La formation en surveillance environnementale de chantier : un pas de plus pour la protection de l’environnement au MTQ

Jeudi 21 mars 2013
Infrastructures de transport
Pose d'un matelas anti-érosion pour la protection temporaire des sols
Dominique Boursier-Lépine
Biologiste - Service de l'environnement
Ministère des Transports et de la Mobilité Durable (MTMD)

Introduction

Le ministère des Transports du Québec réalise chaque année des milliers de travaux de construction, de démolition, de réfection, de réparation et d’entretien sur les 30 600 km de routes qui sont sous sa responsabilité au Québec. Ces travaux peuvent présenter, à des degrés divers, des risques pour les milieux naturels à proximité des chantiers. De ce fait, la prise en considération de l’environnement dans les projets routiers est primordiale, aussi bien au moment de leur conception que de leur réalisation. C’est à cet effet que le Ministère a conçu et rendra disponibles, au printemps 2013, des outils de formation et de perfectionnement en surveillance environnementale de chantier.

L’environnement au ministère des Transports du Québec

La protection de l’environnement est au cœur des préoccupations du ministère des Transports. En plus d’être assujettis à plusieurs lois environnementales, dont la Loi sur la qualité de l’environnement et la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune, les travaux d’infrastructures sont réalisés selon les normes et les politiques environnementales en vigueur au Ministère. Ces documents ainsi que les documents contractuels du Ministère sont continuellement ajustés en fonction des nouvelles pratiques et exigences environnementales.

Parallèlement, des actions concrètes en matière de suivi et de protection de l’environnement se multiplient depuis les 40 dernières années. Celles-ci permettent au Ministère de mieux comprendre les répercussions de ses diverses interventions et ainsi de prévenir ou d’atténuer leurs effets néfastes. C’est dans ce mouvement qu’a été lancée en 2010 la Stratégie québécoise pour une gestion environnementale des sels de voirie. C’est également en ce sens que le Ministère a élaboré la politique sur le bruit routier, l’approche de la gestion écologique de la végétation ainsi que la méthode du tiers inférieur pour l’entretien des fossés routiers.

La Stratégie québécoise pour une gestion environnementale des sels de voirie

Ayant pour objectif d’inciter les administrations publiques et privées à optimiser l’utilisation des sels de voirie, et ce, à l’aide d’outils d’accompagnement et de meilleures pratiques de gestion, la Stratégie québécoise pour une gestion environnementale des sels de voirie contribue à diminuer les impacts sur le réseau hydrique, les nappes aquifères, le sol, la faune et la flore sans pour autant compromettre le fonctionnement du réseau et la sécurité des usagers.

De plus, durant l’année 2011-2012, ce sont 20 % des projets de recherche du Ministère qui ont été réalisés sur le thème de l’environnement dans le domaine des transports. La libre circulation du poisson, l’impact des routes sur le paysage, la qualité de l’eau de ruissellement, ainsi que la circulation et la qualité de l’air font partie des thèmes abordés dans ces projets. Les résultats permettent au Ministère de demeurer à l’affût des nouveaux outils et des nouvelles pratiques dans le domaine de l’environnement.

Les besoins propres en surveillance environnementale de chantier

Le ministère des Transports dispose d’un cadre normatif et contractuel important qui circonscrit la vaste majorité de ses activités, de la conception à l’entretien de ses infrastructures, en passant par leur construction. Cependant, en matière environnementale, il n’est pas possible d’intégrer tous les aspects des chantiers au cadre normatif. En effet, les travaux d’infrastructures routières sont réalisés à des endroits, à des moments et dans des conditions trop variables pour que tout puisse être prévu. Ainsi, force est de reconnaître que, malgré les efforts de prévention réalisés en amont des projets, des risques d’impacts sur les milieux demeurent lors de la réalisation de travaux.

En plus du cadre normatif et contractuel, la clé du succès environnemental d’un chantier de construction repose sur la surveillance environnementale qui y est faite. Celle-ci permet d’assurer un contrôle sur les différents aspects d’un chantier qui pourraient avoir des impacts sur les milieux naturels, d’adapter les mesures de prévention au contexte du terrain et aux conditions existantes, de réagir efficacement dans le cas de déficiences environnementales et de mettre en place les mesures correctrices appropriées et, enfin, de s’assurer du respect des conditions d’assujettissement des autorisations et des permis délivrés en vertu de la législation.

Par ailleurs, bien que des formations aient été données ponctuellement par les directions territoriales du Ministère dans plusieurs chantiers, il est apparu nécessaire d’uniformiser leur contenu pour assurer la cohérence des interventions dans l’ensemble du réseau ministériel.

La formation en surveillance environnementale de chantier

La formation en surveillance environnementale de chantier, réalisée avec la collaboration du ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEFP) et du ministère des Ressources naturelles (MRN), permettra d’uniformiser les contrôles environnementaux en chantier et, en conséquence, de poursuivre les efforts visant à diminuer les risques d’impacts associés à ces travaux. Cette initiative fait foi de la volonté du Ministère d’agir dans une perspective de prévention en matière de protection des ressources naturelles.

La formation a pour objectif de réaliser des travaux de construction et d’entretien routier dans un contexte de protection optimale de l’environnement. Elle permettra de sensibiliser tous les intervenants sur les chantiers de construction du Ministère et de leur transmettre les attentes de l’organisation quant aux méthodes et aux mesures appropriées à la protection de l’environnement sur les chantiers, en particulier à la protection du milieu hydrique.

Divisée en sept modules portant chacun sur différents aspects de l’environnement sur les chantiers, la formation sera offerte aux surveillants de chantier, aux entrepreneurs, aux gérants de projet et à tous les intervenants ou membres du personnel du Ministère appelés à travailler sur les chantiers routiers. Elle met l’accent sur le contrôle de l’érosion et des sédiments puisque ce sont les impacts les plus souvent observés sur les chantiers.

Les premiers modules rappellent certains éléments de contexte tels que le cadre législatif en environnement, certaines notions de base utiles au surveillant de chantier et le rôle des différents intervenants sur un chantier de construction. Les étapes de la planification des travaux et le contenu type d’un plan de contrôle de l’érosion et des sédiments sont ensuite détaillés puisque ces étapes, préalables aux chantiers, ont un impact considérable sur leur bon déroulement. En effet, une bonne planification permet une protection optimale des milieux sensibles, notamment les cours d’eau, et une préparation efficace pour réagir aux imprévus.

Ensuite, le module central de la formation présente les mesures et les ouvrages de contrôle de l’érosion et des sédiments, ce qui constitue 80 % de l’ensemble du contenu de la formation. Ce module repose sur les deux règles de base de la bonne gestion environnementale d’un chantier, qui sont :

  • Contrôler l’érosion. S’il n’y a pas d’érosion, il n’y aura pas de sédiments. Il faut donc agir sur la cause, l’érosion, pour en diminuer ou en éliminer les effets, les sédiments.
  • Conserver les sédiments sur le site. Lorsque les mesures préventives n’ont pas permis d’empêcher complètement l’érosion, tout mettre en oeuvre pour que les sédiments demeurent sur le site.

Les deux règles de base doivent être appliquées dans une approche dite « de contrôle du périmètre », c’est-à-dire qu’on tente de contrôler les eaux qui entrent sur le site et de capter tous les sédiments avant qu’ils ne sortent du site.

Afin de maximiser la compréhension des participants à la formation, chacune des méthodes ou des techniques présentées dans le module de prévention et de contrôle de l’érosion et des sédiments comporte une présentation, un résumé des avantages et des inconvénients de son utilisation, sa méthode d’installation, et des exemples de bonnes et de mauvaises pratiques. Des photographies et des croquis sont utilisés le plus souvent possible pour illustrer les concepts véhiculés.

Le module suivant de la formation présente les autres aspects environnementaux à considérer durant la surveillance de chantier. On y présente, tour à tour, les mesures à appliquer en matière de récupération des débris de démolition des structures, de manutention des produits pétroliers et de gestion des sols contaminés. On aborde ensuite les éléments de surveillance relatifs aux composantes biophysiques, soit les milieux humides, le puisage d’eau, le déboisement et la gestion des déblais, des rebuts et des espèces envahissantes. On y traite enfin des éléments pouvant avoir un impact sur les composantes humaines de l’environnement, comme le climat sonore, le contrôle des poussières, le milieu agricole et l’archéologie.

L’un des modules traite des mesures relatives au nettoyage des fossés. On présente la méthode du tiers inférieur, qui est la référence au Ministère en la matière. Le dernier module de la formation présente toutes les étapes et tous les outils nécessaires à la surveillance environnementale des chantiers.

La méthode du tiers inférieur pour l’entretien des fossés routiers

La méthode du tiers inférieur, utilisée pour l’entretien des fossés routiers, consiste à excaver uniquement le fond du fossé en laissant la végétation des talus intacte. Elle permet de réduire considérablement la production et le transport de sédiments vers les plans d’eau.

Pour terminer, des exercices pratiques ont été introduits dans la formation afin que le participant puisse se familiariser avec les concepts et les enseignements et puisse mieux les intégrer. De plus, une liste des principaux éléments environnementaux à considérer sur un chantier de construction a été dressée.

Soucieux d’outiller les intervenants ayant participé à la formation, le Ministère prépare actuellement un guide terrain de surveillance environnementale de chantier. L’objectif est d’aider les surveillants et les entrepreneurs dans leurs activités sur les chantiers grâce à un outil de référence concis et pratique, auquel ces derniers pourront se référer pour prendre en considération les éléments clés de la surveillance environnementale de chantier.

Le guide contiendra des fiches traitant des aspects techniques et pratiques de certains éléments spécifiques de la formation déjà élaborée sur la surveillance environnementale de chantier. Une fiche supplémentaire présentant les éléments à vérifier lors de la surveillance environnementale y sera jointe en annexe.

Résultats souhaités

La volonté du ministère des Transports à l’égard de la formation en surveillance environnementale de chantier est de munir tous les intervenants sur les chantiers du Ministère de connaissances et d’outils afin que la protection de l’environnement y soit optimale.

Grâce aux outils de formation, les mesures de contrôle et les façons de faire des surveillants de chantier seront uniformisées et cohérentes sur l’ensemble des chantiers. Par la suite, ce sont tous les intervenants sur les chantiers qui contribueront, par leur connaissance des outils et des techniques appropriées, à prendre les décisions les plus pertinentes quant aux mesures de contrôle à utiliser selon le milieu.

Rappelons que la formation est le produit d’une collaboration entre le MDDEFP, le MRN et le MTQ. Ce sont donc toutes les bonnes pratiques élaborées et diffusées par ces organisations qui s’y trouvent. À la suite de la formation, les entrepreneurs, les surveillants et les intervenants en environnement du ministère des Transports auront tout en main pour répondre à la majorité des préoccupations environnementales. De plus, en suivant les étapes de préparation des travaux présentées dans la formation, les entrepreneurs y gagneront en efficacité, puisqu'une meilleure planification engendre une meilleure qualité des travaux, réduit les risques d’imprévus et diminue les coûts.

C’est donc dans la perspective de faciliter le contrôle des impacts environnementaux des travaux d’infrastructures routières que la formation a été élaborée. À terme, la formation en surveillance environnementale de chantier pourrait faire l’objet d’une attestation. De plus, comme pour l’ensemble de son contenu normatif, le Ministère espère partager les connaissances qu’il a acquises et les outils qu’il a conçus avec ses partenaires du monde municipal.

Conclusion

Plusieurs grands projets démontrent déjà le savoir-faire du ministère des Transports en ce qui a trait à la protection et à l’intégration des préoccupations environnementales dans les travaux de construction. Les exemples les plus récents sont le projet routier de l’axe 73/175, qui est un succès sur le plan environnemental, notamment en raison de la création de passage pour la petite et grande faune et de la préservation des habitats du poisson, ainsi que le prolongement de l’autoroute 50 qui a dû composer avec une forte concentration d’espèces fauniques et floristiques rares et la présence de nombreux cervidés. Les intervenants de ces projets ont relevé des défis majeurs de conservation en délimitant des zones de protection et en utilisant différentes méthodes de compensation.

Sur la toile

https://aqtr.com/association/actualites/revue-routes-transports-edition-printemps-2024-est-disponible
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AQTr

https://www.quebec.ca/nouvelles/actualites/details/plan-daction-2023-2026-en-matiere-de-securite-sur-les-sites-de-travaux-routiers-des-milieux-plus-securitaires-pour-les-travailleurs-en-chantier-routier-49256
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