Mobilité active et travaux en milieu urbain : contraintes et solutions

Introduction

Les Villes se dotent de plus en plus de Plan de transport, de Plan de développement durable, de Plan de réduction des gaz à effet de serre, de Plan de mobilité active, de Schéma d’aménagement favorisant les modes de transport actifs et collectifs. Le partage de la chaussée entre les divers usagers est essentiel à la réussite de ces orientations. De nombreux aménagements sont réalisés dans l’emprise publique pour répondre aux demandes des différents modes de transport.

Qu’arrive-t-il lorsque des travaux sont à prévoir en milieu urbain? Les déplacements motorisés, actifs et durables sont souvent perturbés lors de la réalisation de travaux. La mobilité active est la capacité des personnes à se déplacer par leurs propres moyens, qu’il s’agisse de piétons (notamment les enfants et les aînés), de cyclistes ou de personnes à mobilité réduite. Il est alors primordial de prévoir tous ces modes de déplacements actifs dans la planification de l’ensemble des mesures de mitigation à mettre en place lors de la réalisation des travaux en milieu urbain.

Ouvrages de référence et outils

Certains ouvrages de référence peuvent être utilisés dans la planification des mesures de mitigation et l’élaboration des planches de signalisation nécessaires au maintien de la mobilité active lors des travaux en milieu urbain.

Parmi ceux-ci nous retrouvons :

• Le Code de la sécurité routière (CSR);
• Les Normes – Ouvrages routiers du ministère des Transports du Québec (MTQ), tome V : Signalisation routière, volumes 1 à 3;
• Les Normes – Ouvrages routiers du MTQ, tome III : Dispositifs de retenue;
• Les Normes – Ouvrages routiers du MTQ, Cahier des charges et devis généraux;
• Le Cahier des charges normalisées – Maintien de la circulation, signalisation temporaire et gestion des impacts de certaines grandes villes, dont la Ville de Montréal;
• Le guide des Aménagements en faveur des piétons et des cyclistes de Vélo Québec.

Le Code de sécurité routière prévoit que toute personne responsable de la gestion ou de l’entretien de chemins publics incluant les personnes effectuant des travaux sur un chemin public ouvert à la circulation routière est légalement tenue de se conformer aux Normes de signalisation routière. Ces normes élaborées permettent d’uniformiser la signalisation, facilitent la compréhension et accroissent la sécurité de l’ensemble des usagers. Elles prévoient des exigences normatives, dont certaines revêtent un caractère règlementaire (obligatoire) sous peine de sanctions. Le tome V du ministère des Transports encadre, entre autres, l’utilisation des dispositifs de signalisation, notamment les barrières et les repères visuels ainsi que les signaux lumineux et les panneaux de signalisation. Le tome V inclut également des dessins normalisés de même que des exigences et des recommandations sur le marquage et les voies cyclables.

Il est important de mentionner qu’une série de panneaux de détour pour piétons et cyclistes sont maintenant normalisés et inclus dans le tome V depuis janvier 2014. Deux nouveaux panneaux « utiliser l’autre trottoir » et « utiliser passage temporaire » sont également normalisés. Installés aux endroits appropriés, ces panneaux indiquent le parcours que doivent emprunter les piétons et les cyclistes. Accompagnés du panonceau flèche (T-240), ces derniers panneaux peuvent remplacer la série de panneaux de détour piétons et cyclistes lorsque le trottoir ou le passage temporaire est visible et accessible depuis l’entrave.

La Table d’expertise sur la Signalisation de l’AQTr s’est donné le mandat de développer de nouveaux modèles de dessins normalisés de détour piétons et cyclistes reliés à ces nouveaux panneaux. Ces dessins seront éventuellement insérés dans les Normes – Ouvrages routiers du MTQ, tome V. Ils permettront de mieux encadrer l’utilisation de ces panneaux selon l’aire de travail déterminée au préalable.

Le tome III : Dispositif de retenue des Normes – Ouvrages routiers du MTQ traite des glissières en béton pour chantier. Le Cahier des charges et devis généraux des Normes – Ouvrages routiers du MTQ encadre, notamment, la formation des signaleurs de chantier routier.

Le Cahier des charges normalisées – Maintien de la circulation, signalisation temporaire et gestion des impacts de certaines grandes villes dont la Ville de Montréal précise certaines règles et certains outils concernant le maintien de la mobilité active lors des travaux, dont les signaleurs, la présence policière et différents types de barrières et clôtures à utiliser pour la protection des piétons et des cyclistes.  

Afin de proposer des aménagements temporaires pour les piétons et les cyclistes, les concepteurs peuvent également consulter le guide technique des Aménagements en faveur des piétons et des cyclistes de Vélo Québec. Cet outil indispensable fournit entre autres des caractéristiques intéressantes à considérer sur les piétons et les cyclistes et présente les meilleures pratiques en faveur des déplacements actifs.

Les éléments à considérer

Les gestionnaires des emprises qui souhaitent réaliser des travaux doivent tenir compte de l’ensemble des usagers, faire l’analyse de la zone des travaux et définir les besoins en mobilité. Les fonctions de la rue doivent être maintenues, soit dans le même axe, soit détournées, et plusieurs éléments sont à considérer, tels que :

• La circulation automobile;
• Le camionnage en transit ou en livraison;
• Le passage des véhicules d’urgence;
• Le passage et le maintien des arrêts du transport en commun;
• La circulation piétonne (incluant l’accessibilité universelle);
• Les cyclistes;
• Le maintien des débarcadères (écoles, garderies, hôtels, églises, centre hospitalier ou de personnes âgées, ou autres);
• Le maintien des accès aux commerces;
• Le maintien des activités d’entretien (balai, déneigement);
• La gestion de la collecte des ordures.

L’élaboration de solutions

Il faut considérer que les transports actifs sont des modes qui dépendent essentiellement de l’énergie humaine, les détours sont alors moins intéressants que le maintien d’un corridor le long de l’aire de travail. Le tracé le plus direct et le plus court assurera le respect du corridor souhaité. Il est malheureusement impossible d’obliger le piéton et le cycliste à utiliser les détours affichés, toutefois leur conformité aux normes est la seule façon pour le gestionnaire du réseau routier de prouver qu’il a fait preuve d’une diligence raisonnable en cas d’accident.

Si des détours pour les cyclistes sont nécessaires, outre l’installation d’une signalisation horizontale et verticale, une attention particulière doit être portée aux intersections afin de s’assurer que la traversée des cyclistes se fasse de façon sécuritaire. Lorsque l’intersection est munie d’un feu de circulation, sa programmation doit être analysée et lorsqu’il n’y en a pas, les créneaux doivent être suffisants. L’état de la chaussée doit être satisfaisant pour que les cyclistes y circulent de façon sécuritaire.

Le long de l’aire de travail, une barrière ou une clôture limite le chantier, empêchant ainsi l’accès, et évite les chutes des piétons et des cyclistes.

Le choix des aménagements temporaires pour piétons et cyclistes se fait en fonction de la durée des travaux. Les aménagements doivent prévoir la circulation des personnes à mobilité réduite. À cet effet, les couloirs aménagés doivent être d’une largeur suffisante, libres de tout obstacle et des rampes (abaissées de trottoir) doivent être prévues. Ces couloirs ou passages temporaires doivent être délimités par une barrière ou une clôture ou même couverts.

Conclusion

Afin d’assurer une bonne gestion de la circulation en situation de travaux, la planification des mesures de mitigation à mettre en place doit se faire avant, pendant et après la réalisation des travaux.

L’information transmise à l’usager doit se faire par une signalisation conforme, lisible, uniforme et compréhensible.

La mise en place et le maintien des mesures sécuritaires doivent répondre aux différents besoins du milieu en matière de déplacements motorisés, actifs et durables.

Le maintien de la mobilité active lors des travaux en milieu urbain comporte de nombreux défis et contraintes. Chaque chantier est unique et a ses propres contraintes et particularités. Il est donc important pour le gestionnaire qui souhaite effectuer des travaux sur les réseaux routiers en milieu urbain de bien considérer et évaluer tous les éléments propres à chacun des sites et de respecter une conception conforme aux normes de signalisation routière. La mobilisation et la collaboration des différents intervenants sont essentielles au succès de mesures de mitigation efficaces.