Les constructeurs automobiles deviendront des fournisseurs de services de transport

Dimanche 21 décembre 2014
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L’électrification du réseau se poursuit, mais il y a encore beaucoup à faire afin d’assurer une mobilité propre et durable au Canada.

L’électrification des véhicules personnels au Canada fait des progrès, mais le pourcentage de VE dans le parc de véhicules demeure faible. Afin d’aider la pénétration des VE, plusieurs outils sont utilisés comme des :

  • Incitatifs financiers. Afin de promouvoir la mobilité propre, les provinces canadiennes les plus peuplées offrent des incitatifs financiers afin d’abaisser le coût d’achat des VE. Présentement, le Québec offre un rabais de 8 000 $ alors que l’Ontario rembourse 8 500 $ à la suite de l’achat d’un VE. Puisque plus de 60 % de l’électricité produite au Canada provient de sources propres et renouvelables (environ 99 % au Québec), une plus grande pénétration de la mobilité électrique contribuerait à rendre le transport plus propre et durable tout en diminuant les émissions de gaz à effet de serre au pays.
  • Postes de recharge. Afin d’atténuer la crainte des automobilistes reliée à l’autonomie, plus de 2 000 bornes de recharge ont été installées au Canada et d’autres sont prévues au cours des prochaines années. Au Québec, champion de l’électrification du transport en Amérique du Nord, le gouvernement investit dans l’implantation de bornes de recharge rapide sur l’autoroute reliant Montréal à Québec. Ces bornes de recharge rapide aideront les usagers à effectuer des trajets plus longs en VE.

Nouvelles formes de mobilité contribuant au transport durable

Des formes alternatives de transport se développent rapidement au Canada, car l’économie de partage offre de nombreuses options au consommateur. Le partage de trajet et l’autopartage sont maintenant offerts dans de nombreuses villes canadiennes. En fait, les abonnements à l’autopartage se multiplient rapidement grâce aux offres de services de Car2Go dans de nombreuses villes canadiennes et également aux offres de services régionales comme Communauto au Québec et Autoshare en Ontario. Plus il y aura de bornes de recharge le long des routes, plus les compagnies d’autopartage seront portées à offrir des VE dans leur parc, ce qui contribuera au développement d’un réseau de transport électrique solide. Ainsi, Communauto a introduit des VE dans son parc à certains endroits à Montréal.

Un rapport récent de Morgan Stanley estime que les voitures ne sont utilisées que pendant 4 % de leur vie. Cela signifie que le parc mondial de voitures valant 20 billions de dollars n’est utilisé qu’à 4 %, laissant 8,4 billions d’heures par année inutilisées. Le partage est donc une partie importante d’une solution de mobilité durable.

Pendant que la culture nord-américaine est encore fortement tributaire de l’automobile, l’autopartage gagne en popularité grâce à ses apports environnementaux et économiques ainsi qu’à sa facilité d’utilisation. En fait, plusieurs familles canadiennes qui possédaient deux voitures n’en possèdent maintenant plus qu’une puisqu'elles se sont abonnées à un service d’autopartage.

Des véhicules totalement autonomes : une solution aux changements économiques et démographiques auxquels nous devons faire face

L’utilisation de véhicules totalement autonomes pourrait contribuer à l’émergence d’une mobilité plus durable et sécuritaire.

  • Durant la prochaine décennie, on s’attend à une croissance importante des ménages urbains alors qu’environ 1 milliard de personnes devraient migrer vers les villes. La croissance de la population et des demandes de mobilité de la part d’une classe moyenne plus nombreuse exercera beaucoup de pression sur les systèmes de transport et sur l’infrastructure. Il est évident que nos systèmes de transport, très souvent inefficaces, seront la source d’embouteillages dans la plupart des villes. Des véhicules sans conducteur offriraient une solution plus durable au problème de transport urbain.
  • La plupart des gouvernements font face à des difficultés économiques et ne peuvent donc pou suivre la construction sans fin de nouvelles autoroutes ou d’autres types d’infrastructure. Ils ne peuvent pas non plus continuer à subventionner un système de transport en commun déficitaire malgré sa popularité comme outil pour limiter une congestion toujours croissante, résultat d’une démographie urbaine en pleine expansion. Les véhicules autonomes pourraient faire partie de la solution, car ils peuvent aider les voyageurs à optimiser leur trajet et à éviter des accidents, réduisant ainsi la congestion.
  • De plus, les véhicules autonomes aideraient la société à résoudre un aspect des problèmes occasionnés par le vieillissement de la population. Au Canada, plus de 120 000 personnes présentant une forme de démence possèdent un permis de conduire valable. Dans ce contexte, il est clair que les véhicules autonomes amélioreraient la sécurité de nos routes tout en assurant une bonne mobilité à ces personnes, leur permettant ainsi de demeurer autonomes et d’avoir une bonne qualité de vie, et ce, sans que les gouvernements aient à fournir de transport adapté aux personnes âgées.
  • Enfin, environ 10 % de la population mondiale vit avec un handicap. Des véhicules autonomes procureraient une bonne mobilité aux personnes à mobilité réduite.

Le lien entre propulsion électrique et autonomie

Plusieurs organisations respectées à travers le monde, incluant Électricité de France (EDF), ont lié la propulsion électrique à la technologie autonome. En fait, la technologie autonome facilitera l’électrification du transport. Aujourd’hui, un automobiliste achète un véhicule qui remplit tous ses besoins de transport, incluant les quelques voyages de plusieurs centaines de kilomètres. Compte tenu de l’autonomie limitée de la plupart des véhicules électriques sur le marché à l’heure actuelle, ces longs voyages nécessiteraient de nombreux arrêts prolongés pour recharger le véhicule (en supposant qu’il y ait des bornes de recharge le long du trajet). De ce fait, même si un véhicule électrique remplit la plupart des besoins des automobilistes, la majorité des VE n’est pas idéale pour tous les voyages. Du moins pas encore!

Dans un contexte où la plupart des véhicules autonomes sont partagés, le passager n’a pas à se soucier de l’autonomie du véhicule ou de son rechargement. Les véhicules intelligents se chargent de tout cela et de bien plus encore. Le véhicule autonome électrique serait idéal pour les trajets urbains. De plus, pour un opérateur de parc, le véhicule électrique serait moins coûteux à exploiter que sa contrepartie traditionnelle dans la plupart des provinces – certainement au Québec.

Le transport de demain sera partagé, électrique, autonome et multimodal

Le transport de demain sera Partagé, Électrique, Autonome et Multimodal (PEAM, acronyme en anglais “SEAM” pour SEAMless Mobility : Shared, Electric, Autonomous, Multimodal mobility). Il sera entièrement autonome et électrique, mais il sera également partagé et multimodal. Des réseaux de transport multimodaux comprenant les offres de services d’autopartage de voitures et de vélos, les réseaux de trains ainsi que les réseaux de métro et d’autobus deviendront plus fonctionnels grâce à l’information disponible en temps réel (au niveau des options de transport et des tarifs) sur les téléphones intelligents. Des applications come RideScout peuvent déjà transmettre cette information. Le PEAM entre les différents modes de transport est souvent l’ingrédient manquant aujourd'hui.

Les systèmes multimodaux existent déjà avec le maillage de systèmes de transports en commun avec des fournisseurs d’autopartage. À Montréal, la Société de transport de Montréal offre aux usagers la possibilité d’acheter des forfaits avantageux comprenant l’accès au système de transport en commun ainsi qu’à Communauto. De plus, les voitures autopartage de cette compagnie sont souvent disponibles près des stations de métro de façon à permettre aux usagers de parcourir le premier ou le dernier kilomètre de leur trajet plus facilement.

En Europe, le projet de Helsinki qui consiste à s’éloigner de la voiture individuelle est un très bon exemple de multimodalité. La mise en place d’un forfait permettant l’accès à un réseau intégré de transport formant un écosystème multimodal fournira aux usagers une solution de mobilité sur demande complète et abordable qui rendra à terme la voiture personnelle obsolète.

Mais de tels réseaux urbains interconnectés ne peuvent se développer que si les différents intervenants dans le domaine de la mobilité urbaine acceptent d’intégrer leurs offres de services de façon à créer un réseau multimodal réellement intégré.

Même si quelques constructeurs automobiles acceptent la venue de la multimodalité, d’autres considèrent celle-ci comme une menace à leur part de marché ainsi qu’à leur modèle d’affaires. Daimler est l’un des constructeurs qui ont démontré une grande habileté à s’adapter à l’évolution de cet écosystème de transport. Il a, par exemple, intégré verticalement son offre de services avec la création de son système d’autopartage Car2Go. De plus, la compagnie est à l’avant-garde en matière de technologie associée à la voiture autonome. Enfin, Daimler a récemment acheté MyTaxi and RideScout.

Une vision et une planification gouvernementales requises

Le changement révolutionnaire qui s'opèrera en matière de mobilité durant la prochaine décennie créera des opportunités, car de nouvelles industries et de nouveaux modèles d’affaires devront être mis en place. Par contre, de nombreuses entreprises seront fragilisées et d’autres imploseront. Ceux qui se sentent menacés par ces changements essaieront de les retarder. Les gouvernements ne doivent pas simplement reconnaître le besoin de changement afin d’obtenir une mobilité durable, mais doivent être suffisamment visionnaires pour favoriser ce changement. Afin de minimiser les problèmes associés aux déplacements d’emplois et pour maximiser les bénéfices reliés à ces changements dans le domaine du transport, les gouvernements doivent commencer à planifier la mobilité PEAM de demain. Cela inclut le développement d’un modèle qui tienne compte de l’infrastructure, des gens ainsi que des systèmes.

Le rôle de Google sera essentiel afin de convaincre les constructeurs automobiles de s’adapter à ce nouveau modèle de mobilité

Dans ce contexte très dynamique, le rôle de Google dans cet écosystème sera très important, en particulier en ce qui concerne le développement et la commercialisation des véhicules autonomes. En fait, même si plusieurs constructeurs automobiles ont déjà accès à la technologie pour construire des véhicules autonomes, Google semble être en avance sur tous ceux-ci.

Avec ses voitures Google, la compagnie est devenue la référence en ce qui a trait à cette technologie. Les constructeurs devront donc changer leur stratégie si l’on tient compte des avantages des véhicules autonomes tant concernant le confort et la sécurité que l’économie et l’environnement. Comme M. Ford le disait il n’y a pas si longtemps, à l’avenir, les constructeurs automobiles ne pourront plus simplement être des constructeurs d’automobiles, ils seront également des fournisseurs de services de mobilité.

Sur la toile

https://aqtr.com/association/actualites/revue-routes-transports-edition-printemps-2024-est-disponible
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AQTr

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