La mobilité à Montréal, l'affaire de tous

Mardi 1 septembre 2015
Gestion de la circulation, Infrastructures de transport, Technologie
Figure 4 : 22 juin 2015, 18 h 20 - A-20 Ouest, depuis la rue Notre-Dame
Florian Peignier
Chef d'équipe adjoint - Maintien de la circulation
WSP Canada Inc.
Pour circuler durant les périodes de pointe dans la région de Montréal, les automobilistes doivent faire preuve de beaucoup de patience. Depuis quelques années, et tout particulièrement en 2015 dans la grande région de Montréal, cette patience est de plus en plus nécessaire sur l’ensemble de la journée, de même que les nuits et fins de semaine.
 
Qui est le grand responsable? Le dynamisme et le développement de Montréal, mais avant tout les nombreux chantiers routiers en cours.
 
En plus des entraves planifiées s’ajoutent les accidents/incidents et les entraves reliées à des interventions d’urgence.L’impact de ces événements est réel.
 
Le report continu des chantiers majeurs n’est pas toujours possible en raison du vieillissement des infrastructures. De plus en plus de chantiers, qui peuvent sembler incompatibles, doivent se tenir simultanément afin d’assurer le maintien des ouvrages.
 
La mobilité est donc compromise, ce qui explique entre autres que l’on en parle de plus en plus. En effet, la mobilité des Montréalais est essentielle et pour cela les infrastructures routières doivent être entretenues et conservées. Heureusement, il existe de nombreuses solutions pour aider à la mobilité et on pourrait ainsi parler de mobilité intelligente.
 
Les autorités compétentes ont comme objectif commun de maintenir une certaine mobilité pour les usagers malgré un nombre très important de chantiers en place. Pour cela, la rigueur et la collaboration de tous sont primordiales.
 
L’approche globale des grands projets permet de prévenir et d’amoindrir certains effets perçus négativement par la population face aux divers chantiers déjà entrepris. Elle commence au niveau des concepteurs, puis des donneurs d’ouvrage, des entrepreneurs, des surveillants et enfin des autorités responsables de la gestion opérationnelle du réseau.
 
Sans cela, les prochaines saisons de chantiers routiers seraient vraiment chaotiques en termes de maintien de la mobilité. La pression et l’irritation exacerbées descitoyens et des touristes ne s’en feraient que ressentir. L’économie de la grande région de Montréal pourrait être lourdement affectée.
 
Dans ce contexte, avec l’omniprésence de chantiers routiers et événements générant des entraves à la circulation, la gestion de la mobilité est particulièrement surveillée et devient un paramètre indispensable pour supporter et faciliter le transport des personnes et des biens dans la grande région de Montréal.
 
Cette gestion de la mobilité se retrouve partout, tant en phase de planification, de conception, que de réalisation. Ainsi, des approches différentes et des scénarios innovateurs sont pensés, conçus et appliqués. Par exemple, une approche qui consiste à équilibrer les temps d’attente permet d’optimiser les temps de déplacements dans l’ensemble de la région plutôt que de pénaliser fortement certains mouvements ou trajets.
 
L’usager est également beaucoup aidé. Avant de débuter son trajet ou en cours de trajet, divers outils peuvent être d’une grande utilité dans la planification d’un déplacement :
 
• Québec 511 montre en direct l’état du réseau routier ainsi que le détail de chaque chantier.
 
• Radio Circulation 730 AM explique aux usagers les contraintes sur le réseau et, surtout, donne des conseils précieux aux automobilistes. Pas moins de 350 000 automobilistes sont collaborateurs de la ligne Radio Circulation 730 AM. Les centres intégrés de gestion de la circulation et les patrouilleurs n-e peuvent tout voir; les usagers, puis les chroniqueurs, sont ainsi d’une grande aide.
 
• Google Maps (Google Traffic) permet de nous faire un rapport en temps réel simplifié de l’état de la circulation. Cet outil permet en effet de connaître en temps réel l’état de la circulation sur l’ensemble des corridors importants et donc permet à l’usager d’adapter son trajet en conséquence.
 
• Les panneaux à messages variables déployés sur le réseau permettent d’informer l’usager des conditions de circulation en direct.
• Waze, application de trafic et de navigation communautaire ayant le plus grand nombre d’adhérents dans le monde, permet aux automobilistes de partager en temps réel le trafic et l’état des routes, réduisant pour tout le monde frais de carburant et temps de trajets quotidiens.
 
• Les applications du ministère des Transports du Québec (MTQ), de la Ville de Montréal et des Ponts Jacques Cartier et Champlain Incorporée (PJCCI), tels que SGE Interventions, Info RTU, etc. Depuis quelques années, un grand effort d’uniformité est mis en oeuvre dans le développement de ces outils. Toutes les entraves y sont conciliées pour informer simultanément et en avance un grand nombre d’intervenants.
 
• Les communiqués de presse des autorités responsables des grands travaux (MTQ, PJCCI, Ville de Montréal), rédigés à partir des informations disponibles dans les applications cités auparavant, permettent d’informer les usagers des entraves sur chaque réseau routier.
 
À l’opposé, un GPS qui ne tiendrait pas compte du réseau routier mis à jour et de l’état de la circulation en direct n’est pas d’une grande aide pour les automobilistes. Avec celui-ci, les automobilistes semblent bien souvent se délaisser de la situation sur le terrain et ne pas considérer la signalisation de détour temporaire en place.
 
Il n’est donc pas rare de voir des automobilistes tourner en rond puisque voulant absolument passer par un tronçon fermé à la circulation. Or, ces chemins de déviation sont souvent adaptés pour que cela fonctionne.
 
Les Montréalais sont extrêmement dépendants de certaines infrastructures routières. En effet, chose rare, le 23 juin dernier, quatre bretelles de l’échangeur Turcot ont été fermées simultanément : les bretelles de l’A-15 Sud, l’A-15 Nord et l’A-20 Est pour l’A-720 Est ainsi que la bretelle de l’A-720 Ouest pour l’A-20 Ouest. L’impact sur le réseau autoroutier de la granderégion de Montréal a été considérable. Déjà, la veille, l’heure de pointe du soir avait été catastrophique avec la mise en place de l’interdiction de circulation des camions sur le pont Honoré-Mercier, de même que la restriction de circuler sur une voie unique de 3 mètres pour les automobilistes.
 
D’ailleurs, le temps requis pour traverser le pont Honoré-Mercier depuis la Rive-Sud a même atteint 2 heures 30 minutes en période de pointe du matin. Difficile à imaginer quand on ne se retrouve pas pris dans cet engorgement. Comme le mentionnent les chroniqueurs en circulation, ce n’est pas humain. On arrive au travail déjà bien fatigué, irrité et stressé. La journée n’est pas commencée et on peut déjà imaginer revivre cette attente en fin de journée.
 
Durant la période estivale 2015, de nombreuses entraves auront cours sur le réseau routier. Par exemple, la fin de semaine du 26 au 29 juin, le ministère des Transports du Québec a procédé à la fermeture complète de la bretelle menant de l’autoroute Décarie Sud à l’A-720 Est. Un chemin de détour était balisé via l’A-20 Ouest, la sortie Angrignon, le viaduc Angrignon, et l’A-20 Est. Pourtant, il a été constaté que très peu d’automobilistes ont emprunté ce corridor de détour. Les automobilistes veulent-ils éviter les détours de peur de se retrouver pris avec ceux qui suivent les détours? Anticiper la réaction des usagers n’est pas toujours facile. 
 
Il n’est plus rare de voir, durant l’heure de pointe du soir, un réseau autoroutier montréalais extrêmement congestionné avec bien souvent des vitesses relevées inférieures à 5 km/h. Il est d’ailleurs constaté qu’il s’agit surtout des résidents de la Rive-Sud qui subissent le plus les entraves à la circulation. Dans ce contexte de congestion majeure, toute solution est à considérer pour aider à la mobilité. Par exemple, la fermeture dynamique de bretelles pour aider à la gestion de la circulation. Ces tronçons ne sont nullement utiles pour réaliser les travaux, mais sont fermés pour mieux orienter les usagers et anticipercertaines problématiques de circulation. On parle souvent de bretelles d’entrée et de sortie qui alimentent ou vident le réseau supérieur.
 
La réflexion sur la mobilité ne se limite plus aux périodes de pointe, mais également aux périodes hors pointe ainsi qu’aux samedis et dimanches. Un des enjeux particuliers est la circulation les fins de semaine. De nombreuses fins de semaine sont ciblées par les gros chantiers de construction et notamment par les trois grands projets d’envergure entrepris en 2015 :
 
• le nouveau pont Champlain;
• l’échangeur Turcot;
• l’autoroute Bonaventure.
 
Il est nécessaire d’avoir de bonnes ententes, collaborations et communications entre les différents paliers gouvernementaux,
elles existente déjà à Montréal.
 
Toutefois, malgré toutes les démarches de coordination qui pourraient être entreprises en amont, sans une bonne communication, ces démarches n’en seront que peu visibles pour l’usager. Il existe, pour l’usager, une multitude de comités de coordination visant la gestion de la mobilité et la coordination des entraves ayant un impact sur le réseau routier. Des comités techniques comme Mobilité Montréal et divers comités de coordination des entraves contribuent à cela.
 
Dans ce cas de figure, toute friction sur le réseau routier a un impact non négligeable sur la mobilité (des repères visuels qui débordent sur les voies, un véhicule en arrêt sur le bas-côté imposant un dépassement, la production de constat sur les voies de circulation, un automobiliste qui déboîte ou se rabat sans enclencher ses clignotants, etc.). Tous ces comportements peuvent paraître anodins, mais non sans conséquence sur la mobilité.
 
Ainsi, lorsque les individus travaillent ensemble, c’est très bénéfique. Imaginez l’ensemble des conducteurs sur les routes travaillant ensemble vers un objectif commun : déjouer le trafic et donner à tous, chaque jour, le meilleur temps de parcours pour aller et revenir du travail.
 
Bien évidemment, il faut aussi revoir le problème à la source. L’automobile détériore les grandes villes du monde. Elle les encombre, les pollue et les enlaidit. Par excès d’usage et par saturation de l’espace urbain, la congestion croissante permet peut-être de faire changer d’image la place de l’automobile dans la conscience collective, qui semblait, pourtant, lui être totalement acquise.
 
Toutefois, ces diverses inquiétudes seraient légitimes si la limitation de la circulation automobile ne s’accompagnait pas d’un effort réel et substantiel de mise en place de mesures d’atténuation, de coordination, de solutions concrètes, notamment en faveur des transports en commun.
 
Il n’y a pas qu’une seule solution. C’est la combinaison de multiples solutions qui va permettre de maintenir la mobilité tout en effectuant une multitude de travaux.
 
Les ingénieurs en transports contribuent à déployer des mesures efficaces et applicables au contexte montréalais. Le développement de nouvelles technologies de communications et de déplacements est d’une grande aide.
 
La technologie évolue à grands pas et le monde de l’automobile ne passe pas à côté de ces changements. En effet, la naissance d’une voiture sans conducteur en mesure de circuler librement n’est plus utopique. Certains constructeurs automobiles tentent de créer les voitures du lendemain : des voitures plus intelligentes que leur conducteur. Chaque décision prise est analysée au préalable par la centrale de la voiture en prenant en compte de nombreux paramètres environnementaux (trafic, itinéraire, signalisation, etc.). La « Google car » connaît déjà une notoriété mondiale. Les études démontrent que la standardisation de cette nouvelle technologie permettrait de faire diminuer considérablement les accidents et la congestion routière.
 
Les nouvelles technologies du numérique permettent d’optimiser les trajets des usagers en leur permettant de combiner ou de partager plusieurs moyens de transport : automobile, tramway, bus, vélo, etc.
 
Pour le Québec, les solutions sont llà, les compétences sont là. Le Québec est sur la bonne voie. 

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