L’ingénierie ferroviaire au Ministère

Revue Routes et transports automne-hiver 2022-2023 : Décarbonation : transformation des transports, propulsion vertes  | Article de Simon Paquette et Samuel Morin - Ministère des Transports et de la Mobilité durable

Saviez-vous que le ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD) est responsable de l’encadrement législatif et de la surveillance d’environ 30 % du réseau ferroviaire au Québec?  Cela inclut les équipements ferroviaires utilisés par les sites industriels connectés au réseau. Le MTMD assure aussi l’entretien et la réhabilitation du chemin de fer Québec Central et de celui de la Gaspésie, dont il détient la propriété. Et ce n’est pas tout : le Ministère joue un rôle clé dans l’élaboration et le respect de la réglementation de sécurité liée aux grands projets de transport collectif. C’est le cas du Réseau express métropolitain dans la région de Montréal et des projets de tramway dans la province, notamment celui de la Ville de Québec.

Les responsabilités du MTMD dans le domaine ferroviaire au Québec

Les responsabilités du Ministère dans le secteur ferroviaire se révèlent multiples. Voici les façons dont elles se déclinent.

Sur le plan de la sécurité

En vertu de la loi, la responsabilité première en matière de sécurité ferroviaire appartient aux compagnies de chemins de fer, et ce, tant pour les chemins de fer de compétence fédérale que pour ceux de compétence provinciale. Il incombe donc à ces compagnies de démontrer qu’elles gèrent leurs réseaux ferroviaires de manière sécuritaire. Le MTMD, quant à lui, veille à ce que ces compagnies prennent tous les moyens à leur disposition pour assurer une exploitation sécuritaire de leurs équipements. De plus, une équipe du MTMD spécialisée et composée d’ingénieurs avec des profils de compétences différents (civil, électrique, mécanique, géologique) inspecte les installations de chacune des compagnies sous compétence québécoise. L’équipe enquête, au besoin, sur les accidents ou événements qui se produisent sur le réseau relevant de la compétence du Québec.

En fait, chaque inspecteur de l’équipe de sécurité du Ministère développe une expertise bien précise (exploitation, voies ferrées, ouvrages d’art, matériels roulants, équipements et passages à niveau) pour permettre au MTMD de mettre en œuvre son Programme de surveillance de la sécurité. Ce programme repose sur une analyse de risques rigoureuse des opérations ferroviaires. Au total, une dizaine de compagnies de chemin de fer et près de 150 sites industriels sont visés par ce programme. Lorsqu’une inspection révèle un facteur de risque dans la circulation sur le réseau ferroviaire ou les activités sur un site industriel, le Ministère se déplace sur les lieux et peut exiger l’application immédiate de mesures par l’entreprise concernée. C’est le cas notamment si des lacunes ou des défectuosités sont observées sur une voie, un ouvrage d’art, un système de signalisation ou du matériel roulant. Aux mesures déployées peut s’ajouter un plan d’action pour enrayer le problème et réduire les risques identifiés. Par ailleurs, l’équipe d’inspecteurs-enquêteurs assure une disponibilité 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 pour le volet enquête sur les accidents et incidents ferroviaires. En cas de situation majeure, peu importe l’endroit au Québec, l’équipe peut être dépêchée sur les lieux de l’événement afin de collecter des données, d’interroger les intervenants concernés et de recueillir les renseignements permettant une compréhension complète des circonstances de l’incident. Ces informations permettent ensuite de déterminer les causes de l’accident ainsi que les facteurs de risques connexes et enfin de rédiger un rapport d’enquête.

Ultimement, selon le rapport, le MTMD peut formuler des recommandations aux compagnies de chemin de fer ou aux sites industriels pour réduire ou éliminer les lacunes de sécurité découvertes au cours d’une enquête. Enfin, l’équipe d’inspecteurs-enquêteurs maintient des collaborations étroites avec les différents partenaires de l’industrie du transport ferroviaire au Québec. Ce travail de concertation est fort profitable pour permettre aux membres de l’équipe de demeurer à l’affût des bonnes pratiques dans le domaine de la sécurité ferroviaire et de contribuer à la conformité réglementaire des entreprises qui exploitent des engins ferroviaires au Québec. 

En matière d’entretien et de réhabilitation

En tant que propriétaire des chemins de fer Québec Central et de la Gaspésie, le Ministère en assure l’entretien, le maintien d'actifs ainsi que la réhabilitation. Il permet leur développement en collaboration avec ses nombreux partenaires. Ces deux chemins de fer font l’objet de projets de réhabilitation qui impliquent la réalisation d’importants travaux. Le chemin de fer Québec Central est actuellement en service sur le tronçon de Lévis à Sainte-Marie, alors que celui de la Gaspésie est exploité entre Matapédia et Caplan. Le MTMD est à l’œuvre pour étendre l’exploitation de ces deux tronçons qui a cessé il y a quelques années. 

Sur le terrain, les travaux se traduisent entre autres par la reconstruction de structures, le changement de ponceaux et de rails, le remplacement de traverses de bois et la réfection de passages à niveau. Tous ces travaux se doivent de respecter les plus hauts standards de conception et de sécurité de l’industrie ainsi qu’un ensemble de réglementations. Il peut s’agir par exemple des périodes de nidification, de celles de la reproduction des espèces aquatiques ou encore des règles environnementales tant fédérales que provinciales. L’expertise du Ministère permet d’intégrer les meilleures pratiques de sécurité, de favoriser le déploiement de technologies de pointe et d’optimiser le transport ferroviaire sur ces réseaux.

L’expertise ferroviaire de pointe du MTMD 

Les interventions du Ministère en matière de transport ferroviaire ont permis le développement d’une expertise de pointe au sein de plusieurs unités dotées de mandats à la fois différents et complémentaires. Cette expertise ne fait pas l’objet d’un programme proposé dans les universités du Québec ou d’ailleurs. Les employés du secteur ont, pour la plupart, acquis leur propre savoir-faire sur le terrain, au fil de leur pratique.

De façon générale, ces parcours s’appuient sur les programmes de génie civil, mécanique, électrique et géologique. Ces formations et bien d’autres procurent les bases requises pour la gestion de projets d’infrastructures ferroviaires et la surveillance de voies ferrées, d’ouvrages d’art, de systèmes de signalisation aux passages à niveau, de locomotives et de wagons, ainsi que pour leur protection lors d’aléas naturels. 

Pour maintenir ce niveau de savoir-faire, les équipes suivent de la formation en continu autant à l’interne qu’à l’externe.

De plus, plusieurs outils et procédures ont été élaborés par les ressources du MTMD dans une perspective de consolidation et de développement des compétences. À titre d’exemple, l’équipe d’inspecteurs-enquêteurs ne se limite pas strictement à son champ de responsabilité. La multitude des mandats qui lui sont confiés en témoigne. En effet, ses tâches s’étendent du soutien aux entreprises jusqu’à l’analyse de demandes formulées dans le cadre de programmes d’aide financière en passant par l’émission d’avis pour des projets d’innovation technologique  Ce contexte de diversité des mandats et d’intégration de connaissances en milieu de travail nécessite une synergie, un travail d’équipe continu et un accompagnement des nouvelles ressources. 

Un ingénieur ferroviaire nous expose son parcours et son expérience personnelle

Monsieur Simon Paquette a étudié en génie de la construction à l’École de technologie supérieure (ÉTS) à Montréal. Pendant son parcours universitaire, il a fait un stage pratique au sein d’une grande compagnie de chemin de fer canadienne. Concrètement, il a contribué à l’inspection et à l’analyse de près de 15 000 km de voies ferrées dans le but de détecter les défauts pouvant compromettre la sécurité des opérations ferroviaires.

À la fin de ses études universitaires, Simon a gravi les échelons du métier et a su conjuguer son expérience théorique avec la réalité du terrain. Il poursuivait alors son rêve de devenir superviseur d’une voie ferrée au Canada. Pour y parvenir, Simon a d’abord occupé un poste d’agent de la voie et d’inspecteur au sein d’une compagnie de chemin de fer. Il a commencé par se familiariser avec l’environnement en accomplissant diverses tâches reliées à la construction et à l’entretien des voies ferrées. Ce tremplin a offert à Simon l’occasion de s’approprier les normes applicables en matière de sécurité des infrastructures.

Son expérience acquise sur le terrain pendant près de trois ans lui a permis par la suite d’accroître son niveau de responsabilité au sein de la même entreprise. Pendant quatre ans, Simon a occupé un poste de superviseur, où il a eu l’occasion de diriger une dizaine d’employés agents de la voie. Alors que la progression de sa carrière allait bon train, un déclic s’est opéré dans l’esprit de Simon au moment où il collaborait avec des ingénieurs du MTMD lors d’une inspection de conformité réglementaire. De nouvelles perspectives insoupçonnées se sont ouvertes alors à lui et son rêve est devenu réalité. Aujourd’hui, Simon travaille en tant qu’inspecteur-enquêteur en sécurité ferroviaire au sein même de l’unité responsable de la surveillance du réseau ferroviaire québécois, laquelle relève de l’autorité législative du gouvernement du Québec. En transmettant son expérience acquise tout au long de sa carrière, il contribue à l’expertise de son équipe multidisciplinaire.

Les défis demeurent grands dans le transport ferroviaire des personnes et des marchandises. L’avenir de Simon est donc prometteur. Si le parcours de Simon vous inspire, le Ministère vous invite à visiter son site carrière au Québec.ca/emplois-transports pour obtenir plus d'informations.