulièrement autour de chacun des sites. Pour ce faire, un centre d’entreposage aménagé de façon conforme aux meilleures pratiques et le rappel des bonnes pratiques de manutention favorisent une meilleure gestion. Celles-ci sont décrites dans le Guide des bonnes pratiques et de caractérisation des centres d’entreposage et de manutention des sels de voirie publié en 2011.
Une fiche a également été produite dans le but d’encadrer l’exercice de caractérisation des centres d’entreposage. L’objectif de cet exercice est d’évaluer les éléments constituant chaque centre d’entreposage, à savoir s’ils sont conformes ou non aux meilleures pratiques. Il sera ainsi possible de cibler les centres d’entreposage pour lesquels les effets négatifs des sels sur l’environnement pourraient être plus importants, de même que les actions à poser pour améliorer la gestion des matériaux. Un des objectifs du Ministère, cette année, est de caractériser tous les centres d’entreposage exploités et entretenus en régie. Ceux des sous-traitants seront soumis à ce même exercice dans une année ultérieure.
Une autre action inscrite dans le Plan d’action 2011-2012 est la réalisation d’une capsule de formation destinée au personnel opérationnel. Dans cette capsule vidéo, les bonnes pratiques de manutention à adopter dans les centres d’entreposage seront démontrées. Trois volets y seront couverts, soit la livraison des sels de voirie, le chargement et le déchargement des matériaux pendant les opérations de déglaçage ainsi que le lavage des véhicules et des équipements.
Épandage
En ce qui concerne les opérations de déglaçage proprement dites, une saine gestion des sels de voirie est de sélectionner le bon produit et d’en épandre la bonne quantité au bon moment.
Pour ce faire, des outils d’aide à la décision, comme l’information météoroutière, peuvent permettre aux décideurs de mieux planifier les interventions à effectuer sur le réseau en période hivernale. Dans le cadre des plans ministériels de gestion environnementale des sels de voirie, des actions sont posées pour augmenter la disponibilité des stations météoroutières et assurer la qualité des données issues des capteurs. Ainsi, près de 150 stations météoroutières mobiles embarquées dans les véhicules du MTQ et 49 stations météoroutières fixes sont mises à la disposition des membres du personnel opérationnel. Les stations mobiles leur offrent une meilleure connaissance de la situation courante à l’endroit où ils se trouvent. Les stations fixes, quant à elles, leur fournissent des données sur la situation passée et actuelle ainsi qu’un volet prévisionnel pour certains paramètres, et ce, sur des points fixes du réseau routier. Avec ces données, les décideurs peuvent prévoir de façon plus juste les interventions à effectuer sur le réseau en période hivernale.
Aussi, tous les capteurs des stations météoroutières sont calibrés chaque année pour fournir des données fiables aux décideurs. Des séances de formation ont également été offertes et d’autres le seront au cours des prochaines années pour que les utilisateurs soient en mesure d’en extraire le maximum d’information.
Certains équipements embarqués dans les camions épandeurs sont également associés à une saine gestion des sels de voirie. Aussi, une connaissance de leur inventaire permet de poser un diagnostic sur les besoins d’évolution du parc d’équipements et de cibler des actions à poser dans le cadre de futurs plans d’action. Le réseau du Ministère étant d’environ 30 400 km, cela démontre l’importance de caractériser la flotte utilisée pour assurer son entretien. Une des actions inscrites dans le plan d’action 2011-2012 est donc d’inventorier ces équipements sur les quelque 1 500 camions épandeurs utilisés pour entretenir le réseau routier du MTQ : les régulateurs d’épandage électroniques — permettant de mieux gérer la quantité de matériaux épandus pendant les opérations de déglaçage —, les systèmes de préhumidification — pour humidifier les matériaux à bord des camions — et les systèmes de communication des données. Les camions-citernes équipés d’un système d’application directe de liquide seront également soumis à cet exercice. Ce type d’intervention est généralement utilisé à titre préventif pour éviter la formation de glace noire sur la chaussée dans des conditions précises, particulièrement en présaison ou en postsaison.
La réalisation de veilles technologiques et de projets pilotes a comme objectif de définir et d’évaluer des approches alternatives aux méthodes traditionnelles de déglaçage. À titre d’exemple, en concertation avec le milieu, un projet pilote sera réalisé dans le cadre du Plan ministériel 2011-2014 sur une route du Ministère : l’utilisation d’abrasifs sera privilégiée sur une partie du réseau afin d’assurer la sécurité des usagers en période hivernale et, ainsi, réduire les effets négatifs des sels de voirie. La priorité étant la sécurité routière, la route ciblée devra répondre à des critères préétablis et l’utilisation de sel sera tout de même privilégiée dans certaines circonstances.
Des campagnes d’information menées auprès du public et de certains corps de métiers permettent de sensibiliser les gens aux problématiques liées à la viabilité hivernale. Dans cet ordre d’idée, une des cibles pour les prochains plans d’action est de rencontrer tous les corps policiers municipaux et la Sûreté du Québec pour les sensibiliser aux limites des fondants routiers utilisés sur le réseau en période hivernale. L’objectif de ces rencontres est de diminuer la pression qu’ils exercent sur les membres du personnel opérationnel afin que ceux-ci n’épandent pas une plus grande quantité de fondants que celle nécessaire pour atteindre le niveau de service désiré. Les niveaux de service — dégagé, partiellement dégagé et fond de neige durcie — ont été établis pour chaque route en tenant compte de certains paramètres, dont le débit journalier moyen hivernal.
La gestion des sels de voirie est donc une priorité pour le Ministère : chaque plan d’action est entériné avant sa mise en oeuvre et une reddition de comptes est réalisée une fois l’année terminée pour faire le point sur les réalisations et l’atteinte des objectifs. Le Ministère entend continuer dans cette voie en posant des actions chaque année pour améliorer sa gestion des sels de voirie.
Pour plus d’information, le plan d’action de l’année en cours ainsi que les bilans des plans d’action des années antérieures sont disponibles sur Internet à l’adresse suivante : http://www.mtq.gouv.qc.ca/portal/page/ portal/ministere/ministere/environnement.