À Candiac, les efforts conjoints de différents acteurs du transport font naître le premier projet pilote de navette autonome électrique sur voie publique en trafic mixte au Canada
C’est l’histoire d’un monde qui se transforme. D’hommes et de femmes qui rêvent de voir leurs besoins pris en compte dans leurs trajets quotidiens et d’acteurs de la mobilité qui travaillent ardemment à concrétiser ce désir de déplacements plus fluides, plus partagés et plus connectés.
L’union fait la force
Pour autant, rester soudés nécessite de la conviction et une grande détermination. Et quand on parle de projets pionniers en mobilité, c’est peu dire. Révolution numérique, transition énergétique, croissance démographique des villes, développement des villes intelligentes ou « smart cities » … Aucun autre secteur n’est actuellement touché par autant de transformations que celui de la mobilité.
C’est dans cet échiquier complexe qu’interviennent des acteurs visionnaires qui essaient de faire avancer les choses. L’annonce d’un projet de navette autonome qui serait réalisé dans le Grand Montréal, et cela dès le printemps 2017 lors du congrès de l’UITP, a retenu l’attention des acteurs de la mobilité intelligente du Québec, qui se sont par la suite mobilisés autour de Keolis Canada pour soutenir l’opérateur dans la mise en œuvre d’une telle expérimentation.
Offrir plus de choix aux passagers, c’est aussi développer les nouvelles mobilités partagées pour dynamiser des zones peu desservies et inciter les citoyens à ne pas utiliser leur voiture.
Préparer l’avenir de la mobilité autonome
Ces nouveaux modes de transport feront bientôt partie de notre quotidien.
Dans un premier temps, il faut faire un travail de pionnier et créer les conditions d’accueil de cette mobilité autonome et électrique. Depuis quelques années, les démonstrations de véhicules autonomes fleurissent lors de congrès ou de salons spécialisés. Il s’agit maintenant de les faire entrer dans la réalité de nos vies en les intégrant à la circulation existante de nos villes.
Animées par cette même volonté, Sarah Houde, directrice générale de Propulsion Québec et Marie Hélène Cloutier, vice-présidente expérience passager, marketing et commercialisation chez Keolis Canada, ont participé activement à l’adoption du projet de loi 165 en allant donner des recommandations à l’Assemblée nationale du Québec. Cela a permis de modifier le code de la sécurité routière afin de pouvoir mettre en place un projet-pilote autorisé par le ministre des Transports et permettre la circulation de véhicules autonomes sur le réseau routier.
Naissance d’un premier projet collectif de navette autonome sur voie publique au Canada
C’est par l’engagement commun de plusieurs joueurs clés qu’un premier projet pilote de mobilité autonome électrique de cette ampleur a pu voir le jour récemment. La Ville de Candiac s’est jointe au projet en à peine trois mois avec une implication totale de la part de la municipalité soutenue par le technopôle IVÉO qui l’a épaulée dans la mise en œuvre du projet. « Il est important pour nous de répondre à tous types d'enjeux de mobilité dans un contexte de villes petites et moyennes. Avec ce projet, nous adressons les enjeux spécifiques de Candiac et nous faisons le bon maillage entre le service offert par Keolis et les décideurs de la municipalité. Le rayonnement du Québec dans l'écosystème de la nouvelle mobilité est primordial et nous avons ici un bon exemple de ce que nous pouvons faire dans un environnement collaboratif », ajoute Benoit Balmana, directeur général chez IVÉO.
Dès ses balbutiements, le projet a suscité un vif intérêt de la part des acteurs institutionnels. Afin de soutenir l’innovation dans le secteur de la mobilité, le ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation (MESI) a octroyé une aide financière de 350 000 $ par l’entremise du nouveau programme Innovation dans le cadre de la mesure de soutien aux projets de démonstration prévue dans le Plan d’action pour l’industrie du transport terrestre et de la mobilité durable.
Keolis Canada et la Ville de Candiac, soutenus par le gouvernement du Québec via le ministère des Transports du Québec et le ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation et les partenaires Propulsion Québec et le Technopôle IVÉO, ont ainsi pu annoncer en août dernier un projet-pilote de navette autonome électrique intégrée à la circulation locale, une première au Canada.
« Le projet de navette autonome à Candiac est une première à plusieurs égards pour la filière du transport électrique et intelligent du Québec. L'un des grands bénéfices du transport autonome est de permettre d'améliorer l'expérience des usagers, notamment dans les zones non desservies par l'offre en place, telles que le premier et le dernier kilomètre d'un trajet, et ce, sans nécessiter l'ajout d'infrastructures lourdes » a déclaré Sarah Houde, directrice générale de Propulsion Québec. « Cette avancée contribuera aussi à l'élaboration et à l'adoption d'un cadre réglementaire, de pratiques et de politiques publiques qui vont favoriser le développement, l'expérimentation et la commercialisation de véhicules électriques et intelligents, une belle réalisation au bénéfice de la communauté. »
La navette électrique autonome fait ses preuves
Avec une capacité de quinze passagers, et roulant à une vitesse d’exploitation maximale de 25 km/h, la navette autonome électrique NAVYA facilite les déplacements et favorise l’utilisation du transport collectif dans des zones peu desservies.
Trente-cinq navettes autonomes électriques NAVYA circulent déjà sur cinq continents. À ce jour, près de 275 000 passagers dans le monde, dont 110 000 avec Keolis, ont été transportés en navette autonome, et au mois d’octobre 2018, c’est enfin le tour des Québécois!
« Ce projet est passionnant, car il s’agit d’un premier projet-pilote au Canada, et la façon dont celui-ci sera réalisé tracera la route pour les prochains. Pour Keolis Canada, l’offre de service multimodale est la clé de l’avenir du transport et les navettes autonomes électriques en sont un très bon exemple en venant compléter une offre déjà en place », souligne Marie Hélène Cloutier, vice-présidente expérience passager, marketing et commercialisation chez Keolis Canada. « L’engouement autour de ce projet dépasse nos attentes, ce qui est très porteur pour la suite ».
Un objectif : faire progresser la technologie embarquée et apprendre à mieux exploiter la navette en conditions réelles
La navette autonome électrique circule sur un parcours en boucle de 2 km en cohabitant avec la circulation habituelle. Elle effectue huit arrêts sur son passage, dont un à l’hôtel de ville, à un complexe pour retraités, à un parc et à des entreprises locales. Elle croise notamment sur son parcours, une intersection à quatre feux de signalisation communiquant avec le véhicule et une traverse de chemin de fer.
La navette autonome, un complément à l’offre de transport existante
La navette vient compléter l’offre de transport collectif actuelle pour permettre aux citoyens et travailleurs du secteur desservi par la navette d’atteindre plus facilement leur destination finale, autant pour les usagers de transport en commun que sur site privé. « Candiac accorde une très grande importance au transport collectif et actif. Nous menons des efforts constants pour bonifier notre offre multimodale en transport, tout en y intégrant les notions de développement durable et de ville intelligente. Étant une véritable vitrine technologique, notre projet de navette autonome cadre parfaitement avec notre vision en matière d'innovations. Nous sommes très fiers d'être la première ville au Canada à aller de l'avant avec un tel projet », mentionne Normand Dyotte, maire de Candiac.
La sécurité avant tout
Dans le cadre d’un protocole de marche à blanc mis en place en collaboration avec le ministère des Transports du Québec et la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), une période de test de deux semaines a précédé la mise en service de la navette le 4 octobre dernier. Cela avait pour but d’assurer la qualité du service qui sera offert et de réévaluer tous les aspects du projet pour garantir une desserte en toute sécurité.
Les navettes autonomes électriques sont à la fine pointe de la technologie. Elles sont conçues et fabriquées avec l’objectif d’effectuer des déplacements sécuritaires pour les passagers. En plus des différentes composantes qui lui permettent de détecter les obstacles (caméras avant et arrière, GNSS, odométrie et capteurs lidars), la navette autonome électrique est munie de deux boutons d’arrêt d’urgence, d’un frein d’urgence et d’un frein à main.
De plus, pour des raisons de sécurité, un opérateur au service des passagers sera à bord de la navette autonome pendant toute la durée du projet-pilote. Un programme de formation a été créé conjointement par Keolis Canada et le constructeur NAVYA. À ce jour, trois opérateurs ont déjà été parfaitement formés et une prochaine session de formation devrait prochainement avoir lieu.
L’enjeu de l’hiver
Sur une période de douze mois, durée du projet-pilote, près de huit mois seront dédiés au service des citoyens. Pendant la période hivernale, un projet de recherche et de développement sur la capacité de la navette autonome électrique à s’adapter aux hivers québécois aura lieu sans passager à bord. Le service pour les passagers reprendra au printemps 2019. La Fondation CAA-Québec pour la sécurité routière, avec le soutien de partenaires, évalue la possibilité de réaliser une étude indépendante sur les aspects de sécurité routière et d'acceptabilité sociale dans le cadre de ce projet. Les leçons apprises offriraient de précieux enseignements dans un objectif avoué de maintenir, sans condition, un partage de la route harmonieux.
« La Fondation CAA-Québec pour la sécurité routière s'intéresse particulièrement aux différents enjeux que soulève l'arrivée de cette nouvelle mobilité autonome sur nos routes et, incidemment, au partage de la route au sens large. L'impact sur les usagers, qu'ils soient piétons, cyclistes ou automobilistes, doit être considéré dans l'optique d'une cohabitation harmonieuse et sécuritaire. Voilà pourquoi nous évaluons sérieusement la possibilité de prendre le pouls de l'acceptabilité sociale de cette mobilité autonome à l'intérieur d'un projet aussi stimulant et porteur pour l'avenir », souligne Marco Harrison, directeur de la Fondation CAA-Québec.
Le transport de demain, c'est maintenant!
Mettre en place un projet comme celui-ci a requis les efforts soutenus et considérables de partenaires visionnaires et engagés. Tant reste à faire ensemble et c’est ce qui est motivant!
La mobilité partagée joue un rôle de plus en plus prépondérant dans nos vies. Aujourd’hui, le temps est venu de remettre les besoins des passagers au cœur des systèmes de transport et de trouver des solutions qui améliorent les mobilités de tous. Un défi passionnant qui commence par la naissance d’un projet pilote de navette autonome dans les rues de Candiac!
Les informations sur la navette autonome de Candiac sont à retrouver à : https://keoliscandiac.ca/