L’art de la signalisation, moyen de communication privilégié avec les usagers

Mercredi 21 mars 2012
Gestion de la circulation
Traverse diagonale

La signalisation fait partie intégrante du paysage routier et est un outil de communication essentiel pour l’usager de la route. Le langage de la signalisation routière doit donc être clair et compréhensible par tous. Il est, par conséquent, en constante évolution et fait l’objet de recherches continues afin d’accroître la sécurité routière et la fluidité de la circulation. À cet effet, le ministère des Transports du Québec (MTQ) a récemment mis sur pied une nouvelle méthode permettant d’évaluer le niveau de compréhension des dispositifs de signalisation auprès d’un échantillon représentatif d’usagers québécois de la route.

Historique de la signalisation

Les premiers feux de circulation sont apparus à Détroit en 1910, mais ce n’est qu’au début des années 1920 que s’amorce l’implantation d’une signalisation symbolique. L’initiative en revient à J. Omer Martineau, un ingénieur adjoint en chef du ministère de la Voirie du Québec.

M. Martineau avait compris que les gens ne savaient pas tous lire, mais qu’ils étaient nombreux à vouloir conduire. En 1923, il entreprend de remplacer les panneaux textuels par des panneaux illustrés de symboles. La même année, la Canadian Good Roads Condition Association adopte certains de ces éléments pour le réseau routier canadien. Le principe de signalisation symbolique obtiendra ensuite la reconnaissance internationale dans le cadre de la Conférence mondiale sur les transports routiers de 1949.

Depuis ce temps, la signalisation routière a continué d’évoluer et de nombreux nouveaux panneaux symboliques ont vu le jour. Toutefois, son objectif est toujours demeuré le même : elle est conçue et installée de manière à aider l’usager de la route tout au long de son parcours, en lui permettant d’adapter sa conduite aux diverses situations qui se présentent à lui, et ce, afin de lui éviter hésitations et fausses manœuvres. En plus de servir de guide en indiquant la route à suivre ainsi que les dangers qui la parsèment, elle rappelle les diverses prescriptions du Code de la sécurité routière et des règlements municipaux.

Principe et méthodologie

Avant d’être normalisés ou utilisés sur la route, les nouveaux dispositifs de signalisation devraient idéalement être testés afin de déterminer s’ils sont facilement compréhensibles. À ce jour, toutefois, aucune méthode scientifique détaillée n’a été élaborée ni approuvée par les organisations routières canadiennes afin de vérifier le niveau de compréhension de ces dispositifs auprès de la population.

C’est pourquoi le Comité permanent des techniques et de la gestion de la circulation de l’Association des transports du Canada (ATC) a lancé, en 2008, un projet afin que soit développée une méthode simple permettant d’évaluer l’efficacité des dispositifs de signalisation.

Les résultats de ce projet ont ensuite été adaptés aux besoins québécois. En effet, la méthode développée grâce à ce projet de l’ATC recommandait que les tests de compréhension soient réalisés en personne (face à face). Jugeant cette approche trop fastidieuse, le MTQ a plutôt choisi de procéder à des essais de compréhension par Internet, permettant ainsi de joindre facilement et à faible coût le public cible, soit les détenteurs de permis de conduire québécois.

Puisque la participation au sondage était volontaire, le MTQ devait trouver un moyen d’attirer les internautes. Ainsi, des bannières animées et cliquables menant à la page de départ du sondage ont été placées sur les sites Web du MTQ et de Québec 511. Ces sites sont reconnus pour être fréquemment consultés par les usagers de la route désireux de planifier leurs déplacements en fonction des travaux routiers et des conditions routières.

La stratégie a nettement porté ses fruits : le premier sondage, réalisé en février 2011, a généré 417 réponses, alors que le deuxième, réalisé en juillet 2011, en a généré 1 232. Près de trois fois plus! Et dire que chacun de ces sondages n’a été en ligne que pendant trois semaines... Qui plus est, chacune de ces réponses était unique, puisqu’un moyen de contrôle informatique permettait d’empêcher un participant de répondre au sondage plus d’une fois.

Chaque sondage, d’environ 15 minutes, se déroulait comme suit pour les participants :

- quatre questions de classification (âge, sexe, ville de résidence, niveau d’études);

- deux questions de pratique;

- huit à dix questions ouvertes;

- quatre à six questions à choix multiples.

En effet, les questionnaires ont été limités à une quinzaine de minutes parce qu’il a été démontré scientifiquement que les participants commençaient à perdre de l’intérêt après avoir visionné plus de 20 panneaux ou après 20 minutes de questions.

Pour les questions ouvertes, le participant devait cliquer à l’écran pour voir apparaître un dispositif de signalisation illustré sur photo dans un contexte approprié. Après 10 secondes d’affichage, la photo disparaissait et le participant disposait de tout son temps pour répondre à la question « Qu’est-ce que ce panneau signifie? ».

Pour les questions à choix multiples, dont le but est de comparer l’efficacité de deux dispositifs différents ayant le même objectif, le participant voyait à l’écran les deux dispositifs illustrés côte à côte et dans le même contexte. La signification du dispositif était mentionnée au participant et celui-ci devait répondre à la question « Quelle note, de 1 à 10, donneriez-vous à chacun de ces panneaux? ».

Une fois corrigées et compilées, les réponses des participants ont été comparées au barème suivant pour déterminer si le taux de compréhension d’un dispositif de signalisation était suffisant pour confirmer son acceptation et son installation sur la route :

- 95 % de réponses correctes pour les dispositifs à incidence « critique » (arrêt, cédez, sens unique, entrée interdite, signaux lumineux);

- 85 % de réponses correctes pour les dispositifs « importants » (limites de vitesse, manœuvres obligatoires ou interdites, panneaux de danger, panneaux de travaux);

- 75 % de réponses correctes pour les autres dispositifs (panneaux de stationnement, d’information, d’équipements touristiques, etc.).

Résultats

Les résultats, classés selon le besoin par sexe, par groupe d’âge ou par provenance des participants, ont permis de tirer des conclusions quant à la performance, l’efficacité et la clarté du dispositif de signalisation et du message transmis à l’usager de la route.

À titre d’exemple, deux des panneaux de signalisation testés ont généré des résultats très différents, comme en témoigne la figure 1.

Ainsi, le premier modèle de panneau servant à indiquer des travaux dans la sortie a été retenu pour normalisation, car il a obtenu 94 % de réponses correctes, alors que le deuxième modèle n’a pas su atteindre le seuil minimal requis de 85 %.

Quant aux modèles de panneaux indiquant un pont de glace pour traverser une étendue d’eau, aucun des modèles n’a bien performé, les résultats étant bien en deçà du seuil minimal de 75 %.

La suite

À l’avenir, le MTQ a l’intention de procéder à deux ou trois sondages par année, chacun permettant de tester une dizaine de dispositifs de signalisation. Les panneaux qui auront obtenu des résultats supérieurs au seuil minimal requis pourront être normalisés et utilisés de façon régulière, alors que ceux n’ayant pas obtenu les résultats suffisants devront être retravaillés avant d’être installés sur la route.

De plus, les prochains sondages seront également menés en anglais, permettant non seulement de joindre la clientèle anglophone du Québec, mais également celle des autres provinces canadiennes. En effet, plusieurs villes et ministères des transports provinciaux se sont montrés désireux de mettre notre sondage en ligne directement sur leur page d’accueil Internet.

Avec ce nouvel outil permettant de mesurer la compréhension des dispositifs de signalisation, le MTQ ne se limite plus à communiquer
avec les usagers en installant des panneaux sur la route, mais il leur permet également de contribuer au développement des dispositifs
alors que ces derniers en sont encore à l’étape conceptuelle!

Sur la toile

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AQTr

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