Favoriser les déplacements actifs des étudiants et des employés de la communauté de l’UQAM

Lundi 30 mars 2015
Mobilité durable
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Les orientations de l’UQAM en matière de transport durable

Les universités devraient être des établissements qui développent des approches novatrices et montrent l’exemple lors de la mise en œuvre de ces approches. C’est dans ce contexte que par le biais de son service de développement durable, l’UQAM tente de trouver des approches pour favoriser les transports durables, dont le transport en commun et les modes actifs (le vélo et la marche). L’université est bien située, on peut l’imaginer, en raison de sa situation au-dessus de deux stations de métro (Place-des-Arts et Berri-UQAM), dont l’une est un point de jonction central du réseau de transport en commun. L’UQAM est aussi au centre d’un quartier dynamique, riche en services et propice aux déplacements en transports actifs. De surcroit, plusieurs pistes cyclables de la ville de Montréal permettent l’accès à l’UQAM en provenance de plusieurs directions. L’ajout de la piste Maisonneuve depuis 2007 constitue un important lien est-ouest à vélo.

L’état de la connaissance en la matière tend à démontrer qu’il est bon de former les jeunes à adopter des comportements de déplacement favorables à la santé et à la réduction des impacts sur l’environnement, parce que ces habitudes acquises tôt dans la vie perdureront possiblement au fil de leur vie. L’UQAM a donc pris des mesures, ces dernières années, pour faciliter l’usage de modes de transport durables et du transport actif, et exprime le désir de continuer dans cette voie. C’est d’autant plus important que le système de transport en commun est particulièrement engorgé à la station Berri-UQAM et que les espaces de stationnement risquent de devenir plus rares et plus coûteux au cours des prochaines années. Une enquête de mobilité menée en 2006 auprès de la population de l’UQAM avait démontré que près de 70 % des étudiants et employés utilisaient le transport en commun pour se rendre à l’UQAM alors que 6 % utilisaient les modes actifs [1]. Si peu de gains additionnels en faveur du transport en commun peuvent être obtenus, il est important de miser sur le transport actif, tant pour ses bienfaits sur la santé que pour désengorger le système de transport en commun et varier les solutions alternatives à l’automobile.

Objectifs : comprendre les besoins et faciliter l’usage des transports actifs

Pour comprendre les décisions de déplacement et pour déterminer les actions à favoriser pour continuer à promouvoir les transports actifs, une enquête de mobilité des étudiants et des employés de l’UQAM a été menée à la fin mars 2014. On fera ici état de l’usage des différents modes de transport actifs, des variations d’usage au cours de l’année, des temps de déplacement et de l’usage ponctuel des services du quartier lors de la semaine précédant l’enquête. On observera aussi les préférences quant aux infrastructures et aux incitatifs à mettre en place pour améliorer l’accès en transport actif et favoriser la santé des membres de la communauté.

Méthodologie : enquête de mobilité

Au total, près de 4 200 répondants, étudiants et professeurs, font partie de l’échantillon aléatoire stratifié développé à partir des listes du registrariat et du service des ressources humaines. Les données ont été pondérées et projetées aux plus de 38 000 étudiants et près de 4 900 employés. Le taux de réponse de l’enquête est de 25,4 %. L’enquête comportait quelque 75 questions posées à l’ensemble des répondants ou aux utilisateurs de certains modes de transport. Le rapport de l’enquête fournit plus de détails sur la méthodologie [2].

Résultats : usage des modes actifs

Avec environ 80 % des répondants jour après jour, le métro a été le mode de transport utilisé le plus fréquemment pour se rendre à l’UQAM durant de la semaine précédant l’enquête (fig. 1). Même à la fin mars, le vélo et la marche sont utilisés par des pourcentages similaires à l’automobile par les membres de la communauté. Lorsque l’UQAM est visitée la fin de semaine, de plus grandes proportions de déplacements piétonniers et en automobiles sont effectués, particulièrement par les employés.

[FIGURE 1] : Lorsque vous êtes venu(e) à l’UQAM dans les 7 derniers jours, quel mode de transport avez-vous principalement utilisé?

Usage en fonction des mois de l’année

Les universités se vident de leurs étudiants, et en partie de leurs employés, durant les plus beaux mois de l’année. Des conditions particulièrement favorables à l’usage des modes actifs sont seulement présentes de septembre à novembre et à la toute fin de la session d’hiver. Le problème est particulièrement important pour les usagers du vélo, qui se prête moins bien à la saison hivernale. Le nombre projeté d’employés de l’UQAM se rendant parfois à pied reste constant durant l’année (1 300) et celui des étudiants varie considérablement en fonction des mois de fréquentation de l’université (fig. 2). Il atteint un sommet au mois de septembre (près de 12 000) et est à son plus bas au mois de juillet, lorsque bien moins d’étudiants fréquentent le campus. Les tendances pour l’utilisation du vélo sont similaires, bien que légèrement plus faibles, et chutent au plus bas entre décembre et mars.

[FIGURE 2] : Au cours des 12 derniers mois, durant quel(s) mois avez-vous utilisé (mode) pour vos déplacements entre votre résidence et l’UQAM ?

Temps de déplacement par mode de transport

Un autre obstacle à l’usage des modes de transport actifs est souvent perçu comme étant le temps de déplacement défavorable. Pourtant, comme pour les automobilistes, environ 74 % des usagers du vélo complètent leur trajet vers l’UQAM en moins de 30 minutes (fig. 3). Pour les piétons, le mode le plus lent, 46 % des utilisateurs prennent 30 minutes et moins pour se rendre à l’UQAM, ce qui s’apparente au temps de déplacement en transport en commun (où 50 % des déplacements prennent moins de 30 minutes). Lorsque les répondants utilisent les modes actifs, c’est qu’ils sont aussi compétitifs que les déplacements motorisés en matière de temps d’accès.

[FIGURE 3] : En moyenne, combien de minutes vous prend le trajet entre votre résidence et l’UQAM (de porte-à-porte)?

Fréquentation des services du quartier (dans un rayon de 15 minutes de marche) et déplacements entre campus

Mais les déplacements entre le lieu de résidence et l’UQAM ne sont pas les seuls qui peuvent être effectués en utilisant des modes de transport actifs. La marche et le transport en commun sont les moyens les plus fréquemment utilisés pour les déplacements entre campus, alors que le vélo et le système BIXI le sont bien moins, particulièrement par les étudiants (fig. 4a). Ce sont aussi respectivement 74 %, 40 % et 20 % des répondants qui ont effectué des déplacements actifs vers les restaurants, les magasins et les lieux de divertissement (fig. 4b).

[FIGURE 4] : Déplacements actifs dans les environs de l’UQAM

Ces déplacements vers les services du quartier témoignent du bienfait pour la santé d’être localisé dans un quartier riche en services. Et les retombées dépassent largement les bienfaits sanitaires ou le bien-être des personnes. En projetant les données pondérées de notre échantillon à la population entière de l’UQAM, ce sont plus de 900 000 $ qui sont dépensés chaque semaine par les quelque 43 000 membres de la communauté de l’UQAM dans les restaurants, les cafés et les bars sur ou à proximité du campus (respectivement environ 30 $ et 35 $ par semaine pour les étudiants et les employés). Plus de 540 000 $ et 190 000 $ sont aussi dépensés respectivement pour le magasinage et le divertissement. Ces gains économiques sont notables pour les commerçants du quartier.

Niveau de satisfaction concernant les infrastructures cyclistes

Bien que l’UQAM se trouve dans un endroit favorable au transport actif, l’analyse de la satisfaction quant aux infrastructures en place souligne que la sécurité des vélos contre le vandalisme regroupe le plus haut taux d’insatisfaction, soit 11 %. D’autres facteurs pouvant être déployés par l’UQAM, la Ville et les fournisseurs de services de transport peuvent contribuer à favoriser les déplacements actifs. L’augmentation du nombre et la diversification de la localisation des supports arrivent en tête de file des différentes améliorations pouvant faciliter l’usage du vélo (fig. 5). L’offre d’un service de prêt d’outils est appuyée par près d’un tiers des usagers, alors que ce service est déjà offert (BQAM). D’autres analyses démontrent que la présence de douches est aussi méconnue des répondants. Au-delà de la mise en place d’infrastructures, l’enquête démontre qu’il est important de bien faire connaitre la présence de ces infrastructures aux membres de la communauté.

[FIGURE 5] Selon vous, quels sont les trois principaux services offerts aux cyclistes qui devraient être améliorés ou favorisés par l’UQAM?

Potentiel de création de nouveaux usagers

C’est d’autant plus important que près de 60 % des cyclistes augmenteraient leur usage du vélo pour se rendre à l’UQAM et qu’un pourcentage important des répondants n’utilisant pas le vélo suggère qu’ils envisageraient d’utiliser le vélo pour se rendre à l’UQAM si les services aux cyclistes étaient améliorés. Quelques solutions additionnelles sont fréquemment proposées par des répondants dans des questions ouvertes. Par exemple, « fournir des stationnements intérieurs gratuits » ou « permettre l’entreposage dans les bureaux ».

Conclusion

Bien que l’on ait atteint des niveaux considérables de transport actif sur le campus et à proximité de celui-ci, le transport en commun reste le mode le plus favorisé pour se rendre à l’UQAM, et ce, même lorsque les étudiants ne bénéficient pas de tarifs réduits pour les moins de 25 ans. C’est non seulement en raison de la qualité de ce service, mais aussi parce que le stationnement automobile n’est pas facile d’accès, coûteux et en quantité limité. Les sessions universitaires en période hivernale, la distance des lieux de résidence par rapport au campus et la présence d’un système de transport en commun à haute fréquence portent certainement atteinte à la popularisation des déplacements actifs. Les taux d’utilisation des modes de transport durables sont néanmoins appréciables. Ils sont aussi largement plus élevés que ceux mentionnés par Statistique Canada dans le recensement de 2006 pour les travailleurs de la Région métropolitaine de Montréal (21,4 % utilisent le transport en commun, 5,7 % la marche et 1,6 % le vélo) [3, 4].

Bien sûr, d’autres employeurs ou générateurs de déplacements pourront facilement se détacher de ces résultats et affirmer ne pas être localisés dans des circonstances aussi favorables. Des employés salariés ont également plus les moyens de s’offrir des modes de transport plus coûteux et plus rapides. Mais les résultats démontrent qu’en fait, les différences entre étudiants et employés sont statistiquement significatives mais faibles.

Tant pour la santé et la qualité de vie des membres de la communauté de l’UQAM, pour la réduction des impacts des déplacements sur l’environnement et pour le désengorgement du système de transport en commun à l’un de ses points les plus névralgiques, il est pertinent de favoriser l’usage des modes de transport actifs pour se rendre à l’UQAM, pour circuler entre les campus et pour fréquenter les commerces et les services du quartier. La construction du CHUM et le développement du Quartier des spectacles continueront à engorger ce corridor de transport. Dès sa fondation, pour construire une université ouverte sur la ville et ses habitants, l’UQAM a fait le choix de se localiser de manière à être reliée au réseau du métro [5]. Elle gagnera toutefois à prendre des mesures pour favoriser aussi les déplacements actifs.

Bibliographie :

 [1] Cotnoir, P.-A. (2006). Rapport sur les habitudes et les attitudes de déplacement domicile-travail pour le personnel et les étudiants de l’UQAM. 146 pages.

[2] Lachapelle, U. Neumark-Gaudet, et L. Young, M. (2015) « Rapport sur l’enquête de mobilité des étudiants et employés de l’UQAM ». Rapport déposé au Service des immeubles et de l’équipement, Université du Québec à Montréal. Janvier 2015.

[3] Statistique Canada (2009) « Tableau 11b : Proportion des travailleurs utilisant le transport en commun pour se rendre au travail, régions métropolitaines de recensement, 1996, 2001 et 2006 ». https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2006/as-sa/97-561/table/t11b-fra.cfm (page consultée le 18 décembre 2014).

[4] Statistique Canada (2009) « Tableau 11c : Proportion des travailleurs marchant, utilisant la bicyclette ou un autre moyen de transport pour se rendre au travail, régions métropolitaines de recensement, 1996, 2001 et 2006 ». https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2006/as-sa/97-561/table/t11c-fra.cfm (page consultée le 18 décembre 2014).

[5] Bourdon, M-C. (2009) « Un nouveau campus au centre-ville » Magazine Inter-, Volume 7, Numéro 2 (http://www.uqam.ca/entrevues/entrevue.php?id=636).

Sur la toile

https://aqtr.com/association/actualites/revue-routes-transports-edition-printemps-2024-est-disponible
17 juin 2024

AQTr

https://www.quebec.ca/nouvelles/actualites/details/plan-daction-2023-2026-en-matiere-de-securite-sur-les-sites-de-travaux-routiers-des-milieux-plus-securitaires-pour-les-travailleurs-en-chantier-routier-49256
4 juillet 2023

MTMD

https://aqtr.com/association/actualites/revue-routes-transport-edition-printemps-2023-est-disponible
4 juillet 2023

AQTr